FM Les loges maçonniques de Belgique à la fin du Ier Empire


François Bonaventure Joseph du Mont, marquis de Gages
L'une des principales figures maçonniques des Pays-Bas autrichiens.


LES LOGES MAÇONNIQUES BELGES 

A LA FIN DU Ier EMPIRE


L'intérêt de l'extrait du livre "La franc-maçonnerie dans sa véritable signification - tome II - 1854, par Eduard Emil Eckert et Jean Guillaume Gyr" que je vous propose ci-dessous , réside dans le fait qu'il nous brosse un portrait de la franc-maçonnerie en Belgique à la fin du Ier Empire français sous Napoléon Bonaparte... très peu de temps avant la constitution, en 1831, de l'Etat belge (dont on se souviendra ici que son premier souverain fut franc-maçon).

Les loges maçonniques "belges d'avant la Belgique" auront été constituées, en gros, par des obédiences maçonniques anglaise, écossaise, française et hollandaise, dans le courant du XVIIIème siècle.

Tout d'abord, par une obédience anglaise, la Grande Loge de Londres. On pourrait s'interroger sur cette prééminence de l'Angleterre, qui n'occupa pourtant jamais notre territoire, contrairement à la France et à la Hollande...

La franc-maçonnerie ne naît pas, à proprement parler, en Angleterre. Bien que son origine précise reste plus que floue et entachée de nombreuses légendes et traditions souvent invérifiables ou plus ou moins vraies - en passant du roi Salomon aux Templiers, et tutti quanti -, elle existe en Angleterre et en Ecosse depuis au moins le XVIème siècle avec certitude historique, et semble, avec plus ou moins de certitude cette fois, avoir existé en France et en Allemagne dès le moyen-âge, sous le couvert de corporations de bâtisseurs, d'architectes, de tailleurs de pierre, dont on retrouve les traces dans les grandes cathédrales gothiques qui embellissent encore nos régions.

Mais en 1717, sous l'impulsion probable de la Royal Society de Londres, association de savants et penseurs tels que Isaac Newton ou Elias Ashmole, quatre loges anglaises, et plus précisément de Londres, décident de se fédérer, de s'unir, afin de constituer une forme d'association qui réponde, activement, aux besoins naissants, à cette époque, de liberté individuelle, d'humanisme et de fraternité entre les hommes... non sans compter quelques interférences politiques et religieuses, aujourd'hui dépassées...

Cette "association" prend le nom de Grande Loge de Londres (qui deviendra ensuite la Grande Loge d'Angleterre puis la Grande Loge Unie d'Angleterre). Très vite, la bourgeoisie et la noblesse anglaises s'y mélangent. Elle reprend les us et coutumes des anciennes corporations de bâtisseurs, et notamment leurs rites initiatiques, leurs symboles, leur déférence à Dieu, et, avec une rapidité qui étonne, devient le "must" de l'époque. Tant et si bien qu'elle essaime en France, mais aussi en Belgique, quelques petites années à peine après sa création. 

En Belgique, la Grande Loge de Londres constitue une loge maçonnique dès 1721, à Mons :  la Parfaite Union.

Un peu plus tard en France, en 1725, la Grande Loge de Londres constitue une première loge française, à l'enseigne du "Louis d'Argent" à Paris... et là aussi, le succès est foudroyant. Les francs-maçons français, en ce fameux "Siècle des Lumières" secoué par Diderot, Voltaire et Rousseau, se passionnent pour les idéaux mis en avant par leurs "frères" d'Angleterre.

Je ne referai pas ici l'historique jusqu'à nos jours de la franc-maçonnerie. Je m'arrête au XVIIIème siècle, objet de l'extrait qui suit. Mais, arrivé là, j'en profite pour dire quelques mots au sujet de certaines particularités de cet extrait qui pourraient provoquer le trouble dans l'esprit du lecteur non averti.

Tout d'abord :  au XVIIIème siècle, les loges françaises elles-mêmes décident très rapidement de se fédérer "en France". Elles constituent donc plusieurs obédiences (ou "associations maçonniques") dont l'une d'elles, le Grand Orient de France, devient rapidement la plus importante. Et c'est ce Grand Orient de France, prenant le relais de la Grande Loge de Londres ou ensuite d'Angleterre, qui commence très activement à constituer des loges dans la Belgique d'alors (qui à ce moment-là, rappelons-le, fait partie de l'Empire d'Autriche, sous le nom de Pays-Bas autrichiens;  à l'exception de la Principauté de Liège, qui faisait partie des Allemagnes).

Ensuite :  le texte qui suit fait état d'une série de "rites",  tous plus ou moins "écossais", et l'impression que pourrait en retirer le lecteur non averti, serait de confusion. Ce en quoi il n'aurait pas tout à fait tort d'ailleurs.

Pour faire bref, la Grande Loge de Londres (et ses avatars successifs jusqu'à nos jours), initiatrice de la renaissance maçonnique en Europe, pratique "un" rite principal, le rite Emulation, constitué de trois degrés, "point à la ligne" (et, ceci dit pour les puristes, le Royal Arch n'est qu'un "approfondissement" du 3ème degré du rite Emulation). 

Les Français ne s'en contentent pas. Alliant leur ferveur humaniste à leur goût prononcé de l'ésotérisme - et peut-être aussi à leur goût des titres ronflants -, ils créent une incroyable variété de rites et de grades, alchimiques, mystiques, magiques, qu'ils qualifient généralement "d'écossais". On peut être bien certain que ces rites n'ont rien de l'Ecosse. Un certain chevalier Ramsay, écossais certes, avait commis quelques discours en France maçonnique qui fleuraient l'ésotérisme... et l'on a probablement ensuite fait référence à ses origines pour qualifier les nouveaux rites. On crée donc de nouveaux rites initiatiques à tour de bras (ce qui d'ailleurs n'est pas toujours forcément une marque de moindre qualité, je le reconnais), et l'on multiplie les grades. Les systèmes "écossais" fleurissent en France, et plus personne ne s'y retrouve. Dans la foulée de cette mêlée générale, le Grand Orient de France crée son propre rite, le rite français... Et vogue la galère... jusqu'au jour où, de l'autre côté de l'Atlantique, à Charleston, dans l'état américain de la Caroline du Sud, quelques francs-maçons, en 1803, font une synthèse :  de tous ces rites et grades écossais très divers, ils forment "un" rite, le rite écossais ancien et accepté, qui rapidement effacera tous les "écossismes antérieurs", et deviendra "le" rite écossais de référence dans la maçonnerie mondiale. Ce qui n'empêche pas d'ailleurs qu'une série de loges contemporaines aient à coeur de reprendre et de perpétuer les rites écossais d'avant 1803. 

Au risque d'ajouter encore à la confusion par trop de précision, je dirais aussi que, parallèlement à cette "cristallisation" de l'écossisme à Charleston, on voit apparaître le Rite Ecossais Rectifié, forme templière et christique de la Franc-Maçonnerie forgée cette fois en Europe, qui deviendra, jusqu'à nos jours, l'un des plus beaux fleurons - quoique fort minoritaire - de l'esprit maçonnique.

Mais comme la franc-maçonnerie n'est pas dogmatique, on peut bien admettre que les francs-maçons fassent un peu ce qu'ils veulent... 

Cette organisation, ou "secte" comme diraient certains, a pour le moins une qualité qui la démarque de beaucoup d'autres :  elle ne connaît point de "gourou", de "maître à penser", bien qu'elle reconnaisse, dans sa majorité mondiale, l'existence de Dieu, comme Grand Architecte de l'Univers (créateur du monde) ou tout simplement comme symbole de réflexion, selon les tendances de chacun. On notera ici qu'en Belgique, tout comme en France d'ailleurs, les obédiences laissent à chaque maçon, et à chaque loge, liberté d'invoquer ou non ce Grand Architecte de l'Univers; la maçonnerie mondiale, généralement plus influencée par la Grande Loge (désormais Unie) d'Angleterre, est plus stricte, qui "impose" cette reconnaissance du Grand Architecte.

(Et il convient de dire que, si les Français s'ingénièrent à laisser libre cours à leur "liberté de pensée" en créant des rites très variés, les Allemands, les Suédois, les Suisses, les Américains - pour ne citer que les principaux -, ne furent pas en reste !).

Donc, en Belgique aussi, ce répertoire de tendances écossistes fait florès au XVIIIème siècle. Actuellement, les rites ayant été stabilisés, les obédiences maçonniques belges pratiquent principalement trois rites :  le rite français ou moderne, le rite écossais ancien et accepté, et le rite écossais rectifié. On fera ici aussi une rapide mention du rite de Memphis-Misraïm, toujours pratiqué en Belgique mais à doses homéopathiques, et qui relève d'une autre histoire.

A la suite de sa liste des "loges maçonniques belges actives en 1814", l'auteur de notre extrait reprend une série de loges ayant cessé leurs activités en 1814.

On constatera que cette liste des "loges maçonniques belges actives en 1814" présentée par E.E. Eckert ne reprend pas certaines loges créées avant 1814 et inactives à cette date... Je pense ici à la Parfaite Union, constituée à Mons en 1721 par la Grande Loge de Londres (devenue Grande Loge d'Angleterre puis Grande Loge Unie d'Angleterre), et toujours active de nos jours au sein du Grand Orient de Belgique, après avoir été "reconstituée" en 1838. Cette omission de l'auteur pourrait en cacher d'autres...

Les loges de cette liste, créées par le Grand Orient de France ou d'autres obédiences, sont actuellement, quand elles existent encore (et c'est le cas d'un certain nombre d'entre elles), regroupées dans une obédience belge, le Grand Orient de Belgique.

On notera encore que l'oeuvre présentée ici est, dans son ensemble, absolument "critique", ou, en d'autres termes, défavorable à la Franc-Maçonnerie. L'abbé Gyr, co-signataire du livre, est un ennemi acharné de la Franc-Maçonnerie. Mais l'hostilité n'empêche pas la précision, et ce document, puisqu'il reflète bien la réalité de ce moment-là, à l'une ou l'autre omission près, peut contribuer à éclaircir certains points de l'histoire de la Franc-Maçonnerie en Belgique.

Charles Saint-André

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La franc-maçonnerie dans sa véritable signification - tome II - 1854

Par Eduard Emil Eckert et Jean Guillaume Gyr


Tableau des LL.°. rég.°. (Loges régulières) en activité dans la Belgique méridionale, à l'époque du 1er janvier 1814, par ordre d'ancienneté de constitutions, et avec les indications nécessaires.

1. La bonne Amitié, à Namur, fondée par la Grande Loge d'Edimbourg, les nones de février 5770 (9 fév. 1770), reconstituée par le Grand Orient de France, le 24 juin 1808, professait exclusivement le rite dit Ecossais primitif, dont elle était la Mère-Loge ou Chef-d'Ordre dans les Pays-Bas, où aucune loge régulière ne pratiquait ce rite au premier janvier 1814. Le Grand Orient ne l'avait d'ailleurs jamais reconnue que sous ce seul rite et jamais sous celui de moderne, ou ancien réformé.

2. Les Frères réunis, à Tournay, constituée le 20 mai 1770, au rite ancien réformé, par le marquis de Gages, dernier Grand-Maitre des Pays-Bas autrichiens, reconstituée le 15 décembre 1803, par le Grand Orient de France qui ne l'avait jamais reconnue que sous le seul rite ancien réformé, dont un chapitre avait été érigé dans son sein, le 21 décembre 1804. Mais il parait que plus tard et le 10 janvier 1809. un chapitre de H-D-M (Hérodom) de Kilwinning fut aussi établi près cette loge, de même qu'un Tribunal des Grands Inquisiteurs Commandeurs au rite écossais philosophique, constitué par le tribunal départemental.

3. La parfaite Intelligence, à Liège, constituée par le Grand Orient de France, le 12 octobre 1775, au seul rite ancien réformé, sous lequel elle était exclusivement reconnue et dont un chapitre était établi dans son sein.

 (M. Ulysse Capitaine, dans son Aperçu historique sur la Franc-Maçonnerie à Liège, avant 1830, a parfaitement résumé l'histoire des Loges en province de Liège. Voici des extraits de ce remarquable travail. « La première loge que Liège ait possédée porta le titre de l'Union des Cœurs, et fut fondée le 16 décembre 1774 par le chevalier Pierre de Sicard. Nous possédons peu de détails sur cet atelier qui n'eut qu'une existence éphémère, puisque, l'année suivante, la plupart de ses membres créèrent, sous les auspices du Grand Orient de France, un nouveau temple qui prit le nom de la Parfaite Intelligence, et dont l'inauguration eut lieu le 12 octobre 1775. — La Grande Loge de France, qui était alors en dissidence avec le Grand-Orient, ne put voir sans jalousie la nouvelle succursale que son rival venait d'établir. Dès l'année suivante, elle constituait dans notre ville un second atelier, sous la dénomination de la Parfaite Egalité. Le 13 mars 1778, la Grande Loge de Hollande fondait aussi à Spa le temple de l'Indivisible. Ces trois ateliers continuèrent assez paisiblement leurs travaux jusqu'en 1792, époque à laquelle la révolution fit cesser les réunions et dispersa la plupart des membres. La Parfaite Intelligence ne se reconstitua que le 17 novembre 1805, et la Parfaite Egalité, le 2 novembre 1808. Les Amis de la Parfaite Intelligence, ouvrirent une loge à Huy, le 28 février 1809. l'Etoile de Chaudfontaine, et les Philadelphes de Verviers furent ouvertes, la première le 3 juillet, la seconde le 17 novembre de la même année. La Parfaite Egalité disparaît en 1814. De 1817 à 1830, la Parfaite Intelligence passe sous la direction de la Grande Loge de Bruxelles. Le 2 avril 1823, la Parfaite Intelligence de Liège et l'Etoile de Chaudfontaine se fondent et prennent le titre de Parfaite Intelligence et Etoile réunies. Après la révolution belge, la loge de Liège reconnaît l'autorité du nouveau Grand-Orient de Bruxelles. En 1838, elle se sépare du Grand-Orient et forme avec ses sœurs de Verviers et de Huy, une fédération indépendante. Ce schisme dure jusqu'en 1834. Aujourd'hui la loge de Liège est en instance auprès du Grand-Orient, pour se régulariser.)

4. Les vrais amis de l'Union, à Bruxelles, fondée par le Grand Orient de France, le 31 août 1785, au seul rite ancien réformé qu'elle professait exclusivement et dont elle possédait un chapitre dans son sein.

5. Les trois Niveaux, à Ostende, constituée le 12 septembre 1784 par la Grande Loge des Pays-Bas autrichiens, au seul rite ancien réformé, reconstituée le 3 nov. 1801, par le Grand Orient de France, au même rite, mais seulement aux trois grades symboliques sans chapitre.

6. Les Amis philantropes, à Bruxelles, constituée par le Grand Orient de France, au seul rite ancien réformé, le 17 janvier 1799, reconstituée au même rite avec chapitre, le 16 juillet 1802. Elle adopta, depuis, la subdivision écossaise, connue sous le titre de rite Ecossais ancien et accepté, et était reconnue sous ces deux rites, à l'époque dont nous parlons. Plus tard furent établies dans son sein les hautes puissances du rite ancien et accepté.

7. La Concorde, à Mons, constituée parle Grand Orient de France, le 9 mai 1800, au seul rite ancien réformé. qu'elle professait exclusivement et dont elle possédait un chapitre, sans jamais avoir été reconnue sous un autre titre.

8. Les disciples de Salomon,  à Louvain , constituée par le Grand orient de France, le 8 mai 1802, au seul rite ancien réformé. dont elle avait un chapitre.

9. La Paix, à Bruxelles, constituée le 28 avril 1802, au seul rite ancien réformé, par le Grand Orient de France. Elle n'eut jamais de chapitre à ce rite, mais dès le 9 avril 1810, elle avait embrassé le rite Ecossais philosophique et avait prétendu cumuler les deux rites, sans cependant avoir jamais été reconnue par le Grand-Orient de France que sous celui d'ancien réformé, quoiqu'elle possédât dans son sein 1° un souverain chapitre métropolitain Ecossais philosophique, érigé le 11 août 1810; 2° un souverain conseil  des Grands Architectes Blancs et Noirs (GAB et N, hauts-grades souchés sur le rite écossais philosophique - Note de Charles Saint-André), constitué le 26 juin 1811 ; 5° un Grand Suprême et Souverain Tribunal des Grands Inquisiteurs, Inspecteurs, Commandeurs, chef-d'Ordre écossais philosophique, créé le 17 septembre 1812; 4° enfin, un chapitre du Grand et Sublime Ordre de Rose-Croix de Hérodom de Kilwinning (rite pratiqué à l'origine dans les loges d'Ecosse, lesquelles, d'une manière générale, et singulièrement, ne sont pas à l'origine des divers "rites écossais" pratiqués en Belgique et en France; le rite de la Rose-Croix d'Hérodom - ou Hérédom - fut également pratiqué par la célèbre  loge Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social à l'Orient de Paris, dont fut membre le marquis de La Fayette - Note de Charles Saint-André), sous la dénomination de la stricte observance, constitué le 4 octobre 1811, par le chef-d'Ordre de Rouen, et indépendant du rite Ecossais philosophique. Postérieurement à la séparation d'avec la France, et à la fusion de cette loge avec celle de la Candeur, elle prit le titre de Mère-Loge Ecossaise philosophique des Pays-Bas ("parallèle" à la Mère Loge Ecossaise philosophique de France, obédience siégeant à Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, et qui, également, pratiquait à la fois le rite écossais philosophique et le rite de la Rose-Croix d'Hérédom de Kilwinning - Note de Charles Saint-André), et prétendit en même temps jouir des prérogatives du chapitre des Rose-Croix (grade que l'on retrouve dans divers rites maçonniques - Note de CSA) au rite ancien réformé qu'elle avait trouvé établi au sein de la Royale Loge la Candeur, à qui elle s'était unie le 20 avril 1816, sous le titre de Paix et Candeur.

10. L'Amitié,  à Courtrai, constituée le 14 mars 1803, par le Grand Orient de France, au rite ancien réformé, dont elle possédait aussi un chapitre, érigé le 2 octobre 1804, et sous lequel elle était exclusivement reconnue en 1814, quoiqu'elle eût aussi dans son sein un chapitre d'IIérodom de Kilwinning, constitué par le chef-d'Ordre de Rouen,sous la date du 3 novembre 1809. II parait aussi que plus tard cette Royale Loge adopta le rite Ecossais philosophique.

11. Les enfants de la Concorde fortifiée,  à Luxembourg, constituée par le Grand Orient de France, au seul rite ancien réformé, dont elle avait un chapitre.

12. La Réunion des Amis du Nord,  à Bruges, constituée par le Grand Orient de France, le 27 mai 1803, au seul rite ancien réformé, dont un chapitre fut peu après établi dans son sein. Cette Loge n'avait jamais été reconnue pour professer un autre rite. (C'est dans cette loge que fut initié Jean-Marie Ragon, historien et symboliste de la Franc-Maçonnerie - Note de Charles Saint-André).

13. Les Amis du Commerce,  à Anvers, constituée parle Grand Orient de France, le 1er mars 1804, au seul rite ancien réformé, dont bientôt après un chapitre fut établi dans son sein. Mais ayant plus tard cumulé le rite écossais ancien accepté avec celui quelle avait adopté dans le principe, elle était reconnue sous ces deux rites, par le Grand Orient de France, dès l'année 1813, et dépendit, comme Loge écossaise, du chef-d'Ordre écossais qui s'organisa peu après dans le sein de la R:. L:. des Amis philantropes à Bruxelles.

14. La Candeur,  à Bruxelles, constituée par le Grand Orient de France, le 8 novembre 1804, au seul rite ancien réformé, dont elle eut un chapitre le 6 mars 1809.

15. L'Espérance, à Bruxelles, constituée au seul rite ancien réformé par le Grand Orient de France, le 25 mars 1805. Elle n'avait pas de chapitres en 1814 et n'en constitua un en instance que le 1er mars 1817, sans qu'elle ait jamais été reconnue que sous le rite qu'elle avait d'abord adopté. Mais en 1808, il parait qu'elle obtînt de former section du chapitre des Philantropes à Bruxelles, alors existant comme chapitre de Rose-Croix au rite ancien réformé; il parait aussi que cette section n'exista jamais que de nom. C'est ce qui donna lieu à de vifs débats.

16. La Félicité bienfaisante,  à Gand. constituée par le Grand Orient de France, le 26 mai 1805, au seul rite ancien réformé dont elle avait seulement les trois grades symboliques.

17. La Liberté constante,  à Ruremonde, constituée par le Grand Orient de France, le 25 septembre 1806, au seul rite ancien réformé, sans chapitre.

18. La parfaite Amitié,  à Bruxelles, constituée par le Grand Orient de France, le 7 juillet 1807, au seul rite ancien réformé, mais sans chapitre, quoiqu'elle fût censée, comme celle de l'Espérance, former section du chapitre de ce rite existant près la R:. L:. des Amis philantropes.

19. Les vrais Amis,  à Gand, constituée par le Grand Orient de France, le 7 septembre 1807, au seul rite ancien réformé, vit ériger dans son sein un chapitre du même rite, le 4 septembre 1809. Il parait que, peu après, elle accepta le rite écossais dit ancien accepté, vu que dès 1813, le Grand Orient de France la reconnaissait sous ces deux rites, et qu'elle relevait sous ce dernier rapport du chef-d'Ordre écossais ancien et accepté, établi près la Respectable Loge des Amis philantropes  à Bruxelles. Plus tard, elle prétendit aussi être constituée Mère-Loge provinciale au rite écossais philosophique, et posséder le souverain chapitre provincial de ce rite; mais cette prétention ne manqua pas de contradicteurs.

20. Les Amis discrets,  à Nivelles, constituée par le Grand Orient de France, le 19 novembre 1807, au seul rite ancien réformé, sans chapitre. Elle fut plus tard admise à professer concurremment le rite écossais primitif.

21. Les Amis de la parfaite intelligence,  à Huy, constituée par le Grand Orient de France, le 28 février 1809, au seul rite ancien réformé sans chapitre.

22. La Concorde,  à Malines, constituée le 12 mars 1809, au seul rite ancien réformé, sans chapitre.

23. L'Etoile de Chaudfontaine, à Liège, constituée par le Grand Orient de France, le 3 juillet 1809, au seul rite ancien réformé, sans chapitre. Il paraît qu'en 1818, elle adopta le rite écossais ancien accepté, dont le chef-d'Ordre dans les Pays-Bas, établi près la R:. L:. des Amis philantropes à Bruxelles, constitua dans son sein, vers cette époque, un chapitre au 18° degré, équivalant au grade de Souverain Prince Rose-Croix dans son rite original.

24. Les Philadelphes, à Verviers, constituée par le Grand Orient de France, le 17 septembre 1809, au seul rite ancien réformé, sans chapitre.

25. L'Aurore, à Audenarde, constituée par le Grand Orient de France, le 30 décembre 1809, au rite ancien réformé, sans chapitre.

26. Le Septentrion, à Gand, constituée par le Grand Orient de France le 2 avril 1811,au seul rite ancien réformé, sans chapitre.

27. L'Accord parfait à Lokeren, constituée par le Grand Orient de France, le 30 octobre 1813, au seul rite ancien réformé, sans chapitre.

Outre ces vingt-sept loges, toutes actives au 1er janvier 1814, dix autres ateliers réguliers, dont quatre établis avant la domination du Grand-Orient de France dans nos provinces, et les six autres constitués par lui, avaient entièrement cessé leurs travaux vers cette époque. En voici le tableau.

1. La Constance ou la Persévérance à Maestricht, fondée en 1761 par la Grande Loge d'Angleterre, et qui se trouvait aussi portée sur le tableau du ressort du Grand Orient de Hollande.

2. La Constance éprouvée ou l'Amitié à Tournay, constituée le 20 mai 1770 par le marquis de Gages, et remplacée par la Respectable Loge des Frères Réunis, ci-dessus classée sous le N° 2. des Loges actives, avec laquelle elle parait avoir été confondue, vu qu'on ne trouve aucune trace d'une double fondation à Tournay, sous la même date.

3. La parfaite Egalité à Liège, fondée par le Grand Orient de France, en 1776.

4. L'Indivisible à Spa, fondée le 13 avril 1778 par la Grande Loge de Hollande. (A repris ses travaux le 27 déc. 1819.)

5. L'Amitié à Bruges, constituée par le Grand Orient de France, en 1805, n'a jamais été installée.

6. La parfaite Union à Maastricht, constituée par le Grand Orient de France, en 1806 (Il y a erreur de la part de l'auteur :  il s'agit en fait de la "Parfaite Réunion" - Note de Charles Saint-André)

7. Les Elèves de Thémis à Anvers, constituée par le Grand Orient de France, en 1807

8. La Constance à Louvain, constituée par le Grand Orient de France, le 27 mai 1808, a repris ses travaux le 1er déc. 1819.

9. Les vrais Philanthropes à Boussu, constituée par le Grand Orient de France, en 1808.

10. Les Amis de la Vertu à Charleroi, constituée par le Grand Orient de France, en 1809.

Ne sont pas comprises dans ce tableau les Loges militaires françaises.

La cessation involontaire des travaux de ces dix Loges avait partout la même cause; c'était la dispersion des ouvriers ou le trop petit nombre de ceux restés présents au lieu du siège de l'Atelier.






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