CARTES POSTALES ET VUES DE WATERMAEL-BOITSFORT
ENTRE 1890 ET 1940
ou
"Suite de la saga du navetteur"
Watermael-Boitsfort (fusion de deux villages autrefois rattachés à Auderghem) est, tout comme Auderghem, un lieu de passage privilégié pour les « navetteurs » qui se rendent chaque jour à Bruxelles. Je vous propose ici – tout comme je l’ai fait pour Auderghem – de découvrir quelques perspectives nostalgiques de cette commune, sous forme de photos et vues anciennes…
Dans cette commune verte adossée à la Forêt de Soignes (et à certains égards "résolument verte" même), toujours riche de son passé mais aussi tournée vers l'avenir, séjournèrent quelques artistes belges renommés : Rik Wouters et Fernand Verhaegen, au pittoresque quartier du Coin du Balai; Paul Delvaux, au quartier de la Futaie; André Franquin, au quartier Duc-Pinson; Hergé, près de l'église Saint-Hubert; et d'autres encore...
On y découvre aussi les traces d'une curieuse "expérience" de vie communautaire développée au début du XXème siècle par une poignée de jeunes idéalistes, dont j'esquisse les destinées à la fin de cet article.
On ajoutera que, autre spécificité originale d'une commune qui se singularise dans le passé mais qui reste singulière dans le présent, - et cela intéressera spécialement les "navetteurs" -, Watermael-Boitsfort est la seule commune de la région bruxelloise dont l'administration communale, et notamment sa bourgmestre, se refusent à faire installer horodateurs et autres parcmètres sur leur territoire... Comme quoi, rien n'est jamais inéluctable, en quelque matière que ce soit...!
Charles Saint-André - 2012
Dans cette commune verte adossée à la Forêt de Soignes (et à certains égards "résolument verte" même), toujours riche de son passé mais aussi tournée vers l'avenir, séjournèrent quelques artistes belges renommés : Rik Wouters et Fernand Verhaegen, au pittoresque quartier du Coin du Balai; Paul Delvaux, au quartier de la Futaie; André Franquin, au quartier Duc-Pinson; Hergé, près de l'église Saint-Hubert; et d'autres encore...
On y découvre aussi les traces d'une curieuse "expérience" de vie communautaire développée au début du XXème siècle par une poignée de jeunes idéalistes, dont j'esquisse les destinées à la fin de cet article.
On ajoutera que, autre spécificité originale d'une commune qui se singularise dans le passé mais qui reste singulière dans le présent, - et cela intéressera spécialement les "navetteurs" -, Watermael-Boitsfort est la seule commune de la région bruxelloise dont l'administration communale, et notamment sa bourgmestre, se refusent à faire installer horodateurs et autres parcmètres sur leur territoire... Comme quoi, rien n'est jamais inéluctable, en quelque matière que ce soit...!
Charles Saint-André - 2012
L'étang et le moulin
Boitsfort vers 1900
Panorama
Watermael vers 1900
Chaussée de Watermael
Watermael vers 1900
Le village
Watermael vers 1900
Avenue du Bois de la Cambre
Boitsfort vers 1900
"Au Repos des Chasseurs"
Avenue Charles Albert
Watermael vers 1905
"Café du Bon Coin"
Coin de l'avenue de Visé et de l'avenue du Bois de la Cambre
Watermael vers 1905
Panorama vers l'avenue de Visé
Watermael vers 1905
Avenue de Visé et les Ponts du Chemin de Fer
Boitsfort vers 1900
Arrêt de la Forêt de Soignes
Boitsfort vers 1900
L'étang et les hôtels
Administration des Eaux et Forêts
Cantonnement de Boitsfort
Juin 1902
Boitsfort vers 1910
La gare de Boitsfort
Boitsfort vers 1905
La gare de Boitsfort
Boitsfort en 1919
Soldats canadiens du 102ème Bataillon de la 11ème Brigade
en partance pour Le Havre
(Photo de Dave Dawkins, d'Ottawa)
Au cours de leur séjour de près de trois mois à Boitsfort, dans l'attente de leur rapatriement, ces soldats canadiens qui participèrent aux combats de la Première Guerre Mondiale sur le sol belge, furent logés, notamment, à l'hôtel "La Maison Haute" et à l'hôtel "Beau Séjour". Accueillis avec enthousiasme par la population boitsfortoise, ils furent invités à diverses fêtes et manifestations organisées en leur honneur, et, le 25 mars 1919, participèrent à la revue des troupes dirigée par Albert Ier, roi des Belges. Ils quitteront Boitsfort le 24 avril 1919.
Boitsfort vers 1910
Arrêt du tram
Chaussée de la Hulpe
Boitsfort vers 1900
Estaminet "Au Nouveau Moeder Lambic"
Chaussée de la Hulpe
Boitsfort vers 1900
Chaussée de la Hulpe
Watermael vers 1900
"Café de la Salle d'Attente"
Drève des Weigelias
Watermael vers 1900
Gare de Watermael
Boitsfort vers 1900
Vue sur l'Etang
Boitsfort vers 1900
Au bord de l'étang
Boitsfort vers 1900
Le gamin au réverbère
Etang de Boitsfort
Boitsfort vers 1900
Hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1900
Entrée de l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1910
Hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1930 (Photo Jacques Hersleven)
Elégantes à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1930 (Photo Jacques Hersleven)
Groupe de jockeys à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort (Photo Jacques Hersleven)
La princesse Astrid et le prince Léopold à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort (Photo Jacques Hersleven)
Le roi Albert à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort (Photo Jacques Hersleven)
Hippodrome de Boitsfort
Boitsfort (Photo Jacques Hersleven)
Le roi Albert à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1935 (Photo Jacques Hersleven)
Elégante à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort
Le Pesage à l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort
Les tribunes de l'hippodrome de Boitsfort
Boitsfort vers 1935
Place Wiener
Watermael vers 1900
Place des Arcades
Watermael vers 1900
"Café du Jeu de Balle"
Rue des Bégonias (Place Keym)
Boitsfort vers 1900
Place Wiener et Maison Communale
Watermael en 1909
Les Ponts du Chemin de Fer
Watermael vers 1900
Rue de l'Elan
Boitsfort vers 1900
Café "A l'Arrêt du Tram"
Rue Middelbourg
Watermael vers 1900
Café-laiterie de la Pêche Royale
Rue des Pêcheries
Watermael vers 1900
Carrefour de la rue Vander Elst
Watermael vers 1900
La gare de Watermael
Boitsfort vers 1900
Café-Restaurant "Au Derby" en face du Champ de Courses
Boitsfort vers 1925-1930
Avenue du Geai
Boitsfort vers 1900
Chaussée de la Hulpe
Le Café du Sport
Boitsfort vers 1900
Chaussée de la Hulpe et l'Etang
Boitsfort vers 1900
Chapelle Sainte-Philomène (1827)
Détruite en 1925 et remplacée par l'église Saint-Hubert
Boitsfort vers 1900
Entrée de la Forêt de Soignes
Boitsfort vers 1900
L'étang de Boitsfort et le Coin du balai
Boitsfort vers 1900
Place Antoine Gilson
"La Maison Haute"
Watermael vers 1900
Café-Brasserie des Viaducs
Boitsfort vers 1925
L'église Saint-Hubert, qui remplace la chapelle Sainte-Philomène
Boitsfort vers 1900
Rue de l'Etang
Watermael vers 1900
Rue Creuse
Watermael vers 1905
Blanchisseuses à l'église Saint-Clément
Boitsfort
Château de Monsieur Wiener
Boitsfort vers 1910
La Cure et la chaussée d'Auderghem
Boitsfort
Chaussée de la Hulpe au Coin du Balai
Boitsfort
Chaussée de la Hulpe au Coin du Balai
Boitsfort
Chaussée de la Hulpe au Coin du Balai
Boitsfort
Chaussée de la Hulpe au Coin du Balai
Boitsfort
Chaussée de la Hulpe au Coin du Balai
Watermael en 1903
Les écoles
Watermael
Eglise Saint-Clément en 1902
Watermael
Ferme Terlinden (détruite en 1936)
Boitsfort en 1899
La Grand'Place
Watermael
La Hütte
Boitsfort vers 1900
"La Maison Haute" et Chapelle Sainte-Philomène
Place Antoine Gilson
Boitsfort
Marchandes des 4 saisons du Coin du Balai
Watermael en 1904
Ferme Terlinden
Boitsfort
La Pêcherie
Watermael vers 1895
Place Communale
Boitsfort
La Poste et la rue de la Vênerie
Boitsfort
Pont rustique de la rue des Deux Triages
Watermael
Rue du Presbytère
Boitsfort vers 1905
Tram 32
Boitsfort vers 1930
Rue du Silex
Boitsfort vers 1895
Rue de l'Etang
Boitsfort
Rue Middelbourg et place Wiener
Boitsfort vers 1900
Rue Middelbourg
Boitsfort
Ruelle de la Cigale
Watermael-Boitsfort
Affiche de vente
Watermael
Vieille ferme
Watermael-Boitsfort
La "Villa Coloniale" à l'avenue Van Becelaere
Watermael-Boitsfort
La "Villa Coloniale" à l'avenue Van Becelaere
Watermael-Boitsfort
La "Villa Coloniale" à l'avenue Van Becelaere
Boitsfort
Villa de Monsieur Keym
*
NI DIEU NI MAITRE !
En 1905, des militants anarchistes belges forment une « colonie communiste libertaire » qu’ils baptisent « L’Expérience ». Leur credo peut se résumer, brièvement, à l’expression « Ni dieu ni maître »…
D’abord installés au lieu-dit des Trois Couleurs à Stockel (ils en garderont leur désignation courante de « Colonie de Stockel-Bois »), ils déménagent en 1906 et louent à Boitsfort le n° 57 de la rue Verte (dénomination disparue), au lieu-dit Karrenberg, au sommet de l’actuelle rue de la Herse, non loin de la rue de l’Hospice Communal…
Généralement bien accueillis par la population locale, ils publient des journaux anarchistes, organisent des réunions de propagande, et tentent de subsister matériellement mais sans grand succès.
Les articles parus dans leurs journaux seront signés par Eugène Marin et Emile Chapelier (membres de la colonie), mais aussi par des personnalités anarchistes de l’époque : Elisée Reclus, Pierre Kropotkine, Victor Serge (dit Le Rétif), Francisco Ferrer (un monument lui est dédié en face de l'ULB à Bruxelles, avenue Franklin Roosevelt) et Alexandra David-Néel.
Cette colonie, qui comptera jusqu’à une quinzaine de membres, disparaît en 1908.
Charles Saint-André - 2012
TEXTES ET ECRITS D'EMILE CHAPELIER
Réponse à l’Encyclique du Pape, ou les crimes obligatoires de l’Église romaine
Bruxelles: Petite Bibliothèque anticléricale, n°2, 1901
Les libertaires et la langue internationale Esperanto
Saint-Gilles : Collection de la liberecana esperantista grupo, n°1, 1903
Une colonie libertaire en Belgique
-in-L’Insurgé, Stockel-Bois : a.III, n°40-41, 14/10/1905
(en collaboration avec Eugène-Gaspard Marin)
La nouvelle clairière - Drame social en 5 actes
Boitsfort (Stockel-Bois) : Bibliothèque de la Colonie communiste libertaire « L’expérience », n°3, 1906
Une colonie communiste. Comment nous vivons et pourquoi nous luttons. L’expérience. Colonie communiste libertaire de Stockel-Bois
Stockel : Fraigneux-L’Expérience, 1906
Les développements futurs de la colonie
(les groupes libres dans la colonie et les individus libres dans les groupes) - Conférence
Stockel-Bois : Colonie communiste libertaire, 26/08/1906
Au confessionnal - Pièce de théâtre
Stockel-Bois : 1907
L’amour en liberté - Pièce de théâtre
Stockel-Bois : 1907
Les anarchistes et la langue internationale espéranto,
suivi d’un Exposé des éléments de la langue - Paris: 1907
Le communisme et les paresseux
Boitsfort- Bibliothèque de la Colonie communiste libertaire « L’expérience », n°2, 1907
Lettre ouverte au joyeux curé de Dolhain.
Suivi de quelques réflexions sur ce qu’enseignent les prêtres
Boitsfort: Bibliothèque de la Colonie communiste libertaire « L’expérience », n°5, 1907
Anarchists and the international language Esperanto.
With an appendix explaining the elements of the language.
Report presented to the International Anarchist Congress at Amsterdam,
August 1907 - London: 1908
(en collaboration avec M. Gassy)
Ayons peu d’enfants. Comment et pourquoi ?
Bruxelles: 1908
(en collaboration avec Eugène-Gaspard Marin)
Pourquoi l’Église a tué FERRER ?
Discours prononcé au meeting de la Libre-pensée "Les Disciples de Berthelot" à Seraing
Bruxelles: 1909
Limitons les naissances ! Réponse au cardinal MERCIER
Bruxelles: 1909
Au confessionnal. Vaudeville en un acte
Bruxelles: 1910
Catéchisme syndicaliste en 6 leçons.
Suite à Entre propriétaire et locataire
Bruxelles: 2° édition, 1910
Pourquoi je ne crois plus en dieu
Paris: La Brochure mensuelle, 1927
La libre-pensée prolétarienne contre la libre-pensée bourgeoise.
Bruxelles: Ligue Matérialiste de Belgique, n°2, 1929
Assassins par devoir : Les crimes de dieu
(en collaboration avec Sébastien Faure)
Date de publication inconnue
Emile Chapelier
"Leader des Anarchistes Belges"
1914
Armoiries de Watermael-Boitsfort, concédées le 2 mai 1914.
La tête de cerf symbolise les terres de chasse des ducs de Brabant au Moyen-Age
Le cor, symbole de la chasse à courre, fut déjà le "sceau" concédé par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, à une guilde locale des chefs de meutes.
*
par Bernard van Orley (1491-1541)
in "Les Tapisseries de Maximilien"
HISTOIRE DES ENVIRONS DE BRUXELLES
Par Alphonse Wauters, 1855
« WATERMAEL-BOITSFORT »
CHAPITRE II (Tome III)
WATERMAEL-BOITSFORT ET LA FORÊT DE SOIGNE.
Watermael. — Les hauteurs situées au-delà d'Ixelles et dont le versant oriental s'arrête à la Woluwe formèrent jadis l'une des premières clairières que la main de l'homme ait pratiquées dans la Forêt de Soigne. Trois villages, d'inégale importance, se sont élevés dans l'espace qui fut longtemps entouré par le bois de Soigne, le bois de Melsdal et le Solbosch : Watermael, dont l'ancienneté se perd dans la nuit des temps; Boitsfort, si riche en souvenirs de nos anciens souverains, si attrayant par ses sites pittoresques, et Auderghem, dont les retraites monastiques : Val-Duchesse, Rouge-Cloitre, ont de nos jours fait place à des usines.
Au sommet du plateau passe le chemin dit le Diewegh. Est-ce notre Watermael que l'on doit reconnaître dans Wactarmala ou Vuatermala, l'un des quarante-trois villages où un arrière-petit-fils de Charlemagne, le roi Lothaire II, donna au chapitre d'Aix-la-Chapelle la none ou le neuvième des revenus appartenant à son domaine, soit en animaux, soit en cens, et tant dans les parties données en bénéfice que dans celles qui étaient régies par ses officiers ? Le mot Wactarmala dérive évidemment de deux mots germaniques : wachter, gardien, et mal, en latin mallum, plaid, ou, par extension, lieu du plaid. Watermael semble donc avoir été, du temps des rois Carlovingiens, le lieu où se réunissaient les officiers royaux préposés à la garde de la forêt de Soigne, et en effet, au moyen âge, c'était dans le ressort de son échevinage que siégeaient deux cours domaniales, dont les attributions avaient pour but principal la conservation des prérogatives du prince: le consistoire de la Trompe à Boitsfort, et le tribunal du droit forestier (woutrecht), à WoluweSaint-Pierre.
En 1686, Watermael et Auderghem comprenaient 807 bonniers, dont 506 de terres, 64 de prés, 150 de bois, 32 d'étangs, et 48 bonniers d'héritages, et Boitsfort 124 bonniera, dont 95 de terres, 14 de prairies, 15 d'étangs; le revenu imposable s'élevait, dans les deux premières localités, à 5602 florins; dans la dernière, à 1429 florins. En 1846, il se trouvait dans la commune, sur une étendue totale de 2200 hectares: 433 hectares cultivés en céréales, 2 hectares cultivés eu plantes industrielles, 198 hectares cultivés en racines et fourrages, 64 hectares de prairies, 2 hectares de vergers, 46 hectares de jardins potagers, 5 hectares de jardins d'agrément 1301 hectares de bois, 21 hectares de jachères, 2 hectares de cultures diverses. La verge linéaire avait 17 1/3 pieds de Bruxelles (dans le bois de Soigne, 20 1/3).
Population: A Watermael, en 1786, 2249 habitants; en l'an VIII, 1197 ; à Boitsfort, en 1786,794; en l'an VIII, 826; dans les deux communes réunies: au 31 décembre 1831, 3437 ; au 15 novembre 1846, 3950, formant 787 ménages ; 294 enfants recevaient l'instruction el 279 personnes les secours de la bienfaisance.
L'église paroissiale remonte, à peu de chose près, aux dernières années de l'existence de la dynastie Carolingienne. Elle date, probablement, de la première moitié du onzième siècle. Les nefs, au nombre de trois, reposent sur des piliers carrés et trapus. La nef centrale, qui est encore plafonnée selon l'antique usage, est du double plus large que ses collatéraux; elle est éclairée par de petites fenêtres cintrées en abat-jour, tandis que ses collatéraux ne reçoivent la lumière que par des baies ogivales, pratiquées, après coup, dans la toiture, au centre de petits pignons triangulaires. Le chœur et le croisillon appartiennent à l'époque ogiv ale; quant à la tour, elle est bâtie sur un plan carré, plus large en bas qu'en haut, et elle fait avant-corps sur la façade, au milieu de laquelle elle s'élève. Deux petites ouvertures cintrées, et deux autres qui sont ogivales et appartiennent à une époque postérieure, éclairent l'intérieur de cette construction massive. Le mauclerc de la porte d'entrée date de l'an 1754, la sacristie de l'an 1765. On voyait autrefois dans l'église la sépulture d'un chasseur de Boitsfort, qui doit avoir vécu dans une grande familiarité avec le roi d'Espagne Charles II, car il est qualifié de compère de ce pauvre souverain, dans son épitaphe, dont voici la teneur : HIER LEYT BEGRAVEN DEN COMPEER VAN CAROLUS DEN TWEEDEN, CONINCK VAN SPANIEN, DOM MICHEL DE CAFMEYER, IN ZYN LEVEN JAEGER TE PEERT, STERF DEN 9 AUGUST 1713, ENDE ZYN HUYSVROUWE, CAECIL1A ROUYS, STERF DEN 26 AUGT. 1703. BIDT VOOR DE ZIELEN.
La possession de l'église de Watermael fut confirmée au chapitre de Notre-Dame de Cambrai par un bref du pape Célestin (sans doute Célestin III). Plus tard, les chanoines cédèrent au couvent de Val-Duchesse à Auderghem le personnat de ce temple, avec toutes ses dépendances et tous les biens qu'ils possédaient à Watermael, en échange d'une dîme à Braine-l'Alleu (sic). Le couvent payait au curé une compétence annuelle de 525 florins; en outre, on annexa à la cure, en 1735, le bénéfice de Notre-Dame, qui rapportait par an 201 florins et qui devait trois messes par semaine. Walter Vandenbisdomme l'avait fondé en 1367, et la prieure de Val-Duchesse en avait la collation.
Le territoire soumis à la juridiction des échevins de Watermael dépendait de la mairie de Rhode et était très-étendu; outre Watermael, Boitsfort et Auderghem, il comprenait Etterbeek, Woluwe-Saint-Pierre, Stockel et Crainhem. Les échevins allaient à chef de sens à Uccle. Leur sceau offrait l'image de saint Clément et la légende : S. Scabisorum de Watermale. Dans les trois derniers des sept villages cités plus haut, des seigneurs avaient des droits sur les amendes de justice; dans les quatre autres, elles appartenaient exclusivement aux souverains, sauf qu'à Watermael et à Boitsfort ceux-ci les abandonnaient aux « chiens de Boitsfort ». A partir de l'année 1559, la haute, moyenne et basse justice de Watermael et de ses dépendances fut constamment engagée, d'abord aux Vandernoot, puis aux possesseurs du fief de Schoonenberg, dont nous aurons longuement à parler.
En 1545, Watermael et ses dépendances ne formaient qu'une seule cote dans les cahiers des aides; mais, plus tard, Boitsfort eut ses répartiteurs particuliers. De temps immémorial, les habitants du village avaient le droit de faire pâturer leurs bestiaux dans la forêt de Soigne, à la condition de payer, pour chaque vache à lait, trois setiers d'avoine; vers l'an 1514, par suite de leur appauvrissement, le produit de cette redevance diminua considérablement, et, afin de procurer aux habitants quelque soulagement, on dut se contenter de les imposer à huit quartauts seulement (22 mai 1517). Le 16 mai 1567, on autorisa les paysans de Watermael et de Boitsfort à conduire leur bétail dans certaines parties boisées de la forêt, où la futaie avait plus de vingt ans de croissance. Au seizième siècle, Watermael souffrit beaucoup : un grand nombre de chasseurs et d'autres serviteurs du prince, qui y habitaient, se prétendaient exempts de toutes aides et de toutes subventions, quoique leurs biens eussent été portés en compte lors de la répartition de l'aide entre les différentes localités du Brabant; il en résultait que les autres habitants avaient à supporter de lourdes charges. La chambre des comptes, saisie de leurs réclamations, remit au village la moitié de sa cote dans les aides (soit 52 livres), pour quatre années, à partir de la Noël 1509 (lettres patentes en date du 20 septembre 1509). Cette concession fut renouvelée le 15 novembre 1515, en considération de ce que, depuis le dernier dénombrement, nombre de maisons étaient en ruine, et de ce que beaucoup d'habitants avaient émigré. Depuis, elle fut presque constamment confirmée, mais avec des modifications: le 12 mai 1531, on remit à Watermael le tiers de sa cote; le 5 décembre 1537, on l'exempta d'en payer le quart, parce que 800 fantassins y avaient logé pendant deux jours; le premier septembre 1540 et le 7 mars 1549-1550, cette remise fut portée aux deux tiers de la cote.
Nous avons retrouvé, dans les comptes des anciens officiers de justice, quelques épisodes de nature à être publiés. En 1419, Thomas Hosen, maire de Watermael, rencontra un frère Henri, qui vivait dans ce village en ermite, et qui portait deux ou trois carpes à Bruxelles. Il l'accusa de les avoir volées, et comme Henri lui répondit qu'il en avait menti, il le fit conduire en prison. Deux ou trois jours s'étant écoulés, les amis de l'ermite insistèrent pour qu'il fût mis en jugement et plusieurs échevins et d'autres notables demandèrent vainement sa mise en liberté; mais ensuite Hosen relâcha son prisonnier, sans avoir consulté ses supérieurs: le drossard de Brabant et l'amman de Bruxelles; lui-même fut alors arrêté, et dut payer 40 florins. En 1429-1430, Elisabeth Vyts, de Stockel, et son mari, Henri Van Hobosch, se plaignirent au drossard de Brabant, par-devant le maire et les échevins de Watermael, que le sacristain de la chapelle de Stockel, Jean Van Molle, les avait déshonorés. L'accusé fut immédiatement arrêté, emprisonné à Watermael et chargé de fers; devant la vierschare, les plaignants renouvelèrent leur déposition et le sacristain demanda un délai pour répondre. Trois jours après, lorsque ce délai expira, Elisabeth et son mari vinrent déclarer qu'ils s'étaient plaints à tort et demandèrent pardon au drossard; comme ils étaient pauvres, et grâce à l'intercession du maire, des échevins et des autres notables de Watermael, ils en furent quittes pour une amende de 13 couronnes.
Un lieu voisin du village, vers le nord-ouest, et qui a conservé le nom de Montagne de la Potence, het Gaelgenberg, fut, le 16 septembre 1552, le théâtre d'un épisode à la fois terrible et touchant. Une émeute avait éclaté à Bruxelles, où le peuple s'indignait du prix excessif des grains. Un jeune ouvrier, nommé Pierre, qui travaillait dans une papeterie, à Linkenbeck, fut pris dans le tumulte et condamné à la décapitation comme pillard. On le livra au maire de Rhode et on le conduisit à Watermael; au moment où il s'agenouillait dans l'enceinte destinée aux exécutions (in de rinck of perck), survint une jeune fille, les cheveux épars, la tête entourée d'une couronne d'épis de la nouvelle récolte. Elle réclama le coupable, en disant qu'elle était prête à l'épouser, s'il y consentait; l'usage était formel, Pierre fut mis en liberté. Les deux fiancés, se tenant par la main, et tous deux tête nue, se rendirent en hâte au palais de Bruxelles, pour remercier la reine Marie de Hongrie d'avoir accordé à Pierre sa grâce. La foule, touchée du dévouement de la jeune fille, et du sort funeste auquel avait échappé l'ouvrier, se fit une fête de les combler de dons. Au bout de six semaines, le mariage des deux amants se célébra a Linkenbeck, mais leur union ne fut pas de longue durée; Pierre mourut neuf mois après. On ne dit pas quel fut le sort de l'héroïne de ce petit drame.
La gilde de l'arc qui existait à Watermael, sous le patronage de la Vierge et de saint Clément, avait des statuts approuvés par la gilde de l'arc de Bruxelles. Comme ces statuts n'étaient plus observés, les doyens, les jurés et quelques-uns des anciens de la gilde en demandèrent, à la gilde de Bruxelles, une confirmation, qui leur fut accordée, le 5 avril 1538-1539. Le serment tirait l'oiseau tous les ans, le dimanche après la Saint-Marc; le vainqueur était proclamé roi et, s'il remportait le prix trois fois de suite, il prenait le titre d'empereur; après le tir il y avait un banquet, puis reddition des comptes et réélection des dignitaires. Celui qui n'assistait pas à ce tir payait une amende de 6 placques, celui qui blasphémait ou qui commettait quelque autre délit devait donner 18 miles. Chaque confrère devait se faire confectionner un nouvel habit tous les deux ans, pour le jour de la fête du Saint-Sacrement ou celui de la kermesse de Watermael, qui avait lieu le dimanche après la Saint-Jean-Bapliste, à la fin d'août. Lorsque le serment de Bruxelles avait résolu d'aller à un tir, il se réservait le droit d'y envoyer un ou deux très-adroits tireurs, choisis dans la gilde de Watermael, comme dans les autres petites gildes de son ressort, mais en les indemnisant de leurs dépenses. Les archers de Watermael gagnèrent une assiette d'argent au grand tir qui eut lieu à Bruxelles le 11 juin 1531.
Il a existé une léproserie (Domus leprosi, 1379; 't Sieckhuys), près du bois de Melsdal et du chemin conduisant de Bruxelles a Auderghem.
Dans des actes de l'an 1200 environ, on mentionne Henri et Gérard de Watermale; Gérard paraît avoir pris l'habit religieux à Villers et avoir donné à ce monastère, en en réservant l'usufruit à sa femme Osilie, 10 1/2 bonniers situés à Watermael, que les religieux cédèrent, en l'année 1221, à l'abbaye de La Cambre, en échange de 6 bonniers de terres et de quelques biens situés à Thorembais, et qui provenaient d'un don fait par la fille de « noble homme Gérard de Hougarde ». En 1368-1369, Waller de Watermale eut un différend très-grave avec Jean de Ratsenhoven ou Raucourt, et le greffier des fiefs du duché, Nicolas Specht, se rendit plusieurs fois à Louvain dans le but de réconcilier ces deux adversaires. Dix ans plus tard, nous voyons un Clément de Watermale laisser un fief d'un bonnier à sa fille Marguerite.
Peu de temps après, une autre famille de Watermale grandit, sans que l'on sache si elle avait des liens de parenté avec la précédente. Son chef, Henri Danielis ou Daneels, laissa de Catherine Scats six enfants : Guillaume, l'un des fondateurs du prieuré de Rouge Cloître, Daniel, sellierdu duc Wenceslas; Jean, à qui furent confiées les fonctions de maître de la forêt de Soigne, et trois filles, Clarisse, Marguerite et Béatrix. Clarisse épousa Pierre de Micya, et fut longtemps préposée aux cuisines et au cellier du palais de Bruxelles, sous la duchesse Jeanne; Jean hérita de son père une ferme à Boendael, tandis que Daniel agrandissait ses biens de Watermael, en achetant à Guillaume Den Moeyen un fief tenu du duché et consistant en 16 bonniers. L'un de ses fils, Daniel,fut orfèvre et valet de la chambre du duc Antoine, à qui il prêta souvent de fortes sommes d'argent; ainsi que ses oncles et sa tante, il employa souvent son crédit en faveur des religieux de Rouge-Cloître. Lorsque la révolution de l'an 1421 fit passer, à Bruxelles, une grande part de l'autorité aux mains des plébéiens, son frère Henri Daneels, dit de Watermale, devint conseiller, ainsi qu'un autre orfèvre appartenant à la même famille, Égide Daneels, qui fut élu bourgmestre en 1424, de nouveau conseiller en 1427, et receveur en 1428. Les enfants de Daniel et d'Élisabeth Van Aelst, Jean et Élisabeth, avaient partagé les biens de leurs parents, le 15 mars 1413-1414; le premier devint clerc ou secrétaire de la ville de Bruxelles, et fit aussi partie de la magistrature de cette commune, à plusieurs reprises. Le 17 mars 1444-1445, il obtint pour le fief qu'il possédait dans le village de Watermael, l’hof ten Linden, l'autorisation de faire pâturer dans le bois de Soigne 12 vaches, 2 vieux chevaux et 25 porcs. Il fut le père de Daniel dont le fils, maître Jean, répudia le nom de Daneels et ne s'appela d'ordinaire que Jean de Watermale; il s'allia à une dame issue d'une vieille lignée noble, Elisabeth de Harchies, et en eut un fils également nommé Jean. Maître Jean de Watermale vendit à Jean Wafelaert et à sa femme, Marie T'Swalen, son fief de Watermael, qui revint cependant à sa postérité.
De temps immémorial, les Van Pede eurent aussi un bien à Watermael; la duchesse Jeanne leur accorda, en faveur de ce bien, le droit d'envoyer pâturer, dans le bois de Soigne, 12 vaches, 2 veaux, 6 chevaux (ou des vaches, au choix du propriétaire), 50 porcs et 100 brebis. Trois chevaliers du nom d'Arnoul relevèrent successivement, en fief du Brabant, cette concession, que Marguerite Van Pede, dame de Waudignies, porta en mariage au fils de Jean de Watermaele et d'Élisabeth de Harchies. Celui-ci fut échevin de Bruxelles, puis conseiller de Brabant. L'héritage des Watermael et des Van Pede passa à Philippine de Watermael, femme d'Adolphe Vandernoot, chancelier de Brabant, lieutenant de la cour féodale, mort le 31 mars 1543. Pierre Vandernoot, l'un des enfants issus de cette union, fut également conseiller de Brabant, après avoir été échevin de la ville de Bruxelles. Sa nomination porte la date du 8 mars 1545-1546. Le 7 mars 1558-1559, il engagea du souverain, moyennant 232 livres, la haute, moyenne et basse justice de Watermael, d'Auderghem et de Boitsfort, qui fut rachetée par le domaine le 25 août 1571. Il épousa Anne de La Douve et mourut en 1587. Ses descendants aliénèrent l’hof ter Linden, qui eut successivement pour possesseurs : les Bernaerts, les Van Obbergen, les De Bruyn, les Vanderlorcht; les héritiers de ceux-ci et M.-A.-J. Verhaegen en firent le relief le 5 octobre 1781.
En 1292, le samedi in die Beati Luce, le duc Jean permit à son serviteur, Jean, fils du chevalier Egide Clutinck, de donner à cens à Martin de Bondale, moyennant un denier de Louvain par an, un pré situé près du Weecmolen, à Watermael, et que Jean tenait en fief du duché. En 1512, le fief des Clutinck à Watermael était devenu la propriété de la branche de leur famille qui portait le surnom de De Lapide ou Vandensteen, probablement parce qu'elle possédait à Bruxelles un grand manoir, un steen (lapis), comme on disait a celte époque. Sire Jean de Lapide tenait du duché, outre sa mansio de Lapide à Bruxelles,la moitié du mons de Meerbeek, 20 livres de terres à Woluwe, la ferme de Sconenberghe avec 20 bonniers de terres et d'autres dépendances; Jean III augmenta son fief d'un petit bois situé à l'entrée de la forêt de Soigne, qui prit le nom de t' Busscelken van den Steen, et permit au chevalier d'envoyer dans la forêt, pour y pâturer, 25 vaches,1 taureau,50 porcs, 200 brebis et 4 vieux chevaux. Le fils de Jean, René Clutinck dit de Lapide, étant redevable à Godefroid de Bode de 500 livres de vieux gros tournois qu'il ne put payer, on séquestra tous ses biens: à Bruxelles, à Watermale, à Laeken, à Schaerbeek, et on les vendit, l'année suivante, à Guillaume Vandenbischopdomme.
Les Vandenbischopdomme ou Vandenbisdomme étaient originaires d’Yssche, où ils possédèrent longtemps plusieurs fiefs, qui nous donneront occasion de parler assez longuement d'eux et de leurs héritiers, les sires de Rivieren. Le 29 novembre 1370, Wenceslas et Jeanne, en reconnaissance des services que leur avaient rendus le chevalier Jean Vandenbisdomme et ses ancêtres, dotèrent le possesseur du fief de Schoonenberg d'une redevance de 200 monceaux de bois et de 50 muids de charbon, à prendre tous les ans dans le bois de Soigne, ce qui fut confirmé par le duc Antoine, le 15 avril 1411. Ce gentilhomme se montra très-généreux envers le couvent de Rouge-Cloître; il lui donna, une première fois, 300, et, une seconde fois, 200 couronnes, et, en outre, il le gratifia d'une partie de bois, voisine de Boitsfort, et d'un étang contigu, appelé le Clabots vyver.
Au dix-septième siècle, ce furent les seigneurs de Schoonenberg qui achetèrent définitivement la haute justice de Watermael et de ses dépendances. Ernest de Rivieren, baron de Houffalize, la paya 4400 florins, le 31 octobre 1648. Son fils, Guillaume-Adrien François, baron de Schellenberg et, plus tard, baron de Houffalize, céda tous ses biens de Watermael à Corneille de Man, chevalier, seigneur de Lodyck, Nieuwsteyn, etc., conseiller de Brabant. M. De Man fit bâtir à Watermael une maison de campagne, qui était plus remarquable par la beauté des jardins que par l'aspect des bâtiments. Il y habitait d'ordinaire, et fut enterré à Auderghem, dans le couvent de Val-Duchesse. Il laissa son château, avec la haute justice du village et la seigneurie de Schoonenberg, à sa fille, Marie-Thérèse-Agnès, qui mourut en 1704, après avoir été alliée à Guillaume-Gabriel de Kessel, capitaine, puis major de cavalerie au service des Provinces-Unies. Leur fils, Joseph-Guillaume, fut créé baron de Kessel le 20 janvier 1751. Il eut de Marie-Thérèse-Josèphe Van Uffels, baronne d'Over-Humbeek, quatre enfants: Joseph-Benoît-Casimir, baron de Kessel et de Blamont, mort en 1780; Joseph-Jacques, colonel à la suite du régiment de Calatrava ; Marie-Constance, qui épousa Pierre-Bruno Petit, seigneur de Goberwez, et Thérèse, qui devint la femme de Pierre-Félix-Maur, comte de Vinchant-Milfort. La seigneurie de Schoonenberg a été morcelée, et il ne reste plus rien du château de ce nom. Les tenanciers jurés de Schoonenberg allaient en appel à Uccle.
Un peu au nord-ouest de la vallée, près de la Galgenbergh, existe encore la ferme de Tercoignien, qui appartint longtemps aux Pipenpoy de Bruxelles. Jacques, Jean et Antoine Pipenpoy se transmirent successivement ce bien; les deux premiers figurèrent parmi les échevins de Bruxelles, Jacques, en 1475 et 1484, Jean, en 1505. Quant à Antoine, il fit un voyage en Palestine; à son retour, trouvant le pays engagé dans d'interminables querelles, il prit parti pour don Juan d'Autriche, et ce fut lui qui fournit à ce prince l'argent au moyen duquel il s'ouvrit les portes du château de Namur; dans ce but, Pipenpoy hypothéqua un bien qu'il possédait près de Louvain, et sa seigneurie de Tercoignien, laquelle, dans la suite, fut achetée par sire André Cigogna et sa femme, Marguerite Quarré. Il se trouva à la bataille de Gembloux et au siège de Maestricht; après la soumission de Bruxelles, Alexandre Farnèse et le président Pamele avaient résolu de lui confier le gouvernement de la capitale des Pays-Bas; les intrigues de la favorite du prince déjouèrent ce projet. A l'âge de 68 ans, Antoine Pipenpoy s'unit à Catherine de Heetvelde, dont il eut deux fils, Magnus et Antoine, qui se partagèrent ses biens le 16 juillet 1603. Magnus servit le roi au secours de Grol et à la conquête du Palatinat; il fut écuyer des archiducs et ensuite gentilhomme de bouche de l'infant don Ferdinand. L'infante Isabelle ayant appris qu'il descendait, en ligne directe, des anciens comtes d'Aerschot, demanda pour lui au roi Philippe IV la baronnie de Beaufort, et elle chargea de cette affaire le duc d'Aerschot, quand celui-ci se rendit en Espagne; mais elle mourut peu de temps après, et cette affaire resta oubliée. Magnus mourut, et avec lui s'éteignit la dernière branche de sa famille, si l'on en excepte les Pipenpoy de Bossuyt, qui ont continué jusqu'à nos jours. Parmi les biens que le gouvernement espagnol fit confisquer, en 1585, figurait une belle maison de campagne, avec des terres et des pâtures, située à Watermael, et appartenant à messire Engelbert d'Oyenbrugge, membre d'une famille qui s'allia souvent à celle dont nous venons de parler.
Différentes communautés religieuses, entre autres la commanderie de Pitzenbourg, les abbayes de La Cambre et de Forêt et le couvent de Jéricho, à Bruxelles, possédaient des biens dans ce village. Les religieuses de Forêt durent à la libéralité de Ghisla, femme de Walter d'Aa, la possession d'un alleu situé à Watermael. Elles y eurent toujours une cour censale, qui se confondait quelquefois avec celle que les religieuses avaient à Woluwe, et qui se servait du sceau des échevins de l'abbaye, à Forêt. En 1339, le monastère abandonna une partie de ses biens de Watermael à Gisbert de Wesembeke, qui possédait en cet endroit une ferme. L'héritage de Gisbert échut au chevalier sire Jean Cluting, seigneur de Marchiennes, maréchal de l'hôtel des ducs de Brabant, qui reçut la sépulture à Val-Duchesse. Ce gentilhomme eut de Marie Turc dite de Ligny un fils qui portait le même prénom que lui, et qui vendit le fief des Wesembeke à Jean De Leeuw. Ce dernier fut décapité à Bruxelles en 1421. Sa sœur Élisabeth, femme de René de Linckenbeke, eut, dans la suite, quelques contestations avec sa veuve, Élisabeth Eggloy, et son second mari, Walter Vandemoot, qui avaient acquis le quart des biens de De Leeuw (déclarations de Philippe le Bon, du 3 décembre 1444 et du 7 décembre 1447). Ses enfants, Jean et Élisabeth de Linckenbeke, se transmirent la ferme des Wesembeke à Watermale, que la seconde laissa à son fils, Werner de Mérode, et, d'autre part, la moitié de la dime du village, qui formait un fief relevant de l'abbaye d'Afflighem, passa d'Élisabeth Eggloy à Claire Vaudernoot.
Une petite dime qui se levait sur 21 bonniers et que l'on appelait 't Respuelhof, était tenue en fief « de la trompe ». Les Yssche la transmirent aux Oisy, seigneurs de Santbergen, d'après lesquels on la nomma la dime de Santberge. Marguerite d'Oisy la laissa à sa fille, Françoise d'Enghien de Kestergat. François d'Enghien la vendit à Henri Van Dormale, et Jean Vanderlinden et Jean Charles. Maître Martin Vandenhoricke, greffier des seigneuries d'Ophem et de Stockel, en fit le retrait le 10 mars 1654. Madeleine-Martine Vandenhoricke la laissa à son neveu, messire Joseph-Marie Vandenleene, en 1741, qui la légua à ses neveux : les Jaerens, en 1744.
BOITSFORT ET L’ANCIENNE VENERIE DUCALE
La petite chaussée d'Auderghem à Boitsfort traverse des champs dont le défrichement ne date que d'une vingtaine d'années et où la culture a presque partout détrôné la forêt. Elle laisse à gauche Trois-Fontaines, et à droite, l'imprimerie de coton de M. Seny et l'usine de M. De Visser-Walravens. Cette dernière comprend une distillerie et un moulin à farine et est activée tout à la fois par l'eau et par la vapeur. Le moulin est sans doute le Weecmolen d'un acte de l'an 1292, et celui auquel se rapporte l'acte que nous avons publié plus haut ; en 1352, on l'appelait le moulin Ten Ruedekene, et on le donna à cens moyennant 14 florins de Florence, d'or. Au dix-septième siècle, on l'avait converti en moulin à papier. A plusieurs reprises, le domaine engagea l'étang voisin au couvent de Rouge-Cloître, entre autres, le 1" juin 1505, moyennant 222 livres, et le 4 mai 1569, moyennant 683 livres.
Le village de Boitsfort est situé sur la lisière de la forêt et près de la Woluwe, à l'endroit où cette petite rivière sort d'un grand étang et fait mouvoir un moulin à farine; ses maisons sont principalement disposées le long de la chaussée de Bruxelles à la Hulpe et, en amont de cette chaussée, le long de la rivière. Jadis, les habitants vivaient surtout de la vénerie ducale, et, en 1525, sur 60 habitations, 25 y étaient occupées par les chasseurs de Charles-Quint ; aujourd'hui, ils sont généralement pauvres; la plupart n'ont d'autre industrie que le commerce de bois et la fabrication des balais, d'où leur ancien nom de Bessembinders. L'ouverture du chemin de fer du Luxembourg, en 1854, a commencé une ère nouvelle pour le village, où les promeneurs se rendent par centaines, voire même par milliers, pendant les beaux jours de l'été. La faible distance qui sépare Boitsfort de Bruxelles est maintenant franchie en moins de dix minutes. Sous la domination française, et jusqu'en 1812, Boitsfort forma une commune distincte.
Plusieurs personnes du nom de Boitsfort vécurent au commencement du treizième siècle. Léon, clerc, fils de Godefroid de Boudesfort, est cité en l'an 1227, et Godefroid de Boudesfort, prêtre, en 1240. Mais ce n'est qu'au temps de Jean Ier qu'apparaît la vénerie des ducs. Ce prince fonda à Boitsfort une chapellenie qu'il dota, en l'an 1280 ou 1282, de 8 livres, monnaie de Bruxelles, et de 40 chapons à prélever sur les revenus du domaine à Rhode et à Alsemberg, et de 12 muids de seigle à prendre au moulin du duc, à Boitsfort même. Au mois de mai 1288, Jean Ier, après avoir dispersé une assemblée des princes, ses ennemis, qui devait se tenir à Fauquemont, conduisit ses troupes jusqu'au Rhin; voulant montrer à quel point il bravait la ligue formée contre lui, il ordonna une grande chasse dans le parc de l'archevêque de Cologne, à Bruhl, et se fit à cet effet amener sa meute de Boitsfort.
La vénerie reçut pour dotation des revenus de diverse nature. Les habitants de plusieurs villages, ainsi que les abbayes et leurs grandes fermes, lui payaient des redevances ou des cens, comme rachat de l'obligation de loger les ducs et leurs officiers et, entre autres, les veneurs du prince, accompagnés de ses chiens. Cette dernière charge était anciennement très-onéreuse; ainsi, d'après une requête qui date de l'année 1334, le chef de la meute des grands chiens arrivait quelquefois dans un monastère avec une suite de quinze chevaux et de vingt-cinq varlets ou gardons, et ne partait que lorsqu'on lui avait donné 12 florins; pour être débarrassé des chiens de renards, que surveillait Guillaume Delemeire ou Vandermeeren, il fallait donner 5 florins, et payer encore, lorsque se présentaient les chiens de conyns (lapins) ou de leus (loups), les brackenier ou veneurs de porcs (ou de sangliers), etc. De là, de très-grandes plaintes, auxquelles on mit fin par un accord conclu sous le règne du duc Jean III; chaque monastère ou ferme abbatiale ne fut plus tenue, par an, qu'à un gîte et demi (de deux jours et de deux nuits) des grands chiens, et à un gîte des petits chiens ou chiens de renards, rachetables, le premier gîte pour 12 sous, le demi-gîte pour 6 sous, et le second gîte pour 3 sous (24 octobre 1336). Cependant, malgré de nombreuses réclamations, malgré des chartes confirmatives de leurs privilèges, chartes dont deux sont datées des années 1515 et 1537, les monastères continuèrent à être visités par les meutes ducales et obligés à nourrir les cayaux ou jeunes chiens, depuis le moment où on les enlevait à leurs mères jusqu'à dix-huit mois. Bien plus, on plaçait quelquefois tous les chiens de la même catégorie dans la même abbaye, pendant une partie de l'année: ainsi, les limiers pour le cerf étaient soignés à Leliendael, les limiers à Poste, la meute du sanglier dans des fermes du Brabant wallon; la ville de Vilvorde nourrissait une meute dont le chenil se trouvait au château, et Bruxelles fournit longtemps un asile aux chiens des archiducs.
En 1462, les revenus des grands chiens s'élevaient à 1600 livres de 40 gros, et ceux des petits chiens ou bassets pour le renard à 300 livres. La vénerie avait une cour censale particulière, dont la juridiction s'étendait sur Boitsfort et sur une partie de Watermael, d'Uccle, de Linkenbeek, etc. ; on appelait ses membres les erflaten jurés du duc pour ses grands chiens de Boitsfort, à Uccle, Linkenbeek, etc., ou quelquefois les échevins des chiens de Boutsvoirt. Ils avaient un sceau particulier, et tenaient des registres aux adhéritances, dont plusieurs reposent au greffe du tribunal de première instance à Bruxelles, particulièrement celui qui va de 1482 à 1607. Le même dépôt renferme aussi des fardes d'arrêts, d'actes d'impositions, des rôles de procédure, etc., provenant de la même juridiction. On voit, dans la plainte des religieux, de l'année 1334, que les veneurs du duc exigeaient d'eux des courroies, des guêtres, des gants, des chaussures; cet abus continua à subsister, régularisé par l'usage. Quelques abbayes donnaient à la vénerie des peaux de veau, avec lesquelles les veneurs se faisaient confectionner des justaucorps et des chaussures; elles fournissaient aussi des courroies en cuir pour suspendre les trompes. En outre, La Cambre et Forêt étaient assujetties à une autre obligation : le jour de l'an, les veneurs recevaient, de la première, douze petits gâteaux aux herbes (cruytkoecken), et, de la seconde, six grands gâteaux, plus six paires de bas de laine blanche, dont trois devaient monter jusqu'aux genoux. Ces objets se distribuèrent quelquefois aux pauvres, aussi longtemps qu'on ne les remplaça pas par des taxes en argent. Au temps de l'archiduc Léopold, le gouvernement espagnol, se trouvant sans argent, aliéna la majeure partie des revenus de la vénerie, et permit aux abbayes de se racheter, à prix d'argent, des corvées qui leur étaient imposées.
Les plus anciens chefs de la vénerie que l'on connaisse sont messire Magerman, fils naturel de Jean III, et Guillaume Vandermeeren, qui vivaient en 1334. Elle fut ensuite confiée à Jean Delevenne ou Vandervenne, petit-fils de Jean III; puis, le samedi après la Saint-Jean-Baptiste, en 1399, la duchesse Jeanne céda à son parent et favori Guillaume de Zeyne, seigneur de Rhode-Sainte-Agathe, les offices de la vénerie et des Petits chiens de Brabant, la maison de Boutsfort, avec les viviers, rentes et revenus en blé ou argent, les droits et les coutumes, qui y étaient annexés; il devait en jouir sa vie durant, à charge d'entretenir la meute ducale et de veiller à ce que les cuisines du palais fussent fournies de venaison. En 1406, Antoine de Bourgogne reprit sa vénerie, sauf la meute aux renards, dont il laissa l'usufruit à' Guillaume. Ce prince chassait très-souvent et, d'ordinaire, en compagnie de Walter Pipenpoy, de Merchten, de Bernard Vanderspout, d'Overyssche, et de Pierre Vandertommen. Son fils Jean fut aussi un déterminé chasseur. Philippe de Saint-Pol n'avait probablement pas les mêmes goûts, car il abandonna la vénerie à sire Jean Hinckaert, seigneur d'Ohain, ce que fit aussi Philippe le Bon, en 1431, après avoir d'abord annulé la cession faite par son cousin (27 octobre 1430). Le 7 novembre 1468, Charles le Téméraire, trouvant « qu'il tenoit sa vénerie et son hôtel à grands frais », confirma à Philippe et à Jean Hinckaert, fils de Jean précité, le droit de garder la vénerie pendant leur vie, sans devoir rendre aucun compte des revenus. Lorsque Philippe mourut, le 6 octobre 1472, il fut remplacé par Jean de Berghes, seigneur de Berghes ou Berg-op-Zoom, à qui Marie de Bourgogne abandonna également la vénerie, qu'il posséda longtemps. Enfin, après la mort du sire de Molembais, la reine Marie de Hongrie prit elle-même la direction des meutes de son frère Charles-Quint (1543 à 1556); cette princesse, que l'on surnommait la Chasseresse, aimait à se faire peindre en costume de chasseur. Passionnée pour l’équitation, elle exigeait de ses dames le même goût pour les exercices violents, et si l'une d'elles se faisait attendre lorsqu'on montait à cheval, elle passait sans la regarder. Toute la famille impériale se plaisait à parcourir la forêt de Soigne à la poursuite du gibier. Charles-Quint chassait volontiers; pour conserver la mémoire de ses exploits, il fit orner le palais de Bruxelles des plus beaux points de vue de la forêt, peints par Bernard Van Orley; chaque tableau représentait un épisode de chasse.
On a conservé plusieurs règlements faits par nos anciens princes pour leur vénerie, entre autres, par Antoine, le 1er janvier 1406-1407; par Philippe le Bon, le 9 novembre 1430; par Charles le Téméraire, en 1468. Au commencement du quinzième siècle, le maître veneur recevait 100 mailles de Hollande, par an, et pouvait occuper une chambre du château de Boitsfort. Il avait sous ses ordres 2 veneurs à cheval, 3 valets de limiers, 3 valets de chiens, 2 valets de lévriers, 1 porteur de venaison, 1 garde ou drossard du lardier. A l'exception de ce dernier, qui était le concierge du château, les subordonnés du maître veneur logeaient dans des chaumières, à proximité du manoir ducal, au lieu nommé Ten-Jageren, où l'on voit encore une vieille maison portant le millésime de 1660. II y avait, en outre, un receveur de la vénerie et un boulanger. Outre leur traitement, les veneurs recevaient, tous les ans, une peau de veau et une courroie pour leur trompe, prestations que les archiducs remplacèrent par de l'argent; quelquefois, puis, à partir du règne de Charles-Quint, constamment, on leur donnait une livrée de drap vert d'Angleterre, pour la chasse du cerf, et une de drap gris, pour celle du sanglier. Ils avaient droit à certaines parties du gibier tué, à une distribution de bois et de charbon (2200 charges d'âne, de bois, et 24 mesures de charbon), et, quand ils chassaient loin de Boitsfort, à une indemnité pour déplacement. Ils pouvaient faire paître dans la forêt un certain nombre de bestiaux. Souvent, s'ils étaient vieux ou infirmes, on leur accordait une pension ou un asile au château. Marie de Hongrie augmenta considérablement les meutes, et ce fut de son temps que l'on introduisit en Belgique la mode allemande des chasses aux toiles.
Le duc d'Albe réduisit, d'une manière notable, la vénerie, qui éprouva, peu de temps après, de cruels désastres. En 1584, des maraudeurs pillèrent et brûlèrent le château, et, au mois d'octobre 1587, quelques veneurs, qui faisaient une ronde pour surveiller les braconniers, furent surpris et massacrés par des vrybuyters. Au nombre des victimes se trouva le lieutenant veneur, un veneur à cheval et trois valets de limiers. Le 28 juin 1600, Albert confirma, en la modifiant légèrement, l'organisation décrétée par Marie de Hongrie. Il confia les revenus de la vénerie à un receveur particulier; on assigna alors au grand veneur et à son lieutenant des appointements s'élevant, pour le premier, à 1200, et, pour le second, à 250 livres de 40 gros. Albert, â ce qu'il semble, n'eut pas les goûts d'un chasseur, et sa compagne, la pieuse Isabelle, ne ressemblait guère à sa grand'tante; elle ne se montra à cheval que lors de son inauguration, et encore, dit le chroniqueur De Wael, elle fit tenir la bride de son coursier, sans doute dans la crainte, ajoute-t-il, d'éprouver le sort de Marie de Bourgogne.
Le cardinal infant releva et augmenta la vénerie; mais, après sa mort, don Francisco de Mello, écoutant les conseils de l'économie, la diminua. Elle redevint importante sous les gouverneurs généraux Léopold d'Autriche et don Juan; après le départ de ce dernier, elle déclina tout à fait et fut enfin presque anéantie, par suite de l'état déplorable des finances de l'État. Charles de Lorraine rendit quelque vie à la forêt de Soigne; ce prince chassait de préférence près de Tervueren, aux lieux dits de Ketelheyde, den Nepelaer et den Terwenberg; mais ses chasses ne ressemblaient en aucune façon à celles qui se faisaient autrefois : c'étaient de grandes tueries, dans lesquelles le gibier, resserré entre d'immenses toiles et traqué par des centaines de paysans, venait se faire tuer presque à bout portant. Il est vrai que les bêtes fauves se trouvaient en si grand nombre dans la forêt, que les terres voisines en souffraient beaucoup et que les paysans ne cessaient de se plaindre. Albert de Saxe-Teschen et Marie-Christine organisèrent aussi de belles chasses, mais ce furent les dernières. Pendant la domination française, les braconniers dépeuplèrent complètement la forêt, et, lors de la révolution de 1830, ils eurent bientôt tué les chevreuils que le prince d'Orange y avait envoyés. Depuis, la société des chasses à courre de Bruxelles a quelquefois chassé un cerf, qu'elle conduisait dans la forêt, et que l'on avait grand soin de reprendre, en bonne santé, après une poursuite de quelques heures. Actuellement, la chasse est soigneusement gardée; le Roi, à qui elle a été réservée en 1846, a fait de nouveau peupler la forêt de chevreuils.
Les ducs de Brabant eurent aussi une fauconnerie, qui fut supprimée peu de temps avant la mort du prince Charles de Lorraine. En 1648, l'archiduc Léopold fit établir au château de Boitsfort une héronnière, qui ne subsista pas longtemps.
Nous devons rappeler ici que les lois sur la chasse étaient très-libérales en Brabant, tandis que dans les autres pays ce plaisir était réservé aux nobles. Tous les habitants y avaient le droit de chasser, « poil par poil, plume par plume », comme on disait. Seulement, la prérogative d'avoir une warande ou garenne, c'est-à-dire une chasse gardée, fut restreinte dans de certaines limites, aussi bien pour les souverains que pour les sujets; les premiers ne pouvaient en établir d'autres que celles de Soigne, du Saventer-Loo, des bois de Meerdael, de Grootheyst et de Grootenhoute; quant à leurs sujets, ils n'en obtenaient qu'au moyen de lettres patentes en due forme. Les princes de la maison d'Autriche essayèrent de restreindre les immunités dont jouissaient les Brabançons : l'édit d'Albert et Isabelle, du 31 août 1613, signale leurs tendances vers ce but; mais leurs efforts furent couronnés de peu de succès et ils ne purent même parvenir à faire publier cet édit, contre lequel les États du duché ne cessèrent de protester.
Les délits de chasse se prescrivaient au bout d'un an ; quelquefois ils entraînaient des pénalités bizarres, quoique, en général, la législation fût chez nous beaucoup plus tolérable qu'en France. Celui qui tuait un cygne domestique payait 60 royaux d'amende; en outre, le cygne était porté dans une habitation, où on le suspendait à une poutre, la tête en haut et les pieds rasant la terre; on devait ensuite verser autour de l'oiseau une quantité de froment assez considérable pour le cacher eu entier. Dans l'enceinte des garennes appartenant au souverain, ou ne pouvait garder ni chiens, ni chats, sans leur couper, aux chiens, la patte droite de derrière, jusqu'à la première articulation; et aux chats, les griffes; les délinquants payaient une amende de 3 royaux. L'ordonnance de 1615 prescrivit la section des nerfs du jarret de ces chiens, sauf les chiens de berger, qui devaient pourtant être menés en laisse, ou calengès, c'est-à-dire porteurs d'un bâton d'un pied et demi de long, qu'on leur attachait au cou.
Il y avait en Brabant deux officiers principaux chargés de la police des chasses, le grand veneur, et le warantmeester, ou maître des garennes, que l'on appelait aussi le gruyer. Ce dernier avait la garde des priviléges des monastères, et, s'il n'était pas prévenu par le procureur général en Brabant, il pouvait faire poursuivre, devant les hommes de fiefs de la Trompe, ceux qui commettaient des crimes ou des délits contre les ecclésiastiques. Il était, tant en vertu de ses fonctions primitives que comme watergrave et pluymgrave (comte des eaux et des plumes, office qui fut réuni au sien, en 1453), garde ordinaire de toutes les « franches garennes, des noires et rouges bestes (sangliers et bêtes fauves), des conins, des perdrix, des faisans, des pêcheries «, etc. En 1572, on lui attribua, à l'exclusion du grand fauconnier, la garde des aires des « nobles oiseaux » (ou oiseaux de proie). Le plus ancien gruyer dont le nom me soit connu est Arnoul de Gand, que la duchesse Jeanne nomma, le 10 avril 1361, garde de ses forêts et de ses garennes (warandiae).
Un certain nombre de vassaux du duché, que l'on appelait les vassaux de la Trompe, étaient tenus, de temps immémorial, à siéger, à la réquisition du souverain ou de son représentant, le gruyer, pour juger les délits de chasse. Comme ils se refusaient souvent à ce service, Charles-Quint déclara que le consistoire de la Trompe, c'est-à-dire le tribunal de la chasse, serait dorénavant composé de sept juges nommés à vie et choisis parmi les vassaux de la Trompe (5 juillet 1518). Il lui donna un sceau offrant une trompe, « accoutrée au-dessus des armes de Brabant, » avec la légende: Sigillum Hominum Feudalium de Cornu Ducatus Brabantiae (16 décembre 1519). Le consistoire siégeait à Boitsfort, à la Jagers huys ou Maison des chasseurs; plus tard, on le transféra à Bruxelles, à la Maison du Roi, et, dans la suite, on érigea de pareils tribunaux à Louvain et à Anvers. Le grand veneur en était le président et en nommait les juges; mais, lors de la nomination du prince d'Ongnyes à ces fonctions, le prince Charles réserva au gouvernement cette dernière prérogative (4 juillet 1774). Le gruyer suppléait, au besoin, le grand veneur.
Les anciens ducs de Brabant séjournaient assez fréquemment dans le château de Boitsfort, le Borcht, manoir féodal qui était flanqué de tours et entouré d'eau, et où l'on gardait les meutes et les instruments de chasse. En 1414, on travailla beaucoup à cet édifice; il consistait, entre autres, en une tour dont la base avait 42 pieds de long sur 23 de large, et reposait sur quatre arcades qui furent alors maçonnées; on arrivait à cette tour par un pont-levis. Le château de Boitsfort ayant été ruiné en 1584, on le rebâtit en 1600, et les archiducs s'y réservèrent chacun une chambre que l'on meubla richement. Il fut de nouveau dévasté pendant les guerres contre Louis XIV, mais l'électeur de Bavière en ordonna la reconstruction, en 1699. Ce prince, « se trouvant incommodé de fluxions sur les yeux », y passa une partie de l'été; le 11 août, y donna un magnifique diner au prince de Parme et à l'envoyé extraordinaire de l'empereur, comte de Dietrichstein, après avoir forcé avec eux un grand cerf dans la forêt. Il y a 80 ans, on ne voyait plus de vestiges du château de Boitsfort; mais le domaine possédait encore en cet endroit une maison et un bâtiment contigu appelé le Chenil (Hondscot), qui étaient occupés par le garde Rowis et qui furent vendus à M. Rouppe, le 3 frimaire an VIII, pour la somme de 56000 francs.
La chapellenie royale, à Boitsfort, était grevée d'une messe quotidienne. Celui qui en était investi recevait 183 florins et un habillement tous les ans; il avait droit en outre à 37 1/2 mesures de bois par an, comme le témoigne un arrêt de la chambre des comptes, du 6 avril 1656. La chapellenie fut donnée au couvent de Caudenberg par les archiducs, qui abandonnèrent aussi aux religieux de ce monastère, le 8 mai 1610, la costerie (office de sacristain) de Boitsfort, à la condition qu'ils payeraient un jeune homme pour aider le chapelain. L'oratoire du château, la chapelle royale des veneurs, fut dévasté en 1684, et comme il tombait en ruines, on le rebâtit en 1721 ; l'évêque de Gand, Philippe-Érard Vandernoot, le consacra, le 30 mai 1723, en l'honneur de saint Hubert. Pendant la révolution française il fut vendu, puis transformé, avec ses alentours, en une maison de campagne, dont M. l'abbé Zeghers est actuellement propriétaire. II y a environ vingt ans, on a bâti, pour le remplacer, une nouvelle église, où l'on a déposé, peu de temps après, les restes de la martyre sainte Philomène, qui avaient été retrouvés dans les catacombes de Rome.
La fête de saint Hubert se célébrait autrefois, à Boitsfort, par une grande chasse, à laquelle assistait tout le personnel de la vénerie, et quelquefois le souverain lui-même; en sortant de la chapelle on montait à cheval, et, après avoir joyeusement traqué le cerf ou le sanglier, princes, nobles et veneurs terminaient la journée par un joyeux banquet. A cette occasion, on offrait un florin de Hollande à saint Hubert, au nom du duc de Brabant.
Depuis longtemps, Boitsfort et ses alentours sont fréquentés par des peintres et par les promeneurs, mais aucune des maisons de campagne que l'on y voit ne date de loin. Celle que la famille ducale d'Ursel y possède lui est venue, par alliance, des De Man; la duchesse d'Ursel, qui l'apporta en dot à son mari, y fut arrêtée par ordre du gouvernement autrichien, le 21 octobre 1789, au moment où Vandermersch entreprenait de lutter, avec quelques bandes indisciplinées, contre les troupes de Joseph II. Les villas de MM. Van Asch, Coppens et Verhaegen occupent des sites pittoresques, mais aucune n'est aussi heureusement située que celle de M. le banquier Bischoffsheim, dont le bâtiment est d'une grande élégance. Elle s'élève au-delà du grand étang, sur une hauteur qui domine à la fois les trois vallons dont les eaux forment la Woluwe; la forêt, avec ses doux ombrages, ses tapis de mousse et de fleurs, encadre cette ravissante demeure. A côté de ces palais de la haute société de Bruxelles, on trouve quelques bons restaurants : les établissements de MM. Dubost et Stevens, et l'habitation dite la Maison haute (t'hoog huys), avec sa façade ornée d'armoiries et de bois de cerfs, plus célèbre encore par les bals animés qui s'y donnent pendant la belle saison.
Boitsfort communique avec Bruxelles par la route allant du hameau du Vert-Chasseur à Uccle (où elle quitte la chaussée de Charleroi) jusqu'à La Hulpe. Cette chaussée était déjà pavée, entre Boitsfort et Groenendael, en l'année 1629; on la relia à la chaussée vers Waterloo en l'année 1681. Le 16 juillet 1698, la chambre des comptes conclut un accord avec Philippe Dumoulin, qui se chargea de la prolonger depuis la Silverbeek ou ruisseau d'Argent jusqu'au village de La Hulpe; d'autres entrepreneurs, Antoine Vandenscrieck, maire de Watermael, et Corneille Poot, se chargèrent, le 18 mai 1699, d'en paver une partie, sur un espace de 25 verges, à l'endroit dit Den Rossendellenbosch. En 1836 on y a fait de grands travaux, pour diminuer la pente à l'endroit appelé Froide vallée, au-delà de Groenendael, sur une étendue de 1230 mètres.
Par consulte en date du 5 décembre 1732, le gouvernement autrichien déclara que les habitants de Bruxelles devaient être exempts de tous droits de barrière sur la chaussée de La Hulpe pour leurs propres voitures, les voitures de louage, leurs chaises et leurs chevaux.
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