Janvier "Shepheardes Calender" de Edmund Spenser (1579) |
TRADITIONS ET LÉGENDES DE LA BELGIQUE
Otto von Reinsberg-Düringsfeld
JANVIER
Le premier mois de l'année, suivant l'usage actuel, tire son nom du dieu Janus, à qui Numa Pompilius le consacra quand il l'ajouta au calendrier romain.
Les Anglo-Saxons appelaient ce mois « Giuli » ou « Aefterageola » (mois de Joul ou après Joul) et « Wolfmonath » (mois des loups); Charlemagne lui donna le nom de « Wintarmânôth » (mois d'hiver).
Les dénominations les plus anciennes dont les Germano-Belges se sont servis pour désigner le mois de janvier, sont « Hardmaend » (mois dur); « Ysmaend » (mois des glaces); « Huwelykmaend » (mois des mariages) et « Laumaent, leumaent ou lomant. » Ce dernier nom qui s'est conservé en flamand sous la forme « Lauwmaend» ou « Louwmaend, » reste encore à expliquer.
L'âpreté de la saison qui a fait donner à ce mois les noms de « Hardmaend » et de « Ysmaend » s'oppose à la signification de « mois tiède » qu'aurait le mot de « lauwmaent » si l'on admet qu'il vient de « lauw, » tiède (tepidus).
C'est pourquoi Kiliaen, le célèbre lexicographe flamand, dérive ce nom de « louwe, lauwe, » loi (en anglais « law »), en le rattachant à la coutume prétendue de se marier par préférence, soit au commencement, soit vers la fin de janvier, d'où vient aussi à ce mois la dénomination flamande de « huwelykmaend. »
D'autres, tout en adoptant l'opinion de Kiliaen sur la composition de « laumaent, » mettent le vieux mot « louwe » en rapport avec le renouvellement des magistrats qui, selon ces auteurs, aurait eu lieu au mois de janvier.
D'autres encore présument que le nom de « louwmaend » signifie ou « mois des tanches » ou « mois où l'on tanne. » Ils prétendent que la tanche, poisson qui en Brabant s'appelle « louw », se pêche, en janvier plus abondamment qu'à tout autre temps, et qu'anciennement les tanneurs à cause du « mois de tuerie » ou «slachtmaend» qui précédait alors immédiatement le « louwmaend, » auraient eu en janvier plus de peaux à corroyer « looyen, loewen » que durant le reste de l'année.
Si toutefois il est permis d'augmenter encore le nombre des suppositions, nous serions bien tentés de dériver le nom de « Leumaent » ou « Lomaent » du vieux mot « leeuw » (en bas-saxon « leuen, » en anglais « low, » en flamand moderne « loeijen » beugler, mugir, ce qui serait assez d'accord avec la dénomination de « mois des loups » que l'on trouve chez bien des peuples de l'Europe s'appliquant tantôt au décembre ou novembre, tantôt au janvier ou février [1].
Le nom de « Klaging » ou « Klagmaend, » mois des plaintes, qui désigne également le mois de janvier, ne paraît être formé que par corruption de « Glugmanet », dénomination que les Danois ont donnée à ce mois [2].
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1 janvier. –
(Viburnum tinus.) Huitième nuit. Nouvel an.
Fête de la Circoncision de Jésus-Christ et Octave de la Nativité.
Chez presque toutes les nations le commencement de l'année donne lieu à différentes festivités.
En Belgique les usages et les coutumes du nouvel an sont les mêmes ou à peu de chose près que ceux existant en France et dans les pays voisins, mais la fête y porte déjà le caractère distinctif de la plupart des fêtes belges, en nous offrant des cérémonies d'origine germanique et romaine tout à la fois.
On sait que dès le point du jour tout le monde se met en mouvement pour aller « souhaiter une heureuse année » ou « een zalig nieuwjaer » dans les maisons de ses amis, de ses patrons et généralement de tous ceux envers qui on a plus ou moins à remplir quelques devoirs. On est, ce jour-là, reçu partout avec une certaine cordialité et l'on trouve étalés des buffets garnis de liqueurs, de rafraîchissements, de sucreries, de confitures et de dragées dont on vous invite à goûter [3].
A Bruxelles on voyait même autrefois, ce jour-là, les habitants riches dresser devant leurs portes des buffets très-bien fournis qui étincelaient de bougies, et où tous les passants étaient régalés [4].
A Anvers l'usage veut qu'en souhaitant « 'ne zalige zulle » tout le monde s'embrasse sans aucune distinction ni de sexe ni d'âge.
A Courtrai ce serait manquer à la politesse que de ne pas répondre à la phrase usuelle : « 'n zalig nieuwjaer » les mots: « Ik wensch u van 's gelyke en nog vele naervolgende, is 't u goed en zalig. » (Et vous pareillement, et encore beaucoup d'autres, bonnes et heureuses.)
A Dinant on fait des « galettes » que l'on présente aux personnes qui viennent faire leurs félicitations.
A Furnes la cérémonie d'aller souhaiter une bonne année s'appelle « lukken » ou « iemand gaen lukken, » de « luk, » bonheur.
Dans le pays de Limbourg, surtout à la campagne, on est dans l'habitude de « verrassen, » surprendre. C'est à qui sera le premier à crier à l'autre: « Een zalig nieuwjaer! » ou « Gelökseelig nöwjoar! » Celui qui a été surpris étrenne l'autre, sous condition toutefois, que l'année qui commence ne soit pas bissextile; car alors le contraire a lieu. On s'ingénie de toute façon à surprendre ses frères, sœurs, parents et amis. On se lève de très-bonne heure en faisant le moins de bruit possible pour se cacher quelque part et pour crier à l'improviste: « Een zalig nieuwjaer! » Pendant toute la journée on n'entend que l'éternel « gelökseelig nöwjoar » et six semaines après on raconte encore les malices qu'on a faites au jour de l'an pour s'attraper les uns les autres. Le pain d'épice et la goutte sont les étrennes principales, les enfants reçoivent des fruits conservés.
Un usage analogue se retrouve à Bruges, où celui qui le premier apporte la goutte à la maîtresse de la maison quand elle est encore au lit, a droit à un présent.
Dans la même ville les musiciens avaient la pieuse coutume de se rendre, la nuit du nouvel an, au Grand-Marché devant la statue de la Vierge qui se trouve à la tour des Halles, pour offrir à Marie, en guise d'étrennes, trois morceaux d'harmonie. Cet usage ne fut pas même interrompu sous la domination des Gueux, et le temps le plus affreux n'arrêtait point les artistes [5].
A Bruxelles les Dominicains, d'après une fondation de l'an 1662, devaient se transporter processionnellement, à minuit du nouvel an, dans l'église de Sainte-Gudule, afin d'y adorer le Sacrement des Miracles pendant une heure entière. Mais en 1675 on remit cette cérémonie à quatre heures du matin au lieu de minuit [6].
Les sérénades qui annoncent à minuit aux autorités et aux notabilités des villes le commencement de la nouvelle année, vont partout décroissant d'un an à l'autre.
Il en est de même de la coutume de tirer des coups de fusil dès que la cloche a sonné minuit. Autrefois assez généralement répandue, cette habitude ne s'est guère maintenue que dans quelques contrées des Flandres et du pays du Limbourg, où la jeune fille se croirait encore aujourd'hui abandonnée en n'entendant pas devant sa fenêtre quelques coups de fusil tirés par son amant. Plus le nombre des coups de fusil est grand, plus l'amour du jeune homme est fort aux yeux de la jeune fille, qui, en récompense de cet hommage, met une bouteille de genièvre à un endroit convenu. Mais comme il arrive souvent que des malins dénichent et vident la bouteille cachée et destinée pour un autre, les amants préfèrent de voir descendre, attachée à un fil, par leur maîtresse même, la bouteille qui sert de récompense à leur amour.
Tandis que ces anciennes coutumes tombent plus ou moins en désuétude, l'usage de donner les étrennes, le jour de l'an, gagne de plus en plus du terrain en Belgique, même dans les provinces exclusivement flamandes. Il n'y existe pas de ville où le jour de l'an ne soit pas, tout aussi bien qu'en France, un jour de corvée, jour où, comme dit le vicomte de Launay (Mme de Girardin), vos domestiques vous poursuivent comme des huissiers, où chaque souhait se paie, où chaque embrassement vous coûte.
Les facteurs, les porteurs de journaux, les lanterniers, les veilleurs de nuit, qui à Namur s'appellent « corneurs », les tambours de la garde civique, les concierges des différentes sociétés parcourent la ville pour demander un pourboire ou « eene kleine fooi » en souhaitant « une heureuse nouvelle année » ou « een zalig nieuwjaer en veel naervolgende. » A Ath presque tous les pauvres ouvriers de la ville vont chercher ce jour un pourboire.
Les garçons ou les servantes des hôtels, des estaminets et des cafés présentent aux habitués de la maison un petit almanach ou quelque pièce de vers pour recevoir en retour les pourboires qu'on leur donne de coutume le jour de l'an, et un recueil de toutes ces improvisations rimaillées bon gré mal gré ne serait pas dépourvu de tout intérêt.
Qu'il nous soit permis de communiquer ici, comme échantillon de ce genre de poésie, les vers que Ch. De Deckere, garçon du « Café belge » à Courtrai, a adressés, le 1er janvier 1859, aux habitués de son café. Le voici:
Lorsque pour vous, aux petits soins,
Je suis exact toute une année,
Au moins pendant une journée,
Pour moi ne le soyez pas moins.
A Namur les « réverbéristes » ou allumeurs de lampes font imprimer une chanson wallonne qu'ils distribuent à tous les habitants, moyennant pourboire; les cabaretiers font des galettes pour leurs brasseurs.
En d'autres villes, les cabaretiers et cafetiers régalent, le premier de l'an, leurs habitués d'un verre de bon vin ou de liqueur; à Huy ils offrent, à chacun, une part d'un grand gâteau.
Dans la même ville les bouchers envoient à leurs chalands un gigot de mouton, ce qui se faisait autrefois aussi à Bruxelles et à Malines, où encore à présent les boulangers donnent à leurs pratiques un gâteau aux corinthes.
Les gâteaux qu'à Bruges les boulangers font, le jour de l'an, pour les envoyer à leurs chalands, s'appellent « nieuwjaerkes » ou « nieuwjaerskoeken. » Les premiers sont des pains d'épice en forme de cœurs, d'étoiles, etc.; les « nieuwjaerskoeken » sont des pains aux corinthes.
Les Furnois font, le même jour, pour les envoyer comme présents, des galettes toutes particulières, qu'ils appellent « lukken, lukjes, » nom qui nous rappelle les expressions de « guthjahr, guthjahren » (bonne année, donner une bonne année) dans la Suisse allemande et de « deroumad » (bon commencement) en Bretagne, employées pour désigner les étrennes du nouvel an.
A Dinant les enfants qui fréquentent les écoles, vont porter des tartes, des gâteaux ou du vin à leurs maîtres ou aux religieuses du couvent où ils reçoivent leur enseignement. De même les fermiers y font des présents aux propriétaires de leurs terres.
A Liége les enfants pauvres vont de maison en maison offrir des hosties en vue de recevoir un petit pourboire. La cuisinière colle la première hostie qui lui est offerte au-dessus de la porte de la cuisine. Les jeunes filles de la maison ne manquent jamais de demander à l'enfant qui le premier vient dans la maison, son prénom, parce qu'elles ont la croyance que ce sera le prénom de leur mari futur. Aussi aiment-elles a voir d'abord un garçon.
Dans le pays de Limbourg les enfants font ce tour chez leurs parrains et marraines; car les étrennes ne se portent pas, il faut aller les chercher soi-même.
Quant à l'origine des étrennes en général, on sait que cette coutume remonte à une très-haute antiquité. C'était Tatius, roi des Sabins et compagnon de Romulus, fondateur de Rome, qui, au rapport de Symmachus, l'a introduite en 70 avant J.-C. Ayant reçu comme un bon augure le présent qu'on lui fit le jour de l'an de quelques branches coupées dans un bois consacré à la déesse Strenia, c'est-à-dire la déesse « Forte » ou plutôt « de la Force, » il autorisa l'usage de lui offrir chaque année à pareille époque de ces heureux rameaux comme présage de l'an nouveau et donna le nom de « strenae» à ces présents qui plus tard devinrent très-luxueux. Car, bien que l'empereur Claude défendît les étrennes, ses successeurs les acceptèrent de nouveau, et sous les empereurs Arcade et Honorius les « strenae » formaient déjà un don obligé envers les empereurs, le sénat et les patrons. Peu à peu la coutume de donner des présents de nouvel an devint générale.
On prétend que les étrennes que les parents et les amis s'envoyaient réciproquement à ce jour, consistèrent d'abord en figues et dattes dorées, auxquelles était ajoutée une pièce de monnaie destinée à l'achat de statues de divinités. On y joignit bientôt des vases, des pierreries et les objets les plus précieux. Aussi les Romains ajoutaient-ils, le jour de l'an, en leurs premières rencontres, à leurs salutations, des souhaits et prières de bonheur et de félicité pour toute l'année; et la première élégie du troisième livre de Tibulle, composée pour cette occasion, nous prouve incontestablement que cet usage, aussi bien que celui des étrennes au renouvellement de l'année, était à cette époque déjà établi à Rome.
Le nom de e Guilané » ou « Gui-l'an-neuf, » que l'on donne en Touraine aux étrennes du nouvel an, consistant soit en monnaie, soit en fruits ou en bonbons, nous rappelle que dans l'ancienne Gaule les Druides avaient également la coutume de donner des étrennes en distribuant, le premier jour de leur année, parmi le peuple, des branches du gui sacré [7].
Dans les Pays-Bas l'usage de donner des présents de nouvel an se laisse constater à une époque très-reculée, et quoique, au XVe siècle, l'année ne commençât pas encore au 1er janvier, on regardait néanmoins ce jour comme le premier jour de l'année solaire, suivant l'usage des Romains, très-connu et très-commun en Occident, et on donnait en ces temps-là comme à présent, des étrennes au 1er janvier, qu'on nommait aussi « Nieuwjaersdag. »
Des lettres de grâce, données l'an 1445, sont datées « le premier jour de janvier, qu'on appelle communément le premier jour de l'an [8]. »
A Malines, la ville présenta, le 1er janvier 1503, à ce qu'Azevedo nous rapporte, au jeune archiduc Charles (Charles V), « voor eenen nieuwen jaer », une corbeille à oublies (oblie-korf) en argent doré qui coûta 23 livres 9 shellings 8 deniers brabançons [9].
Les étrennes principales, qu'on s'envoyait autrefois réciproquement dans les provinces belges, étaient des gâteaux dits « vergulde koeken» (gâteaux dorés), qu'on faisait venir du Hainaut, « cruitkoeken » (gâteaux aux herbes), et « Lovensche koeken » (gâteaux de Louvain) et « specie », fruits séchés et confits au sucre et aux épices [10].
En beaucoup d'endroits des étrennes se donnaient même en vertu de fondations.
A Anvers, par exemple, on faisait autrefois, le 1er janvier autant de gâteaux qu'il y avait de personnes dans toutes les cinq maisons de bienfaisance (Vondelingshuis, Dolhuis, Maegdenhuis, Knechtjenshuis et Vrouwkenshuis) ; chaque gâteau avait la valeur d'un « stuiver » ou de 5 cents [11].
Les abbayes de La Cambre et de Forêt devaient donner aux veneurs de l'ancienne vénerie ducale à Boitsfort, le jour de l'an, la première douze petits gâteaux aux herbes (cruytkoecken) et la seconde six grands gâteaux, plus six paires de bas de laine blanche, dont trois devaient monter jusqu'aux genoux. Ces objets se distribuèrent quelquefois aux pauvres, aussi longtemps qu'on ne les remplaça pas par des paies en argent. Mais au temps de l'archiduc Léopold, le gouvernement espagnol se trouvant sans argent, aliéna la majeure partie des revenus de la vénerie et permit aux abbayes de se racheter, à prix d'argent, des corvées qui leur étaient imposées [12].
A Louvain, l'hôpital du grand Béguinage était tenu de donner, le jour de l'an, à la supérieure des béguines qu'on appelait « Heyliggeest meesterse », à celle de l'hôpital et aux chantres, du pain et du blé et de leur offrir des flans [13].
A Nivelles on distribuait autrefois « les pains, » prébendes du chapitre qui subsistent encore aujourd'hui sous leurs noms primitifs.
Le « pain » était accorda au célibataire, au veuf de l'un et de l'autre sexe, à qui l'âge ou toute autre cause ne permettait plus de travailler.
Celui qui jouissait d'un « pain », recevait à l'hospice, le premier de chaque mois, une rasière de seigle et une certaine somme d'argent, puis durant l'année plusieurs centaines de fagots, sans compter d'autres libéralités qu'on y joignait souvent.
Il y avait vingt-quatre « pains » et ils étaient accordés par les chanoines et les chanoinesses individuellement.
Tous les samedis à midi, l'huissier du chapitre portait un anneau d'un chanoine à une chanoinesse et vice versâ d'une chanoinesse à un chanoine.
Celui à qui cet anneau était remis jouissait pendant les sept jours qu'il le portait du privilége de conférer à son gré les « pains » devenus vacants par la mort des titulaires.
Vingt-quatre pains étaient aussi annexés autrefois à l'hôpital du Saint-Sépulcre, mais ceux-ci, ainsi que les « Béguinages », autre institution charitable, fondée par le chapitre étaient conférés par l'abbesse [14].
C'est en vain que le savant Sponius, dans sa dissertation sur les étrennes, a insisté à abolir parmi les Chrétiens l'usage qu'il nomme païen de se souhaiter une bonne année et de se donner des étrennes [15], - cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours. Un autre usage cependant que plusieurs conciles ont condamné comme indigne des Chrétiens, et qui malgré toute défense s'est maintenu pendant des siècles, a maintenant disparu. C'était la coutume appelée s faire le cerf » (cervolum ou cervulum facere) qui consistait à se déguiser en peaux de bêtes fauves et surtout de cerfs, et de parcourir ainsi les rues en dansant et en chantant la nuit du 1 janvier [16].
Le concile de Tours ordonna déjà l'an 566, de remplacer les chants païens du nouvel an par des litanies, et le 24e canon dé l'Indiculus du concile de Leptines défend expressément les danses, chants et mascarades qui étaient en usage aux calendes de janvier; mais en 1566 encore, le magistrat d'Anvers fit proclamer, le dernier décembre, par le crieur de la ville, « que personne ne devait le soir ou la nuit du jour de l'an ni se déguiser, ni chanter, ni prendre part aux jeux » (dat niemand 't s'avents off s' nachts en soude gaen mommen off d'nieuwe jaer singhen noch met eenich spel spelen, op arbitrare correctie) [17].
Des vestiges de cette coutume se trouvent encore à l'heure qu'il est dans quelques villages des environs de Turnhout, où les jeunes gens par troupes de trois à cinq vont à la porte de chaque maison en sonnant des cors de bœuf, afin de quêter quelques sous qu'ils dépensent ensuite en commun dans les auberges.
Les chansons qui se chantent au premier jour de l'an sont pour la plupart des Noëls, ou des chansons religieuses que l'on entend chanter aussi à Noël et au jour des Rois.
Il n'existe plus que peu de chansons exclusivement destinées au jour de l'an et dont nous communiquerons ici les plus populaires:
I
Nieuwejaerken zoete,
Het verken heeft vier voeten,
Vier voeten en eenen steert,
't Is nog wel een waffelken weerd.
Les garçons ajoutent:
Vier voeten en een kloon,
Ik ben N... zoon.
Les filles:
Vier voeten en een fleschken,
II
Op nieuwjaers avond
De bakker sloeg zyn wyf,
Al met de heete palen
Zoo deerlyk op haer lyf,
Het wyf kroop in den oven,
De bakker achterna,
Zy waren zoodanig bestoven:
Ik wensch u een zalige niewejaer [19].
III
Nieuwejaerken ik sta hier buiten,
Ik heb een korfken en 't wil niet sluiten.
Ik heb een mesken en 't wil niet snyden,
Ik heb boter en't wil niet braijen,
Ik zie een koekjen en ik kan 't niet koopen,
Geef my een stuiver en laet my loopen [20].
IV
Dag vrouw, dag man, dag al te gaer,
Ik kom u wenschen een nieuw jaer,
Deur dik, deur din, Ik kom loopen,
Heb ge niet een wafertjen of twee,
Ik en gaen ze niet verkoopen.
't Is een goed vrouwtjen die me dat geeft;
't Is te wenschen, dat ze nog 't naeste jaer leeft.
Goed vrouwtjen, goed vrouwtjen,
Heb je niet een wafertjen of twee
Ik steken ze al in myn mouwtjen [21].
Quant aux idées populaires se rattachant à la huitième nuit ou au nouvel an, elles se rapportent pour la plus grande partie aux observations sur le temps.
Si la nuit du nouvel an est claire et tranquille, c'est-à-dire sans vent ou pluie, l'année sera bonne. S'il y a du vent, il faut observer d'où il vient. Le vent d'est prédit des maladies de bestiaux; celui d'ouest, la mortalité parmi les rois; le vent du midi annonce des épidémies parmi les hommes et celui du nord une année féconde.
Si le matin du nouvel an le ciel est rouge, il faut s'attendre à beaucoup de mauvais temps.
Si pendant la journée le soleil est très-brillant, il y aura beaucoup de poissons.
Si le feu allumé la veille du nouvel an couve encore sous la cendre le lendemain, c'est un bon signe.
Rêve de nouvel an, révélation de la vérité.
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2 janvier.
- (Senecio vulgaris.) Neuvième nuit. Octave de saint Étienne; saint Basile;
saint Adalard, abbé de Corbie; saint Berthoud; saint Macaire.
Saint Adalard, dont la fête se célèbre au diocèse de Gand le 9 février, né à Huysse, près d'Audenarde, était parent de Charlemagne. Devenu moine à Corbie en Picardie, il accepta l'emploi de jardinier, afin de jouir d'une solitude plus profonde que ses confrères, et, mécontent de la voir troublée de temps à autre par les visites de ses proches, il partit furtivement pour le Mont-Cassin. Mais découvert dans sa retraite et rappelé en France, il se vit obligé d'accepter la place d'abbé de Corbie et ensuite le poste, tout opposé à ses vœux, de conseiller et premier ministre du jeune roi d'Italie. Il lui rendit des services éminents, mais calomnié par ses ennemis, il fut dépouillé de ses emplois, banni de sa patrie et relégué dans un monastère de la Bourgogne, et quand son exil fut révoqué, il ne travailla plus que pour le progrès de la vie religieuse dans son pays et en Saxe, où il fonda, en 822, la célèbre abbaye de Corbie [24].
Saint Berthoud ou Berchtold et saint Macaire l'ermite, sont devenus plus ou moins mythiques pour la population flamande. Déjà le nom de Berchtold se rapporte à Berchta, la déesse principale des douze nuits, et le nombre de neuf seul suffit pour indiquer l'importance que le paganisme accordait à la nuit ou au jour qui suit maintenant le nouvel an. Car neuf, ce nombre indestructible, qui se reproduit sans cesse dans sa multiplication, son addition et sa division [25], joue, à l'égal des nombres de trois et de sept, un rôle principal dans toutes les vieilles idées populaires.
La superstition d'après laquelle il faut nourrir, ce jour, les poules de huit (d'autres disent neuf) sortes de graines, se rattache également à la neuvième nuit [26].
L'illustre abbaye des Dunes en Flandre fêtait, ce jour, l'anniversaire de sa fondation. Foulques, religieux de l'ordre de Saint-Benoît, qui l'érigea, l'an 1128, en l'honneur de la Vierge, la céda en 1138 à saint Bernard, qui y mit pour premier abbé de son ordre, Robert de Gruthuse, natif de Bruges.
Le 21 juillet 1683, cette abbaye fut transportée à Bruges, où l'on éleva les magnifiques bâtiments qui servent aujourd'hui de séjour aux séminaristes de la Flandre occidentale [27].
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3 janvier.
(Iris Persica.) Dixième nuit. Sainte Berthilde; sainte Geneviève.
Sainte Geneviève, la patronne de Paris, en l'honneur de laquelle onze églises belges ont été consacrées, protège l'agriculture, et surtout les prés et les bestiaux. A Dréhance, près de Dinant, on l'invoque contre les humeurs froides ou dartres, et son jour de fête y attire chaque année une grande affluence de pèlerins.
Sainte Berthilde ou Bertilie, qui mourut, en 684, près d'Arras, au monastère de Marcueil, qu'elle avait fondé en l'honneur de la sainte Vierge, après avoir vécu dans la continence avec son époux Guthland, est pour la Belgique ce que sainte Geneviève est pour la France. C'est aussi une protectrice des travaux champêtres et sa fête influe sur le temps. Les vignerons surtout considèrent ce jour comme critique pour la vigne. Ils étaient autrefois dans l'habitude de la tailler ce jour-là [28].
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4 janvier.
- (Corylus avellana.) Onzième nuit. Octave des innocents;
saint Rigobert; sainte Pharaïlde.
Sainte Pharaïlde (en flamand, sinte Veerle) était la sœur de saint Emebert, évêque de Cambray, et des saintes Rainilde et Gudule; sainte Gertrude fut à la fois sa tante et sa marraine.
Après avoir vécu quatre-vingt-dix ans dans la pratique de toutes les vertus, elle mourut en Lorraine, d'où, en 745, on transporta son corps à l'abbaye de Saint-Bavon, à Gand. Le 17 décembre 1685, le chapitre de Sainte-Pharaïlde de cette ville donna une partie des reliques de la sainte à la chapelle érigée en son honneur (Sente-Varelden capelle, 1383) à Steenockerzeel, qui, dit-on, fut construite par la sainte même, à qui on l'a dédiée depuis.
L'archevêque de Malines approuva le 9 mai 1686 ces reliques, et accorda quarante jours d'indulgence à ceux qui viendraient les honorer.
Lorsque le gouvernement français fit vendre cet oratoire, on transporta ces reliques dans l'église paroissiale, ainsi que les pains qui, d'après la déclaration des curés d'Humelghem, Ockersele ou Steenockerzeel, Cortenberg, Querbs et Erps, de l'année 1342, à l'intercession de sainte Pharaïlde ont été changés en pierre.
C'est surtout le 4 janvier qu'on implore cette sainte pour les enfants souffreteux, contre les maux de ventre, les maux de dents, les fièvres et les maladies du bétail, et pour avoir de bon beurre.
On lui attribue aussi de l'influence sur le cours des voyages, y compris celui de l'autre monde, croyance qui parait avoir eu son origine dans le nom de la sainte, composé, suivant M. Coremans, du mot « vaer, » course, et « hilde, » sainte, sacrée.
Le dicton des paysans :
De sainte Pharaïlde la chaleur,
C'est sa colère et c'est not' malheur,
a rapport à la onzième nuit, à laquelle en Lusace se rattache encore aujourd'hui la croyance, que si à la pluie succèdent, pendant la onzième journée, des rayons de soleil, cela doit faire présager la peste et des maladies épidémiques [29].
A Oostkerke, village situé dans le diocèse de Bruges, l'église paroissiale porte encore à présent le nom de Sainte-Pharaïlde, mais celle de Gand, qui était dédiée à sa mémoire, n'existe plus. C'est pourquoi les pains changés en pierres que l'on y conservait autrefois, sont maintenant exposés dans l'église de Saint-Nicolas.
Quant à l'origine de ces pains, la légende rapporte qu'ils datent de l'an 1557. Une pauvre femme malade, demeurant à Gand, demanda un jour à sa sœur du pain pour son enfant. La sœur, malgré ses grandes richesses, lui refusa le pain, en feignant de n'en avoir point, et afin de donner à ses paroles plus d'apparence de vérité « Que tout le pain que j'ai, « ajouta-t-elle», se change à l'instant en pierre! »
La pauvre femme s'en alla et faillit perdre son enfant, lorsqu'une dame inconnue l'accueillit et lui donna le secours nécessaire. Mais en revanche sa sœur impitoyable mourut de faim, parce que tout son pain avait été changé en pierre.
Cette légende, qui du reste se raconte également de quelques autres villes, entre autres de Leiden, où la même histoire serait arrivée en 1313, est le sujet de plusieurs poésies flamandes.
Le peuple s'appuyant sur l'usage qui a lieu à Gand d'exposer les pains miraculeux chaque année le 4 janvier, est fermement persuadé que sainte Pharaïlde était elle-même la pauvre femme de la légende, bien que l'on n'en sache rien de certain [30].
Le dimanche avant l'Épiphanie s'appelait jadis « Heiliglicht zondag », dimanche de la sainte lumière, ou « Star zondag », dimanche de l'étoile. La première dénomination date de l'époque païenne, tandis que la seconde est d'origine chrétienne [31].
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5 janvier.
- (Helleborus fœtidus.) Douzième nuit. Sainte Amata; sainte Émilie;
saint Édouard; saint Januaria; saint Siméon-Stylite; saint Télesphore.
La veille des Rois ou la douzième nuit, est un grand jour de sort (fatal). Si le jour est froid et serein et que l'air soit calme, on espère une heureuse année, tandis que le contraire doit avoir lieu s'il pleut, si la température est moite et le vent fort. On voit aussi avec déplaisir luire ce jour-là le soleil après une forte pluie, ce qui annonce, dit-on, la guerre et le carnage.
Trois chandelles allumées, la veille des Rois, au-devant de la maison, éloignent d'elle les mauvais esprits et la placent sous la protection des trois Mages, qui, aux yeux du peuple, ont une puissance sans bornes sur les démons et sur les sorciers.
Les filles vont dans les étables de brebis, et si leurs mains s'arrêtent sur le bélier, elles se marieront pendant le cours de l'année.
Le jeu de trictrac était et est encore, en partie, le jeu par excellence de la douzième nuit, peut-être parce que ses tables, partagées en douze cases, sont nu symbole des douze mois de l'année, que représentent les douze nuits. Celui qui ce jour gagne au trictrac sera heureux toute l'année [32].
Dans les villages des Flandres, on tire le soir maints coups de fusils, comme ailleurs dans la nuit du nouvel an, et on se rassemble pour manger des « galettes » et pour boire du genièvre brûlé. Cette boisson rappelle les waissail-bowl » de Noël, en Angleterre, mais nous ignorons si comme là on donne également en Flandre à en boire aux arbres fruitiers.
Dans le pays de Limbourg, les fermiers et les propriétaires réunissent, le soir, à un repas copieux tous leurs ouvriers jusqu'à ceux qui n'ont travaillé pour eux qu'une seule fois pendant toute l'année, et le repas fini on tire le roi. Car la coutume bien connue de tirer et de proclamer, un roi est la cérémonie principale de ce jour, quoique en beaucoup d'endroits elle ne se fasse que le jour des Rois même. Aussi ne connaît-on, chez les Flamands, les gâteaux à la fève que dans quelques districts de la province de Limbourg, où un gâteau énorme, contenant une ou deux fèves, est placé sur la table et coupé en morceaux. Les trois premières portions sont pour la sainte Famille et deviennent la part des pauvres, les autres sont distribuées parmi les assistants. Celui qui dans son morceau trouve la fève est proclamé roi et choisit une reine, si l'on n'a pas mis deux fèves dans le gâteau pour tirer la reine à l'égal du roi. L'un comme l'autre doivent régaler toute la compagnie le jour des Rois. Si par hasard la fève ne se trouve pas dans les portions qui ont été distribuées, alors, pour avoir le droit de la chercher dans la part des pauvres, qui s'appelle « part à Dieu », on la rachète par une aumône pour les nécessiteux et les malades du village.
Quant à l'origine de cette coutume de tirer la fève et d'élire par le sort un roi, cette cérémonie nous vient des saturnales, que célébraient les Romains aux calendes de janvier. Pendant ces fêtes les écoles étaient fermées, le sénat vaquait, toutes les affaires publiques et particulières étaient comme suspendue et toute distinction de rang disparaissait. L'esclave mangeait à la table de son maître et le sort de la fève pouvait leur échoir, comme à un consul romain [33].
Car à l'imitation des anciens Grecs qui, à leurs festins élisaient par le sort un « basileus » ou roi, dont la fonction était de vaquer à l'arrangement et à l'ordre de la table, les Romains choisissaient leur « magister convivii », maître de festin, qui s'appelait aussi « rex, » roi, ou « modimperator », maître du boire, et qui veillait sur tout ce qui concernait les lois dites conviviales [34]. Cette élection se faisait en certains endroits par le moyen d'une fève dans un gâteau que l'on partageait avant le repas, et afin que les portions du gâteau fussent distribuées sans préférence, on mettait sous la table un enfant qui représentait Apollon et qu'on consultait en criant: « Phoebe domine, » seigneur Apollon! Cet usage s'est conservé en France et il est même quelques provinces où les paysans n'omettent point le cri romain « Phoebe domine » sans en savoir la signification [35].
Il y a longtemps que la coutume d'élire un roi subsiste en Belgique. Dans la vieille « Chronique du moine Egidius li Muisis, abbé de Saint-Martin à Tournai », on lit que déjà en 1281 « selon une ancienne coutume » les citoyens les plus aisés et leurs fils se réunirent fraternellement autour d'une vaste table ronde et élurent un roi [36].
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6 janvier.
- (Tortula rigida.) L'Épiphanie ou jour des Rois. Drykoningendag.
Cette fête en mémoire de la manifestation de Jésus-Christ aux gentils et de l'adoration des Mages, est une des plus anciennes de l'Église. Nous la trouvons déjà indiquée dans le premier calendrier mi-païen mi-chrétien de l'an 448 quoique sa, célébration générale ne fût arrêtée que par le quatrième concile tenu à Orléans en 541.
Les trois Mages, d'après lesquels cette fête s'appelle « le jour des Rois » ou « Drykoningendag », parce que l'on croit, sur la foi des vieilles traditions, qu'ils étaient les princes des pays d'où ils vinrent pour adorer le Seigneur, jouaient autrefois un grand rôle dans la croyance populaire, comme nous venons de le dire. Il suffisait de porter sur soi leurs noms ou les vers suivants :
Caspar fert myrrham, thus Melchior, Balthasar aurum:
Haec tria qui secum portabit nomina Regum,
Solvitur a morbo, Christi pietate, caduco.
(Gaspar porte la myrrhe, Melchior l'encens, Balthazar l'or; celui qui portera sur soi ces trois noms des Rois, sera délivré, par la grâce de Jésus-Christ, de l'épilepsie.) - pour être guéri du mal caduc [37]. En portant sur soi une image qui représentait l'adoration des mêmes rois avec cette inscription « Sancti tres Reges, Caspar, Melchior, Balthasar, orate pro nobis, nunc et in hora mortis nostrae » (saints trois Rois, Caspar, Melchior, Balthazar, priez pour nous, à présent et dans l'heure de notre mort), on ne guérissait pas seulement du mal caduc, du mal de tête et des fièvres, mais on était aussi préservé des malheurs des chemins, de la morsure des chiens enragés, de la mort subite, des sorcelleries et des maléfices. On croyait même pouvoir tirer à coup sûr, en enveloppant la balle dans un morceau de papier sur lequel étaient inscrits les noms des trois Rois, et quoique l'Église à plusieurs reprises condamnât ces pratiques comme superstitieuses, elles ont subsisté jusqu'au siècle passé, fondées, à ce qu'il paraît, sur le mot de Mage, qui dans la bouche du peuple est devenu synonyme de médecin doué de facultés surnaturelles ou de magicien.
En Flandre, comme en plusieurs parties de l'Allemagne, on nomme le jour des Rois « Groot Nieuwjaer, » grand nouvel an, ce qui explique les cérémonies analogues à celles du nouvel an qui, en Flandre, ont lieu la veille de l'Épiphanie.
A Furnes, à Ypres et en d'autres localités du pays flamand, l'Épiphanie est communément appelée « Dertiendag », ou « Dertiennacht », treizième jour ou treizième nuit, parce que c'est le jour qui suit les douze nuits et par la même raison porte aussi le nom de « heilig-licht nacht, » nuit de la sainte lumière. Car les douze nuits passées les puissances sombres et mystérieuses de la nuit ont fini leur tournée parmi les hommes, le monde souterrain se ferme, la terre appartient de nouveau aux vivants. C'est pourquoi le jour des Rois est un jour de bonheur, surtout pour ceux qui sont nés le jeudi ou le dimanche, et les mariages contractés ce jour sont heureux par excellence [38].
En Angleterre ce jour s'appelle, en opposition de la coutume flamande, « Twelfth-day », douzième jour, mais là, comme en Belgique, c'était anciennement le dernier jour de la fête de Noël, où pour la dernière fois on se livrait à la joie. Les banquets par lesquels on le célébrait trouvèrent un nouvel appui, pour continuer, dans le souvenir chrétien de la noce de Cana, dont l'Église solennisait l'anniversaire au 6 janvier. C'est pourquoi le festin du « Roi boit » se répandit avec facilité de la France dans presque tous les pays germaniques.
Dans les provinces de Liége, de Namur et de Luxembourg, on a conservé, comme en France, l'usage de tirer la fève. Les boulangers y ont l'habitude d'envoyer ce jour-là à leurs pratiques un pain fin de forme ronde et contenant une fève noire, qui, à Huy, s'appelle « pain cadeau » et dont les morceaux sont distribués aux assistants par le plus jeune enfant de la famille. Celui dans la part duquel on trouve la fève, est roi, comme chacun le sait, et pour imiter ce qui se passe à la cour, on lui donne des officiers, toute la compagnie se soumet à ses ordres et lui marque la déférence due à sa souveraineté imaginaire, en criant lorsqu'il boit: « le roi boit! » et en punissant ceux qui manquent à ce devoir.
La croyance populaire que parmi les trois Mages qui vinrent adorer le Sauveur, il y en avait un qui était noir, fournit l'idée du châtiment dont on punissait les coupables. Ils furent condamnés à être barbouillés, et cette coutume qui s'observe encore de nos jours n'augmente pas peu la gaieté du repas. Le roi est tenu de donner à ses sujets un petit festin, le dimanche ou le lundi après le jour des Rois.
En plusieurs endroits, comme à Dinant, les gens de la maison assistent au tirage de la fève.
Dans la partie flamande de la Belgique, on tire les rois et toutes les charges de la cour improvisée par des billets dits « Koningsbrieven », lettres de roi. Selon le nombre de personnes qui assistent au festin, la cour se compose d'un conseiller (raadsheer), d'un confesseur (biechtvader), d'un échanson (schenker), d'un écuyer tranchant (voorproever), d'un fou (zot), d'un médecin (geneesheer), d'un ménestrier (speelman), d'un musicien (muzykant), d'un messager (bode), d'un cuisinier (kok), d'un suisse (zwitser), d'un secrétaire (geheimschryver), d'un valet de chambre (kamerling), d'un ou plusieurs laquais (knecht), etc. Chacun doit tâcher de soutenir pendant la soirée le caractère du rôle que lui donne son billet, et lorsque le roi, qui en signe de sa dignité porte une couronne de papier, se met à boire, tous les assistants doivent crier : « De koning drinckt! » C'est au fou de veiller sur la stricte observation de ce devoir et de marquer par une raie noire au visage ceux qui ne font pas entendre le cri de rigueur.
D'après la tradition, ce sont les Mages mêmes qui ont les premiers crié: ((Le roi boit», lorsqu'à leur visite à Bethléem ils virent l'enfant Jésus prendre le sein de sa mère. D'autres prétendent que l'évangile de la quenouille a donné naissance à cette habitude [39].
Une vieille chanson, qui est encore chantée à Anvers quand on tire le roi, fait allusion à la tradition dont je viens de parler. C'est pourquoi nous ne croyons pas hors de propos de lui assigner une place auprès d'une autre chanson de ce jour, qui est fort populaire à Anvers:
Jaspar, Melchior en Balthazar,
Kwamen by dit kindeken daer,
Zy knielden met ootmoed,
Offeranden,
Wierrook branden,
Zy knielden met ootmoed
Voor dit kindeken, Jezuken zoet.
Geheel de stad die was vol vrêe,
't Kindeken en de beestekens mée;
Dan roepen zy dat 't klinkt
Vivat, Vivat, vivat!
Dan roepen zy dat 't klinkt:
Vivat, Onze koning drinkt [40].
Quand on tire le roi:
WY zyn drie koningen, Wy zoeken geen kind,
Maer een teugsken lovensch dat ons beter dient
Kaves of Lovensch bier
En daerom komen wy hier,
Ha, sa, waerdinneken,
Spoedt u maer naer 't vat,
De mensch en kan niet zingen
Want zyn keel is om te springen
Van het lovensch nat.
Jaspar zoude van achter niet staen,
Kon hy maer geraken aen den lovenschen traen,
Want 't minste dat hy drinkt,
Dat is byna een pint;
En daerby moet hy hebben
Tabak en brandewyn.
Ja, daer eens op gebeten
En by een goed vuer gezeten
Gelyk wy vrienden zyn.
Zoù 'n wy niet wenschen drie koningen te zyn
Daer we altyd hebben tabak en brandewyn;
Wy waeyen en wy zwaeyen
En wy zwaeyen altyd rond;
Daer kwam ons onder wegen
Nog een mooi meisken tegen
Wy gaven ze eenen mond [41]
Bien que dans les villes flamandes le festin du Roi boit ne soit plus en vogue autant qu'autrefois, où à Bruges même les prisonniers pauvres enfermés dans la chambre basse (Donckercamer) de la prison (het Steen) recevaient annuellement quelques livres du « Franc » pour avoir du vin le jour de leur fête de roi [42], on voit encore à présent, la veille et le jour des Rois, les rues d'Anvers remplies d'enfants, garçons et filles, des plus basses classes qui, en criant :
Koningsbrieven en kroon, en kroon!
Koningsbrieven en kroon!
(Lettres de roi et couronne, et couronne! Lettres de roi et couronne!) vont de maison en maison offrir des lettres de roi et en vendent énormément. Car dans les familles de la bourgeoisie et des classes ouvrières, cette ancienne coutume est encore religieusement observée, et tous les membres de la famille,,soit du côté du mari, soit du côté de la femme, se réunissent le soir pour souper ensemble et pour tirer le roi. De petites familles vont chez tel ou tel voisin « den koning te gaen trekken », aller tirer le roi, et partout on s'amuse à causer, à jouer, et à chanter des chansons de Jan Koes, ce célèbre chansonnier qui, au siècle passé, vivait dans les environs d'Anvers et qui est encore aujourd'hui le poète favori du peuple. Inutile de dire que « garsten, » de la bière d'orge, et « koekebakken », des crêpes, sont pour beaucoup dans les réjouissances de ces réunions, qui très-souvent commencent déjà à midi et ne finissent que rarement avant onze heures du soir. Le roi doit régaler tous les assistants. C'est pourquoi on tâche de conférer cette dignité au maître de la maison [43]. A la campagne, le régal consiste ordinairement en café et en gâteaux.
A Malines, les membres du magistrat avaient jadis l'habitude de choisir tous les ans, le jour des Rois, un roi, qui, d'après le local où se tenaient les réunions, recevait le nom de « koning van den Oirde », roi du coin, et auquel, à l'occasion de sa fête, qui chaque année avait lieu le mardi gras, la ville offrait un ou plusieurs muids de vin de Rhin. Dans une requête du 27 septembre 1557, que le propriétaire de la maison appelée « den fellen Oirdt » (au mauvais coin ou au coin décrié) présenta au magistrat, se trouve une liste complète de toutes les personnes qui depuis 1526 jusqu'en 1556 ont été rois du coin.
Les comptes de la ville de l'année 1516 font pour la première fois mention de ce nom [44], qui depuis 1557 a totalement disparu. Mais si le magistrat de Malines a cessé de choisir un roi, le métier des scieurs de bois de la même ville continue de célébrer le jour des Rois comme jour de fête patronale. Car les mots de l'Évangile : « Zy zagen de star » (ce qu'on peut traduire à la fois par : ils virent l'étoile et ils scient l'étoile) ont donné aux « houtzagers » l'idée lumineuse de considérer les Mages comme scieurs et de les honorer par conséquent comme leurs patrons.
A Ypres, où ce jour est assez régulièrement fêté dans les familles et où l'on tire le roi comme partout, on offrait autrefois au doyen un pain aux raisins de Corinthe « korentebroodjen », et en échange de ce présent le doyen donnait aux enfants, le jour de leur première communion, un déjeuner, auquel les korentebroodjens jouaient le rôle principal.
Dans le Hainaut, plus que dans les autres provinces du pays, le jour des Rois est un véritable jour de roi. C'est la fête des familles par excellence de toute l'année. Il n'est pas jusqu'aux familles les plus pauvres qui ne se réunissent pas pour fêter ce jour, et quiconque a encore des parents, eût-il plusieurs lieues à faire pour les joindre, tâche de se rendre chez eux afin de passer « les Rois » au milieu de sa famille. A Tournai, aussi bien qu'à Ath, il arrive très souvent que les servantes qui entrent en service apposent à leur contrat la condition expresse de pouvoir aller le jour des Rois voir les leurs pour manger avec eux « le lapin ». Car à l'exception d'Ath, où le lapin cède le pas à « la saucisse à compote », le lapin est le plat de rigueur de ce jour. Quand on se met à table, on l'annonce, même dans les villes, par quelques coups de fusil ou de pistolet, et après le repas on tire les « billets » pour choisir le roi, qui doit régaler les autres d'une goutte de vin ou d'un gâteau, soit le même jour, soit le lundi suivant, jour qui met une fin à son royaume et aux emplois de ses fonctionnaires. A Mons, c'est le plus jeune enfant de la famille qui doit nommer à celui qui tire les billets les personnes auxquelles chaque billet est destiné, et si le hasard fait reine ou roi la sainte Vierge ou le bon Dieu, on achète par quelques aumônes données aux pauvres le droit de mêler encore une fois les billets et de les tirer de nouveau, afin de ne pas perdre le régal que doit donner le roi.
L'usage qu'ont les enfants à Liége aussi bien qu'à Malines de placer des chandelles allumées en différents endroits de la rue et de danser en ronde à l'entour ou de sauter par-dessus, tombe de plus en plus en désuétude.
A Turnhout, les fabricants de chandelles envoyaient autrefois ce jour à leurs pratiques des chandelles à trois bouts, destinées à ce jeu que l'on appelle « Over 't keersken dansen », danser au-dessus de la petite chandelle. Les enfants plaçaient ces chandelles sur le plancher et sautaient pardessus en chantant:
Drie koningen, drie koningen,
Koopt my 'nen nieuwen hoed;
Myn ouden is versleten,
Moeder mag 't niet weten,
Vader heeft het geld.
Op den rooster geteld [45].
(Trois rois, trois rois, achetez-moi un nouveau chapeau; mon vieux chapeau est rapé, ma mère ne doit pas le savoir et mon père a compté l'argent sur la grilles)
Ou:
Keêrsken, keêrsken onder de been,
En al die daer niet over en kan
En weet er niet van.
Selon toute probabilité les chandelles allumées sont les restes des anciens feux de Noël qu'on allumait ce jour-là, puisqu'avant la réforme du calendrier c'était le jour de Noël. En Angleterre, où à la campagne le Twelfth-day s'appelle encore « Old-Christmas-day », des usages analogues à celui dont nous venons de parler se sont maintenus jusqu'à nos jours.
Une autre coutume qui va décroissant d'un an à l'autre, se trouve encore dans le pays de Limbourg, où des enfants représentant les Mages, s'en vont le soir, de maison en maison, chanter une chanson qui commence:
Dry koningen met eene sterre
Kwamen gerezen al van zoo verre.
Zy riepen alle gelyk : Offeranden !
Laet wierook branden !
Zy riepen alle gelyk : vivat ! etc.
(Trois rois vinrent, avec une étoile, de très-loin. Ils crièrent tous ensemble : Des offrandes! Faites brûler de l'encens! Ils crièrent tous ensemble : Vivat!)
Une cornemuse sert encore çà et là d'instrument d'accompagnement et une ficelle fait tourner de temps en temps l'étoile de carton qui est portée par l'un des rois, et qu'illumine une petite lampe attachée au centre [46].
Ce petit cortège rappelle les anciennes représentations dramatiques de mystères qui autrefois se faisaient presque partout le jour de l'Épiphanie.
Dans les autres contrées de la Belgique il ne nous en reste que les chanteurs, habillés comme tous les jours, qui pendant quelques jours parcourent de nouveau les rues comme à Noël et chantent les « Drykoningsliederen », chansons des trois Rois.
A Alost, où ces chanteurs commençaient déjà leur tournée la veille des Rois, on a aboli cette habitude depuis 1858, mais à Anvers l'usage s'est maintenu jusqu'à présent en pleine vigueur. Les « Kerstliedekens », chansonnettes de Noël, que des enfants ou des vieillards y chantent depuis l'Épiphanie jusqu'à la Chandeleur, sont en grande partie composées par le poète Jan Koes, dont j'ai déjà parlé. Quelquefois on y entend même des élégies sur la mort de Marie-Thérèse, qui finissent par ce refrain:
Onz' Keizerin is overleden,
Ja, onz Maria Theresia.
(Notre impératrice est décédée,
Dans le pays wallon les enfants vont de porte en porte chanter les Noëls, comme à Noël. A Huy, et dans les environs de Liége, ils ne chantent que jusqu'au neuvième jour après le jour des Rois.
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7 janvier.
- (Prunus Lusitanica.) Saint-Lucien; sainte Mélanie; saint Théaulon.
Saint Théau, Tillo ou Hillon, apôtre et patron d'Iseghem, disciple de saint Éloi et de saint Remacle, vécut longtemps dans la solitude près d'un sanctuaire de Marie à Bayac, où il fonda un couvent [48].
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8 janvier.
(Tremella deliquescens.) Sainte-Gudule,
patronne de la collégiale de Bruxelles.
L'an de la naissance de cette sainte Vierge est aussi incertain que la date de sa mort. Sous le règne du roi Dagobert ou de son fils Sigebert, vivait en Brabant un comte nommé Witger. Sa femme Amalbelge, qui, dit-on, était la sœur de Pépin de Landen, lui donna plusieurs enfants: Rainilde, Pharaïlde, à qui Baldéric donna le nom de Sarachilde, et Emebert qui occupa le siége épiscopal de Cambrai et fut depuis élevé au rang de bienheureux. Elle était de nouveau enceinte, lorsqu'un ange vint lui annoncer qu'elle donnerait le jour à un enfant dont la vie serait un modèle de sainteté. Peu de jours après naquit sainte Gudule, sa cousine sainte Gertrude la tint sur les fonds-baptismaux, et prit soin de ses premières années.
A peine sortie de l'enfance Gudule résolut de fuir le monde. Elle et sa sœur Rainilde se rendirent au monastère de Lobbes, et demandèrent à pouvoir y partager la solitude des moines, mais comme on ne recevait pas de femmes dans cette abbaye, leurs instances furent d'abord inutiles. Au bout de trois jours, Gudule, rebutée, s'en alla; Rainilde, plus persévérante resta et fut admise à Lobbes, où plus tard elle prit le voile. Gudule retourna demeurer près de ses parents. Veilles, jeûnes aumônes, elle n'épargnait rien pour mériter la protection divine. A deux milles du lieu de sa résidence, il y avait un village nommé Morzelle (aujourd'hui Mortzel ou Moorsel) et un oratoire dédié au Sauveur ; elle s'y rendait tous les matins dès que le coq avait donné le signal du réveil. Le démon éteignit un jour la lumière qu'une servante portait devant elle; abandonnée dans les ténèbres, au milieu de campagnes désertes, elle ne savait que devenir. Gudule se jette à genoux et adresse au ciel une fervente prière; aussitôt sa lumière se rallume, et, pleine de joie, elle reprend sa route. D'autres miracles augmentèrent encore la vénération qu'elle inspirait. Lorsqu'elle mourut, tout le peuple accompagna son convoi funèbre. Son corps fut déposé le 8 janvier 712, d'après l'opinion la plus commune, dans un tombeau qu'on avait élevé devant la porte de l'oratoire du village de Ham [50]. Le lendemain on vit avec surprise qu'un peuplier d'une grandeur prodigieuse avait crû sur sa tombe,et qu'il s'était couvert de feuilles malgré la rigueur de la saison.
Les riches ornements qui couvraient les dépouilles mortelles de la plus jeune des filles de Witger, tentèrent la cupidité d'un voleur de profession. A la faveur de la nuit il ouvrit le tombeau de sainte Gudule et s'empara de son collier, des croissants qui ornaient sa poitrine, de ses boucles d'oreilles, de ses bagues, de ses bracelets, tous d'or ou d'argent, de ses vêtements de pourpre, rehaussés d'or, de son voile de lin, de sa ceinture ornée de perles. Mais, à quelque temps de là, une jeune fille qui avait habité avec sainte Gudule, aperçut un des bracelets de la sainte au bras d'une de ses compagnes avec qui elle dansait, mais qui nia obstinément ce fait. L'évêque Emebert apprit cette profanation avec une vive douleur. Un jour qu'il se trouvait dans l'église de Ham, il s'écria : Que les coupables soient anathèmes! qu'un signe divin les frappe eux et leurs descendants : les hommes seront boiteux, quant aux femmes, on les reconnaîtra à leurs goîtres! » Et en effet, dit Baldéric, tous les descendants du profanateur furent accablés d'infirmités.
De nouveaux miracles ayant signalé la sépulture de la sainte, on plaça ses restes dans une châsse qu'on résolut de transférer dans une localité plus populeuse. Nivelles, Mons et Maubeuge furent successivement choisis; mais au moment fixé pour le départ, le cercueil devenait tout-à-coup si pesant, qu'on ne pouvait l'enlever. Enfin, un vieillard, qui dans sa jeunesse avait connu Gudule, apprit à la foule la prédilection de la sainte pour l'église de Mortzel. Un nombreux cortége y porta son corps, et cette fois, aucun obstacle n'arrêta la marche qui fut signalée par plusieurs prodiges. Le peuplier qui ornait l'église de Ham fut miraculeusement enlevé, et s'offrit, le jour suivant, aux regards étonnés des habitants de Mortzel.
Lorsque Charlemagne vint à Mortzel, il y institua, dit-on, un monastère auquel il donna de riches ornements, et, de plus, le village lui-même, avec tous les serfs qui le peuplaient. Mais ce couvent disparut pendant les temps d'anarchie qui suivirent la mort de son fondateur, et le corps de sainte Gudule, longtemps errant devant les Normands, arraché ensuite au baron pillard qui s'était approprié Mortzel, fut enfin transféré à Bruxelles, où depuis 1047 une magnifique basilique éternise la mémoire de la fille de Witger.
A Hamme, près de Releghem, où une localité s'appelle encore « le champ de sainte Gudule, » les habitants célèbrent également la fête de cette sainte et montrent encore aujourd'hui, dans la ferme principale de la commune, l'emplacement qu'aurait occupé sa chapelle, actuellement convertie en four [51].
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9 janvier.
- (Prunus laurocerasus.) Saint Adrien; saint Eucher; saint Furcy;
saint Marcellin; sainte Marciana; saint Pierre, évêque de Sébaste.
Saint Eucher était le compagnon de saint Materne et de saint Valère. Les traditions locales nomment ces illustres apôtres de la Belgique orientale disciples de saint Pierre et leur attribuent la fondation des premières églises dédiées à la Vierge, au-delà des Alpes, ainsi que des sermons, où ces premiers hérauts de l'Évangile dans les provinces wallonnes ne manquent pas d'associer au nom du Dieu-Sauveur celui de sa très-pure et très-sainte Mère [52].
La chartreuse Notre-Dame-de-Grâce lez-Bruxelles, fêtait, ce jour, l'anniversaire de sa fondation. Outre cette maison, les chartreux belges en avaient encore treize qui formaient deux provinces : la flandro-belge, qui comprenait les couvents de Gand, de Grammont, de Liége, de Lierre, de Louvain, de Zeelhem, de Bois-le-Duc, de Bethléem-Sainte-Marie à Ruremonde et de Capelle-Sainte-Marie près d'Enghien; et la gallo-belge, comptant sous elle les maisons de Saint-Omer, de Mont-Saint-André lez-Tournai, de Marie de Macourt à Valenciennes et des Sept-Douleurs de la Vierge près de Lille.
À Liége, les couvreurs célébraient, le même jour, la fête de saint Julien-le-Pauvre, leur patron.
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10 janvier.
(Ulex europœus.) Saint Agathon,p.;
saint Guillaume; saint Paul, premier ermite.
L'ordre célèbre de la Toison d'Or fêtait en ce jour l'anniversaire de son institution. Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, l'érigea, comme tout le monde sait, à l'occasion de son mariage avec Elisabeth de Portugal, l'an 1430, « en l'honneur de notre Rédempteur et de sa mère, la glorieuse Vierge Marie. » Quelque temps après, le prince et les nouveaux chevaliers allèrent se consacrer à Notre-Dame de la Treille, à Lille [53].
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11 janvier.
- (Bryum horœum). Saint Ernest; sainte Hortense; Saint-Hygin, p.; saint Théodose.
C'est « l'achtiendag » ou le dix-huitième jour après la nuit-mère. Les mariages de ce jour seront heureux, suivant la croyance populaire [54].
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12 janvier.
-(Funaria hygrometua). Saint Arcade; sainte Césarie;
saint Godefroid; sainte Mélanie.
Le lundi qui suit l'Épiphanie est dans tous les Pays-Bas un jour de fête pour les ouvriers et les artisans. On l'appelle presque généralement lundi perdu, « verloren maendag, » bien que ce nom diffère d'après les localités.
Comme ailleurs le jour du nouvel an, on voit en Belgique le lundi perdu, les portefaix, les porteurs d'eau et de bière, les balayeurs et balayeuses des rues, les ramoneurs, les allumeurs et les garçons menuisiers, cordonniers, bouchers, tailleurs et d'autres parcourir les rues dès le matin, pour chercher un pourboire chez leurs pratiques ou chez celles de leurs maîtres. Ils sont ce jour-là habillés de leur mieux et portent sur leurs blouses certains signes indicatifs de leur état, par exemple, les porteurs d'eau ou de bière, de petites tonnes, les balayeurs, des balais en miniature, les ramoneurs des échelles toutes mignonnes, etc. La soirée et une grande partie de la nuit se passent dans les estaminets et les auberges, où le divertissement ne dégénère que trop souvent en débauche. Il n'est pas rare d'entendre parler d'accidents funestes qui ont lieu à la suite du lundi perdu. C'est pourquoi les magistrats des différentes villes ont plus d'une fois essayé de supprimer les abus de ce jour; mais à l'exception des villes de Gand, de Bruges et de Bruxelles, le lundi perdu a conservé jusqu'à présent tous les droits qu'il avait il y quatre siècles; car dans les comptes du métier des tanneurs (huidevetter) à Bruges se trouve déjà sous l'an 1468 l'indication de ce que le métier donnait suivant la coutume, lors du lundi perdu, « aen de schee cnape, aen de schadebeletters, aen de stedegarsoenen en aen de vier biddende orders, » à ceux qui séparent les querelleurs et empêchent des dommages, aux sergents de ville et aux quatre ordres mendiants. Le métier des Quatre Couronnés, de la même ville, avait également l'habitude de donner ce jour-là quatre shellings aux sergents de ville et aux guets (schadebeletters) [55]. Mais il n'est pas moins difficile de dire d'où vient cet usage, que d'expliquer au juste pourquoi on donne à ce jour des qualifications de « verloren, verkoren, et verzworen » (perdu, élu et parjuré).
Kiliaen attribue toutes ces trois dénominations à la circonstance que jadis les magistrats des villes étaient élus ce jour, qui était par conséquent perdu pour les occupations ordinaires [56]. Quoique dans aucune ville des anciens Pays-Bas l'élection des magistrats n'eût eu lieu à cette époque, que je sache, le célèbre lexicographe n'a peut-être pas tout à fait tort. Dans la coutume d'Anvers, il est dit que le lundi après le jour des Rois on lisait, à la Halle-aux-Draps, avant midi, le livre de la Gilde. Une proclamation faite le samedi précédent, à la bretègue, en présence des magistrats communaux et des chefs-doyens de la Gilde, prévenait les habitants de cette lecture.
Avant l'invention de l'imprimerie, c'était pour les artisans une garantie précieuse. Ils pouvaient de cette manière contrôler les actes de leurs chefs. Aussi est-il probable que dans le principe, tous abandonnaient leurs ateliers et se rendaient à la Halle, de sorte que l'après-midi étant très-court au mois de janvier, on ne se remettait à l'ouvrage que le lendemain [57].
Le choix du jour fixé pour la lecture du livre de la Gilde se rattachait, selon toute probabilité, à la coutume des « Goudaigen » ou jours du canton de l'ancienne législation franque. Un de ces grands plaids ou plaids généraux, qui se tenaient trois fois par an dans les comtés et les seigneuries et où tous les habitants de la juridiction étaient astreints à se trouver, avait ordinairement lieu dans la semaine après le « treizième jour. » En quelques endroits c'était le vendredi [58], en d'autres le lundi [59], en d'autres encore le mardi ou le mercredi [60].
L'abolition de ces plaids, dont les deux autres se tenaient régulièrement le même jour de la semaine après les Pâques closes ou après la Saint-Jean et après la Saint-Bavon, fut une des suites de l'institution des communes, mais le souvenir se perpétuait dans les séances de différents échevinages qui avaient lieu les mêmes jours. On y déterminait le taux des amendes, et personne ne pouvait se dispenser d'assister du moins à l'une de ces séances, sans encourir la peine de perdre la bourgeoisie. Après la séance, il y avait un repas, dont à Wambeek le duc de Brabant et le seigneur payaient chacun la moitié [61]. C'était aussi dans ces séances qu'à Leeuw, les cabaretiers, les abatteurs ou bouchers et les boulangers devaient payer au seigneur le droit dit « wischgelt » on «kammagiegelt [62] » et qu'à Wambeek les meuniers entre autres étaient appelés à comparaître [63]).
Un historien hollandais dont nous ne citons ici l'opinion que comme curiosité, est tout gravement d'avis que « verloren maandag » dérive de « Floraas maandag. » D'après lui, la fameuse courtisane romaine qui, par son testament, destina toute sa fortune à l'institution des jeux floraux, aurait célébré ce jour-là l'anniversaire de sa naissance, qui, à cause de cela, aurait aussi reçu le nom de « Koppeltjes maandag » pour rappeler l'ignoble métier de Flore [64].
D'autres auteurs prétendent que la qualification de « verloren » tient à l'évangile du dimanche précédent où « Jésus enseigne dans le temple, » et cette opinion qui est en même temps celle du peuple, est assez vraisemblable, d'autant plus qu'une ancienne dénomination du même jour: « egyptischen maendag, » lundi égyptien, a une origine pareille. On tenait ce jour-là un ommegang, représentant la fuite en Égypte, et à ce qu'on dit, cet usage se maintient encore dans quelques villages de la Flandre et du Hainaut, surtout sur la limite qui sépare ces deux provinces [65].
Le nom de « verzworen maendag, » qui se trouve déjà mentionné dans le Livre des temps en abrégé (D'Boeck der tyden in 't corte) où on lit: « Anno eodem (1558) den 11sten januarius, na versworen maendach, etc., » correspond au « lundi parjuré, » dénomination qui désigne le même jour à Ath, à Tournai et surtout à Lille et à Douai, où plusieurs coutumes belges se sont fidèlement conservées jusqu'à nos jours. Mme Clément nous raconte une histoire charmante à laquelle on attribue à Douai l'origine du nom de parjuré aussi bien que celle de la célébration de ce jour, et qui en tout cas mérite bien d'être mieux connue.
La voici:
Durant les dernières années de ta domination espagnole en Flandre, la ville de Douai comptait au nombre de ses échevins un digne bourgeois, que sa fortune amassée dans le commerce de mulquinerie, et plus encore sa probité sévère avaient fait une notabilité dans ce pays où l'en ne connaissait pas encore d'autre noblesse. Le bon Van-Elshœt, resté veuf à 50 ans, et père d'une fille charmante, âgée à peine de 4 à 5 ans, avait concentré sur elle toutes ses affections et ses plaisirs. A 18 ans, Marie était une des plus jolies filles de la châtellenie de Douai et certainement la plus riche héritière du comté de Flandre. Son père avait une telle peur de la mal marier, qu'il avait refusé pour elle les meilleurs partis du pays; peut-être, à son insu, y mettait-il un peu d'égoïsme et craignait-il qu'un époux, en partageant la tendresse de sa chère enfant ne diminuât chez elle un sentiment dont il faisait son unique bonheur.
L'avant-veille de la Toussaint 1664, le gouverneur de Douai, don Juan de Mello, donna dans son bel hôtel de la place du Marché, aujourd'hui place d'Armes, une fête magnifique en honneur de la naissance d'un infant d'Espagne. Toutes les notabilités du pays y furent invitées, et naturellement Marie Van-Elshœt avant toutes les autres. Le neveu du gouverneur, Rodriguez de Mello, fut frappé de sa bonne grâce et de son air de modestie. Ses traits, sans avoir la pureté de la belle race caucasienne, présentaient le type le plus complet et le plus heureux de nos filles de Flandre, c'est-à-dire la figure arrondie et les tempes légèrement saillantes; mais tant de fraîcheur brillait sur ses joues, tant d'innocence dans ses beaux yeux noirs, qu'on l'eût distinguée même sous le simple vêtement d'une paysanne. Embellie de tout le luxe du costume, elle attira tous les regards et surtout ceux du beau et jeune Rodriguez, l'un des plus beaux cavaliers de la cour de Charles II.
Est-ce par hasard ou Rodriguez y aida-t-il un peu par le crédit de son oncle? La vérité est que la ville de Douai offrit pendant cette année une série de fêtes inaccoutumées, pendant lesquelles le brûlant espagnol rencontrait sans cesse la jeune et pudique Marie. Il lui parla d'amour, d'abord sans être compris, puis bientôt il crut voir qu'il était aimé, et un soir, à minuit, sans que je puisse le moins du monde indiquer par quelle puissance de séduction ou par quelle inconcevable audace, il était dans la chambre même de la belle et imprudente fille de Van-Elshœt.
- Rodriguez, disait Marie, les yeux fixées et les mains croisées, il me semble que je viens de commencer une mauvaise action; pour la première fois mon cœur n'est pas content, et pourtant je suis près de vous.
- Quoi! cher ange, tu m'auras vu le plus heureux homme que Dieu ait mis sur cette terre; ce bonheur, je te le dois,et tu ne le partagerais pas! - Mais ici seuls, à cette heure, ce mystère .... se cache-t-on quand on fait bien? - Ne dois-tu pas être mon épouse? ne pouvais-je donc te demander dans mon impatience ce bonheur que je ne pouvais attendre plus longtemps? Pourquoi ces scrupules, ange de beauté, et maintenant surtout. - Je ne sais, mais je suis heureuse et triste à la fois; il me semble qu'un bandeau vient de tomber de mes yeux. - M'aimerais-tu moins à présent, Marie? - Plus, oh mille fois plus encore, et cependant... pourquoi n'avoir parlé de rien à mon père? - Il est riche et je suis pauvre, Marie, ma noblesse et mon épée sont tout mon bien; je voulais lui rendre un refus impossible. - Il ne l'eût pas fait à sa fille, je te le jure. - Je le craignais tant, Marie, et c'eût été l'arrêt de ma mort. - Tenez, ami, j'ai le cœur gonflé, les larmes me suffoquent; je vous en conjure laissez-moi pleurer... Et la pauvre Marie avait éclaté en sanglots, et l'heureux Rodriguez baisait ces belles larmes et séchait ces beaux yeux de ses lèvres embrasées. Il parvint enfin à rendre un peu de calme à cette âme naïve et désolée, et quand ce vint vers le matin, il la quitta ivre d'amour et de bonheur.
Deux semaines se passèrent ainsi, et nos amants goûtaient le plaisir le plus doux qu'il soit, dit-on, donné à l'homme d'éprouver sur cette terre : celui d'aimer qui vous aime. - Vois-tu comme la Sainte-Vierge et le bienheureux Saint-Jacques, mon patron, nous favorisent? disait un soir Rodriguez. Depuis que durent nos plaisirs, ont-ils été un instant troublés? D'abord, ce gros chien, jaloux gardien de la maison, faisait entendre ses longs aboiements, lorsque j'arrivais jusqu'à lui. Depuis huit jours l'as-tu entendu? - Non... Eh bien! j'aimais jusqu'à ces cris qui m'annonçaient ta venue. - La neige avait couvert les allées du jardin qui m'amènent près de toi; la trace de mes pas pouvait trahir mon bonheur. Depuis deux jours une main favorable a fait disparaître celle de l'allée qui conduit sous ta fenêtre. - Cela est étrange, dit Marie pensive. Et Rodriguez la tire de sa rêverie, comme toujours, par un baiser.
« Oh! ma bien-aimée, lui dit-il un jour, je vais te quitter quelques instants! - Quoi! se pourrait-il? - Pour ne plus te quitter jamais. Cette contrainte où nous vivons est trop pénible, et je vais enfin la faire cesser en te demandant à ton père. - Mon père! dit Marie, comme effrayée de ce nom qui faisait autrefois tout son bonheur. - Oui, mais avant de former ce doux lien, je veux qu'il soit béni par ma mère. - Tu as une mère, toi, tu es heureux! - Elle sera la nôtre, Marie, et ton père sera le mien. - Plût à Dieu, mais je ne sais. - Que crains-tu Marie? - Ton départ m'effraie. - Je reviendrai. - Bientôt? - Quelle demande et quel doute! Tiens, vois; nous allons demain célébrer la fête du vénérable saint Nicolas, et vienne Saint-Simon, je te jure que je serai de retour auprès de toi. - Tu me le jures? - J'en fais le serment. - Si tu y manquais, Rodriguez, le Ciel nous punirait sans doute. - Tes craintes m'outragent.. - Je t'ai donné plus que ma vie, et mon existence est désormais enchaînée à la tienne. Si tu m'oubliais vois-tu... - N'achève pas, mon cœur, tu commettrais un blasphème! » Et les mots les plus doux, les serments les plus saints scellèrent les adieux des deux amants. Debout sur son balcon, Marie suivit les pas de Rodriguez, qui se retourna cent fois pour lui envoyer de nouveaux baisers et de nouveaux adieux; mais la pauvre fille fut saisie d'un frisson mortel, car elle vit ou crut voir à peu de distance de la maison une forme humaine se dessiner sur la neige, puis s'évanouir tout-à-coup.
Rodriguez était parti depuis deux jours, lorsqu'un matin le digne Van-Elshœt entra dans la chambre de sa fille; il était pâle et son air était solennel. Marie le regardait immobile à sa place, comme si elle avait tout lu dans les regards de son père. - Il est parti, dit le digne échevin, les lèvres tremblantes et les larmes dans les yeux. - Parti... parti... qui, mon père? - Oui, il est parti dites-moi s'il réparera le mal qu'il vous a fait. - Il l'a juré, mon père! Mais quoi! vous saviez... - Tout, ma fille, tout... J'ai connu trop tôt et trop tard l'amour qui vous unissait, et j'ai voulu du moins que nul autre que moi n'en fut informé. Lorsque j'ai su que ce malheur était irrémédiable, j'ai voulu au moins qu'il ne le fût que pour moi et que ma fille, s'il se peut, ne fut point déshonorée. C'est moi qui veillais sur lui, c'est moi qui écartais tous les obstacles de sa route et effaçais sur la neige la trace de ses pas. - Quoi, mon père, c'était vous!.., et Marie baignait de ses larmes les pieds du vieillard. - Relève-toi, mon enfant; je ne te fais pas de reproches; tu ne savais pas le mal que tu faisais, et c'est ton innocence qui t'a perdue; moi, j'étais trop aveuglé par ma tendresse. Ah! pourquoi n'avais-tu pas une mère! Et Marie cachait sa tête dans ses deux mains et des pleurs coulaient à travers ses doigts. - Écoute-moi, Marie, et me réponds avec franchise, car de ce que tu me diras dépend ta destinée et peut-être la mienne. Le monde est clairvoyant, et ce que j'ai vu, d'autres peuvent l'avoir vu de même, quelque soin que j'aie pris pour tromper tous les yeux. S'il t'épouse, ta faute est au moins couverte; s'il ne revient pas, nous sommes déshonorés tous les deux et nous n'avons plus qu'à quitter ces lieux, car nous ne nous séparerons pas, mon enfant, ma fille. Je sais que d'autres pères que moi abandonneraient, maudiraient leur enfant cru coupable; mais je ne me sens pas ce barbare honneur, ce cruel courage; tu es l'amie, la compagne de ma vieillesse, la chair de ma chair, le seul amour de mon cœur, le dernier lien qui m'attache à la vie. Eh bien! nous irons dans quelque endroit écarté, dans un lieu où nous n'aurons pas à rougir de personne, et si nous n'avons pas le bonheur, au moins nous aurons peut-être le repos. - Il reviendra, mon père, il reviendra et il me nommera son épouse. - Il l'a promis? - Il l'a juré. - Il est chrétien, il est Espagnol et chevalier. Il ne saurait dès lors se parjurer. - Non, mon père, cela ne pourrait être ou bien…- Alors ma chère Marie, puisqu'il doit être de retour le jour du vénérable Saint-Simon, je vais convoquer tous nos parents et tous nos amis pour le lundi qui suivra son retour; car lors même que je serais seul instruit de ta faute, je ne vivrais pas tourmenté de la crainte que ce fatal secret ne fût découvert; lundi donc, nous célébrerons vos fiançailles. - Mais, mon père, si pourtant... - S'il ne revenait pas… alors... nous partirions… ensemble... - Oui, mon père, .je partirais... Et le bon Van-Elshœt embrassa sa fille sur le front en cherchant à maîtriser les sentiments qui l'oppressaient.
Le lundi des fiançailles était arrivé et tous les parents étaient réunis; la maison, la ville entière étaient en fête, les musiciens faisaient entendre des airs du pays, mêlés aux airs espagnols sous les fenêtres de la fiancée. On attendait depuis longtemps; ni la mariée, ni son père ne paraissaient. On ouvrit enfin la porte qui conduisait à l'appartement de Marie, on la trouva parée de fleurs et de pierreries; mais elle était couchée sur son lit, elle était pâle, elle était morte!...
Depuis, tous les ans au pareil jour, on célèbre l'anniversaire de la mort de Marie; mais comme autrefois dans notre bonne Flandre, ainsi que dans toutes les contrées du Nord, on ne pouvait se réunir pour une cérémonie de deuil sans étourdir son chagrin dans d'abondantes libations, la fête funèbre s'éloigna d'année en année de son objet, et c'est ainsi que l'anniversaire de la pauvre Marie est devenu à Douai un jour de fête que l'on appelle le Lundi du parjuré [66].
A côté du nom de lundi parjuré, nous trouvons à Ath encore une dénomination en patois wallon qui y est on ne peut plus populaire: C'est celle de : « Li roi brouzi,» Elle se rattache, comme le nom le dit, à l'habitude que tous ceux qui durant, le festin du « roi boit » out été noircis par le fou pour n'avoir pas bu à la santé du roi ou pour n'avoir pas crié: « Le roi boit, » sont tenus de donner un régal le lundi après le jour des Rois.
Le nom de « Mastermaendag » sous lequel le lundi perdu est connu à Diest, paraît avoir une origine pareille, car le mot de « mastern » a la signification de noircir [67], et nous lisons dans l'histoire de Diest, que l'ancienne chambre de rhétorique « de Kersoogen » (les œillets) célébrait la fête des Rois « op blyden maendag » au lundi joyeux. C'est pourquoi huit jours avant cette solennité chaque membre était astreint à donner deux «blanken, » sous blancs [68], au trésorier, et s'il laissait passer le jour de la fête sans le faire, il était condamné à payer en amende le double de cette somme [69].
A Anvers les artisans aisés, ainsi que les fabricants régalent ce jour-là leurs ouvriers, de « worstenbrood » (pain aux saucisses) de « borrels » (petits verres) et de « peperkoek » ou « zoetekoek » (pain d'épice).
A Dixmude, où de même qu'à Ypres la dénomination de « verkoren maendag, » lundi élu, est en usage, les ouvriers en souhaitant une nouvelle année, ne disent pas « een gelukzalig nieuwjaer, » une heureuse année, comme cela se fait ailleurs, mais «een zalige verkoor. » C'est une abréviation de « verkoren maendag » qui, à leurs yeux, remplace le jour du nouvel an [70].
A Namur, on va même jusqu'à nommer le lundi perdu « li d'jou d'lée, » le jour de l'an. Cette habitude nous explique aussi pourquoi anciennement le lundi perdu s'appelait souvent « dertiendag, » treizième jour [71], nom qui au propre convient au jour des Rois ou au grand nouvel an.
En beaucoup d'endroits de la Flandre orientale on dit « zotten maendag, » lundi des fous, au lieu de lundi perdu, et à Haeltert, à Oosterzele et en quelques autres villages les maîtres d'école sont liés à son occasion comme ailleurs à la Saint-Thomas [72]. A Termonde n se régale, ce jour, de petits pains chauds, au déjeuner, et les boulangers annoncent leur cuisson en soufflant dans une corne de bœuf.
Dans le pays de Limbourg, ce jour est communément appelé « koperenmaendag» ou « koppermaendag, » nom sur la signification duquel il existe une grande diversité d'opinions. Plusieurs prétendent que ce n'est qu'une variante du mot « koppeltjes » ou « koppelmaendag, » qui est encore en usage au Brabant septentrional pour désigner le lundi perdu; d'autres avancent que «kopper » veut dire: « koppenzetter, » étuviste ou barbier, qui applique des ventouses, et que le « koppermaendag » était anciennement le jour de fête des barbiers; d'autres encore croient que les monnaies de cuivre que reçoivent les ouvriers le lundi perdu en échange de leurs souhaits de bonne année, ont fait donner à ce jour, le nom de «koperenmaendag, » lundi de cuivre.
D'après Kiliaen le mot vient de « kopperen, » chômer, se divertir (celebrare, hilare) ou de « kopper, » partie de plaisir, ce qui s'accommode on ne saurait mieux à la façon de célébrer ce jour [73].
Quant au nom de «koppelmaendag » ou « koppeltjesmaendag » il n'existe pas moins d'incertitude sur l'origine de cette dénomination. Nous avons déjà dit, qu'un historien hollandais l'a mise en rapport avec «Floraas maandag [74]. »
Dans le Brabant septentrional, où ce jour-là les dames sont maîtresses au logis et s'assurent de beaux présents en portant leurs maris au lit, on raconte une tradition nationale pour expliquer tout à la fois le nom et l'usage du koppelmaendag. Le seigneur du château de Haarlem s'était attiré par sa cruauté et ses vexations la haine de tout son voisinage. Bientôt il se voit assiégé dans son château et réduit à la dernière extrémité. Il fallut penser à se rendre, et les assiégeants ne voulurent accorder d'autre condition que celle de permettre à la dame du château d'en emporter les objets les plus précieux qu'elle pourrait porter en une fois. La dame prit son mari qui était pour elle l'objet le plus précieux, l'enferma dans une caisse et le porta sur son dos hors des murs du château [75].
Une vieille croyance religieuse des habitants de la Hollande est que le lundi perdu après les douze jours de fête ou les douze nuits aurait été le jour des fiançailles du dieu du soleil, et qu'en souvenir de cette solennité on l'aurait célébré comme treizième jour de fête par la cérémonie qui subsiste encore [76].
D'autres rattachent le nom de koppelmaendag à l'évangile de la noce de Cana, qui se lit le dimanche suivant, prétendant qu'autrefois le mot de « koppelen, » n'avait pas le sens malhonnête qu'il a maintenant.
D'autres encore s'appuyant sur la circonstance qu'à Groningue ce sont surtout les imprimeurs qui du lundi perdu font un grand jour d'amusement, sont d'avis que, « koppeltjesmaandag » ou « kopjesmaandag, » comme on dit à Groningue, dérive soit de « kostertjesmaandag, » soi; de « coöperatortjes-maandag. » D'après la première opinion, ce serait Laurent Koster qui, en Hollande, est considéré comme inventeur de l'imprimerie, en l'honneur duquel on aurait fêté ce jour; d'après la seconde, les ouvriers imprimeurs ayant l'habitude de se servir d'expressions et de phrases latines en vue de paraître savants, auraient donné au compositeurs et imprimeurs travaillant dans la même imprimerie le nom de « cooperatores, » collaborateurs, et partant au jour de leur fête, celui de cooperatores maendag [77].
Quoi qu'il en soit, le fait est que le premier lundi après l'Épiphanie, à l'égal du « plough monday » (lundi de la charrue) des Anglais, sert, pour ainsi dire, d'introduction aux « lundis bleus, » (blauwe-maendagen) de toute l'année, e; que l'usage de le chômer remonte probablement à une époque très-reculée. « Verloren Maendag houden, » fêter le lundi perdu, se dit proverbialement d'un jour qu'on passe sans rien faire en se divertissant, et une superstition flamande dit qu'il m'est pas bon de travailler le lundi perdu [78].
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13 janvier.
- (Taxus baccata.) Saint Godefroid; saint Léonce;
sainte Véronique; Baptême de N.S.
Sainte Véronique, sous le nom de laquelle une église à Liége est consacrée, est honorée comme patronne par les lingères de cette ville.
Le mardi après l'Épiphanie était le jour, où autrefois à Gaesbeck, près de Bruxelles, chaque bourgeois du dehors, c'est-à-dire celui qui n'habitait pas cette commune, devait payer au seigneur un vieux gros par an jusqu'à ce qu'il eût acheté, dans la franchise, une habitation valant au moins douze florins de Rhin [79].
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14 janvier.
- (Fragaria sterilis.) Saint Hilaire, év. de Poitiers.
Ce saint évêque, auquel en Belgique treize églises sont dédiées, est surtout très-honoré dans les Ardennes. Une chapelle isolée, entre Matagne et Vierves, qui porte son nom, compte parmi les pèlerinages les plus fréquentés et la procession qui s'y fait au commencement de l'été, est très-suivie. II s'y trouve une fontaine dont l'eau miraculeuse guérit la paralysie, les rhumatismes et autres maladies.
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15 janvier.
(Hedera helix.) Saint Emebert; saint Maur; saint Paul, ermite.
Saint Emebert est le frère de sainte Gudule. Il devint évêque de Cambrai et mourut au village de Ham en Brabant, où il reçut aussi la sépulture. Plus tard son corps fut porté à Merchten, bourg qui lui avait appart.enu et qu'il avait légué à sa cathédrale, et dans la suite il fut transféré à Maubeuge, où on vénère encore ses reliques.
Il est difficile de fixer la place que ce prélat doit occuper dans la liste des évêques de Cambrai. Baldéric l'assimile à Ablebert, .prédécesseur de saint Aubert (qui gouverna Cambrai de 633 à 669); Bollandus, au contraire, le regarde comme identique à Hildebert, qui succéda à saint Vindicien en 695, 705 ou 706. La dernière opinion est évidemment celle qui se concilie le mieux avec l'histoire de la famille de sainte Gudule.
L'endroit où Emebert fut enseveli, est Hamme, près de Wemmel, ou à Merchten même où il y avait aussi un lieu portant ce nom, et qui faisait partie du hameau de Molewyck [80].
Saint Maur, auquel sept églises sont dédiées, est en plusieurs endroits honoré comme patron des tailleurs; à Liége, comme celui des potiers et chaudronniers.
A Bavichove, près de Courtrai, où se vénèrent des reliques de ce saint, il y a, le jour de sa fête, un grand concours de fidèles qui y affluent pour invoquer l'intercession de saint Maur contre les maux de tête.
La chapelle de ce saint à Gand, appelée par corruption « Simors» ou « Symoers gasthuis capelle, » quelquefois même « godshuis van Sente Symoers e fut fondée comme l'hôpital vers le milieu du quatorzième siècle par le métier des tailleurs dits en flamand « sceppers, ceppers » ou «cleedsceppers[81]. »
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16 janvier.
- (Lamium purpureum.) Saint-Adelwin;
saint-Honorat, évêque; saint Marcel, pape.
C'est le dernier jour que je sache où l'on trouve indiquée dans les comptes des villes belges la cérémonie bien connue d'un fol-évêque.
Ces fêtes des Fous, qui de temps immémorial avaient lieu dans presque toute l'Europe romane et teutonique, ne dépassaient pas, dans la règle, les douze nuits et, surtout, le dertiendag ou le treizième jour. Cependant, à Malines, la ville présenta, le 16 janvier 1445, « vingt-quatre pintes de vin à l'abbé factice de Bruxelles venu à Malines pour y rendre une visite à l'évêque de Sinte-Romoude (St.-Rombaut) [82] » et, le 13 janvier 1458, on y présenta la même quantité de vin à Jean van der Eyken, évêque de Sint-Romoude, lorsqu'il donna son repas au Beyart (hôtel de ville) [83].
Les comptes généraux du chapitre des chanoinesses de sainte Waudru nous donnent également des indications pareilles sur la fête des Fous célébrée le 10 et le 13 janvier :
« À maistre Jehan Sampson, chanosne de l'église Saint-Germain, il fut donné le Xe jour de janvier, que lors il faisoit sa feste de pappalitte des folz, fu donné, au commandement de mesdamoiselles, deux escus de... » Compte de 1491-1492.
Et:
« A sire Hector de le Pierre, chappellain de l'église Saint-Germain de Mons, fu donné le XIIje jour de janvier, que lors il faisoit sa feste de légat, pour l'absence et négligence du pape des folz, lequel ne voelt faire sa feste, eu ayde de ses despens pour luy et ses gens récréer ensemble... cs. » Compte de 1495-1496 [84].
Dans quelques localités, ces folies qu'on appelait la liberté des « douze nuits, » de « décembre, » de «janvier, » prenaient déjà cours à la Noël, lorsque les « ânes » et leurs imitateurs chantaient dans les églises; quelquefois aussi c'était le « jour des Innocents » qui en marquait le commencement. Les jours principaux de ces fêtes étaient le 1er janvier, où se faisait, dans la plupart des localités, l'élection des chefs des Fous, et le 2 janvier, où les Fous commençaient leurs processions grotesques, qu'ils continuaient communément jusqu'à l'Épiphanie [85].
Quoique déjà interdites par le concile de Tolède, en 635, ces fêtes n'en continuèrent pas moins d'être en usage plusieurs siècles après, et en quelques endroits de la France elles se sont perpétuées jusqu'au dix-huitième siècle, malgré les défenses réitérées de l'Église.
Une fête des Fous d'une espèce toute particulière eut encore lieu, l'an 1551, à Bruxelles :
Le 22 du mois de juillet, dit l'auteur d'un manuscrit flamand du 15e siècle, intitulé Anecdota Bruxellensia, fut célébré à Bruxelles une fête ou triomphe en l'honneur des Fous qui s'étaient rendus, à cet effet, dans cette ville de toutes les parties du pays. Cette fête avait été inventée et préparée par un certain Jean Colyns, peintre de son métier, qu'on désignait sous le sobriquet d'Oomke (mon oncle). Cette fête était une plaisante et étrange chose. On y donnait plusieurs prix en argent. Le mardi, le prince des Fous, appelé Oomken, fit son entrée triomphale avec tous les Fous qui s'étaient rendus à son invitation. Ils commencèrent par une très-belle procession religieuse, avant le dîner, et partirent du Marché, s'arrêtant à la fontaine nommée « Putte-borre, » où assistaient à ce spectacle Éléonore, veuve douairière de France, et sa sœur Marie, passèrent par le Marché-au-Bois, toujours avec leur prince Oomken, qui était voituré dans un petit chariot, et se dirigèrent vers l'église de Sainte-Gudule où l'on célébra une messe solennelle avec chant et jeu d'orgues.
Après le service les Fous sortirent de l'église, descendirent la rue d'Assaut, passèrent devant le couvent des Frères-Prêcheurs, rue courte des Fripiers, devant celui des Filles du Repentir, devant l'église de Saint-Nicolas et retournèrent ainsi au Marché. Un prix avait été fixé pour cette singulière procession [86].
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17 janvier.
- (Anemone hortensis.) Saint Antoine, abbé.
Ce saint, si connu par les tentations qu'il eut à endurer de la part du démon, est, en Belgique, un des saints les plus populaires. Plus de quarante églises lui sont dédiées; la ville de Blankenberg l'honore comme patron, et en Brabant, aussi bien qu'au pays wallon, il n'existe presque aucune église qui ne possède un autel consacré sous son nom.
Beaucoup de métiers, entre autres les constructeurs de navires à Bruges, les bouchers, gantiers, vanniers et porcelainiers à Liége, les jardiniers à Malines, et les charcutiers à Mons, ainsi qu'un grand nombre de serments ou gildes l'ont choisi pour patron; bien des confréries sont érigées eu son honneur et plusieurs sanctuaires où se vénèrent des reliques ou des images miraculeuses de ce saint, comptent parmi les pèlerinages les plus fréquentés.
Saint Antoine qui, à l'époque des terribles ravages du « feu sacré, » nomme plus tard « mal des ardents, » était particulièrement invoqué contre cette cruelle maladie qui a pris de là le nom de « feu St-Antoine, » passe pour préserver les hommes et les bestiaux de toutes les maladies cutanées et pour protéger les fruits de la terre.
Quant à la signification du cochon qu'on représente toujours près de saint Antoine, il existe une grande diversité d'opinions.
Jacques de Voragine rapporte dans sa « Légende dorée » un miracle qui, d'après lui, procura cette compagnie au grand saint.
Un roi de Catalogne, dit ce biographe du XIIIe siècle, avait sa femme possédée du démon : sachant les victoires signalées que le pieux solitaire avait remportées sur l'esprit malin, ce roi le fit venir pour délivrer son épouse du diable qu'elle avait au corps. Saint Antoine pratiqua des exorcismes et rendit la dame à sa douceur et à sa bonté ordinaires. Au même moment, une truie arrive et dépose aux pieds du saint un de ses petits qui venait de naître sans yeux et sans pattes; puis, poussant des cris aigus et tirant le saint par la robe, elle semble lui demander de vouloir bien guérir son pauvre petit affligé. Le saint touché de compassion eut, selon le pieux de Voragine, la complaisance d'opérer ce miracle, qui lui fit beaucoup d'honneur, et le petit cochon voyant clair et trottant comme un lièvre, ne crut pouvoir mieux témoigner sa reconnaissance à son bienfaiteur, qu'en lui tenant compagnie tout le reste de sa vie,
D'autres auteurs prétendent que dans le principe le cochon était l'attribut distinctif de saint Antoine, martyr du premier temps du christianisme, qui, exerçant le métier de boucher à Rome, y vit périr au milieu des plus affreuses tortures plusieurs Chrétiens et fut tellement saisi à l'aspect de leur fermeté qu'il devint lui-même Chrétien et souffrit le martyre pour Jésus-Christ.
Les bouchers le prirent pour patron et afin de le distinguer, dans la suite, des autres saints du même nom, le firent représenter ayant près de lui un cochon. Mais plus tard, le recours au célèbre ermite étant devenu général, on confondit les deux saints et on attribua le cochon qui convenait au saint boucher, au patriarche des cénobites [87].
Quoi qu'il en soit, pour honorer le souvenir du cochon de saint Antoine, les confréries de ce saint avaient, au moyen-âge, le privilège de faire paître dans les villes un pourceau qui portait, pour être reconnu, une clochette au col et était vulgairement appelé « le pourceau saint Antoine » ou « sint Theunis verken. » A chaque porte où il se présentait, l'animal était nourri, par respect pour le nom qu'il portait. Les habitants du logis ne pouvaient, d'ailleurs, le repousser. Lorsque sa présence devenait incommode, on le faisait sortir en l'attirant sur la rue avec un morceau de pain. Mais comme plusieurs habitants de la ville de Mons, par exemple, appendaient au col de leurs porcs des clochettes et les faisaient courir par les rues, la confrérie de St.-Antoine, érigée en l'église de St.-Nicolas-en-Havré à Mons, présenta, en 1648, une requête au magistrat pour faire interdire cet abus de leur droit.
Depuis bien longtemps la phrase populaire « 't is een straetverken » (c'est un pourceau courant les rues), est tout ce qui rappelle encore les cochons de St.-Antoine.
Toutefois, en Brabant, l'habitude s'est conservée jusqu'à nos jours, de porter en offrande à saint Antoine, le jour de sa fête, des têtes de cochon ou du lard.
Dans quelques églises, spécialement consacrées à ce saint, telles entre autres que celles de Koninghswykt, d'Olivète et de Locksbergen, on apporte, le matin du 17 janvier, de tous côtés des têtes de cochon qui, dans l'après-midi, à l'issue du service divin, sont vendues publiquement soit dans une auberge voisine de l'église, soit sur le cimetière, par le clerc, au profit de l'église. Il n'est pas rare que le donateur achète ce qu'il a lui-même offert en présent au saint protecteur, et que la même tête de cochon soit à plusieurs reprises offerte à l'église par les différents acheteurs, dont chacun est désireux d'obtenir la protection de saint Antoine, pour la conservation de la santé de son bétail [88].
D'autres paysans qui sont trop pauvres pour acheter une tête de cochon offrent au saint des poules, des canards ou des pigeons.
Le même usage a lieu dans les villages près de Diest et de Malines.
A Peteghem et en quelques autres communes de la Flandre orientale on fait, ce jour-là, des offrandes de lin et de morceaux de lard, en invoquant l'intercession de saint Antoine contre la maladie du lin qu’on appelle « le feu. »
En plusieurs endroits du pays de Limbourg les jeunes filles font le pèlerinage à l'un ou l'autre sanctuaire de Saint-Antoine et s'adressent au saint pour avoir un mari.
A Annevoye, dans le diocèse de Namur, arrive le jour de Saint-Antoine une foule innombrable de gens de la campagne de tout le voisinage, pour assister à la procession qui s'y fait en l'honneur du saint.
La chapelle de Barbefosse-en-Havré, près de Mons, n'est plus aussi fréquentée qu'autrefois où elle comptait parmi les pèlerinages les plus célèbres du pays, car c'était à Barbefosse, à une lieue de Mons, dans le bois d'Havré qu'à l'époque des ravages du feu sacré de 1382, demeurait un anachorète qui passait seul pour avoir le privilège de combattre efficacement « cette peste » comme on disait alors. Il occupait une vieille habitation, que les sires d'Havré y avaient bâtie, et avait obtenu l'autorisation d'élever, près de sa retraite, un oratoire à saint Antoine, son patron. La chapelle de l'ermite fut bientôt visitée par les malades; des guérisons fameuses s'y opérèrent et l'image miraculeuse de saint Antoine ne tarda pas à faire affluer à Barbefosse des pèlerins de toutes les contrées qui y venaient soit pour être préservés de la contagion, soit pour en être guéris. Gérard d'Enghien, seigneur d'Havré, y fit construire une chapelle plus vaste où il fonda une messe pour lui et sa famille. La dévotion était d'ailleurs encore excitée par des récits merveilleux : les villageois croyaient cette localité fréquentée par des êtres surnaturels; on rapportait que, vers minuit, une dame mystérieuse, cachée sous un long voile blanc, un cierge à la main, s'était prosternée devant l'image de saint Antoine, on avait entendu des bruits singuliers, inexplicables.
La maladie finit par n'être plus contagieuse, et Albert de Bavière, comte de Hainaut, voulant perpétuer le souvenir de la cessation de cette « pestilence » et nourrir la dévotion envers le saint qui en avait délivré le pays, institua, dans son comté, la même année (1382), l'ordre des chevaliers de saint Antoine, créé en 1298, par le pape Boniface VIII, leur donna la chapelle de Barbefosse pour y tenir leurs assemblées et y affecta des revenus. L'écu de l'ordre était de gueules, à la béquille d'or, entouré du collier.
Plusieurs membres de cet ordre, se trouvant, en 1392, à l'île de Rhodes avec des croisés français, chevaliers de saint Antoine de Vienne, qui leur firent connaître l'institution des Hospitaliers de saint Antoine, à la Motte-Saint-Didier, en Dauphiné, prirent l'engagement de faire venir au pays de Haynaut des religieux de cet ordre et de leur donner une maison pour y exercer l'hospitalité. C'est pourquoi l'abbé de Saint-Antoine, à la Motte, général de cette congrégation de chanoines réguliers, sous la règle de saint Augustin, envoya peu après quatre prêtres, avec trois frères convers, à Mons. Après y avoir d'abord établi un autel dans la chapelle de Sainte-Élisabeth, ils furent mis en possession, par Gérard, sire d'Havré et de Liedekerke, et Hélène de Serain, son épouse, de l'ermitage de Saint-Antoine à Barbefosse, où ils bâtirent un monastère et un hôpital. Albert, comte de Hainaut, et les chevaliers de l'ordre leur firent construire une église.
La charge de ces donations était de loger et de nourrir les pauvres, les pèlerins, les infirmes, les malades. Un des chanoines porta le titre de commandeur, trois frères laïques étaient chargés du matériel. Plus tard, le seigneur d'Havré et d'autres personnes accrurent les revenus de cette fondation.
Mais le feu Saint-Antoine, étant devenu de plus en plus rare, et ayant disparu peu à peu, la dévotion envers le célèbre patron se ralentit graduellement et se perdit avec la maladie qui l'avait fait naître. Le monastère ne prit aucune extension, son personnel diminua et menaça de s'éteindre et la maison était en pleine décadence à l'époque des troubles du XVIe siècle; Enfin, les jésuites; nouvellement établis à Mons, obtinrent ce prieuré en 1587, et l'ordre de Saint-Antoine fut supprime et incorporé à l'ordre de Malte, par bulles du 17 décembre 1776 et du 7 mai 1777.
A dater du XVe siècle, la Saint-Antoine fut à Mons une fête importante. Les Montois se portaient en foule, ce jour, au prieuré du bois d'Havré, pour y remercier le saint d'avoir délivré leur ville du feu sacré et le supplier de les en préserver à l'avenir.
En se rendant à Barbefosse, les jeunes gens s'amusaient à un exercice de la saison, le jeu de « crosse. » Ce plaisir est tout populaire dans les campagnes du Hainaut, quand la gelée permet de traverser en tous sens les terres et les prairies, sans y causer du dommage. Comme le volant et le billard, le jeu de crosse n'est qu'une variété du jeu de balle; il consiste à lancer vers divers buts une boule de bois nommée « soule » ; la « crosse » ou « sabot » est un morceau de fer recourbé fixé au bas d'un fût en bois souple, elle s'appelle « maquet, » lorsque le sabot, comme le manche, est en bois, mais le maquet n'est en usage que parmi les enfants.
Avec le temps, le pèlerinage de Saint-Antoine et les parties de crosse devinrent inséparables, mais lorsque la maladie eut entièrement disparu, la dévotion s'éteignit: les personnes pieuses cessèrent de visiter Barbefosse, et les crosseurs seuls continuèrent à célébrer la Saint-Antoine.
A présent cette fête n'est plus qu'un jour de divertissement pour la classe ouvrière. Des sociétés s'organisent dans les quartiers populeux, prennent des insignes, se distinguent les unes des autres par des ceintures ou des cocardes, et se mettent en marche tambour battant et enseignes déployées. Les compagnies de crosseurs vont à Saint-Antoine non plus en pèlerinage, mais à la partie de plaisir la plus animée de la saison: c'est le jour par excellence pour les assauts de crosse; ce n'est qu'alors qu'on décerne des médailles aux vainqueurs. La force et l'adresse déterminent, à la fin de la journée, ceux qui ont remporté les prix. Les cabarets du voisinage servent de quartier général aux bandes joyeuses, qui vont y boire et manger à discrétion, car des mises hebdomadaires de ces braves compagnons ont constitué une caisse suffisamment fournie pour les besoins de cet heureux jour. Enfin, le soir vient mettre un terme à cette journée d'agréments, passée dans les prairies de Saint-Antoine; les crosseurs rentrent en ville, le vainqueur est au milieu d'eux portant sa médaille sur la poitrine, une harmonie, ou au moins des tambours, les accompagnent, et les diverses compagnies parcourent les rues de Mons, à la lueur des flambeaux de résine et aux cris de « Vive saint Antoine ! » Un bon souper termine la fête, à la satisfaction générale.
Outre les crosseurs, d'autres se rendent également à Barbefosse, le jour de Saint-Antoine, mais dans un but tout autre que celui de s'amuser ce sont les cultivateurs, qui de tous côtés affluent à la chapelle pour assister à la messe célébrée en l'honneur du saint.
Cette chapelle, dont la partie antérieure parait avoir été démolie, présente les restes de l'église du monastère, tandis que le prieuré, dont les bâtiments primitifs ont disparu, n'est plus représenté que par une construction du dix-septième siècle, couverte en ardoises, et qui est encore aujourd'hui nommée la « Maison des Jésuites. » Près de la chapelle il existe un puits aussi ancien que le prieuré et qui a été béni par saint Antoine. On attribue à son eau une vertu bienfaisante contre les épidémies. Du temps du choléra, en 1831, beaucoup de personnes ont visité Saint-Antoine pour y prier et boire de l'eau; mais à présent la chapelle est déserte. Ce n'est qu'à l'occasion de la fête du saint qu'elle est fréquentée comme nous venons de le dire. On y bénit alors un sac de pois, et tous les cultivateurs qui assistent à cet office en reçoivent une certaine quantité, qu'ils mêlent à la semence destinée a être mise en terre au commencement du printemps [89].
A Bruxelles la gilde de l'arc célébrait, ce jour-là, la fête de son patron et tous les confrères étaient astreints à accompagner la procession solennelle qui se faisait en l'honneur de saint Antoine, sous peine, pour chaque contrevenant, d'une amende de dix placques [90].
A Courtrai les « Fontainistes » ou « Antoinistes a célébraient la fête de saint Antoine, leur patron.
Instituée en 1510, cette chambre de rhétorique gagna, en 1540, le premier prix, à Audenarde, et donna, en 1770, un grand concours [91].
A Gand le serment des arquebusiers ou la confrérie de Saint-Antoine (gulde van den h. Antonius) érigé en 1488 par lettre patente du magistrat célébrait la fête de son patron.
Charles-Quint accorda à cette corporation des lettres patentes en 1516 et grâce au patron qu'elle s'était choisi, cette confrérie jouissait du privilège de faire pâturer des porcs par la ville pourvu qu'ils fussent marqués et qu'ils portassent une sonnette : le nombre de ces porcs, quelque temps illimité, fut ensuite réduit à quarante; on les appela vulgairement les porcs ou cochons de saint Antoine (de verkens van den h. Antonius). Ce privilège qui cessait non-seulement aux jours de marché mais aussi en temps de maladies épidémiques, n'existait plus au commencement du dix-septième siècle [92].
Dans la même ville, à la chapelle de Saint-Antoine qui se trouve dans la grande boucherie, on gardait autrefois une clef dite de Saint-Hubert qui garantissait de la rage [93].
A Malines la gilde de l'arc de Nekkerspoel, qu'on appelait vulgairement « Papgulde, » gilde dé riz-au-lait, à cause du grand nombre de campagnards qui en faisaient partie, célébrait la fête de saint Antoine, son patron. Cette gilde avait sa chambre ou lieu de réunion dans le « Bonten Os, » bœuf bigarré, auberge située sur le marché au bétail [94].
A Merchten en Brabant se fait ce jour-là, une procession solennelle en l'honneur de saint Antoine et en souvenir de ce que son intercession avait autrefois délivré le bourg des ravages de la peste. La gilde d'archers érigée sous l'invocation de ce saint, devait accompagner la procession. Ces archers formaient la troisième gilde de tireurs à Merchten et avaient, comme chacune des autres deux sociétés, leur roi, leur doyen et leur connétable ou chef-homme, qui jugeaient toutes les querelles qui s'élevaient entre les membres.
Ils se rendirent vers l'an 1534 à Dieghem, où ils obtinrent le prix de la plus belle entrée, celui du plus bel ébattement, celui du meilleur vacarme ('t schoonste lawyt) et celui du triomphe le plus joyeux ('t vrolycste vieren). Des cavaliers et des chariots faisaient partie du cortège où figurait le poète Daniel van Oesbroeck, qui était alors un des chefs de la société.
En 1542 la gilde gagna le joyau du pays ('t landjuweel) à Schelle, et c'était par conséquent à elle à donner le concours l'année suivante; mais l'invasion des Gueldrois en Brabant fit ajourner toutes les fêtes publiques : le landjuweel de Merchten ne s'ouvrit que le second jour de Pentecôte, en l'année 1549, par l'entrée des sociétés concurrentes. Le tir dura une semaine entière : la gilde de Rumpst y fut victorieuse.
Au concours de Rethy, en 1564, les archers de Merchten s'y rendirent au nombre de six et accompagnés de leurs jurés. Le prix leur fut décerné et leur seigneur, les magistrats du bourg et un grand nombre d'habitants allèrent chercher les vainqueurs.
Pierre Pipenpoy, seigneur de Merchten, leur donna à Rethy un grand repas de 128 couverts. Le lendemain ils couchèrent à Herentals; le surlendemain, à leur arrivée à Malines, où ils étalèrent leurs prix devant leur auberge, quelques habitants notables, allèrent à leur rencontre et la ville leur offrit neuf doubles mesures de vin. A Wolverthem on les régala d'une aime ou tonne de bonne bière d'un demi-sou (half stuyvers bier) et les habitants les accompagnèrent, au son des tambours, jusque près de Merchten qu'ils trouvèrent illuminé; une tonne de goudron flamboyait devant chaque maison.
C'était de nouveau à eux à donner le landjuweel, mais les troubles de la guerre les en ont empêchés.
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18 janvier.
- (Bryum pellucidum.) Fête de la Chaire de saint Pierre à Rome instituée
en mémoire de la translation du siége de l'Église d'Antioche à Rome.
C'est une des trois fêtes que l'Église célèbre annuellement en l'honneur de saint Pierre, prince des apôtres. Elle était chômée le 22 février jusqu'à ce que Paul IV la transférât au 18 janvier. C'est pourquoi nous y voyons encore rattaché le vieux dicton populaire: « La Saint-Pierre, yver sous pierre » (La Saint-Pierre hiver sous pierre) qui dans le principe avait rapport au 22 février, jour beaucoup plus rapproché du printemps qu'à présent, puisque la réforme du calendrier, comme on le sait, ne fut exécutée qu'en 1576.
Les paysans des environs de Maestricht, et en général de plusieurs parties du pays de Limbourg, désignent ce jour par le nom de « Aerdslaep-dag, » jour du sommeil de la terre. Ils prétendent, qu'il ne faut pas remuer la terre, ce jour, que c'est un jour de sort ou « lotdag. » S'il neige ou s'il pleut, l'année sera plus humide que sèche. S'il gèle, le contraire aura lieu. Une idée chrétienne s'est rattachée depuis à ce jour, c'est celle de la fête de Notre-Dame du Sommeil ou du Sommeil de Marie, dont le nom d'une rue à Bruxelles rappelle encore le souvenir [96].
Cette fête se célébra, dans les premiers siècles de l'Église, en mémoire du trépas de Marie, et fut appelée le « sommeil » ou le « repos de Marie » (dormitio Maria) parce que sa mort ne fut qu'un court sommeil. Car, d'après une pieuse tradition, la Mère de Dieu, ressuscitée par la vertu du Seigneur, serait montée en corps et en âme au ciel. C'est pourquoi le pape, cédant aux instances de l'empereur Maurice, transféra la solennité du 18 janvier au 15 du mois d'août, fête de l'Assomption [97].
Le second dimanche après la fête de l'Épiphanie se célèbre la fête du saint Nom de Jésus.
Introduite d'abord dans différentes communautés religieuses, il y a plusieurs siècles, avec le consentement du pape, elle fut étendue, en 1721, à toute l'Église à la demande de l'empereur d'Allemagne Charles VI.
La coutume poétique du moyen-âge de se saluer en invoquant le nom de Jésus qui, par sa signification de Sauveur, résume à lui seul la plus haute idée de la doctrine chrétienne, s'est conservée dans plusieurs contrées de l'Allemagne jusqu'à nos jours. En Tyrol, en Westphalie, en Silésie, etc., on dit encore au lieu de « bon jour » ou « bon soir : » « loué soit Jésus-Christ, » et pour rendre la salutation, on répond . « A jamais, ainsi soit-il [98]. »
A Anvers avait autrefois lieu, ce jour-là, dans la Burchtkerk, une distribution de douze pains en vertu d'une fondation du 16 novembre 1539, faite par Joris de Formantel, avocat et fondateur de la chambre de rhétorique « De Olyftak [99]. »
A Saint-Ghislain se célèbre, le même jour la dédicace de l'église qui fut bénite le 15 janvier 1719 [100].
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19 janvier.
(Lamium album.) Saint Canut, roi de Danemark;
saint Jules; saint Sulpice.
A Bruxelles se célèbre la fête des dames dite Vrouwkens-Avond ou Vrouwenavond, Veillée des dames. Les femmes mariées sont, ce jour-là, maîtresses au logis, et les cloches de l'église de sainte Gudule et saint Michel sonnent en leur honneur.
Jusqu'en 1781 le conseil de Brabant conserva l'habitude de prendre vacance l'après-dîner de ce jour.
On ne connaît pas au juste l'origine de cette fête ; toute une série de traditions tâche de l'expliquer. Celle qui est la plus répandue rapporte que les guerriers Bruxellois échappés aux Sarrazins, aux maladies et aux privations de tout genre de la première croisade, reparurent subitement à Bruxelles, le 19 janvier 1101. Grande fut la joie de leurs femmes qui se croyaient veuves, elles leur laissèrent à peine le temps d'achever le repas de bienvenue, et les portèrent dans le lit conjugal. Le souvenir de cet heureux retour s'est perpétué dans quelques vieilles familles. Lors de l'anniversaire il y a une petite fête dans la famille, et après le souper les femmes portent encore aujourd'hui leurs maris au lit [101].
Une autre version met cet usage en rapport avec la tradition bien connue des femmes de Weinsberg.
Un prince, assiégeant la ville, de Bruxelles, accorda aux femmes la permission de quitter la ville et d'emporter ce qu'elles possédaient de plus précieux. S'étant concertées sur les trésors qu'elles allaient prendre, elles se décidèrent de prendre leurs maris et de sortir de la ville en les portant sur leurs épaules.
Il n'existe presque pas de jour illustré tant de fois par les poète de la Belgique que la Veillée des Dames.
M. E. Rus, directeur du conservatoire de danse du Théâtre Royal de Bruxelles, en a fait une pièce dramatique intitulée. « La fête des Dames, ou la journée du 19 janvier, fait historique en un acte, mêlé de chants et de danse, dédié aux dames de Bruxelles, » qui, le 19 janvier 1818, fut représentée pour la première fois sur le Théâtre Royal de Bruxelles.
A Ypres, le couvent de Victorines établi dans cette ville sous le nom de « Nouvelle Plantation de Marie, » en 1240, célébrait, ce jour-là, l'anniversaire de sa pieuse fondatrice Elisabeth de Pont-Rohand. Elle avait été aidée pour la fondation et la dotation de cette maison par son époux Guillaume de Béthunes, seigneur de Molembègue ou Meulebeke [103].
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20 janvier.
- (Lamum garganium.) Saint Sébastien et saint Fabien; sainte Chélidoine.
Bien qu'en Belgique il n'y ait que onze églises dédiées à saint Sébastien, le protecteur puissant contre la peste, il n'est pas de saint dont la fête se célèbre plus généralement que le saint patron des archers.
Dans presque toutes les villes, voire même dans presque tous les villages de la Belgique flamande, il existait jadis une société de tireurs se servant de l'arc proprement dit (handboge). L'usage de cette arme se propagea surtout au XIVe siècle, lorsque les Gallois la firent connaître aux Belges qui combattaient dans les armées des rois d'Angleterre, soit comme mercenaires, soit comme alliés, tandis que la chevalerie française apprenait à ses dépens combien elle était redoutable.
C'est à cette époque, et pendant la première moitié du XVe siècle, que se formèrent en Belgique la plupart des gildes d'archers. Celle d'Ypres remonte, dit-on, à l'année 1302; celle de Gand fut reconnue vers 1322 par le comte Louis de Crécy et confirmée plus tard par Louis de Male; celle de Louvain, qui jouissait de temps immémorial d'une juridiction incontestée sur toutes les autres sociétés de même nature existant en Brabant, fut organisée le 18 février 1343; les deux gildes de Mons datent, la première de 1384, la seconde, de 1411; à Bruges, la confrérie de saint Sébastien, dont le beau local fait encore l'admiration de tous les étrangers, et qui a obtenu, en 1835, le titre de société Royale, possédait déjà, en 1396, une chapelle particulière, dans le couvent des frères mineurs. L'érection en serment de la société des archers de Namur, date du 15 août 1418; celle des archers d'Alost du 7 juin 1421, et celle des archers de Malines de 1432. Ce dernier chiffre, toutefois, pourrait être contesté, ou au moins, devrait-on admettre que longtemps auparavant les amateurs du tir à l'arc à Malines s'étaient formés en corporation, car, dès l'année 1353, ils donnèrent un concours. A Ostende, les statuts de la gilde de saint Sébastien ayant été perdus, furent renouvelés en 1620.
A Bruxelles, les archers n'apparaissent, formés en corps, que sous le règne de la duchesse Jeanne. On vit naître bientôt plusieurs sociétés de ce genre, mais en 1389, on les réduisit à une seule, qui avait pour patron saint Antoine, pour oratoire un autel de l'église du Sablon, et pour chef un capitaine que lui donnait tous les ans le grand serment de l'arbalète.
La gilde du bourg de Merchten, dite « la vieille gilde » ou « la gilde de Notre-Dame, » était une des plus anciennes du pays; et si l'on en croit Sanderus, il se donna, en 1300, dans cette bourgade, un tir où la Société gantoise de saint Sébastien gagna sept grands vases en argent.
Les statuts de ces gildes de l'arc dont la plupart existent encore, sont plus ou moins semblables à ceux des archers de Bruxelles que M. A. Wauters a publiés dans son excellente « Notice historique sur les anciens serments de Bruxelles, » ouvrage, auquel nous avons aussi emprunté les renseignements donnés [104].
Tous les serments qui honoraient saint Sébastien comme patron, célébraient son jour de fête.
Dans le village de Beersel, près de Bruxelles, la fête de saint Sébastien, en 1715, donna lieu à de graves désordres. Il s'y forma, vers l'année 1715, une gilde de ce saint, qui se composait d'hommes mariés et de célibataires, au mépris des édits du 15 mai 1701 et du 10 juillet 1711. Les confrères se rendirent en corps à l'église, pour la première fois, le jour de la saint Sébastien, en 1715, mais sans en avoir demandé la permission au curé. Lorsque l'alferis ou officier de la gilde, Martin Martens, se présenta chez ce dernier pour obtenir l'autorisation de tirer l'oiseau sur le clocher, le curé ne donna pas de réponse positive; cependant la gilde passa outre. L'année suivante, le serment renouvela sa demande; mais, cette fois, elle essuya un refus positif, basé sur ce qu'elle n'avait pas payé les dégâts que le tir avait causés à la toiture de l'église. Néanmoins, Martens parvint à s'emparer des clefs de l'église et monta au clocher, où il fixa une perche pour le tir, qui eut lieu le lendemain. Le curé se vit alors en proie à mille vexations. On envoya un troupeau de moutons dans son champ de froment; on coupa et on enleva ses trèfles; on vola ses légumes; une nuit on brisa la barrière placée devant le presbytère, enfin, pendant que quelques paysans jouaient devant sa porte de la basse et du violon, d'autres emmenèrent sa charrette et la mirent en pièces. Ces excès forcèrent le curé à en appeler au conseil de Brabant qui lui donna gain de cause [106].
A Bruges la fête de saint Sébastien est célébrée dans la chapelle de la société par une messe à laquelle tous les membres sont tenus d'être présents, sous peine d'un franc d'amende.
La même chose a lieu à Diest où la gilde de l'arc (sint Sebastiaens ou handbooggilde), instituée en 1549 et rétablie peu de temps après sa suppression en 1796, est à présent une des sociétés les plus considérables de la ville.
Comme les autres serments, les confrères de saint Sébastien accompagnent la procession annuelle du Saint-Sacrement, à laquelle autrefois, d'après un décret du magistrat en date du 25 février 1549, tous les membres des trois gildes devaient assister vêtus d'un uniforme ou assister habillés de rouge [107].
La société de saint Sébastien à Dixmude, qui remporta, en 1394, au concours de Tournai, le troisième prix et qui avait pour uniforme un habit vert, culottes et vestes jaunes avec bas blancs, célébrait la fête de son patron très-solennellement [108].
A Goyck, village près de Bruxelles, les membres du serment des archers, dont les patrons étaient saint Sébastien et saint Nicolas, se réunissaient autrefois tous les ans, en séance solennelle et c'était alors que l'on rendait le compte annuel de gestion.
Cette ancienne confrérie qui assistait, suivant une ordonnance du chef-homme (hoofdman) et des doyens (en date du 26 mai 1665), à la procession du Saint-Sacrement à Goyck, et à celle de la kermesse à Lennick-Saint-Quentin, à Lombeck-Notre-Dame et à Goyck, étant tout à fait tombée, on en a reconstitué, le 19 septembre 1816, une nouvelle, dont les membres sont obligés de demeurer à Goyck et d'assister, un flambeau à la main aux processions du Saint-Sacrement et de la kermesse [109].
A Lierre la gilde de l'arc recevait de la ville, à l'occasion de sa fête patronale, deux paternoster, tandis que chacune des autres gildes en recevait un [110].
A Malines la fête de saint Sébastien se célébrait le dimanche suivant dans l'église de Saint-Rombaud.
Les serments de saint Sébastien à Steenockerzeel [111], à Vilvorde [112], à Waelhem [113], à Zellick [114] et d'autres dans les environs de Bruxelles célébraient la fête de leur patron au jour même du saint.
A Linkenbeek, village à 2 lieues de Bruxelles, l'église dédiée à saint Sébastien était autrefois un but de pèlerinage pour les archers qui avaient commis quelque délit. Mais aussi beaucoup d'autres personnes la fréquentaient et même le duc Charles le Téméraire s'y rendit en pèlerinage, le 12 décembre 1469, pour remercier le saint martyr soit de ce que, au tir de Bruxelles, il avait abattu l'oiseau, soit parce qu'il avait été délivré de la peste par l'intercession du saint.
Le prince offrit à l'autel un grand cierge et un buste d'argent.
L'église actuelle est entièrement moderne et ne date que de 1773. Une confrérie du lieu se rendait tous les ans à Hal en mémoire de ce que la Vierge avait jadis sauvé les habitants d'une maladie contagieuse [115].
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21 janvier.
- (Helleborus niger.) Sainte Agnès, en l'honneur de laquelle
deux églises sont consacrées.
Le jour de sainte Agnès s'appelle en flamand « Neeten » ou « Nietendag » et en plusieurs localités de la Belgique les dames avaient autrefois droit, ce jour-là, à des présents de la part de leurs maris ou amants [116]. C'est pourquoi le mot de « nieten, neeten » signifie encore aujourd'hui « faire des présents. »
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22 janvier.
- (Draba verna.) Saint Vincent; saint Anastase; Bienheureux Gauthier.
Le B. Gauthier de Bierbeeke, noble chevalier de la famille des ducs de Brabant, célèbre par sa dévotion envers la sainte Vierge et les insignes faveurs qu'il en reçut, se fit religieux, à l'abbaye d'Hemmemode sainte Marie, après avoir servi la cause chrétienne aux croisades [117].
S'il fait beau temps à la saint Vincent, l'année sera abondante en vin, disent les Flamands [118], tandis que le dicton français prétend :
S'il pleut le jour de Saint-Vincent,
Le vin monte dans le sarment,
Mais s'il gèle, il en descend.
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23 janvier.
- (Peziza acetabulum.) Sainte Emérence; saint Alphonse;
saint Raymond de Pennafort - Épousailles de Marie.
La fête des épousailles de Notre-Dame (Trouwfeest van Maria), célébrée en France dès longtemps par quelques personnes dévotes, fut approuvée par le pape Paul III en 1546 [119].
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24 janvier.
- (Phascum muticum.) Saint Thimothée, ev. d'Éphèse.
A Spa les jeunes filles font la neuvaine de la Chandeleur dont nous empruntons la description détaillée aux « Souvenirs de jeunesse » de M. Ch. Nodier.
La neuvaine de la Chandeleur est une dévotion particulière des jeunes personnes du peuple, qui a pour objet de connaître d'avance le mari qu'elles auront. On est persuadé qu'il n'y a point de dévotion plus agréable à la sainte Vierge que cette neuvaine, et qu'elle récompense par une faveur extraordinaire tonte personne qui lui rend cet hommage.
On commence la neuvaine le 24 janvier à la prière de huit heures dans une chapelle de la sainte Vierge, où il faut ensuite entendre la première messe tous les jours, et assister à la prière tous les soirs jusqu'au 1er février, avec une piété qui ne se soit pas ralentie, avec une foi qui ne se soit pas ébranlée.
La veille de la Chandeleur il faut entendre toutes les messes de la chapelle, depuis la première jusqu'à la dernière, il faut entendre toutes les prières et toutes les instructions du soir sans en manquer une seule et il faut aussi se confesser, et recevoir l'absolution. Si par malheur, on n'avait pas reçu l'absolution, tout le reste serait peine perdue, car la condition essentielle de succès est de rentrer dans sa chambre en état de grâce.
Alors on recommence à prier, on s'enferme pour accomplir toute les conditions d'une retraite sévère et on jeûne. Puis on dresse une table pour deux personnes, et la garnit de deux services complets, aux couteaux près, qu'il faut éviter avec grand soin. Il s'entend que ce couvert exige un linge parfaitement blanc, aussi propre, aussi fin, aussi neuf qu'on puisse se le procurer, et que l'appartement soit arrangé de manière a pouvoir y recevoir une personne de considération.
Le repas se compose de deux morceaux de pain bénit qu'on a rapportés du dernier office, et de deux doigts de vin pur répartis entre les deux couverts, qui occupent, comme de raison, les deux côtés de la table. Seulement le milieu du service est garni d'un plat de porcelaine ou d'argent, s'il est possible, qui renferme deux brins soigneusement bénits de myrte,de romarin ou de toute autre plante verte, buis excepté, placés l'un à côté de l'autre, et non en croix. Car c'est encore un point qu'il est très-essentiel d'observer.
Ensuite on rouvre la porte pour faire passage au convive attendu, on prend place à table, on se recommande bien dévotement à la sainte Vierge, et on s'endort en attendant les effets de sa protection qui ne manquent jamais de se manifester, suivant la personne qui les implore. Alors commencent d'étranges et admirables visions.
Celles pour qui le Seigneur a destiné le bonheur du mariage voient apparaître l'homme qui les aimera, s'il les trouve, qui les aurait aimées, du moins, s'il les avait trouvées, et on prétend, qu'un privilège particulier de la neuvaine est de procurer le même rêve au jeune homme dont on rêve, et de lui inspirer la même impatience de se rejoindre à cette moitié de lui-même qu'un songe lui a fait connaître. Celles qui n'auront pas de maris, sont tourmentées par des pronostics effrayants. Les unes, destinées au couvent, voient, dit-on, défiler lentement une longue procession de religieuses chantant les hymnes de l'Église; les autres, que la mort doit frapper avant le temps, assistent à leurs propres funérailles et se réveillent en sursaut à la clarté des torches funèbres et au bruit des sanglots de leur mère et de leurs amies, qui pleurent sur un cercueil drapé de blanc.
Quelquefois ce sont aussi des jeunes gens qui font la neuvaine de la Chandeleur, et à ce qu'on assure avec le même effet que les femmes [121].
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25 janvier.
- (Helleborus hyemalis.) Conv. de saint Paul.
Les cordiers célèbrent ce jour leur fête patronale.
Les vignerons belges considèrent le même jour comme décisif pour la vigne. Ils sont contents s'il est clair, mais très-tristes si le contraire a lieu.
A Gammerage, village près de Grammont, il était autrefois d'usage qu'un homme, accoutré d'une chemise blanche au-dessus de ses habits, parcourait à cheval les rues du village aussi bien que celles des villages voisins et jetait parmi le peuple de petites boulettes de farine de seigle au sel en prononçant les mots : « Sel, je te jette avec la main que Dieu m'a accordée. » Les paysans recueillaient avec avidité ces boulettes, et les donnaient à manger aux bestiaux, fermement persuadés qu'elles avaient la vertu de préserver le bétail de toute contagion.
Quelques jours avant cette cérémonie, qui était encore en vogue en 1794, la commune affermait, en présence du curé, le droit de représenter saint Paul. Car c'était saint Paul, que devait représenter l'homme en chemise, et la tradition populaire raconte l'origine de cette coutume de la manière suivante:
Après le pillage de la ville de Grammont, en 1382, il y avait tant de cadavres gisants çà et là épars sur les champs sans sépulture qu'il en résulta de graves maladies parmi les hommes et les bestiaux. C'était surtout parmi les bêtes à cornes et à laine qui pâturaient sur les prairies environnantes qu'une épizootie terrible exerçait de grands ravages, et les pauvres villageois ne savaient plus que faire dans leur calamité, quand, le jour de la conversion de saint Paul, parut, à Gammerage, un homme d'un air très-digne, vêtu de blanc et monté sur un cheval et parcourut le village et les environs en distribuant aux pâtres et aux bergers de petits gâteaux blancs contre la maladie. L'épizootie cessa comme par miracle, et tous les habitants étaient remplis de joie, mais aucun d'entre eux ne savait qui remercier pour cette délivrance inespérée. A la fin un berger très-vieux et très-pieux déclara que le cavalier, que personne ne se rappelait d'avoir vu auparavant n'avait été autre que le patron du village, Saint-Paul, et que pour ne pas oublier cette grâce extraordinaire, il faudrait en instituer une commémoration. « D'autant plus, » ajouta-t-il « qu'il m'est donné de faire des boulettes pareilles, secret que je confierai à celui qui représentera saint Paul. »
C'est ainsi que la cérémonie que nous venons de décrire fut instituée et quoiqu'elle n'ait plus lieu, on sait encore la bénédiction qui donna aux boulettes la vertu de préserver le bétail de maladies.
La voici:
« Ce fut par un lundi au matin, que le Sauveur du monde passa, la sainte Vierge après lui, monsieur saint Jean, son pastoreau, son ami, qui cherche son divin troupeau, qui est entiché de ce malin claviau; de quoi il n'en peut plus à cause des trois pasteurs qui ont été adorer mon sauveur rédempteur Jésus-Christ en Bethléem, et qui ont adoré la voix de l'enfant. »
Puis on dit cinq pater et cinq ave et continue : « Mon troupeau sera saint et joli, qui est sujet à moi et aux miens. Je prie Madame sainte Gertrude et madame sainte Geneviève, qu'elles me puissent servir d'amies dans ce malin claviau ici. Claviau banni de Dieu, renié de Jésus-Christ, je te commande de la part du grand Dieu, que tu aies à sortir d'ici, et que tu aies à fondre et confondre devant le sel et devant moi, comme fond la rosée devant le soleil. Très-glorieuse vierge Marie et très-Saint-Esprit! Claviau, sors d'ici, car Dieu te le commande aussi vrai, comme joseph Nicodème d'Arimathie a descendu le précieux corps de mon sauveur et rédempteur Jésus-Christ de l'arbre de la croix : de par le Père, de par le Fils, de par le Saint Esprit. [122]
« Digne troupeau des bêtes à laine, approchez-vous d'ici, de Dieu et de moi : Voici la divine offrande de sel, que je te présente aujourd'hui : comme sans le sel rien n'a été fait et par le sel tout a été fait, comme je le crois de par le Père, de par le Fils, de par le Saint-Esprit.
« O sel, je te conjure de par la part du grand Dieu vivant, que tu me puisses servir à ce que je prétends, que tu nous puisses préserver et garder nos troupeaux de claviau, rogne, gale, pousse, de pousset, des gobes et de mauvaises eaux. Je te commande comme Jésus-Christ mon sauveur a commandé dans la nacelle, lorsque ses disciples lui dirent : « Seigneur, réveillez-vous, car la mer nous effraye. » Aussitôt le Seigneur s'éveilla, commanda à la mer de s'arrêter; aussitôt la mer devint calme. Commandé de par le Père, de par le Fils, de par le Saint-Esprit. Amen.
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26 janvier.
- (Tussilago alba.) Saint Polycarpe; saint Poppon.
Saint Poppon, flamand de race illustre, qui quitta le heaume de chevalier pour se faire moine et devint ensuite le réformateur de la discipline monastique en Belgique, mourut en 1048. Sa conversion avait commencé par un pèlerinage en Terre Sainte, d'où il rapporta de précieuses reliques qu'il déposa dans le sanctuaire de Notre-Dame à Deynze, sa patrie. Sa châsse, conservée à Stavelot, le représente en buste [123].
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27 janvier.
- (Phascum cuspidatum.) Saint-Jean-Chrysostome, évêque;
saint Sulpice; sainte Julienne.
Saint Sulpice ou Souply, en l'honneur duquel neuf églises sont consacrées, était évêque de Bayonne d'où son corps fut apporté dans l'abbaye de Saint-Ghislain par le même comte de Haynaut qui y rapporta aussi de l'Espagne les reliques de sainte Léocadie [124].
A Diest se célébrait autrefois, ce jour, une fête annuelle, instituée, d'après la tradition, en souvenir de l'entrée solennelle du comte Philippe-Guillaume de Buren qui, l'an 1597, après avoir été pendant vingt-huit ans prisonnier en Espagne, retourna ce jour à Diest dont il était seigneur.
Le 22 décembre 1844 une société dramatique représenta à Diest cette entrée qu'on appelle « De eerste kermis van Diest, » la première kermesse de Diest, et qui, d'après la relation que Gillis Die Voecht nous en a donné, a eu lieu le 27 et 28 mai 1602.
Le nom de « sint Jans met den gulden mond, » saint Jean à la bouche d'or, dont on trouve souvent désigné ce jour, se rapporte à la fête de saint Jean-Chrysostome [125].
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28 janvier.
(Bellis perennis plénus.) Saint Charlemagne;
saint Julien, évêque de Cuença; saint Cyrille.
Saint Charlemagne, qu'à Mons les étudiants honorent comme patron, aime la vigne et les arbres fruitiers. Qui ne les a pas taillés plus tôt doit le faire ce jour-là [126].
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29 janvier.
- (Osmunda regalis.) Saint François de Sales, év. de Genève;
saint Julien l'hospitalier; saint Sulpice.
Les Visitandines célébraient la fête de leur fondateur.
Cet ordre de religieuses, institué par saint François de Sales, en 1520, en l'honneur de la Visitation de la Sainte-Vierge, dans le but de soulager et de consoler les pauvres malades, compta en Belgique plusieurs maisons.
Les « Filles de St-François de Sales, » dont il y a à présent cinq communautés en Belgique, célèbrent au même jour la fête de leur patron dont elles portent le nom.
De même les hospices de St-Julien, dont il y eut presque dans chaque ville de la Belgique, et dont quelques-uns existent encore, célébraient, ce jour-là, la fête de leur patron. Car c'est à saint Julien, dit l'Hospitalier, et à sainte Basilisse, sa femme, qui vivaient dans la Gaule au IIIe ou IVe siècle, que la tradition fait remonter la fondation des premiers hospices pour les pauvres et pour les malades.
La légende rapporte que saint Julien s'était marié loin de son pays et que ses parents, après l'avoir longtemps cherché, finirent par découvrir sa retraite. Ils arrivent chez lui pendant son absence et furent si bien accueillis par sa femme qu'elle leur céda le lit conjugal. Julien, en rentrant, trouvant le lit occupé par deux personnes se crut trahi. Il céda à son violent caractère et perça de son coutelas de chasse ses malheureux parents. Sa femme arriva bientôt, mais il n'y avait déjà plus que deux cadavres. Julien voulut expier son crime par la pénitence, il donna une partie de son bien aux pauvres et il se rendit avec sa femme sur les bords de l'Aube, à Plancy, près de la ville d'Arcis; en cet endroit la rivière était alors fort dangereuse, il y construisit un asile pour les étrangers et y passa le reste de sa vie à transporter dans sa nacelle d'une rive à l'autre, tous ceux qui voulaient traverser l'eau.
L'exemple de saint Julien fut souvent imité. Bientôt on érigea partout des asiles pour les voyageurs. En 325, le concile de Nicée décida qu'il serait institué dans chaque ville un hospice (xenodochium) pour recevoir et secourir les étrangers. Le concile de Leptines, en 743, ordonna aux religieux bénédictins d'établir et d'entretenir des asiles pour les passants et un grand nombre de ces hospices furent érigés sous le nom et le patronage de saint Julien.
L'un des plus célèbres est incontestablement celui d'Anvers, dit « Sinte Juliaens gasthuis » qui, en 1833, fêta son jubilé de 550 ans et dont le savant curé de Saint-André, P. Visschers, à Anvers, a publié l'histoire en 1854.
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30 janvier.
- (Asplenium trichomanes.) Sainte Aldegonde;
sainte Bathilde: saint Félix, pape; sainte Martine.
Sainte Aldegonde est la fondatrice de la célèbre maison de chanoinesses de Maubeuge.
Le même jour, on célébrait, chez les cisterciens, la mémoire du fameux Alain de Lille, dit le « docteur universel, » qui fleurit au deuxième siècle [128].
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31 janvier.
- (Asplenium scolopendium.) Sainte Eudoxie;
sainte Louise: saint Pierre Nolasque.
D'après une ancienne superstition, il y a trois jours de l'année, savoir : le dernier de janvier, et les deux premiers de février, où il ne vient point de filles au monde. Quant aux garçons qui naissent ces trois jours-là, les corps ne se corromperont point en terre avant le dernier jugement [129].
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[1] Wolfmânet» en vieux allemand; « vlçenek » en tchèque; «wolfsmaand » en hollandais; « otsailla » en langue basque; .» hunte ku » en esthonien, mots qui signifient tous « mois des loups, » désignent, les premiers, les mois de novembre, de décembre et de janvier, les deux derniers le mois de février. Le nom islandais d'Ylir qui, d'après Biörn, désigne le mois de novembre et dérive d'yla (ululare), a un sens analogue.
[2] Grimm, G. d. d. Spr., p. 71-113; Coremans, p. 11-12, 112; Meyer, V. o. d. B. d. M., p. 150 sq.
[3] M.d.S.H, et A.d.A. Gand, 1829-30, p. 42 sq.
[4] De Saint-Martin, p. 250.
[5] B.M.,p.1.
[6] Schayes, p. 157.
[7] Dict. d.O., t. I, 328-9.
[8] L'Illustration, XXIII, p. 39.
[9] A.d.l'U.d.L. 1851, p. LIII.
[10] Van Wyn, A. II, 98-99.
[11] Mertens, IV, 250.
[12] H.d.E.d.B.,t. III,364-5.
[13] Piot, p.104.
[14] Lemaire, p. 62-3.
[15] Thesaur. Antiq. Roman., tome XII, dissert. de Origine strenarum.
[16] Molanus, p. 236.
[17] Antwerpsch Chronyckje, bl. 104.
[18] Turnhout.
[19] Termonde.
[20] Bruxelles, Wodana, 199.
[21] De Coussemaker, I, 94-95.
[22] Tuinman, Voorteekenen van het weder, p. 3.
[23] Coremans, p. 75.
[24] De Smet, M.d.M., p. 77-79.
[25] Multipliez 9, soit avec 9, soit avec tout autre nombre simple, et les deux chiffres du produit additionnés donneront toujours 9. Par exemple: 9 fois 9, 81; donc 8 et 1 font 9: 2 fois 9,18; donc 1 et 8 font 9 etc.
[26] Coremans, p.75, 4153; L.F.d.J., p. 19-21.
[27] B. M., p.2.
[28] Coremans, p. 75; L.F.d.J., p. 21-22; B.M., p.3.
[29] Coremans, L.F.d.J., p. 23-24.
[30] Het Klaverblad, door P. Van Duyse. Bruxelles, 1848, p. 266; Wolf, N. S., p. 436, 254.
[31] Coremans, p. 43.
[32] Coremans,p.75; L.F.d.J.,p.24.
[33] Dict. d. O., II, 543.
[34] Van Alkemade, 1, 130-134.
[35] Dict.d. o., t.
[36] Chroniques, etc., p. 220.
[37] Molanus, p. 100.
[38] Coremans, p. 75. L.E.d.J., p. 27.
[39] Croon, pp. 434-435.
[40] Une autre version commence:
Wy zyn dry koningen ryk aen magt,
En wy, gaen zoeken dag en nacht
Al over berg en over dal,
0m te vinden,
Waer wy van wisten,
Regt over berg en over dal;
0m te vinden
Den God van al.
Jaspar, etc. (*)
(*) Wodana, p. 487-88
[41] Mss. de M. Sleeckx.
[42] Mœurs de nos aïeux. Bruges, 1845, 2e cah., p. 6.
[43] Het Drykoningenfeest, door Sleeckx. De Vlaemsche stem,t. III, , 229-232.
[44] Wekelyksch bericht voor de provincie van Mechelen, 1778.
[45] Wodona, p. 194.
[46] Volksleesboek, p. 10.
[47] Höfken Vlämisch-Belgien, 1, 188.
[48] B.M., p.6.
[49] Coremans, p. 76.
[50] Quoiqu'il y ait de grandes contestations sur la situation de cette localité, tout parait militer en faveur du village de Hamme (Ham, Heim, l'habitation) près de Releghem.
[51] H.d.E.d.B., t. IL, pp. 26-29.
[52] B.M., p. 8.
[53] B.M., pp. 8-9.
[54] Coremans, p. 76.
[55] Gaillard, p. 137, 88.
[56] Coremans, p. 46.
[57] M.d.S.A. et A.d.A. Gand, 1845, pp. 298-299.
[58] Gesch.,v.M.d.D., p. 45.
[59] H.d.E.d.B., t. I; 86.
[60] H.d.E.d.B., t. 1; 147; 409-10.
[61] H. d. E. d. B., t. 1, 86.
[62] H. d. E. d. B., t. 1, 86.
[63] H. d. E. d. B., t. 1, 447, 409-410.
[64] Oudaan Roomse Mogendheid - Goeree Joodse Oudheden, t. II, 1384.
[65] Coremans, pp. 45-46.
[66] Clément II, 361-368.
[67] Master vient probablement de « masker, » masque, parce que le vieux mot « masche » ou «maschel, » d'après Kiliaen, signifie une tache; se barbouiller le visage fut comme tout le monde le sait la manière primitive de se rendre méconnaissable.
[68] Blank, monnaie d'argent, ayant la valeur de 7 1/2 centimes.
[69] Diest, p. 260.
[70] N.L. 4 h. p.307.
[71] Coremans, p. 46.
[72] Mss. de M. Sleeckx,
[73] Dans la Gueldre, on appelle ce jour « Raesmaandag, « lundi bruyant ou furieux à cause du furieux tintamarre et rude vacarme que l'on fait ce jour-là.
[74] Goeree, t. IL, 1384.
[75] Coremans, p. 12, 46, 127. - Wolf, N. S., p. 51.
[76] Hofdyk, p.194.
[77] Van Alkemarde, I, 161-166.
[78] Tuinman, I, 25.
[79] H.d.E.d.B.t. I, 147.
[80] H.d.E.d H., t. II, 61.
[81] Diericx, t. II, 493.
[82] 6 stoope wyns gepresenteerd den gemaekten abd van Brussele, die come was to the bishop van st. Romoude, 16 januario 1445. Stads Rekeningen van 1445 end 1446.
[83] Betaeld aen Janen van der Eyken, die bischop was van st. Romboude doen by zyn maeltyd hielt op te beyaert by opdraghe van comuny end scheppen.
Id. 6 stoopen wyns gepresenteerd den bischop van st. Romoude, 13 januario 1450. Stads Rekeningen van 1458 end 1459.
Nous devons à l'obligeance de M. l'archiviste Van Doren de pouvoir publier ces notices.
[84] Représentations de mystères, fête des Fous, à Mons, p. L. Devillers.
[85] L.F.d.J., pp. 19-20.
[86] M.d.S.H.e, A.d.A. Gand, 1838, p. 106.
[87] A.d.l.A. de Mons, I , 316-317.
[88] Avontroodt, Mss.
[89] Le véritable Almanach de Mons et du Hainaut pour 49, p.: 49-55. Fêtes populaires à Mons, par F. Hachez. Gand, 1848, pp. 1-16.
[90] Ordinancie van den hantboghe. § 45., v. Wauters, L.a.S. p. 24.
[91] Belgisch Museum, t. III, 8.
[92] Dierickx,II, 671-673.
[93] Dierickx. II, 147.
[94] Beschrajving van het Landscap ofte provincie van Mechelen. Mss.
[95] H.d.E.d.B., T. II, pp. 81-88.
[96] Coremans, pp. 11-12-76. Annuaire historique 1852, p. 36.
[97] Cornet. pp. 224-225;
[98] Cornet. pp. 169-170.
[99] Mertens. III, 418.
[100] H.d.e.V. de Saint-Gislain. pp. 209-210,
[101] H.d.l.V.d.B., I. 30 sq. ; K.e.l, 1842, p.6; Volksleesboek p. 26 sq.
[102] Chroniques des rues de Bruxelles, par Colin de Plancy, t. 11,89. Wolf, N. S. p. 139-172; Mercure belge, t. VIII, 281.
[103] B.M.,p. 14.
[104] Wauters, L.a.S., p. 21-23; De Smet, p. 43; Bowens, t. I, 106.
[105] Cette gilde dont on ne sait pas l'époque d'institution, se rendit à plusieurs grands concours, tels que celui de Tournai, en 1455, et celui de Louvain du 3 mai 1533, où elle remporta le premier prix consistant en 5 assiettes d'argent.
Elle alla aussi au haegspel ou tir des haies de Bruxelles, en 1565, où elle vainquit 60 autres sociétés villageoises, et donna à son tour un landjuweel ou tir national en 1539.
Les confrères accompagnaient toutes les processions, une flèche à la main, sous peine d'une amende d'un sou au profit de la gilde. Ils se rendaient aussi aux fêtes patronales de Molhem, de Maxenzeel, et de Merchten. L'archer qui, trois ans de suite, abattait l'oiseau, était proclamé empereur et recevait en récompense un bijou formé de trois oiseaux dorés, valant, avec la main-d'œuvre, 5 florins du Rhin; aussi était-il, à partir de cette époque pour toujours exempt des frais de banquet. Celui qui se rendait coupable de meurtre par maladresse ou inadvertance, devait quitter la gilde, et lui abandonner son arc. Le fait de blâmer une sentence de ce genre était puni d'un pèlerinage à Cologne. Les archers prêtaient serment lors de leur admission, sur le cimetière (*).
(*) H. d. J. 0. B., t. 1, 460.
[106] II.d.E.d.B., III, 683.
[107] Diest, I, 237-239.
[108] A.d.l'E., t. III, 277.
[109] H.d.E.d.B., t. I, 263.
[110] Lom, p. I 29.
[111] A Steenockerzeel existait de temps immémorial une ancienne gilde de l'arc ou de Saint-Sébastien, dont le règlement fut sanctionné par la gilde du grand arc de Louvain. Les membres escortaient le Saint-Sacrement dans toutes les processions et se considéraient comme formant la garde des seigneurs de leur village, qui, à leur tour, se regardaient comme leurs chefs et leurs protecteurs (*).
(*) H.d.E.d.B., t. III, 138.
[112] A Vilvorde, les archers en vertu d'un octroi de Philippe le Bon, en date du 20 septembre 1451, portaient des habits dont les manches étaient ornées de broderies avec l'emblème du fusil (van den stale). Le même décret leur permit aussi d'aller armés de longs couteaux, malgré la défense publiée peu de temps auparavant, et ordonna que si l'un d'entre eux, en tirant, tuait ou blessait quelqu'un, sans le vouloir, aucune poursuite ne serait exercée contre lui.
Une petite gilde de l'arc reçut des statuts le 6 octobre 1490 (**).
(**) H.d.E.d.B., t. II, 468-469.
[113] A Waelhem, la gilde de l'arc ouvrit en 1432, en 1464 et en 1510 des landjuweel de l'arc et assista, en 1557, au concours de Louvain.
Il y avait aussi des arbalétriers à Waelbem qui parurent, en 1466, au tir de Lierre et en 1534 à celui de Malines. Ils y figurèrent entièrement vêtus de teneyten avec des chapeaux blancs et des has bleus, et accompagnés d'un grand nombre de chariots. Le prix de la plus belle entrée, pour les gildes des franchises, leur fut décerné, et ils obtinrent, en outre, le troisième prix du tir et le deuxième prix du jeu (***).
(***) H.d.E.d.B., t. II, 657.
[114] A Zellick, village à 4 3/4 lieues de Bruxelles, la gilde de l'arc érigée sous le patronage de saint Sébastien, eut pour premier chef, en 1653, le curé Lamberti (****).
(****) H.d.E.d.B., t. II, 377.
[115] H.d.E.d.B., t. III, p. 687.
[116] Coremans, p. 12.
[117] B.M., p. 16.
[118] Tuinman, Voorteekenen van het weder, p.4.
[119] Petrus Auratus, de Imag. virt., c. 10.
[120] B.M., p. 17.
[121] Souvenirs de jeunesse, par Ch. Nodier, Paris, 1855, pp. 330-334.
[122] Wolf., N. S., pp. 208-209.
[123] Wolf., N. S., p. 683.
[124] Gazette, p. 74.
[125] Coremans, p. 111.
[126] Coremans, p. 76.
[127] B. M., p. 131.
[128] B. M., p. 21.