DIEUX DU NORD La déesse Fal et les Pierres Falhotte


Navires vikings
Tapisserie de Bayeux (XIème siècle)


LA DÉESSE FAL ET LES PIERRES FALHOTTE


En Belgique, et plus particulièrement dans la partie sud du pays, existent plusieurs lieux dont les légendes ardennaises rapportent qu’ils étaient consacrés à la déesse Fal, ou Faule.

Fal était, selon ces légendes locales, une déesse viking mais aussi la sœur de Thor, le dieu scandinave de l’orage. Les textes anciens qui évoquent les dieux du Nord, tels les deux Eddas, etc, ne font pas état de l’existence d’une sœur de Thor. On retrouve par contre, chez le scalde Gisli Sursson, ainsi que dans les Thulur, une mention relative à la géante Fala (« maritorne » ou « trollesse » en vieux norrois), sans qu’il soit question d’un lien de sang entre cette géante et Thor. Fal est également le nom sous lequel le dieu scandinave Balder était connu dans l’aire germanique. Ce nom apparaît encore dans l’Edda de Snorri Sturluson, attribué cette fois à un Nain.

Néanmoins, la présence de Fal en Belgique, en tant que sœur de Thor, semble bien attestée.

Les Vikings, à partir de leur période d’expansion, vers l’an 800, ont donc pris pied en Belgique, de manière parfois massive.

On connaît les implantations vikings en Normandie, à la même époque ; on sait aussi qu’ils se taillèrent des royaumes dans l’est de l’Angleterre, ou même en Irlande ; et qu’ils s’installèrent – toujours à la même époque – en Islande pour ensuite coloniser le Groenland avant d’atteindre le Vinland, c’est-à-dire l’actuel Canada, où, sur l’île de Terre-Neuve (Newfoundland), ils installent vers l’an mil un campement, à l’Anse des Meadows, qui sera redécouvert et authentifié en 1960. On connaît aussi l’épopée viking en Russie : sous le nom de Varègues, ils fondent un état qui deviendra la Russie.

Ce que l’on sait moins, par contre, c’est que les territoires de l’actuelle Belgique connurent aussi leur « heure viking ». Sur leur bateaux plats, les drakkars (dont le nom originel serait plutôt knörr d’ailleurs), ils remontent les fleuves et rivières sans difficulté. Ils pénètrent en Belgique par l’Escaut, par la Meuse, par la Dendre ou par la Sambre ; remontent jusqu’au fond des Ardennes…. et, après avoir choisi divers lieux d’installation, reconnaissent les lieux sacrés de leur tradition déjà occupés par leurs prédécesseurs germains, y implantent les versions et noms scandinaves des dieux de la Tradition du Nord, Germains et Scandinaves partageant les mêmes croyances.

Car évidemment, il n’y a pas changement de tradition, pas de changement de dieux, tout au plus des changements de noms… Avant les implantations vikings, on connaît Odin en Belgique sous le nom de Woden (le Wotan germanique), on connaît Thor, Freyr, etc. Avant l’arrivée de Jules César et de ses légions, les « tribus » qui sont installées en Belgique, Trévires, Nerviens, et autres, ne sont pas Celtes. Bien qu’influencés par la culture et la tradition celtique, ces hommes et ces femmes de l’antique Belgique se disent explicitement Germains ; divers auteurs romains et grecs l’attestent. Et les historiens contemporains, débarrassés des préjugés politiques souvent issus des confrontations qui eurent lieu entre la France , ses alliés, et l’Allemagne, vont dans le même sens (un ouvrage comme « Les Gaulois du Nord de la Gaule » de Stephan Fichtl, paru en 1994, explique bien cette réalité). Il est évident par ailleurs que ce ne sont pas les légions romaines qui modifieront la composition démographique de la Belgique. Et lorsque les Romains seront bousculés par les Francs, ceux-ci, également Germains, n’auront, eux aussi, rien à changer dans les croyances et traditions des populations locales.

Cependant, Fal était-elle connue en Belgique avant les implantations vikings ?  Dans l’état actuel des recherches, il semble difficile de répondre à cette question.

En Ardennes belges, trois lieux au moins sont remarquables, qui sont consacrés à cette déesse Fal.



Pierre Falhotte à Lierneux


Il s’agit, à chaque fois, d’un lieu où se trouve un rocher majestueux, ou un groupe de pierres dont la disposition souvent naturelle est propice au culte. Ces pierres ne sont pas la déesse elle-même, bien entendu, mais constituent son temple naturel, sa demeure : ainsi, la dénomination collective de ces lieux étant « Falhotte », on y retrouve le mot germanique « hotte » qui signifie « demeure ».

On trouve une Pierre Falhotte à Ombret, près de Amay sur la Meuse. Une autre encore à Tavigny, près de Houffalize, et qui porte le même nom : Pierre Falhotte. Une troisième, toujours nommée Pierre Falhotte, est à Lierneux, dans l’environnement du Bois de Groumont et du hameau d’Arbrefontaine (et ici, à proximité d’un bois nommé… Hodinfosse ou "Vallée d'Odin", et d’un lieu-dit nommé « Les Ases Fagnes », "Ases" étant le nom générique d'une série de dieux scandinaves).

D’autres Pierres Falhottes existent encore, dont il faudra un jour établir la liste complète.



Leif Aegir Thorsson

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