TRADITIONS Les Armes de Hal (Halle)




LES ARMES DE HAL 

BRABANT FLAMAND


Faute de documents, il est impossible de préciser la date à laquelle remontent les armes de Hal. On peut toutefois approcher de la vérité par la comparaison de certains faits historiques. 

D'après Everaert et Bouchery, le plus ancien sceau de la ville représente « une Vierge en pieds portant dans chaque main les armes du Hainaut. Le sceau aux causes était écartelé à quatre lions. » 

Ces auteurs ajoutent que les titres accordant les premières armoiries de Hal s'étant perdus pendant les troubles du XVIème siècle, le magistrat s'adressa à Charles, sire et duc de Croy et d'Aerschot, lieutenant-gouverneur du Hainaut, afin de le prier d'approuver les armoiries trouvées en I595 chez Josse de Lockenberghe, « herault d'armes, lieutenant du Thoison d'or, et escripteur de généalogies ». 

Le 29 janvier 1606, le duc fit droit à cette requête. L'acte décrit les armes retrouvées comme suit : 

Escartelé, à dextre premier quartier d'azur à une demie Notre Dame d'argent, le Jhésus et imaige couronnés et chevelés d'or, le ije au chef escartelé d'or à quatre lions assçavoir : deux de sable et deux de geulle, armes du Hainnau (desquelles lesdis de Hal se sont servis depuis l'obscurcissement des vraies armes de Hal), et le 
quatrième senestre de la poincte debvoir porter de Bavière, lozangé d'argent et d'azur. 

Cette description n'indique pas la composition du troisième quartier; il était identique au deuxième. 

L'arrêté royal du 29 août 1842 confirme la ville de Hal dans la possession de ces armes. Il les décrit comme suit : 

Ecartelées, au premier d'azur à une demi-image de Notre-Dame d'argent, tenant son fils couronné et chevelé d'or, le 2è et 3è de Hainaut et le dernier de Bavière. 

Le premier quartier représente à proprement parler la ville de Hal, sous la figure de sa madone. On sait que la statue de Notre-Dame de Hal, qui porte tous les caractères de la sculpture du commencement du XIIIème siècle, fut léguée à l'église de Hal par Mathilde, sœur de Henri II, duc de Brabant, et veuve de Florent IV, comte de Hollande et de Zélande, laquelle décéda en 1267, et dont la fille, Alice de Hollande, épousa, en 1246, Jean d'Avesnes (fils de Bouchard et de Marguerite de Constantinople). Le fils d'Alice, Jean, devint, en 1280, comte de Hainaut, par suite du décès de son aïeule Marguerite, et, en 1299, comte de Hollande, par suite du décès sans postérité de Jean de Hollande, dont il était, par sa mère, le plus proche parent. 

II est possible que Hal fût, avant 1267, un lieu de pèlerinage, comme certains indices portent à le croire et comme Juste-Lipse semble le déclarer. Le premier quartier des armes de Hal ne peut donc servir à déterminer la date à laquelle elles ont été octroyées à la petite cité hennuyère. 

On sait que Hal a fait partie du Hainaut jusqu'à la domination française, époque à laquelle cette ville a été incorporée au département de la Dyle. 

Aussi ne s'étonnera-t-on pas de voir les deuxième et troisième quartiers de son blason reproduire les armes du Hainaut : écartelé de Flandre et de Hollande. 

S'il faut s'en rapporter au plus ancien monument héraldique du Hainaut, le sceau de Baudouin V le Courageux (1192), les comtes de Hainaut firent d'abord usage d'un écu à trois chevrons. Baudouin VI de Constantinople adopta le lion de Flandre pour ses deux comtés de Flandre et de Hainaut. 

Le lion, que l'Ecriture considérait déjà comme le symbole du courage et de la puissance souveraine, de la force et de l'indépendance, figure dans un grand nombre d'armoiries. 

L'écu de Lothier était d'argent au lion de gueules armé et lampassé d'or. On sait que, du Xème au XIIème siècle, et même plus tard, plusieurs dynasties, entre l'Escaut et le Rhin, étaient en compétition pour la possession du duché de Lothier. Tout naturellement, ils introduisirent le lion de Lothier dans leur blason, moyennant certaines brisures : lion couronné d'or à queue fourchue en sautoir (Limbourg), changement d'émail et de métal, bande, couronne, écu fascé, etc. (Brabant, Flandre, Namur, Luxembourg, Hollande, Zélande, marquisat de Franchimont). La Flandre, qui relevait de l'Empire pour le pays de Waes, adopta le lion de Lothier en lui appliquant les couleurs de l'Empire : d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules. 

Vers 1310, la guerre entre les d'Avesnes et les Dampierre étant terminée, Guillaume P"", comte de Hainaut, cessa de porter les armes pleines de Flandre, pour les écarteler avec celles de son comté de Hollande : d'or au lion de gueules armé et lampassé d'azur. 

L'origine des armes de Hal est donc postérieure à l'an 1310, de même que l'ancien sceau dont il est question ci-dessus. 

Mais il est possible de préciser davantage la date à laquelle ces armes furent octroyées à la ville, grâce au quatrième quartier : losange d'argent et d'azur, qui est Bavière. 

Par le mariage de Marguerite, fille de Guillaume, avec Louis de Bavière, empereur d'Allemagne (1324), le Hainaut passa sous le gouvernement de la maison de Bavière. 

Sous les descendants de Marguerite, les armes de Hainaut subirent un nouvel écartèlement : Bavière- Hainaut, qui ne prit fin qu'avec le dernier rejeton de cette dynastie, Jacqueline de Bavière, qui abandonna ses domaines, le 12 avril 1433, à Philippe le Bon. 

Nous constatons que les armes de Hal sont constituées par celles du Hainaut, telles qu'elles étaient en usage sous la dynastie bavaroise, sauf qu'au premier quartier le losange de Bavière est remplacé par un écu à l'image de Notre-Dame et aux couleurs de Bavière : argent et azur. 

Il est donc certain que l'origine des armes de Hal se place entre les années 1356 (avènement de Guillaume III, quatrième fils de l'empereur Louis, qui hérita du Hainaut à la mort de sa mère Marguerite, 23 juin 1356) et 1433 (abdication de Jacqueline). 

Si nous voulons pousser plus loin nos investigations, nous reconnaîtrons que, selon toute vraisemblance, Hal ne doit pas ses armoiries à Jacqueline de Bavière, dont la vie est un tissu d'aventures malheureuses. Le seul rapport que nous avons découvert entre la comtesse et la ville de Hal prouve qu'il existait entre elles peu de sympathie : quand, en novembre 1424, Jacqueline revint d'Angleterre avec son troisième époux, le duc de Glocester, à la tête de cinq mille volontaires anglais, le couple princier fut assez bien reçu à Mons et dans d'autres villes hennuyères; mais Hal ne voulut entendre parler ni de réception ni de soumission. Confiée aux soins des seigneurs de Rotselaer et de Berghes, à ce commis par les Etats de Brabant, la ville sut se défendre contre les Anglais, qui avaient envahi le Brabant wallon, et garder intactes ses propriétés. 

Si l'on considère que Guillaume III (1356-1358), qui n'exerça le pouvoir que pendant vingt et un mois, octroya aux bourgeois de Hal exemption d'aubaineté (19 juillet 1357), donna des lettres de Stil aux métiers, fit don d'une terre pour y bâtir la chapelle de Breedhout, aida par ses libéralités à construire la nouvelle église de Hal, abandonna à la ville les bruyères et warissaix situés sur son territoire, qu'il séjourna à Hal, le 22 juin 1857, étant en route pour l'Angleterre, et qu'un parlement fut tenu sous son règne à Hal, au mois d'août 1357 ; 

Qu'Albert de Bavière — qui devint régent de Hainaut, le 30 mars 1358, hérita du comté à la mort de son frère Guillaume III (mars 1389) et mourut le 12 décembre 1404 — octroya une charte à la corporation des drapiers de Hal, le 8 mai 1362, qu'en 1361 trois parlements se tinrent au château de Hal, entre le Brabant et le Hainaut, qu'en 1376 (le 20 juillet) une convention fut conclue à Hal entre Wenceslas de Luxembourg et Albert de Bavière, et que, le 29 du même mois, par lettres datées de Hal, Jeanne, duchesse de Brabant, et Marguerite, duchesse de Bavière, s'engageaient à rester unies d'amitié, comme l'étaient Wenceslas et Albert, que celui-ci affranchit, le 28 avril 1385, du droit de bâtardise les bâtards qui étaient bourgeois de Hal, qu'il décida que, si un habitant de Hal était en faute de fournir, il serait absous moyennant une amende de 100 sols blancs au plus; que, sous son règne, des travaux importants furent exécutés aux remparts de Hal (en 1387, 1389, 1392, 1401), que Guillaume d'Ostrevant, fils aîné d'Albert, et Jeanne, duchesse de Brabant, tinrent une journée à Hal, en juin 1395, que deux autres journées y furent tenues, en janvier et février 1397, par les conseils de Brabant et de Hainaut; 

Que Guillaume IV (1404 à 141 7) accorda à la ville de Hal, le 17 avril 1406, des privilèges pour la tenue des marchés et que c'est le seul fait de son règne relaté dans l'histoire de Hal; 

Il apparaît comme infiniment probable que les armes de Hal furent octroyées dans la seconde moitié du XIVème siècle, par Guillaume III ou par Albert de Bavière. 

Dans tous les cas, elles signifient : Ville de Hal-Notre-Dame, en Hainaut, sous la maison de Bavière. 


Joseph Possoz (1857-1942) 
Conseiller provincial du Brabant 


(Publié dans le BULLETIN du Service Provincial de Recherches Historiques et Folkloriques – FOLKLORE BRABANÇON - GOUVERNEMENT PROVINCIAL, 9, rue du Chêne, Bruxelles – 1921)




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