Juin
"Shepheardes Calender" de Edmund Spenser (1579)
TRADITIONS ET LÉGENDES DE LA BELGIQUE
Otto von Reinsberg-Düringsfeld
JUIN
Les plus anciennes dénominations anglo-saxonnes du mois de juin sont « Lida, aerra Lida, Searmônad et Midsumormônad. » Beda, traduit « lida » par « blandus, » doux, ou « navigabilis, » navigable (de « lide, » en anglais « lithe, » en vieux-teuton « lîdan, » calmer, ou de « lîda, » calme).
Charlemagne donna à ce mois le nom de « Brâchmônâth, » mois de jachère, qui s'est conservé en flamand, bien qu'il soit moins usité en Belgique que celui de « zomermaend » mois d'été et celui de « weimaend » ou « wedemaend, » (de « wieden, » sarcler).
L'explication des autres termes dont les Flamands se sont jadis également servis pour désigner le mois de juin, tels que « langdagmaend, » mois du long jour et « roozenmaend » mois des roses, n'offre aucune difficulté.
La dénomination de « sommertras » ou « somairtras » qui se trouve dans des documents romans répond à celle de « braekmaend. » « Somair, sommert » en wallon, c'est la terre qui, après avoir porté du blé ou de l'avoine, se repose, terre labourable ou laissée en jachère. Voilà pourquoi le nom de somairtras est encore employé pour désigner le mois de mars.
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1er juin.
(Rosa entea.) Saint Octave; saint Pamphile; saint Nicodème.
L'ancienne fête du chant des épis (aerensangh-feest) se célébrait dans les premiers jours de ce mois, plus tôt dans l'une, plus tard dans l'autre localité. On parcourait les champs avec les emblèmes des divinités païennes, on implorait leur bénédiction pour les moissons en chantant des hymnes. Le christianisme lutta longtemps contre cet usage qui ressemblait à celui des « Ambarvalia » des Romains, et bien que le vingt-huitième article du concile de Leptines défendit expressément cette cérémonie, elle subsistait encore plusieurs siècles après [1].
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2 juin.
(Anagalis arvensis.) SS. Marcellin, Pierre, Érasme, mart.; saint Érasme, vulgairement appelé « saint Agrappo » à cause de son martyre, est très-honoré dans l'église de Saint-Georges, à Leffe, près de Dinant, où viennent presque tous les jours de nombreux pèlerins invoquer son intercession contre les coliques.
Le samedi, après la Pentecôte clôture le « temps pascal; » car bien qu'on désigne d'ordinaire de ce nom le temps destiné à l'accomplissement du devoir pascal, on appelle, ainsi à proprement parler, les cinquante jours depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte, auxquels il faut encore ajouter l'octave de cette dernière fête [2].
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3 juin.
(Rosa provincialis) Saint Adelbert; sainte Clotilde,
épouse de Clovis, morte en O.
Le dimanche après la Pentecôte se célèbre la fête de la Trinité. Ce n'est qu'en 1260 que le concile d'Arles ordonna la célébration de cette fête. Car chaque dimanche de l'année étant destiné à l'adoration de la sainte Trinité, il n'y avait dans les premiers temps aucun jour de fête particulier institué en son honneur. Mais comme, vers le IXe siècle, il se manifesta une dévotion toute particulière envers la Trinité, on lui consacra, d'abord dans quelques endroits, un jour spécial, usage qui se propagea tellement dans le monde catholique, que l'Église jugea à propos de le sanctionner en le rendant général [3]. Quoiqu'elle n'en fît pas un jour de grande solennité, cette fête est néanmoins observée en Belgique par beaucoup d'établissements religieux et laïcs.
La procession qui avait autrefois lieu ce jour-là dans la célèbre abbaye d'Afflighem, se faisait avec beaucoup de pompe. Les processions des villages d'Hekelghem et de Meldert venaient se joindre à celle des religieux, et depuis 1680 les gildes des villages susdits accompagnaient les processions de leurs églises respectives [4].
A Anvers, avait lieu jadis ce jour-là la célèbre procession dite de la Circoncision ou « Snydenisomgang, » qui, pendant des siècles, fut la principale fête de la ville.
Ce n'est que vers le commencement du XIVe siècle que cette procession paraît avoir été instituée. Car parmi les comptes de la ville, de l'an 1324 nous trouvons l'indication du vin d'honneur offert aux abbés de Perk, de Grimbergen, d'Averbode, de Tongerloo, de Saint-Bernard et de Saint-Michel, qui suivirent cette procession. L'abbé de Saint-Michel y porta le « Sanctuarium » et chanta la messe, et les trompettes de la ville accompagnèrent le « heiligdom. »
Déjà plusieurs semaines avant la solennité, on envoyait des messagers pour inviter les prélats des abbayes principales du Brabant et de la Flandre à assister à la fête, de sorte que souvent huit à dix abbés, accompagnaient la procession. Les garçons, portant leurs « staven », les précédaient et quatre torches énormes, dont les porteurs recevaient chaque fois de nouveaux « gordelriemen » et « bocranen hoeden » pour être garantis de la cire qui tombait, marchaient devant la relique, enfermée dans une caisse d'argent et portée sous un dais précieux.
Tout le clergé et toutes les autorités de la ville accompagnaient le cortège. Les « schoute, ambtman, rentmeester et schepenen » ainsi que tous les clercs et valets de la ville recevaient à cette occasion de nouveaux gants et des chapeaux dits « steenen hoeden », que portaient aussi les porteurs du dais. Les valets de la ville (stadsdienaers) tenaient à la main des verges blanches, usage qui s'est conservé dans maint village de la Campine et du pays de Limbourg.
Les personnes représentant des prophètes, des apôtres, des rois, des chevaliers et d'autres personnages saints ou historiques, étaient habillés aux frais de la ville et suivaient le cortège en char ou à cheval. Le nombre des pots de « vin de la ville » ou « stadswyn » qui était présenté aux prélats, aux magistrats et employés de la ville, et aux nombreux ménestriaux et musiciens qui accompagnaient la procession, montait quelquefois à trois cents.
Les personnes représentant les apôtres, etc., étaient en outre régalées d'un repas que la ville leur donnait, le jour du saint Sacrement au couvent des Beggards [5].
A Bruges, l'archiconfrérie de la sainte Trinité, érigée dans l'église de Saint-Gillis et renommée par les indulgences que lui ont accordées plusieurs papes, célébrait sa fête patronale [6].
Dans la même ville la confrérie de « l'Arbre sec, » une des plus illustres et des plus anciennes du pays, instituée en 1421 et supprimée par la révolution, chantait en ce jour l'une des deux messes solennelles, qu'elle faisait célébrer chaque année à l'église de l'abbaye d'Eeckhoute. L'autre se célébrait à la Nativité de la Vierge. On faisait pendant ces messes d'amples distributions de pain aux pauvres [7].
A Bruxelles, se faisait le jour de la Trinité une procession à Notre-Dame de la Chapelle, à laquelle assistaient les esclaves rachetés en Barbarie par les religieux de la Rédemption. Chaque esclave libéré, revêtu de ses anciens habits d'esclavage, était conduit par un enfant habillé en ange [8].
A Gerpinnes, village très-ancien, situé entre Fosses et Walcourt (patrie de sainte Rolande), a lieu tous les ans en ce jour une procession très-suivie qui parcourt sept villages et qui dure un jour entier.
A Gand la Société royale de Rhétorique célèbre sa fête.
Cette Société qui portait autrefois le nom de rhétorique ou des amis de la Fontaine d'Hippocrène « Rederyke kunst- en Toneel-Maetschappy der Fonteyn » est une des plus anciennes de la Flandre, et après celle de la Fleur de Baume « Balsembloem, » la plus célèbre des six chambres de Rhétorique qui florissaient à Gand au moyen âge.
Le règlement qu'elle reçut des magistrats en 1448, n'était qu'un renouvellement de ses anciens statuts; car l'année 1435, lors d'un concours de poésie et de représentation théâtrale à Dixmude, elle avait déjà remporté un second prix.
Les membres se réunissaient d'abord à l'auberge du Cerf (maintenant Hôtel des Pays-Bas), au Marché aux Grains, qu'ils quittèrent à la fin du XVe siècle pour aller s'établir à l'auberge de la Grande-Fontaine, place du Lion d'or. Ces deux lieux de réunion se trouvaient situés dans la paroisse de Saint-Nicolas; voilà pourquoi la chambre des Fontainistes se mit en 1410 sous l'invocation de la sainte Trinité, fêtée en cette paroisse, et ses membres furent souvent appelés Trinitaires « Trinitaristen » [9].
A Mons, se fait, le jour de la Trinité, la célèbre procession dite du « Doudou » ou le Lumeçon.
La fête communale, ou kermesse de Mons, dont le Lumeçon est la principale illustration, doit son origine à une procession faite en 1349, à la suite de laquelle une épidémie qui sévissait dans la ville depuis plusieurs mois, disparut entièrement.
Après avoir épuisé toutes les ressources de l'art pour se rendre maître de cette terrible maladie, on résolut d'implorer la miséricorde divine par des prières publiques, et le clergé annonça une procession solennelle.
Ce fut le 7 du mois d'octobre 1349, que le clergé et les habitants sortirent processionnellement de Mons, avec les reliques de Sainte-Waudru, leur glorieuse patronne. Ceux de Soignies vinrent à leur rencontre, avec le corps de saint Vincent. Les deux cortèges se réunirent aux bruyères de Casteau, où l'on avait arboré une croix fort élevée; au pied de laquelle on dressa un autel pour y célébrer le service divin. Les châsses furent placées sous un pavillon et l'on alluma un grand nombre de cierges. Les annalistes du Hainaut disent que plus de cent mille personnes assistèrent à la messe solennelle, que le doyen du chapitre de Soignies, Etienne Malion chanta en l'honneur de la sainte-Trinité.
Pendant huit jours les corps saints restèrent en ces lieux exposés à la vénération publique. Les pestiférés ne cessèrent de s'y rendre de toutes parts, et le ciel entendit les lamentations du peuple : le fléau disparut rapidement de toute la province.
En reconnaissance d'un si grand bienfait, le clergé et le magistrat de Mons établirent une procession solennelle à célébrer tous les ans, en l'honneur de la sainte Trinité et de sainte Waudru.
Cette procession se fit d'abord le 7 octobre; mais, en 1352, elle fut fixée au jour même de la Trinité. Elle éclipsa bientôt celle de l'Ascension, qui avait pour origine la délivrance d'un incendie, et devint la procession principale de la ville.
Le magistrat, le clergé des paroisses, les couvents d'hommes, les confréries, les corps de métiers et les serments y assistaient et tous y paraissaient dans le plus grand apparât.
Le tour de la procession fut marqué en 1354 par cinq croix de pierre, et le chemin qui mène à la place Saint-Lazare a conservé le nom de « Chemin d'el'pourcession. » C'était sur cette place que la procession faisait une halte, et qu'une collation était offerte au magistrat et au clergé; les membres des corps de métiers, des confréries et des serments faisaient de franches lippées. Les frais de ces repas en plein air et de ces libations, étaient couverts, moitié par la ville, moitié par les chanoinesses. En revanche, celles-ci avaient droit à une redevance de vin, de la part du comte de Hainaut, leur abbé séculier, lorsque ce souverain assistait à la procession, ce qui, surtout au XIVe et au XVe siècle, arrivait très-souvent.
Les dépenses que la procession occasionnait chaque année à la ville pour l'acquisition de vivres tels que pains, jambons, etc., de vin, de « cervoise » (bière), et de robes, chaperons et ceinturons neufs, enfin de poudre pour les serments, qui faisaient de nombreuses décharges de mousqueterie pendant le parcours, étaient assez considérables.
A la procession même c'est surtout le char d'or ou « car d'or » qui a constamment attiré les regards de la foule. Il sert à voiturer les reliques de sainte Waudru, au seul jour de la kermesse, et ne peut être traîné sans danger, dit-on, que par des chevaux de brasseurs. Son origine est probablement aussi vieille que la procession même. On le trouve mentionné en 1422, comme étant d'un ancien usage. Seulement le char moderne bien qu'il ait été construit sur un plan dressé d'après celui qu'il remplaça en 1700, n'est plus garni de sonnettes et les séraphins qui le surmontent, au lieu de soutenir des instruments de musique, élèvent les mains vers le ciel, ou supportent des médaillons sur lesquels sont peintes des inscriptions en l'honneur de Sainte-Waudru.
Les reliques de cette sainte sont renfermées dans deux châsses, dont l'une, ayant la forme d'un temple gothique, renferme son corps, tandis que l'autre contient son chef. Ces châsses, aujourd'hui en bois doré, étaient avant la révolution française en argent doré, et la dernière rayonnait de bijoux et de pierres précieuses.
Relégué dans une remise, proche de l'église de Sainte-Waudru, d'où il ne sortait que pour la procession, le car d'or ne fut guère entretenu et resta exposé à l'humidité pendant toute l'année.
Lorsque les fêtes de la République française furent implantées en Belgique, les municipaux jetèrent les yeux sur le « car d'or », et ils en firent un char de triomphe,sur lequel siégèrent, aux fêtes décadaires, les déesses de la liberté.
Rendu à son ancienne destination, lors du rétablissement de la procession, le char fut livré de nouveau aux dégradations lentes de l'indifférence, jusqu'à ce qu'enfin la fabrique de Sainte-Waudru, touchée de l'état déplorable dans lequel il se trouvait, le fit restaurer en 1845. Depuis il est redevenu l'objet de l'admiration du grand nombre de « chabourlettes » ou étrangers qui à l'époque de la kermesse viennent de tous côtés visiter la capitale du Hainaut, pour voir la procession et surtout le « lumeçon » [10]. C'est ainsi qu'on nomme la représentation du combat de saint Georges avec le dragon qui se fait chaque année après la procession devant le bourgmestre de Mons et des échevins, sur la Grand'Place de la ville.
Il existe une grande diversité d'opinions sur la signification de ce combat simulé. Les uns ont fait de saint Georges le célèbre chevalier Gilles de Chin, qui, selon la tradition, tua à Wasmes, vers 1133, un monstre épouvantable ou à ce que d'autres disent, dessécha les marais des environs de Wasmes, et délivra le pays de leurs exhalaisons pestilentielles. D'autres supposent que la fête a été instituée en l'honneur d'une victoire remportée par les communes affranchies sur la féodalité.
M. Léopold Devillers dans son excellent travail sur la procession de Mons a prouvé jusqu'à l'évidence que la cavalcade de saint Georges et le lumeçon ne sont autre chose qu'une représentation faite par les confrères de Saint-Georges.
Vers 1390 Guillaume de Bavière, comte d'Ostrevant, fils d'Albert, comte de Hainaut, établit, à Mons, une confrérie sous l'invocation de saint Georges, patron de la chevalerie. Cette confrérie devint très-célèbre. Guillaume en était le chef, et on n'y recevait que l'élite de la noblesse. Les chevaliers du Hainaut assistèrent à plusieurs expéditions, sous la bannière de leur illustre fondateur, laquelle portait la figure de saint Georges. Leur chapelle construite en 1390 près de la « Maison de Paix » (Hôtel de Ville) était surmontée d'une statue de saint Georges, en cuivre doré, qui fut transportée depuis au-dessus de la porte du corps-de-garde de l'Hôtel de Ville, d'où elle a disparu dans ces derniers temps.
Conformément à une ordonnance de Guillaume de Bavière, de l'an 1405, les confrères de saint Georges devaient se rendre à la procession de Mons, vêtus d'une robe sans camail, ayant une ceinture blanche, une écharpe verte, un chapeau de même couleur, et portant un verge blanche; ils firent davantage : ils y assistèrent avec tout un cortège, représentant le triomphe du saint sur 1e dragon.
Après Guillaume de Bavière, la confrérie de Saint-Georges, de même que la chevalerie de Barbefosse, périclita, et la chapelle ne fut plus fréquentée que par le magistrat et par les bourgeois.
Les pères minimes qui la desservaient avec le concours du « chapelain du magistrat, » lui donnèrent en 1618 le corps de saint Georges, et depuis lors on ne cessa de porter à la procession, en tête de la magistrature communale, cette châsse qui appartient aujourd'hui à la paroisse de Sainte-Élisabeth. C'est en face de cette chapelle, située à front de la Grand'Place, que chaque année à l'issue de la procession, saint Georges, le dragon et leur suite, viennent faire le lumeçon.
Saint Georges, à cheval, portait le costume d'un chevalier. Il avait sur l'arçon de sa selle une statuette de la Vierge, que le peuple appela sa « poupée. » Le dragon fut figuré par un monstre fantastique, au corps couvert d'écailles, à la queue longue et hérissée. On lui adjoignit des « diables » noirs armés de bâtons au bout desquels sont attachées des vessies gonflées de vent, et des « hommes sauvages » entièrement vêtus de feuilles de lierre, qui sont autant de figures emblématiques de l'hérésie, tandis que saint Georges eut pour aides les courageux « chins-chins, » hommes d'armes, grotesquement vêtus, bariolés de toutes couleurs et enfermés dans des chevaux en osier, attachés à leur ceinture, complètement harnachés et couverts d'une housse qui cache les jambes de ces cavaliers. Ils courent en faisant faire diverses évolutions à leurs chevaux et doivent probablement leur nom au bruit des nombreuses sonnettes qui entourent le col de leurs boules-dogues ou chevaux.
Cette cavalcade devint bientôt l'objet et l'admiration du peuple, et le chant du « doudou » [11] qui l'accompagne est l'air chéri de toute la ville. La Belgique en a fait un air national, qu'elle a marié à la « Brabançonne, » aux fêtes de septembre de l'année 1848.
Pour démontrer le charme incroyable qu'exerce cette joyeuse chanson populaire sur chaque enfant de Mous, il suffit de remémorer le fait raconté par Mme Clément dans son bel ouvrage sur les fêtes civiles et religieuses.
« Dans un des régiments français qui faisait partie de l'armée d'Italie en 1799, un bataillon presque entièrement recruté à Mons, formant une première avant-garde, se voyant entouré et poursuivi par l'ennemi, se préparait à mettre bas les armes, lorsqu'un jeune fifre s'avisa de jouer le « Doudou ». Les sons aigus de cet instrument, pénétrant à l'instant les oreilles montoises, électrisèrent tellement leur imagination par l'espoir d'entendre encore cet air national sur le carillon de Mons, que chaque homme devint un héros.
« Sans attendre le commandement du chef, ils firent volte-face, et la baïonnette en avant, ils culbutèrent avec tant de furie l'ennemi vainqueur, que celui-ci craignant d'être tombé dans une embuscade, se sauva à son tour abandonnant ses armes pour fuir au plus vite.
« Après cette victoire presque incroyable, les Montois, maîtres du champ de bataille, se prirent par la main et dansèrent en chantant le « Doudou », sans penser à la fatigue d'une si laborieuse journée. »
Quant à la procession même qui sort encore chaque année le premier jour de la kermesse de Mons, elle a conservé en partie son caractère primitif.
Vers neuf heures, l'administration communale, précédée d'un corps de musique et de la cavalcade de Saint-Georges et escortée de la garde municipale (sapeurs-pompiers) se rend de l'hôtel de ville à l'église de Sainte-Waudru.
A leur arrivée, on met la châsse de Sainte-Waudru sur le « car d'or »; ensuite, on chante la grand'messe, pendant laquelle le clergé des autres paroisses arrive et se range dans le chœur.
Vers dix heures et demi, la procession se met en marche, au son des cloches et du carillon, qui éparpille dans l'air les notes étincelantes du « Doudou ».
Elle parcourt un assez long itinéraire et s'arrête à divers endroits, où le prêtre placé dans la conque du char, fait lecture des miracles opérés par l'intercession de sainte Waudru.
Les enfants de l'hospice des orphelins marchent en tête. Puis s'avancent successivement les paroisses, avec les images et les reliques des saints qu'elles honorent. De jeunes hérauts à cheval portent les bannières ou gonfalons des confréries. La musique précède le « car d'or ». Le char est traîné par six des plus beaux chevaux des brasseurs de la ville, montés par des cochers en costume du XVIIe siècle.
Le clergé vient ensuite. Le doyen de Sainte-Waudru tient à la main l'antique croix abbatiale du noble chapitre de Mons. Le Saint-Sacrement n'est point porté à la procession du dimanche de la Trinité, ce qui prouve l'ancienneté de cette procession.
L'administration communale suit le clergé et le cortège est fermé par le corps des sapeurs-pompiers. L'illustre Saint-Georges à cheval, revêtu d'un justaucorps de buffle, couvert d'un casque et armé d'une lance, d'un glaive et d'une paire de pistolets, termine la procession; tandis que les chins-chins, le dragon et ses satellites, pour prix des inconvenances qu'ils y commirent vers 1821, doivent attendre à la porte de la cathédrale la rentrée de la procession.
Vers midi la procession rentre à Sainte-Waudru. L'administration, entourée du cortège qui l'accompagnait à son arrivée, retourne à l'hôtel de ville, et le carillon annonce que le lumeçon va commencer.
Comme dans les siècles passés, l'autorité communale préside au combat, du haut de l'escalier de la chapelle de Saint-Georges, une musique bruyante et le carillon, avec la grosse cloche de la tour du château, ne cessent de jouer le « Doudou » et la garde municipale marche triomphalement, en faisant des feux de pelotons.
Le dragon, guidé par deux vigoureux gaillards, promène sa formidable queue de droite à gauche et renverse tout ce qui se trouve sur son passage. Le chevalier et son coursier reçoivent force horions, pendant que les chins-chins traînent les diables par les pieds tout autour de la place, au grand divertissement de la foule. Enfin Saint-Georges, fatigué d'avoir recours à la lance, prend les pistolets et les tire à bout portant dans la gueule du monstre qui expire au milieu des cris de joie.
Après sa victoire, saint Georges est reçu sous le portail de l'ancienne chapelle, où le bourgmestre le complimente et lui donne le louis d'or traditionnel comme gratification.
Puis les chins-chins vont par la ville demander, de porte en porte, le prix de leur dévouement [12].
A Renaix ou Ronsse se fait ce jour une procession solennelle à laquelle est portée la châsse de saint Hermès, patron de la ville.
Autrefois, quand le cortège arrivait au pont de pierre, il s'y trouvait une longue file de paysans à cheval, quatre artisans se chargeaient de la sainte châsse qu'un prêtre monté à cheval devait accompagner et la troupe se mettait en mouvement pour parcourir avec les reliques vénérées les champs et les prairies des environs, tandis que la procession continuant tranquillement son chemin retournait à l'église.
Vers le soir, après un parcours de sept heures, le cortège revenait, annoncé par le tintement des clochettes qu'un jeune homme, à la tête de la troupe, portait dans ses mains et faisait continuellement sonner, et par le cri monotone : « De Titel komt! De Titel komt! » cri, auquel les habitants de Renaix sont redevables de leur surnom de « Titel ».
La population presque entière assistait à l'entrée des paysans. Le clergé allait processionnellement au devant des cavaliers, reprenait la châsse et la reportait à l'église de Saint-Hermès. En même temps une troupe nombreuse de petites filles bien décorées de rubans et de nœuds, leur pasteur en tête, allait à la rencontre du cortège et accompagnait les saintes reliques jusqu'à la Grand'Place, au milieu de laquelle se trouvait alors une petite mare. Arrivées-là, les filles, quittant tout-à-coup la procession, se jetaient sur leur pasteur et le Poursuivaient en courant plusieurs fois autour de la mare,jusqu'a ce qu'il terminât ce jeu en se jetant au milieu de l'eau [13].
A Tronchiennes il était autrefois d'usage de porter la châsse de saint Gérulphe processionnellement à Mérendré, lieu de naissance de ce saint, en mémoire de ce que le corps de ce saint y avait été inhumé avant d'avoir été transporté à l'église de Tronchiennes.
Grand pèlerinage à Walcourt, à Givet et à Marche. La célèbre procession de Walcourt [15] se fait au milieu d'un concours de monde, dont on peut évaluer le chiffre à 25,000 personnes. La France en fournit un bon contingent. On représente à cette occasion l'apparition de la statue de la Vierge telle qu'elle fut sur un arbre de l'abbaye du Jardinet.
A Yernawe, hameau de la commune de Saint-Georges, dans la province de Liége, les habitants vont prier sous le tilleul, qui couronne le sommet de la montagne, comme dans un oratoire [16].
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4 juin.
(Dianthus Chinensis.) Saint François Caraccioli; saint Gautier,
saint Quirin; saint Martial; saint Optat.
Pendant l'octave de la Trinité, le pèlerinage « Notre-Dame des Sept Douleurs » à Lede, village près d'Alost, était jadis presque aussi fréquenté que celui de Hal. Sous le régime autrichien les magistrats d'Alost y faisaient célébrer chaque année,le mardi de l'octave,un service solennel pour l'acquit d'un vœu, et s'y rendaient en cortége, accompagnés des professeurs du collège et de leurs élèves ainsi que d'un grand concours de fidèles [17].
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5 juin.
(Rosa Sinica.) Saint Boniface, archevêque de Mayence.
C'est le jour du grand apôtre d'Allemagne, que se faisait autrefois, à Bruxelles, l'ommegang annuel en commémoration de la célèbre bataille de Woeringen qui, en 1288, valut à Jean I, duc de Brabant, la conquête du Limbourg [18].
A Gand, le mardi après le jour de la Pentecôte, les tisserands célèbrent leur fête connue sous le nom de « wevers mestdag » ou « gezworene dingsdag. »
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6 juin.
(Dianthus deltoïdes.) Saint Claude; saint Norbert.
Saint Norbert, fondateur de l'ordre des prémontrés, a bien mérité de l'église d'Anvers en extirpant l'hérésie de Tanchelin; il mourut en 1134.
Selon la tradition universelle de son ordre, la sainte Vierge accompagnée d'une troupe innombrable de bienheureux, apparut au saint instituteur, et l'engagea à fonder un ordre de religieux, dont elle promit de se montrer, en toute rencontre, la patronne et l'avocate. Elle chargea en même temps les anges de lui remettre une robe blanche, pour attester, par la couleur même le respect et le culte de ses enfants, envers l'immaculée Conception. Voilà pourquoi saint Norbert plaça sous la tutelle de Marie non-seulement la première maison de son ordre, au lieu dit Prémontré, mais encore tous les établissements de ses religieux en Belgique. Aussi voulut-il, non content d'offrir dans le vêtement même de son ordre, un témoignage de son amour pour la Vierge Immaculée, stimuler par un exercice solennel la piété de ses enfants à l'égard du mystérieux privilège de leur patronne; il écrivit à cet effet, de sa propre main, un office spécial, dont il ordonna la récitation dans le chœur, usage qui a lieu encore chez les Prémontrés le samedi de chaque semaine. Dès 1302, un chapitre général décréta la célébration de la fête de la Conception immaculée, le 8 décembre, dans toutes les maisons de l'ordre [19].
De quatorze communautés que les Norbertins ou Prémontrés eurent dans les provinces belges il n'existe plus aujourd'hui que les couvents de Grimbergen, de Héverlé, de Testelt et de Tongerloo.
C'est aussi l'anniversaire de l'institution des religieuses de la Visitation de Notre-Dame commencée à Annecy en Savoie, en 1610, par le B. François de Sales, évêque de Genève, et Jeanne Françoise Fremiat, dame de Chantai, qui en fut la première religieuse [20].
A Gand les repasseuses qui célèbrent le jour du Saint-Sacrement leur fête patronale, chôment la veille de cette fête, vulgairement appelée « strykerkens avond », veille des repasseuses.
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7 juin.
(Chironia centaureum). Saint Landolphe sainte Pauline; saint Robert.
La « Fête-Dieu » ou « H. Sacraments-dag, » qui se célèbre le jeudi après la fête de la Sainte-Trinité, est consacrée au mystère de la présence réelle dans l'Eucharistie. Cette fête, dont nous devons l'institution à la révélation de sainte Julienne, fut célébrée pour la première fois à Liége dans l'église de Saint-Martin (en 1246), d'où cet usage se répandit dans toutes les villes des Pays-Bas. Le pape Urbain IV, à cette époque archidiacre de Liége, l'étendit plus tard à l'Église universelle, et le concile de Vienne, en France, tenu en 1311, sous le pontificat de Clément V, décréta que cette solennité serait célébrée par tout le monde catholique. Les papes qui suivirent, favorisèrent la célébration de cette fête en accordant différentes indulgences et en encourageant les fidèles à la fêter d'une manière solennelle.
En Belgique, comme en France, la grande procession du Saint-Sacrement, la partie la plus éclatante de la fête, se trouve reportée au dimanche suivant, et bien qu'elle ne se fasse plus avec autant de pompe qu'autrefois, c'est encore la procession la plus solennelle de toute l'année. Les belles prières de saint Thomas d'Aquin, les reposoirs, les fleurs dont on sème la route de la procession, tout contribue à donner à la Fête-Dieu un caractère de magnificence et de splendeur [21].
A Eecloo la première foire de l'année a toujours lieu le jour de la Fête-Dieu.
A Gand les membres de la confrérie du Saint-Sang, de même que les Augustins, dans l'église desquels cette confrérie avait été érigée, visitaient chaque année, le jour du Saint-Sacrement, en grande cérémonie la chapelle du Saint-Sang, et recevaient pour cela tous les ans de la trésorerie, de la ville la somme de 400 florins, en vertu de l'édit de l'an 1672.
Si l'on en croit la tradition, trois individus sacrilèges enlevèrent vers l'an 1350, de l'église des Augustins, un ciboire contenant des hosties, qu'ils cachèrent dans une prairie voisine, où on les trouva miraculeusement ensanglantées. On bâtit en mémoire de ce miracle, une chapelle dite « het H. Bloed capelleken, » laquelle ayant été ruinée par les calvinistes, fut reconstruite sous le règne d'Albert et d'Isabelle. En même temps on érigea la confrérie dite du Saint-Sang ou « de confrerie van het H. Bloed [22]. »
A Huy la procession était autrefois accompagnée de tous les serments qui, après la procession, marchaient, comme dit Melart, « en bel équipage et arroy vers le marché, où ils se rangeoient en ordre de bataille, deslaschans force coups de harquebuses, desquelles ils faisoyent aussi une salve à une troupe de cavalliers, conduits par un saint George et très-bien armez, de là ils se retiroient, le reste se passant en mutuels banquets et festes qui duraient entre lesdits arbalestriers principalement plusieurs jours [23].
« Celui qui ne se rend pas à la procession de la Fête-Dieu, entre le cimetière de saint Rombaut et le pont du Chien, sera puni de l'amende d'une demi-livre de cire, à moins qu'il ne soit muni d'une permission du chef, » disent les statuts des serments de Malines [24].
A Merchten se fait ce jour le tir à l'oiseau de la gilde des archers de Notre-Dame.
Ces archers de Notre-Dame remportèrent à deux reprises à Bruxelles, le prix de la plus belle entrée. En 1532 ils y allèrent au jeu des haies (haeghspel), tir ouvert surtout aux campagnards, les uns à pied, les autres à cheval et accompagnés de chars.
A Molenbeek, où leur cortège s'arrangea, un grand nombre de paysans des localités voisines, se joignirent à eux pour leur faire honneur. Tous portaient une chemise au-dessus de leurs pourpoints, des bas noirs et un bonnet de même couleur, orné d'un plumet de papier découpé.
En 1565 à un autre jeu des haies, plusieurs archers de Merchten étaient à cheval; tous les autres portaient un arc bandé, un carquois, et à la ceinture, une corde de rechange. Un justaucorps bleu, frisé et à bordures de parchemin blanc, des boutons de verre blanc, des manchettes, des pourpoints blancs, des ceinturons de même couleur, des chapeaux ou bonnets bleus à plumes blanches et bleues, et des bas noirs composaient leur costume. Beaucoup d'entre eux avaient un chapeau de soie orné d'une chaîne d'or. Ils étaient au-delà de 200, et logèrent tous à la même auberge, à la Porte d'Or (de Gulde poorte) [25].
Les habitants de Russon venaient autrefois en procession à la « sainte Chapelle » (heilich huys) formant les limites des villages de Herstappe et de Russon, et ceux de Herstappe étaient tenus de leur y apporter un tonneau de bière et des tartes pour déjeûner.
Cette sainte chapelle domine la vaste plaine où le 22 septembre 1408 se donna la terrible bataille d'Othée et où dorment tant de milliers de victimes, la terre s'y distingue encore aujourd'hui par sa fertilité. C'est pourquoi les Flamands la nomment « grooten-aard, » grande culture [26].
A Spa, on s'empresse, le jour du Saint-Sacrement, de ramasser les fleurs et les feuilles sur lesquelles la procession a marché. On en donne à manger aux bestiaux, particulièrement aux chevaux, pour les préserver de toute maladie; on garde le reste pour en brûler quelques-unes avec le buis bénit, lorsque l'orage gronde fortement.
A Ypres, où la confection des dentelles dites de Valenciennes, est une des industries principales de la population, la Fête-Dieu est le jour particulièrement célébré par les dentellières.
Les vacances que prennent à cette époque ces laborieuses ouvrières durant quatre ou cinq jours, se passent en excursions aux localités voisines et en banquets auxquels ne sont admises que des personnes du sexe.
Ces excursions surtout sont intéressantes. Les dentellières les font en « réunions » ou compagnies de trente ou quarante, toutes rangées et assises, souvent de la manière la plus gracieuse, sur des chariots à quatre roues artistement décorés de guirlandes de fleurs, de rubans, et d'étoffes de riantes couleurs.
Au premier rang est placée la reine (de koningin). C'est celle qui a su gagner le plus de prix aux jeux de boule commencés aux premiers jours de la fête. Quelques-unes sont travesties en bergères, en jardinières, en paysannes, la plupart sont couronnées de fleurs et toutes chantent en s'accompagnant du tambourin. Chaque année une ou deux chansons ont la vogue à ces joyeusetés. C'est un chansonnier ambulant ou « liedekenzanger » qui, quelques semaines avant la Fête-Dieu, importe ces chansons et en vend alors une grand quantité.
Les écoles des dentellières sont également ornées de guirlandes, de festons et de banderolles portant des inscriptions et des adages. L'octave de la Fête-Dieu, appelé « le petit jour de sacrement » (de kleine sacramentsdag) est le dernier jour de cette époque de réjouissances.
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8 Juin.
(Lysimachia numularia.) Saint Médard.
Ce saint, en l'honneur duquel, en Belgique, dix-sept églises sont consacrées et qui a donné son nom aux villages de Saint-Mard et de Saint-Médard, situés tous les deux dans la province de Luxembourg, l'un près de Virton et l'autre près de Neufchâteau, est connu dans l'Europe romane aussi bien que dans l'Europe teutonique et slave pour sa grande influence sur le temps. « S'il pleut le jour de Saint-Médart, » dit le proverbe, « il pleut quarante jours plus tard » [27]. Un autre dicton prédit quatre semaines de froid, quand il fait froid ce jour-là [28], et les Flamands des environs de Gand ont l'habitude de dire:
Sinte Medard.
Ses weeken voor
Of ses weeken naer.
A la Saint-Médard il pleut six semaines avant ou six semaines après.
C'est aussi saint Médard qui, vers l'an 530, institua à Salency, en France, un prix pour la fille la plus modeste, la plus soumise à ses parents et la plus sage, le prix était une couronne de roses.
Le vendredi, dans l'octave du Saint-Sacrement, se célèbre la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Comme l'humble hospitalière de Liége, sainte Julienne devint la cause de l'institution de la Fête-Dieu, une pauvre religieuse de la Visitation, nommée Marguerite-Marie Alacoque, donna lieu, par une révélation qu'elle eut, à celle de la fête du Sacré-Cœur. Les évêques de France, réunis en 1765, adoptèrent les premiers cette fête, qui se répandit de plus en plus jusqu'à ce que, il y a trois ans, Pie IX ordonna sa célébration dans toute l'église catholique [30].
Nombre de communautés religieuses et d'hommes et de femmes, se sont vouées au culte particulier du Sacré-Cœur; et en ont emprunté leurs noms, par exemple les Dames du Sacré-Cœur à Jette, les Filles de la charité du Sacré-Cœur de jésus à Mons et à Binche, les Dames des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie à Virginal, les Frères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, à Enghien et à Louvain, les Sœurs d'union au Sacré-Cœur de Jésus de Hougaerde, qui possèdent trois couvents, les Sœurs de la Sainte-Union à Ans et les Dames de la Sainte-Union de Douai, qui comptent onze monastères en Belgique.
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9 juin.
(Berberis vulgaris.) Saint Félicien; saint Maxime; sainte Pélagie; saint Prime.
S'il pleut le 9, le 11 et le 15 juin, la pluie ne cessera qu'au 18 juillet, d'après la croyance populaire.
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10 juin.
(Iris pseudocorus.) Saint Landri; sainte Marguerite, reine.
Dans l'octave de la Fête-Dieu il y avait à Courtrai une procession où l'on voyait les membres des quatre chambres de rhétorique, marchant pieds-nus, habillés en blanc, une couronne de verdure sur la tête et un cierge en main.
Jésus-Christ au jardin des Olives était représenté sur un char traîné par quatre chevaux. Le sacristain de l'église de Saint-Martin et quelques prêtres accompagnaient cette procession qui cessa d'avoir lieu en 1707 [31].
La chambre de rhétorique « sint Kruysbroeders » qui représentait le mystère, subsistait déjà en 1451 ayant pour devise les mots: Minnelyk van herten door het kruys ons Heeren [32].
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11 juin.
(Chrysanthemum Leucanthemum.) Saint Barnabé.
Ce jour qui, donnant autrefois lieu à la fête des « conards » à Évreux et à celle « des sots » à Lille, était à Tournai, fixé pour la dime dite « des roses » en vertu d'un « accord entre le chapitre et le magistrat de Tournai pour la dime des roses sur le pouvoir de Tournai ». Cet acte, qui existe encore aux archives de la ville, est rapporté dans l'histoire de Tournai par Poutrain.
Voici le texte tel qu'il se trouve dans l'histoire des Fêtes civiles et religieuses par Mme Clément :
Accord entre le chapitre et le magistrat de Tournai pour la Dime des Roses sur le pouvoir de Tournai :
« Nous presvots, jurez, eschevins et eswardeurs de la citét de Tournai, au nom, et pour nos bourgeois, manans et habitans pour bien de paix et de concorde, et pour oster tout matière de plaît et discussion avons accordé, consenty et octroyé, accordons, consentons et octroyons qu'au nom et pour le Disme de Roses naissans et croissans au povir de Tournay, les doyen et caplens, aront chacun an a tousiours sept capeaux [33] de bons boutons vermaux de roses, bien sois à livrer, par un ou deux personnes honneste, qui les capaux seront au jour de saint Barnabé, ou au jour de la Nativité saint Jehan-Baptiste, à heure du commencement de grant messe en l'église de Tournay au grant autel, se à l'un des deux jours devant dicts estaient roses pour faire capeaux; et parmy tant, tous les bourgeois, manans et habitans sont quictes et deslivrés à tousiours de payer Dismes de Roses au povir de Tournay. Et nous doyen et caplens dessus dicts, pour nous et pour notre dicte église, parmy, les choses dessus dictes, nous tenons et tenrons pour contens et souffis perpétuellement des dictes dismes. Et nous parties dessus dictes les promettons sans jamais aller à l'encontre.
Fait double, le 20 julet de l'an 1363 sous le sceau respectif du chapitre et du magistrat.»
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12 juin.
(Rosa arvensis.) Sainte Basilide ; saint Jean de Sabagun:
saint Odulphe, patron de Looz.
Né à Aerschot dans la Campine, où s'élevait depuis, sur la propriété de ses parents, une église en son honneur, saint Odulphe parvint de degré en degré à la dignité de chanoine de l'église de Saint-Sauveur, à Utrecht. L'évêque saint Frédéric voyant ses qualités extraordinaires et ses rares vertus, l'envoya quelque temps après en Frise, pour y combattre les erreurs dans lesquelles persistaient encore les habitants de cette contrée.
Saint Odulphe y resta plusieurs années et ne retourna à Utrecht qu'après y avoir, on ne peut mieux, rempli sa mission; mais peu de temps après son retour il mourut et fut inhumé dans l'église de Saint-Sauveur, où il était fort honoré, à cause des nombreux miracles qui s'y opéraient par son intercession.
On conserva pendant des siècles une coupe à boire faite de bois, dont le saint s'était servi durant sa vie et qui était connue sous le nom de « sint Odolfs nap ». Elle était enfermée dans une autre coupe d'argent et munie d'une petite chaîne d'or à laquelle pendait un petit crucifix également d'or, que saint Odulphe avait porté sur sa poitrine.
Le jour de la fête du saint, cette « coupe de saint Odulphe » était exposée à l'adoration des pèlerins qui affluaient de tous côtés pour honorer les reliques du saint et pour boire de sa coupe après y avoir trempé le petit crucifix. D'autres disent que cette coupe avait été faite du crâne du saint [34].
A Bruxelles on célèbre le même jour la fête de la bienheureuse Aleyde de Schaerbeek.
A l'âge de sept ans, cette recluse célèbre entra comme religieuse dans l'abbaye de La Cambre, où elle étonna bientôt ses compagnes par son assiduité à la prière, par sa bonté, par sa dévotion exemplaire. Son corps s'étant couvert de lèpre, on la sépara de ses compagnes, de crainte qu'elle ne leur communiquât la maladie, quatre ans après, on lui bâtit une cellule, d'où elle pouvait sortir, mais sans se mêler aux autres religieuses. Après avoir été éprouvée par les plus cruelles souffrances, après avoir complètement perdu la vue, mais toujours résignée à son sort et consolée, dit-on, par de nombreuses visions, elle mourut en 1250 le 12 juin.
Au XVIIIe siècle, on montrait encore au village de Schaerbeek sa cellule et la fenêtre par laquelle elle recevait des aliments [35].
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13 juin.
(Ranunculus asiaticus.) Saint Antoine de Padoue.
A Bruxelles se célèbre tous les ans avec grande pompe la fête de saint Antoine de Padoue en l'église de Saint-Nicolas.
A Sichem, près de Diest, a lieu la fête de la dédicace de l'église de Notre-Dame, qui en 1604 fut consacrée par Mathias Hovius, archevêque de Malines, en présence des archiducs et d'une foule innombrable accourue des lieux les plus éloignés [36].
L'ancienne coutume populaire de s'adresser ce jour à saint Antoine de Padoue pour les choses égarées, qu'on nomme « épaves », a presqu'entièrement disparu en Belgique. Il va sans dire que cet usage devait son origine à la conformité de nom, parce qu'on appelait jadis « Pava » la ville de Padoue, où repose le corps très-révéré de saint Antoine, dit de Padoue, quoique né à Lisbonne en Portugal.
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14 juin.
(Oscimum basilicum.) Saint Basile le Grand, archevêque de Césarée.
Ce saint fondateur de la vie cénobitique, qui défendit l'orthodoxie avec un zèle infatigable contre les Ariens et qui conçut et exécuta le premier l'idée de ce que nous appelons « établissements de charité », était autrefois considéré par les bergers comme patron contre les loups. Ils écrivaient sur un billet le nom de saint Basile ou achetaient le portrait de ce saint, et suspendaient le portrait ou le billet au haut de leurs houlettes, pour empêcher les loups de faire aucun mal aux brebis et aux porcs [37].
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15 juin.
(Mimosa sensitiva). Saints Guy, Modeste
et sainte Crescence, mart.; saint Landelin.
Saint Landelin, disciple de saint Aubert, est très-honoré en Hainaut. C'est lui qui fonda vers le milieu du VIIe siècle la célèbre abbaye de Bénédictins à Lobbes, où l'école créée par Charlemagne brilla longtemps par les savants qu'elle produisit, c'est encore lui qui jeta les fondements de l'abbaye d'Alne et du monastère de Wallers [38].
Le jour de saint Vite ou Guy, qui dans presque tous les pays germaniques et slaves donne lieu à beaucoup de cérémonies et de pratiques, qui remontent à la plus haute antiquité, est en Belgique dépourvu de toute particularité, et n'a qu'une signification analogue à celle de la saint Médard [39].
Dans le grand duché de Luxembourg, sur la frontière prussienne, il est un bourg (Saint-Vith) qui porte le nom de ce martyr dont les restes transportés de Rome à Paris, sous le règne de Pépin le Bref, furent plus tard cédés par Louis le Débonnaire à l'abbaye de Corvey en Saxe [40].
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16 juin.
(Rosa muscosa.) Saint Adolphe; saint Jean-François Régis;
sainte Juliette; sainte Lutgarde.
Cette dernière sainte, abbesse du monastère d'Aiwières, de l'Ordre de Cîteaux, mourut en 1246. Elle était douée du don de prophétie et opéra tant de miracles, que le célèbre dominicain Thomas de Cantimpré à Louvain en a écrit trois livres.
A Liége les teinturiers célébraient autrefois la fête de sainte Juliette, leur patronne.
A Ruremonde le couvent de Sainte-Marie, de l'Ordre de Cîteaux, dédié à la Mère de Miséricorde, célébrait ce jour l'anniversaire de sa fondation. Gérard, comte de Gueldre, le fonda et le dota en ce jour, vers l'an 1218 [41].
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17 juin.
(Mimulus luteus.) Saint Adolphe; saint Avit; sainte Alène.
La fête de sainte Alène se célèbre le dimanche avant la Saint-Jean; son jour, dont la date varie d'après les localités entre le 17, 18 et le 19 juin, est considéré en Brabant, comme favorable aux ensemencements de la laitue, des endives, du persil, etc., pourvu que la lune soit bonne [42].
Le dimanche après l'octave du Saint-Sacrement, se célèbre à Meerbeek, en vertu d'une autorisation de l'archevêque, datée du 23 mai 1760, la dédicace de l'église de Saint-Pierre, laquelle avait lieu d'abord le 22 juillet, et en même temps la fête de l'exaltation des reliques de sainte Berlande.
L'église d'une haute antiquité, fut reconstruite presqu'en entier en 1750.
Il y a peu d'édifices religieux dont l'origine remonte aussi haut et qui aient subi tant de vicissitudes [43].
Le dimanche avant la Saint-Jean-Baptiste se faisait autrefois à Forêt, commune près de Bruxelles, en l'honneur de sainte Alène une procession instituée par l'abbé d'Afflighem, qui éleva le 17 mai 1193, les reliques de cette sainte. Cette vierge, fille du seigneur de Dilbeek, fut convertie par un prêtre chrétien, qui vivait à Forêt, près de la Senne, où il avait élevé une petite chapelle et une habitation construite en pierre, la même que plus tard, lorsque le christianisme eut triomphé, saint Amand consacra au culte du Seigneur, sous l'invocation de saint Denis. Bravant les ordres de son père et les dangers que présentait un pays couvert de bois et peuplé d'animaux sauvages, la jeune Alène allait souvent de nuit à Forêt, pour y assister aux matines. Mais le père informé des courses secrètes de sa fille, jura qu'il la punirait sévèrement, et un jour qu'elle revenait à Dilbeek, il ordonna à ses serviteurs de l'enchaîner. Comme elle se débattait, avec violence, on lui cassa un bras et elle tomba privée de la vie. Un ange, ajoute la légende, recueillit ce bras ensanglanté et alla le déposer à Forêt, sur l'autel de la chapelle. Le prêtre de Forêt, croyant qu'Alène avait été attaquée et dévorée par des bêtes féroces, prit en hâte le chemin qu'elle suivait d'ordinaire, et trouva ses restes, qu'il ensevelit dans un lieu, où existe encore une chapelle construite en son honneur. De nombreux prodiges s'opérèrent en cet endroit et le puits qui lui est adossé était autrefois fréquenté par une foule de pèlerins qui venaient y chercher un remède contre plusieurs maladies, et particulièrement contre les maux d'yeux.
Au commencement du XIIe siècle on ignorait complètement ce qu'étaient devenues les reliques de sainte Alène. Elles furent révélées, dit la légende, à une des personnes chargées du soin de l'église de Saint-Denis à Forêt, et déposées dans la crypte de cette église jusqu'à ce que l'abbé Godscalque les éleva.
Depuis elles furent à plusieurs reprises visitées par ordre des autorités ecclésiastiques et le 18 juin, jour de fête de sainte Alène, on expose encore à la vénération publique les reliquaires ornés de pierres fines, qui renferment, entre autres, les dents de la sainte. On y montre aussi un arbre dans un enclos emmuraillé attenant à l'église, dont la tradition attribue l'origine à sainte Alène.
Un jour que cette sainte venait à Forêt et qu'elle dut attendre, à la porte de la chapelle, parce que le prêtre qui la desservait était malade, elle planta en terre son bâton, et, lorsqu'elle revint, le jour suivant, ce bâton s'était transformé en un avelinier, dont tout le tronc se couvrit de feuilles, de la racine jusqu'au sommet [44].
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18 juin.
(Chelidonium glaucum.) Saints Marc et Marcellin; saint Fortune.
Jour de fête de sainte Marie la Misérable ou la Douloureuse. Au commencement du quatorzième siècle, sous le règne du duc Jean II, vivait à Woluwe-Saint-Pierre, village aux environs de Bruxelles, une belle jeune fille, nommée Marie, qui avait résolu de renoncer au monde. Elle alla habiter près d'une église voisine, dédiée à Notre-Dame, probablement la chapelle de Stockel, y passait la journée en prière et en méditations, et demandait à l'aumône sa frugale nourriture. Mais sa vie solitaire ne la mit pas à l'abri des tentatives de séduction. Un chevalier la rencontra dans le bois de Linthout et la pressa, quoique en vain, de satisfaire ses désirs. La résistance de la jeune Marie ne fit qu'irriter son persécuteur et pendant qu'elle priait, il se glissa dans sa cellule et y cacha une coupe de prix. Puis, il alla trouver la recluse et la persécuta de nouveau de son amour, en lui promettant qu'il garderait le secret de son vol. Elle persista à repousser ses offres avec indignation. Lui, alors, prit la coupe du sac de la jeune fille, courut chez le maire et lui déclara avoir trouvé chez Marie ce qu'on lui avait dérobé; en même temps il l'accusa d'être une sorcière, une vagabonde, une enchanteresse (maga et criola et dementatrix), qui, disait-il, l'avait tellement fasciné par des cérémonies magiques, qu'il ne pouvait plus ni manger, ni dormir. Le maire n'ajouta pas d'abord une grande foi à cette déposition, mais il ne pouvait la dédaigner, la découverte de l'objet volé paraissant établir le crime d'une manière évidente.
Marie courut chez ses parents pour se plaindre de l'injure qu'on lui faisait; mais trop impuissants sans doute à la défendre, ils se bornèrent à lui conseiller de prendre courage.
Bientôt elle fut arrêtée et conduite devant les juges du lieu, qui lui demandèrent, si la coupe avait été trouvée chez elle. Sa réponse affirmative suffit, pour prononcer contre elle une sentence de mort. Toutes ses explications et toutes les protestations de son innocence furent vaines.
En marchant au supplice, elle passa devant sa cellule, s'y agenouilla devant la vierge et pria pour elle et pour ses assassins. Lorsqu'elle fut arrivée au lieu de l'exécution, on lui lia les pieds et les mains, on la jeta dans une fosse, que l'on recouvrit de terre, puis on enfonça dans son corps, à grands coups de marteau, un pieu de forme carrée.
Au milieu de la tristesse générale, le chevalier, que sa passion avait aveuglé jusqu'à le rendre scélérat, assista seul, les yeux secs, au supplice de la malheureuse fille. Mais il ne tarda pas à être cruellement puni. Le remords s'empara de son âme et bientôt il devint possédé du démon. Vainement on le conduisit aux oratoires les plus renommés. Ce ne fut que plusieurs années après qu'il recouvra la santé près de la tombe de sa victime, sainte Marie la Lamentable ou la Misérable, comme la surnomma la voix publique.
Des miracles s'étant opérés à l'endroit de son martyre, on avait exhumé ses restes afin de les ensevelir sous l'autel de l'église de Woluwe-Saint-Lambert. Lors de sa mort, dit la légende, on vit dans le ciel treize vierges éclatantes de beauté, qui, le cierge en main, semblaient assister à ses funérailles. On raconte aussi qu'à son intercession, les Bruxellois et les Malinois furent miraculeusement réconciliés.
Plus tard on éleva en son honneur, au lieu dit « Linneke mare,» une chapelle, qui existe encore sous le nom de « Kapel der Ellendige Marie. » Le 28 janvier 1363 douze prélats, réunis à Avignon, accordèrent des indulgences à ceux qui visiteraient ce petit oratoire. L'habitation contiguë servait de demeure à un chapelain, dont la prébende se nommait le bénéfice des treize setiers de seigle.
La confrérie de la Vierge, qui existait autrefois dans la chapelle, passait pour fort ancienne [45].
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19 juin.
(Hesperis tristis.) Saints Gervais et Protais, en honneur
desquels cinq églises sont consacrées.
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20 juin.
(Papaver dubium.) Sainte Florence; saint Sylvère; sainte Ide; sainte Aldégonde.
Sainte Aldégonde, fille de saint Basin, est très-honorée en Belgique. Vingt-quatre églises lui sont dédiées; c'est à Tronchiennes surtout que le jour de sa fête se célèbre avec grande solennité, et attire une foule de fidèles qui y affluent de tous côtés, pour invoquer la sainte contre le mal des yeux. Née aveugle, sainte Aldégonde recouvra sa vue à Tronchiennes, où elle mourut et où elle fut inhumée après y avoir vécu très-saintement [46].
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21 juin.
(Echium vulgare.) Saint Louis de Gonzague, patron des écoliers et en particulier
des nombreux collèges, portant le nom de « Saint-Louis. »
Pour exciter parmi la jeunesse la dévotion envers ce Saint, Clément XII a accordé par deux décrets, l'un du 11 décembre 1739 et l'autre du 7 janvier 1740, indulgence plénière perpétuelle, pour chacun des six dimanches qui précèdent la fête de saint Louis de Gonzague, ou en tout autre temps de l'année, pourvu que les six dimanches se suivent sans interruption, que l'on se confesse, que l'on communie, que l'on prie pour les besoins de l'Église, à chacun des six dimanches, et qu'on s'exerce à de pieuses méditations, ou à des prières vocales, ou à quelqu'autre œuvre de piété en l'honneur de ce Saint.
A Namur se célèbre ce jour la fête de saint Aubain. Il se fait une procession dans l'intérieur de la cathédrale, et les reliques du Saint y restent exposées pendant l'octave de la fête.
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22 juin.
(Campanula medium.) Saint Paulin; sainte Id.
Saint Paulin, ce poëte pieux et illustre du cinquième siècle, et ami particulier de saint Augustin, est patron de l'église de Heinsch au diocèse de Namur.
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23 juin.
(Cypripedium cabeolus.) Sainte Ediltrude;
B. Marie D'Oignies; saint Walhère.
Saint Walhère, Bouvignois d'origine, devenu archidiacre d'Onhaye, jouissait d'une grande réputation de vertu et de science, il fut victime de son zèle. Un jour qu'il traversait la Meuse, accompagné du curé d'Hastière, qui lui était soumis, celui-ci irrité des remontrances que saint Walhère lui faisait sur sa déplorable conduite, saisit l'une des rames et en assomma le saint. Le corps de la victime tomba dans la Meuse et s'en alla à la dérive jusqu'à Bouvignes où ses concitoyens le reconnurent et cherchèrent à l'attirer sur le rivage pour l'ensevelir honorablement, mais en vain. Croyant voir dans cette résistance passive un avertissement du ciel, les Bouvignois transportèrent alors la dépouille mortelle à Onhaye. L'église où elle repose ne tarda pas à être visitée par une foule de pèlerins qui venaient y implorer le saint de préserver leurs bestiaux des épidémies, et encore aujourd'hui, à la fête de saint Walhère, une foule innombrable de gens de la campagne y arrive de tout le voisinage, pour prier devant le tombeau et les reliques du saint Bouvignois ou de « saint Vohi, » comme on le nomme vulgairement [48].
La bienheureuse Marie d'Oignies se dédia à Dieu et se retira du monde, vivant comme une recluse d'abord à Willebroek près de Nivelles, puis à Oignies, où elle mourut en 1203 le 23 juin. A cause de sa sainte vie elle est encore très-honorée et surtout invoquée de femmes avant leur accouchement.
La pieuse croyance du peuple attribuait à la chemise de laine, que la sainte fille avait portée et qu'on conservait dans l'église d'Oignies, la vertu de faire accoucher heureusement les femmes qui la tenaient dans les mains durant le travail.
Ceux qui ont les fièvres vont également à Oignies implorer l'intercession de Sainte-Marie et prier devant une petite parcelle de ses reliques enchassée en argent qu'on leur donne à baiser [49].
Les nombreux usages populaires, auxquels le soir de ce jour donne lieu, se rattachent à la veille de la Saint-Jean.
A Huy se faisait une distribution de pains la nuit qui précède la Saint-Jean, en vertu d'une fondation de Jehan de Kanoy de l'an 1483 [50].
A Louvain, tous les ans, la veille de la Saint-Jean, à 9 heures du matin, le chapitre de Saint-Pierre faisait solennellement le tour extérieur du temple en signe de propriétaire de l'édifice et des terrains qui en dépendent. Les chanoines marchaient deux à deux et étaient précédés d'un porte-verge ainsi que de l'un des sergents du mayeur, le représentant du souverain, avoué de l'église. On désignait cette marche sous le nom de « Processio impignorationis [51]. »
A Aerschot il y avait autrefois tous les ans, le samedi avant la saint Jean, grand concours du peuple à la fête de Notre-Dame au Chêne-sacré « O.-L.-V. ten heiligen eik. »
A huit heures du matin, le curé de l'église de Saint-Pierre, revêtu des ornements pontificaux et accompagné de son acolyte, sortait de son église, et assis sur un char que certain fermier était tenu de fournir chaque année, à cet effet, il se rendit, à la tête d'une longue procession de fidèles en voiture ou à pied, jusqu'à l'arbre où l'image de Notre-Dame était attachée. Là, en plein air, une messe solennelle était célébrée, et des cantiques chantés en l'honneur de la Vierge [52].
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24 juin.
(Hypericum pulchrum.) Nativité de saint Jean-Baptiste.
Saint Jean-Baptiste, dont la nativité se célébrait déjà du temps de saint Augustin, est un des saints les plus vénérés des Belges. Ce n'est pas exagérer que de dire que son nom qui en hébreu, a la belle signification de « grâce de Dieu, » est donné à la moitié des hommes nés en Belgique. Une paroisse du doyenné d'Eecloo, se nomme d'après lui « Saint-Jean-in Eremo, » une autre située près de Grammont, dans le diocèse de Malines, « Sinte-Jans-Hemelveerdegem »; plus de cent églises sont consacrées en son honneur; un grand nombre d'associations et la plupart des hôpitaux le réclament pour protecteur. Comme patron contre les convulsions et l'épilepsie, à cause de cela appelées « le mal saint Jean, » il est surtout invoqué dans les sanctuaires qui possèdent de ses reliques et dont plusieurs, entre autres l'église de Cachtem, près de Thielt, en Flandre, et celle de Sinte-Jans-Hemelveerdegem, près de Grammont, comptent parmi les pèlerinages les plus fréquentés du pays. Dans leurs prières, les anciens Brabançons l'associaient d'ordinaire à la vierge de Nivelles :
« Honorer l'un, » disaient-ils, « c'est aimer l'autre, » bien que tout nous porte à présumer que, sainte Gertrude ayant professé une vénération toute particulière pour saint Jean l'Évangéliste, ce dicton populaire se rattache plutôt à celui-ci qu'à saint Jean-Baptiste. Il paraît en être de même de la coutume de boire en forme de bénédiction au souvenir de saint Jean (sint Jans minne) qui, en plusieurs endroits se pratiquait à « la Saint-Jean qu'on fauche, » comme on désigne souvent le 24 juin, aussi bien qu'à « la Saint-Jean qu'on chauffe » ou le 27 décembre, jour de saint Jean l'Évangéliste.
Mais ce qui a contribué le plus à populariser le culte du saint Précurseur de notre Sauveur, c'est que sa fête tombe à l'époque du solstice d'été qui, de temps immémorial, chez presque toutes les nations du monde amenait de grandes solennités.
Le « midzomervuer, » feu de mi-été, des anciens Germano-Belges, qui se retrouve dans toute l'Europe, tant germanique et kelte, que slave et romane, s'allumait à la veille sainte, maintenant de saint Jean, veille, où, sous mille aspects différents, l'avenir se révélait aux hommes, où certaines plantes acquéraient des propriétés particulières et où les dragons et mauvais esprits s'acharnaient à faire du mal [53].
Selon toute probabilité, ces feux du solstice d'été, ou « sunwentsfeuer, a nom que les habitants de la Haute-Bavière donnent encore aujourd'hui aux feux de saint Jean, ne brûlaient pas en l'honneur d'une divinité quelconque, comme les feux de Pâques, mais en signe de reconnaissance des bienfaits nombreux que les hommes devaient au feu sous son double aspect d'astre et d'élément terrestre; et puisque c'est du soleil que la terre tient sa plus belle parure, les fleurs, celles-ci étaient pour beaucoup dans la célébration de cette fête.
A l'opposé des feux de Pâques, qui s'allumaient presque toujours sur des hauteurs, les feux de mi-été furent allumés de préférence dans les plaines, au centre des lieux habités, soit devant les hôtels de ville, soit dans les rues. On jetait toutes sortes d'herbes et de fleurs, des ossements et même des animaux vivants, entre autres des coqs et des chats, en offrandes dans les flammes, autour desquelles on dansait en ronde, et vieux et jeunes sautaient à travers le feu pour se purifier et pour se préserver de maladies [54].
En beaucoup d'endroits on éteignait ce soir tous les feux dans les maisons pour les allumer de nouveau au moyen du feu pur du « nodvuer » [55].
Ce « noodvuer, » « notfiur » ou « nodfyr, » feu de calamité, ou feu forcé, s'allumait toutes les fois qu'il se manifestait dans une localité quelque maladie parmi les bestiaux. Pour l'obtenir, on frottait fortement l'un contre l'autre deux morceaux de bois, jusqu'à en tirer du feu, ou bien on plaçait un tronc de chêne en terre, dans lequel on pratiquait un trou pour y mettre un guindal entouré de matières inflammables, et qu'on tournait jusqu'à ce que s'allumât le feu, dont on se servait pour incendier un bûcher auquel tous les habitants contribuaient pour quelque chose. Puis, on faisait passer le bétail à travers les flammes, et, le feu éteint, chacun des intéressés en prenait des charbons, qu'il portait chez soi pour les mêler à l'eau des bestiaux.
Mais comme le feu, qui brillait jour et nuit sur le foyer, passait pour impur, ayant servi trop longtemps, il fallait le renouveler tous les ans; dans cette idée on allumait, comme nous venons de le dire, chaque année, soit à la veille du solstice d'été, soit en automne, un « noodvuer » dont chaque famille de l'endroit prenait un tison ardent qui lui servait à rallumer le feu sur l'âtre.
L'Église lutta longtemps contre ces pratiques. Saint Éloi, dans son allocution pastorale, défend aux Belges qu'il venait de convertir, de célébrer la fête de saint Jean, à l'égal de celle du solstice par des rondes et d'autres réjouissances païennes, et le quinzième canon du concile de Leptines condamne expressément ce feu obtenu par friction ou le nodfyr [56].
Mais ce n'est que cette dernière coutume que le clergé est parvenu à faire disparaître entièrement, tous les autres usages se sont plus ou moins fidèlement maintenus jusqu'à nos jours. Toutefois leur signification primitive s'est peu à peu tellement identifiée avec celle de la fête chrétienne qui remplace l'ancienne fête célébrée en l'honneur de la lumière et du feu, que maintenant il serait on ne peut plus difficile de décider lesquelles des cérémonies subsistant encore à la fête de saint Jean, se rattachent au paganisme ou au christianisme.
Les feux de saint Jean « sint Jans vieren » s'allumaient et continuent de s'allumer partout, en l'honneur du saint précurseur de la vraie lumière, dont Jésus-Christ lui-même a dit : « Ille erat lucerna ardens et lucens. » (Il était une lanterne allumée et éclairant). On jetait des os dans les flammes pour perpétuer le souvenir des ossements du saint brûlés à Sebaste. Mais on y attachait tout à la fois la croyance que, plus il s'élevait ce soir de fumée épaisse dans l'air, plus on se préservait des dragons venimeux qui, éveillés par la chaleur du jour d'été, volaient par l'air et empoisonnaient l'eau des puits et des fontaines en y laissant tomber leurs spermes [57].
On parcourait les champs en portant des flambeaux ardents pour rappeler à la mémoire des chrétiens que saint Jean-Baptiste était « l'éclaireur des égarés » et que dans les premiers temps de l'Église les baptisés furent nommés « éclairés. »
On dansait autour des feux en souvenir de ces paroles de sainte Elisabeth : « Votre voix n'a pas plutôt frappé mon oreille, que mon enfant a tressailli de joie. » Mais on saute encore aujourd'hui au travers du feu de saint Jean pour n'avoir pas à craindre la fièvre, et dans la Flandre orientale les femmes font la même chose pour accoucher plus facilement.
Il y a longtemps qu'en Belgique les coqs et les chats ne sont plus offerts en holocaustes, comme il se faisait en France jusqu'à la révolution, mais en plusieurs endroits on décapite encore, à la Saint-Jean, un coq rouge et on conserve sa tête comme préservatif contre la foudre. A Bruxelles, où ce vilain jeu populaire subsistait encore sous le régime français, le coq était ordinairement décapité sur le Petit-Sablon [58].
Dans les grandes villes, les feux de saint Jean ont disparu. A Gand, une ordonnance du magistrat de 1570, répétée l'année suivante, défend déjà de les allumer.
A Bruxelles, ils brûlaient encore dans les dernières années de l'occupation française, à Mons jusqu'à la fortification de cette ville. A Bruges, où ces feux s'allumaient encore il y a quarante ans, les enfants frappent des charbons ardents contre des pierres pour produire une détonation.
A la campagne et dans les petites villes l'usage antique des feux se maintient encore. Dans une foule de localités du Brabant, de la Flandre et du Limbourg, et à Termonde les jeunes gens vont à cet effet demander du bois chez les habitants de la ville en chantant de porte en porte : «
Hout, hout, timmerenhout,
Wy komen al om sint Jans hout;
Geeft e wat,
En houdt e wat;
Op sinte Pieter nog e wat.
(Du bois, du bois de charpente, nous venons pour avoir du bois de saint Jean; donnez-nous un peu, et gardez-nous un peu pour en avoir encore à la Saint-Pierre).
Les charbons du bûcher de saint-Jean, pilés soigneusement, sont considérés par les paysans comme un excellent remède contre la phthisie, lorsqu'en les mouillant on en prend chaque jour une ou deux cuillerées.
L'usage de jeter des fleurs ou des herbes dans les flammes, afin que tout malheur s'évanouisse comme elles dans le feu et la fumée, s'est perdu, bien qu'on aime encore à brûler, ce jour, de la verveine ou « yzerkruid », dans la cendre de laquelle se trouve, à ce que l'on dit ironiquement, le « gekkensteen », la pierre des fous [59].
Mais en revanche les couronnes de fleurs continuent de jouer un grand rôle à la célébration de la Saint-Jean.
Des couronnes et des guirlandes faites de fleurs, de coques d'oeufs, de morceaux de verre, etc., dont le travail est parfois très-curieux sont suspendues au milieu des rues et au-dessous de ces couronnes se dansent le soir les rondes dites du « Roozenhoed, » danses du chapeau de roses ou du « Croonspel » jeu des couronnes.
Ordinairement ces danses qui se pratiquent vers le coucher du soleil, sont accompagnées de jeux et même de pantomimes qui leur donnent un aspect et un caractère particuliers.
Les chansons intitulées: le Ruban; le Char; le petit Moine; le petit Paysan; Rose; l'Anesse; le Choix; le petit Coffret et d'autres, que rapporte M. De Coussemaker dans ses « Chansons flamandes » sont des rondes de ce genre.
La chanson de danse la plus populaire est : « Paterken » le petit Moine, que Willems fait remonter au XVe siècle. D'autres ne la croient pas antérieure à la réforme et attribuent son origine aux principes protestants. Mais, suivant M. de Coussemaker, cette ronde n'a pas une pareille portée. D'après lui c'est tout uniment une ronde aussi innocente que toutes les autres du même genre.
Au premier couplet, un petit garçon, souvent une petite fille, jouant ce rôle, est au milieu de la ronde; après avoir fait le tour, il choisit une petite fille et la mène par la main au centre. Pendant qu'on chante le deuxième couplet, il se met à genoux devant la petite fille; au troisième il l'embrasse, et au quatrième, il reprend place dans la ronde, tandis que la jeune fille reste. On recommence ensuite la chanson, dont voici le texte tel qu'il se chante à Bailleul [60].
Daer wandeld' ä patertje langst de kant;
Hy greep ä
nonnetje by der hand.
Het was in den midderen dey,
Het was in den mey.
Sa, patertje, gy moet knielen gaen;
En nonnetje, gy moet blyven staen.
Het was, enz.
Sa, patertje, geef uw nonnetje een zoen.
Dat meugt gy nog wet driemael doen.
Het was, enz. -
Sa, patertje, gy moet scheyden gaen;
En nonnetje, gy moet blyven staen.
Het was, enz.
A Dunkerque la chanson a pour refrain :
Hey, bazinne de mey, zoo zey.
Hey, bazinne de mey.
que l'on chante aussi à Courtrai.
A Anvers la ville paya en 1404 trois gros pour une couronne suspendue, la veille de Saint-Jean, devant l'image de Notre-Dame au pignon de la maison des échevins.
A Bruxelles ces jeux des couronnes ou « croonspel » furent interdits par le magistrat dans une ordonnance du 7 août 1435, parce qu'ils s'étaient tellement multipliés qu'il y en avait dans toutes les rues. Mais la coutume n'en resta pas moins en vogue jusque vers le commencement du règne du roi Guillaume, et c'était surtout dans les rues du quartier de Saint-Jean qu'on voyait chaque année de magnifiques couronnes, autour desquelles dansait la jeunesse, même les enfants des personnes distinguées. Quelquefois cette fête se prolongeait pendant trois ou quatre semaines, mais à présent, elle est totalement tombée en désuétude [61].
A Malines, une ordonnance du 15 juin 1472 défendit de danser dans les rues pour célébrer la Saint-Jean ou le Mai (dansspelen of meisspelen te houden) [62].
A Louvain et à Tirlemont, les enfants ont encore de nos jours la coutume de faire à la Saint-Jean des berceaux de verdure devant les maisons et de suspendre des couronnes au milieu des rues. Les statuts de la ville de Tirlemont, où l'on trouve déjà l'an 1303 les mots suivants : « des goendachs vore sente Jans gheborte Baptiste, dat men cronen hangt » [63], nous attestent combien y est vieux l'usage de ces couronnes, qui ne se font plus maintenant à Anvers et dans plusieurs villes du Brabant, qu'à l'époque de la kermesse [64]. L'usage de ces couronnes existe en Saxe et en Silésie comme en Belgique.
Dans le pays wallon se maintient une autre coutume dont l'origine remonte également à une très-haute antiquité. C'est celle de se laver ou de se baigner le jour de Saint-Jean.
Pétrarque, dans une lettre adressée au cardinal Colonna, nous a déjà donné en 1330 une description de l'habitude qu'avaient à cette époque les femmes de Cologne, de se laver, à la veille de la Saint-Jean, au coucher du soleil, les bras et les pieds dans les eaux du Rhin, fermement persuadées que, par cette ablution, elles se purifieraient d'avance de toutes les misères de l'année à venir [65].
Le nom de « sinte Jan de wasscher » saint Jean-laveur, par lequel les flamands désignaient autrefois la Saint-Jean, nous porte à présumer que cet usage n'était pas inconnu dans le pays flamand. Mais il n'y subsiste plus que je sache, il ne s'est conservé en Belgique que sur les bords de la Meuse.
C'est surtout à Huy et dans les environs de cette ville que cette coutume est encore aujourd'hui, scrupuleusement observée. Elle se pratique chaque année le jour de saint-Jean, juste à midi. Rien de plus curieux que de voir alors sur les quais et sur les bords de la rivière les longues files d'enfants déshabillés qui n'attendent que le premier coup de la cloche sonnant midi, pour être plongés dans l'eau. Cela se fait, dit-on, pour leur fortifier les jambes.
Les grandes personnes ayant les jambes faibles les mettent également dans l'eau. D'autres s'y lavent à cette heure le visage et la poitrine; et celles qui ne veulent pas se laver en public, font chercher de l'eau à midi et se lavent, à la même heure, dans leurs chambres, soit la figure et la poitrine, soit le corps tout entier. Aussi a-t-on soin de garder de cette eau et d'en remplir des bouteilles, parce que, suivant une croyance générale, elle ne se gâte jamais et est bénite comme celle de l'église. On s'en sert, pendant toute l'année, pour se laver, et pour y plonger les palmes bénites (buis bénit), avant de les brûler à l'approche d'un orage.
Dans quelques villages, près d'Ougrée, existait l'usage il y a vingt ans, de bénir l'eau de la Meuse, en y plongeant au premier coup de midi, une statue de Saint Jean-Baptiste.
Dans quelques endroits près de Verviers on sonne encore à midi toutes les cloches « pour bénir l'eau » à ce que l'on dit, et là comme dans la contrée d'Ougrée, près de Liége, il est dans l'habitude des familles de plonger à midi les enfants dans l'eau dont on se fait apporter quelques vases chez soi, pour les grandes personnes, qui, à l'heure sacrée, aiment aussi à se laver le visage et la poitrine.
Bien que toutes ces pratiques se rattachent on ne peut mieux à l'idée chrétienne du jour de saint Jean-Baptiste, qui rappelle le souvenir du baptême de Notre-Seigneur dans les eaux du Jourdain, on a pourtant tout lieu de croire qu'elles existaient déjà avant l'introduction du christianisme.
Saint Augustin s'élève déjà fortement contre la coutume qu'avaient les habitants de la Libye, de se baigner, le jour de saint Jean, à certaines heures, coutume qu'il désigne expressément comme païenne [66], et ce qui vient nous donner la presque certitude que l'Église n'ayant pas pu réussir à abolir ces anciens usages existant à la fête du solstice, les a laissés subsister en leur donnant une signification chrétienne, c'est la foule d'idées superstitieuses se rattachant encore aujourd'hui à la Saint-Jean.
Après la Noël, la Saint-Jean est certainement le jour de sort le plus grand de l'année.
On cueille à midi différentes herbes, parmi lesquelles toutefois « Sint-Jans kruid », herbe de saint Jean, « vyfvinger kruid », quinquefeuille, « duivelkruid », Hécate, et « waterheks », trèfle d'eau, ne doivent jamais manquer [67].
L'herbe de saint Jean ou l'Annoise, cueillie à midi, garantit contre les éclairs. Les paysans des environs de Contich en font des bouquets qu'ils suspendent aux greniers de leurs maisons. Ils prétendent que cette herbe cueillie à la Saint-Jean ne se flétrit jamais, mais que cueillie tout autre jour de l'année, elle sèche [68].
Aussi en coupe-t-on de petites branches et chacun en place une dans un vase rempli d'eau. Celui dont la branche se fane la première, doit mourir le premier, croit-on [69].
A Spa, où les marguerites portent le nom de « fleurs de Saint-Jean, » on en fait des couronnes, qu'on jette, la veille de la Saint-Jean, sur les toits, afin de garantir les maisons de l'incendie.
L'armoise, « byvoet, » (artemisia vulgaris) cueillie à la Saint-Jean et pendue aux portes des étables, des chambres, etc., porte bonheur et protège contre les maléfices. Mise dans les souliers elle préserve le piéton de lassitude, croyance, dont le nom flamand a tiré son origine [70].
La verveine ou « yzerkruid » (verbena officinalis) est aussi cueillie le jour de Saint-Jean, et on en porte sur soi pour se garantir de ruptures.
Les jeunes filles font des couronnes de neuf sortes de fleurs et les lancent sur des arbres. Autant de fois que la couronne retombera avant de s'attacher aux branches, autant d'années la fille restera-t-elle avant de se marier.
D'autres cueillent à la veille de la Saint-Jean deux espèces de fleurs dont l'une doit être rouge et l'autre blanche. Puis elles se bandent les yeux et choisissent une fleur. Est-elle blanche, la jeune fille est assurée de revoir le lendemain son ami, et la croyance populaire dit, que l'amant absent doit revenir, ne fût-il même plus parmi les vivants [71].
Trèfle à quatre feuilles trouvé ce jour, par une jeune fille, lui assure un mari.
Les jeunes filles tournent aussi la veille de la Saint-Jean l'aiguille du tourniquet, celle devant laquelle cette aiguille s'arrête se mariera la première.
La petite bête de la vierge qui porte toujours quelque bonheur à qui la trouve, préserve, prise à la Saint-Jean, pendant une année entière contre divers maux de tête et de dents.
Aussi tâche-t-on de trouver ce jour des vers de Saint-Jean ou vers luisants, qui portent bonheur à ceux qui les tiennent.
Dans plusieurs contrées, où le lin est cultivé, les jeunes filles dansent autour du champ de lin, puis elles se déshabillent et folâtrent dans le champ; on dit « que cela plaît au lin [72]. »
Dans les environs de Lierre on croit que la nuit, qui précède la Saint-Jean, tous les sorciers et sorcières doivent se rendre au sabbat dans certain champ qui leur est indiqué d'avance, pour y être passés en revue par un magicien infernal et en recevoir de nouveaux pouvoirs. Voilà pourquoi les vieilles femmes, avant de se coucher ce soir, ont un soin tout particulier de boucher toutes les issues de la maison, afin de ne pas laisser aux sorciers ou sorcières du voisinage, à leur retour du sabbat, le moyen de s'introduire secrètement dans la maison pour y faire leur coup d'essai [73].
La coutume des habitants du pays de Limbourg de décorer, la veille de la Saint-Jean, les tombes de fleurs et de papier de couleurs, ce qu'ils appellent « sieren, » a probablement pris naissance dans quelques cimetières consacrés sous le nom de Saint-Jean, et sera ensuite devenue générale. On retrouve du moins un usage tout analogue aux cimetières dits de Saint-Jean, à Leipzig et à Nuremberg.
Les agriculteurs attribuent à la Saint-Jean une grande influence sur la température.
Saint-Jean, en nouvelle lune et premier quartier, est le patron des semeurs.
Si le soleil n'est pas visible à la Saint-Jean, on n'aura pas de fruits.
S'il pleut, ce jour-là, les pommes seront infestées par les vers, les noix ne seront pas bonnes et les « huren » (colchiques) se multiplieront dans les prairies [74]. On aime donc que le temps soit serein, surtout pendant le chant de la Saint-Jean, entonné devant le bûcher [75].
D'après une règle généralement suivie, on cesse à la Saint-Jean de couper les asperges, et un ancien dicton populaire conseille de ne tourber qu'avant ce jour :
« T'berouwde nooit man, dat hy turfde voor Sint-Jan. » Jamais personne ne s'est repenti d'avoir tourbé avant la Saint-Jean [76].
Dans plusieurs villes de la Belgique la fête de saint Jean-Baptiste coïncidait autrefois avec l'élection ou l'installation des nouveaux magistrats.
A Aerschot une ordonnance de Marie de Brabant, en date du 29 juin 1321, abolit les échevins à vie et fixa leur élection annuelle à la saint Jean. Dès lors les sept échevins choisissaient chaque année quatorze citoyens de la ville; le duc en nommait sept pour l'année à venir [77].
A Bruxelles, où la fête de saint Jean-Baptiste coïncidait aussi avec l'installation des nouveaux magistrats, se faisait une des trois grandes processions, auxquelles tous les corps constitués et tous les corps de métiers étaient dans l'usage d'assister. Elle sortait de l'église de Sainte-Catherine. Quelquefois on faisait suivre cette cérémonie religieuse de la représentation d'un mystère ou d'une comédie allégorique, qui rappelait les principaux épisodes de la vie du saint.
Ce mystère n'avait plus été joué depuis longtemps, lorsqu'on le donna de nouveau, en 1548.
Pour le repas donné à la saint Jean à l'hôtel de Ville, le règlement de 1639 alloua pour frais 800 florins [79].
Dans le faubourg de Molenbeek à Bruxelles, se célébrait le même jour avec beaucoup d'éclat la fête patronale de l'église paroissiale.
Cette église qui,d'après la tradition,doit sa fondation à sainte Gertrude était jadis entourée d'une telle vénération que parfois, lors de sa fête, plus de 60,000 fidèles en faisaient le tour en priant.
Presque tous les jours des parents y allaient pour y faire lire sur leurs enfants l'Évangile de Saint-Jean, parce qu'on croyait fermement que les enfants que l'on n'y portait pas, pleureraient continuellement. On disait aussi dans ces occasions quelques prières adressées à sainte Gertrude, dont l'église de Molenbeek possédait des reliques et à laquelle le puits miraculeux près de l'église était consacré.
La terre du cimetière passait également pour miraculeuse et beaucoup de personnes en conservaient pieusement chez elles [80].
Dans l'ancienne Chartreuse de Scheut près de Bruxelles, on célébrait jadis tous les ans, le jour de saint Jean-Baptiste, une messe solennelle pour la prospérité de la ville de Bruxelles [81].
A Lierre, où l'église collégiale s'intitule : « Ecclesia sancti Joannis-Baptista, translata ad sanctum Gummarum », le changement des magistrats a eu régulièrement lieu à la saint Jean de chaque année depuis le règne du duc Jean II mort en 1312 jusqu'à la domination française [82].
A Louvain, c'était depuis 1267 que les échevins, jusque là nommés à vie, changeaient tous les ans ce jour-là [83].
A Mons le renouvellement annuel des échevins avait lieu la veille de la saint Jean d'après un décret de 1315 [84].
A Termonde les habitants des quartiers se réunissaient ce jour à un banquet avec les « deken en dekinne », qui étaient élus chaque année. Ces decans ou doyens, qui présidaient aux différents voisinages (wijken ofte gebuerten), avaient l'obligation d'accommoder tous les différends entre les locataires ou les voisins. Mais les habitants de Termonde à cause de leur bon caractère n'ayant pas de querelle, toute la tâche des doyens se bornait quêter de maison en maison l'argent nécessaire à une ou plusieurs journées d'amusement commun [85].
A Vilvorde les échevins choisissaient autrefois tous les ans deux valets et deux doyens de la gilde « guldekens »; puis ils envoyaient les deux nouveaux valets chercher les deux nouveaux doyens, auxquels ils faisaient prêter serment, et nommaient les huit jurés ou, comme on les appelait, les huit, dont ils transmettaient les noms aux doyens, qui leur faisaient prêter serment.
Cette gilde le la draperie ou lakengulde, qui existait déjà à Vilvorde en 1357, avait sous sa surveillance tout ce qui se rapportait à la fabrication et à la vente des étoffes de laine [86].
Dans la même ville les habitants des villages de Dieghem et de Machelen-sainte-Gertrude avaient après la saint Jean le droit de jouir des grandes prairies, qui appartenaient à cette ville. Mais il n'était permis d'y amener des brebis que depuis le 8 septembre jusqu'à la mi-mars, sous peine d'une amende d'un sous par brebis; parce que pendant l'autre partie de l'année les prairies étaient réservées aux brebis des habitants de Vilvorde [87].
A Bruges les libraires, «boekverkoopers of librairiers » célébraient le jour de saint Jean, la fête de leur patron. Érigés en métier par une charte de Philippe le Bon, de l'an 1454, ils imprimèrent en 1475 le premier livre ayant pour titre : « Le Jardin de dévotion » [88].
A Bruxelles l'une des neuf nations qui formaient les métiers, était sous l'invocation de saint Jean.
A Liége, les oiseliers, paussiers, fourbisseurs et couteliers célébraient le 24 juin leur fête patronale.
A Tronchiennes se célèbre tous les ans la commémoration de l'élévation des reliques de saint Gérulphe qui eut lieu, en 1257, le jour de la nativité de saint Jean-Baptiste.
A Gand, le quatrième dimanche après la Pentecôte, donne lieu à une fête des plus populaires, connue sous le nom de « sinte Nys. »
L'origine en remonte à l'an 1686, où dans la nuit du 16 au 17 décembre, un grand sacrilège fut commis à Courtrai. Trois malfaiteurs nommés Gros Pierre, François et Grand Jean ayant volé de l'église plusieurs vases précieux contenant les saintes hosties et s'enfuyant vers Gand, rencontrèrent un troupeau de brebis qui, à l'approche des voleurs portant les hosties sacrées accoururent et se mirent à genoux. Effrayés à cet aspect, les voleurs jetèrent les hosties dans un marais ou « waterpoel » près de Maelte-Brugge, village situé à trois-quarts de lieue de Gand sur la route de Courtrai.
Arrêtés par la police le second jour de Noël, les trois malfaiteurs confessèrent leur crime et furent exécutés à Gand, le 17 janvier 1687, après avoir indiqué l'endroit où se trouvaient les hosties.
Un concours immense de peuple se rendit le troisième jour de Noël à Maelte-Brugge pour accompagner le clergé qui alla chercher dans l'eau les saintes hosties et les transporta processionnellement à Gand. En souvenir de cet événement, Maur Verschuren, abbé de Saint-Pierre à Gand, et patron de la paroisse de Saint-Denis, où se trouvait l'étang, fit construire près de l'eau une chapelle en l'honneur du Saint-Sacrement et y plaça trois des hosties trouvées qu'il avait reçues en présent.
La dévotion pour ces hosties augmentant de jour en jour, on institua une neuvaine annuelle, durant laquelle encore aujourd'hui la chapelle, où sont exposées les hosties, est on ne peut plus fréquentée. Tout le monde y va boire de l'eau de l'étang [89].
La même fête se célèbre aussi à Courtrai, dans l'église de Saint-Martin, sous le nom de « Putje, » mais la procession qui se fait à cette occasion à cinq heures du matin n'est suivie que de religieuses et de béguines.
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25 juin.
(Dianthus barbatus.) Saint Adelbert; sainte Berthe; saint Guillaume, abbé;
saint Prosper; Translation de saint Éloi.
A Binche, on célèbre ce jour la fête de saint Théodulphe, évêque et abbé de Lobbes.
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26 juin.
(Sonchus coeruleus.) Saints Jean et Paul.
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27 juin.
(Hypericum perforatum.) Saint Ladislas, roi de Hongrie.
Nieuport, cette ville qui a le rare avantage de pouvoir compulser l'acte authentique de sa naissance [90], comme dit H. Van de Velde, en souvenir de la délivrance de la ville par l'intercession de la Vierge, qui eut lieu le 27 juin 1489 [91].
Déjà le vendredi avant la kermesse, le marché aux légumes aux fruits et aux fleurs est mieux fourni et plus fréquenté qu'à l'ordinaire. Aussi des chanteurs, par troupe de trois à quatre personnes, commencent-ils à parcourir les rues en récitant des chansons qui, suivant l'ordre du bailli, doivent être présentées auparavant au curé et en avoir reçu la sanction.
Le samedi tout est nettoyé et mis en ordre pour la fête. A midi le citoyen le plus âgé de la ville est conduit à la Grand'Place, au son du carillon et de toutes les cloches.
Le dimanche, de grand matin, une foule extraordinaire afflue des environs de la ville. Les pères récollets célèbrent plusieurs services de matin, et à la porte de leur église des tables garnies de différentes sortes de foie cuit, de saucisses de Fumes, de pains aux corinthes (korentekoekestuisen) et de pains blancs (kraeke) sont étalées.
La grande messe, en vertu d'un vieux privilège est célébrée ce jour parle prélat de l'abbaye de Saint-Nicolas à Furnes « in pontificalibus » et avec le concours de ses religieux, dans l'église paroissiale de Nieuport. Par la belle musique que l'on y entend, cette messe exerce encore plus d'attraits. L'ommegang solennel se fait à la suite du service divin.
Le reuze, superbement habillé et armé, ouvre la marche, précédé par des violons qui exécutent l'air populaire de la chanson « De reuze komt. »
Puis viennent les membres de la « visschersgild » (métier des pêcheurs) en costume très-pittoresque et portant des bâtons de triomphe (toorsen) avec de petits navires, des filets, etc., décorés de fleurs et de rubans.
Les quatre gildes uniformées, les « rethorikabroeders » en gilets et haut-de-chausses de soie jaune et casaques vertes doublées en jaune; les confrères de Saint-Georges en rouge, avec des gilets et haut-de-chausses blancs; ceux de Saint-Sébastien en brun et bleu avec des rabats blancs, et ceux de Saint-André ou les arquebusiers en bleu, doublure et rabats rouges; chaque gilde a sa bannière et son tambour battant, celle de Saint-Georges avec un guidon ou gids à cheval. Les fils des confrères qui accompagnent leurs pères, portent les armoiries des gildes « gildenberten. »
Les confréries suivent avec leurs gonfalons, chaque confrère portant un flambeau allumé. L'image du saint patron ou de la sainte patronne est portée au milieu de chaque confrérie par des garçons ou des jeunes filles, la célèbre statue miraculeuse de la Vierge dite « van den nood Gods » par six filles de pêcheurs habillées d'une longue jaquette de mousseline blanche, d'une courte jupe rouge, d'un tablier de soie noire et d'une écharpe de la même étoffe avec une grande boucle d'argent.
Puis vient le clergé, à sa tête les pères récollets avec leur grande croix de bois, les chanteurs d'église, des enfants habillés en anges, et le célébrant portant le Saint-Sacrement dans l'ostensoir d'argent richement doré et orné de diamants, qui attire les regards de tous les étrangers. Il est entouré par les porteurs de lanternes d'argent, de la confrérie du Saint-Sacrement.
Les membres du magistrat en grand costume, portant des flambeaux à l'exception d'un seul qui porte la « verge de justice, » bâton très-long, ferment le cortège, qui au son du carillon et de toutes les cloches parcourt les rues de la ville, ne s'arrêtant que dans la Kaeyestraet, où l'on chante à l'autel érigé en reposoir, un motet avant de donner la bénédiction.
Quatre ou six ouvriers habillés en diables faisaient autrefois la police. Tous leurs vêtements, de pied en cap, étaient peints de serpents, vampyres, chauve-souris, flammes; ils avaient eu outre des oreilles et queues de diable, une longue langue rouge pendant de la bouche, des cornes et des pieds de bouc, et étaient munis chacun d'un bâton au bout duquel pendaient des sachets de sable, dont ils se servaient pour frapper ceux qui s'approchaient trop du cortège. Les costumes des diables se conservaient encore en 1795 à l'hôtel de ville.
Le soir tout le monde dansait, même les membres des confréries, qui d'abord allaient à « Lombardie » assister à la messe et prendre du café avec des pains aux corinthes durant la neuvaine, en l'honneur de Notre-Dame [92].
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28 juin.
(Centaurea Cyanus). Saint Irénée, év. ; saint Léon II, pape.
Dans la Campine on fête chaque année la veille de la Saint-Pierre et Saint-Paul d'une manière bruyante. Les domestiques de l'un et l'autre sexe, changent d'ordinaire de maîtres à la Saint-Pierre et y prennent le plus de part.
Les garçons de chaque voisinage se réunissent pour aller quérir avec la meilleure charrette de la métairie, splendidement ornée de fleurs, de verdure et de cocardes en papier coloré ou en clinquant, et attelée de quatre on six chevaux, les nouveaux garçons et servantes des villages et métairies des environs. Durant le trajet, qui se fait au plus grand trot possible, toute la compagnie assise sur les caisses et les coffres des domestiques nouvellement engagés, chante à tue-tête une ancienne chanson dite « Uitwykelingslied » chanson d'émigration, qui commence en ces termes : « Naer Oostland willen wy ryden. Nous partons pour l'Orient. »
Mais il est de règle qu'à chaque cabaret, le long du parcours vers la nouvelle habitation, on s'arrête pour boire copieusement, pour régaler les garçons conduisant la charrette; après chaque station on recommence la même chanson; il y a très-peu de personnes qui sachent en chanter plus de trois ou quatre strophes. On ne sait pas non plus au juste quel est le pays de l'Est ou Oostland, mot, que les campagnards des environs de Lierre ont remplacé par celui de « Roosland ou Roozenland, » contrée des roses [93].
Feu M. Willems est d'avis que l'origine de cette chanson remonte au XIIe ou XIIIe siècle, époque où pour la première fois des milliers de Flamands et surtout de Brabançons émigrèrent au nord de l'Allemagne pour y fonder des colonies agricoles, qui jusqu'à nos jours y ont plus ou moins fidèlement conservé leur langue et leurs anciens droits flamands.
Quoi qu'il en soit, il est certain que dans la Campine du Brabant, la chanson d'émigration se chante de temps immémorial. C'est pourquoi nous ne croyons pas hors de propos d'en communiquer ici le texte, tel qu'il est rapporté par M. Hoffmann von Fallersleben dans ses chansons populaires néerlandaises.
Naer Oostland willen wy ryden,
naer Oostland willen wy meê,
al over die groene heiden,
frisch over die heiden,
daer isser een betere steê.
Als wy binnen Oostland komen
al onder dat hooge huis,
daer worden wy binnen gelaten
frisch over die heiden,
Zy heeten ons willekom zyn.
Ja, willekom moeten wy wezen,
zeer willekom moeten wy zyn,
daer zullen wy avond en morgen,
frisch over die heiden,
nog drinken den koelen wyn.
Wy drinken den wyn eruit schalen
en 't bier ook zoo veel ons belieft;
daer is het zoo vrolyk te leven,
frisch over die heiden,
daer woont er myn zoete lief.
Arrivées à l'endroit de leur destination les filles sont pour la dernière fois régalées par les garçons, mais en revanche, elles doivent le dimanche pendant l'octave de Saint-Pierre, où l'on fête dans les cabarets la bienvenue par d'amples libations de bière sucrée,fournir le sucre nécessaire, dont chacune d'elles a soin d'apporter en personne sa quote-part. C'est pourquoi ce jour est nommé « suikerenzondag, » dimanche sucré. En quelques localités de la Campine s'observe la coutume de « Kelderen » ou enfermer dans la cave, usage qui ne s'y est introduit que récemment. Elle consiste, comme le nom l'indique, à enfermer dans la cave les nouveaux domestiques qui viennent d'arriver à la métairie et à ne leur donner la liberté que quand ils ont promis une certaine quantité de bière ou de genièvre pour la fête de la bienvenue. En beaucoup d'endroits du Brabant la cérémonie d'aller quérir les nouveaux domestiques dite « Overhalen » en flamand, se fait à la veille de la Saint-Jean. A l'époque où les reliques de Saint-Liévin avaient été transférées à l'abbaye de Saint-Bavon, en 1007, on avait créé des confréries en l'honneur de ce saint : tous les ans, à sa fête, celles-ci se rendaient processionnellement à Houthem avec les reliques. Celle instituée dans ce village, était nommée « van buuten » du dehors; l'autre à Saint-Bavon, était connue sous le nom de « van binnen, » de l'intérieur. Une troisième s'érigea à Gand sous le titre de « confrérie des aumônes de Saint-Liévin » celle de Saint-Bavon ayant voulu se mêler de la distribution de ces aumônes, les échevins de la ville de Gand prirent, en 1454, la résolution de les réunir. On n'était admis dans ces confréries qu'en s'obligeant à faire une donation à cause de mort à l'abbaye, qui en donnait le produit éventuel en location. La direction « proviseerscepe » de ces confréries appartenait à la corporation des tisserands.
On tenait à grand honneur l'avantage de porter les reliques de Saint-Liévin, ce que l'on n'obtenait souvent qu'au prix de grands sacrifices. Ces pèlerinages toujours signalés par les désordres les plus révoltants, devenaient d'année en année de plus en plus intolérables. On avait pensé pouvoir y mettre un frein, en en confiant la direction à deux échevins de la ville de Gand; mais la présence de ces magistrats était impuissante pour contenir les scandaleux débordements de la populace, se ruant à la suite de la « fierte » du saint. Souvent l'intervention du bailli d'Alost avec ses hommes d'armes était requise pour protéger les habitants et maintenir un semblant d'ordre dans ces processions qui donnaient toujours lieu aux violences les plus déplorables [94].
Ces mesures de police n'ayant obtenu aucun résultat, on fit, courir le bruit que tous ceux qui s'y rendraient encourraient la peine de l'excommunication. Mais rien ne put y faire; bien souvent la ville de Gand devint victime des débordements populaires, qui en étaient la suite. Ainsi, en 1466, au retour de Houthem, le 29 juin, les confrères excités par plusieurs jours de débauche, et soutenus par la populace, se rendirent avec la chasse de Saint-Liévin au Marché du Vendredi et y détruisirent le bureau où les droits de ville étaient perçus. Voilà pourquoi on défendit,, en 1469, de porter la châsse de Saint-Liévin à bras et de pousser des vociférations, qui jetaient la terreur dans les campagnes. Quoiqu'il paraisse, d'après un arrangement de 1505 fait par les échevins de la ville de Gand, sur le rang que devaient y tenir les fonctionnaires de l'abbaye et les doyens de ces confréries, qu'on était parvenu à y introduire une apparence d'ordre, Charles-Quint les supprima par sa sentence du 30 avril 1540.
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29 juin.
(Rhinanthus Galli.) Saints Pierre et Paul.
La fête des saints Pierre et Paul était dans le principe la seule qu'on célébrât en l'honneur des apôtres, tout en y rattachant la mémoire des autres disciples du Seigneur. Ce ne fut qu'assez tard qu'on donna une fête à chaque apôtre en particulier, ou à deux à la fois (par exemple saint Philippe et saint Jacques, saint Simon et saint Jude).
Mais quoique dans la suite, pour honorer saint Pierre, on ajoutât encore, trois fêtes à celle des saints Pierre et Paul, celle-ci n'en perdit pas de sa solennité primitive.
Saint Pierre, le prince des apôtres, est on ne peut plus vénéré. En Belgique seul le nombre des églises qui lui sont dédiées monte à deux cent quarante, dont cinq ont donné aux paroisses, où elles se trouvent, le nom du saint [95]. Trente-huit autres sont consacrées sous l'invocation des saints Pierre et Paul.
C'est surtout à l'abbaye d'Afflighem, de Bastogne, de Beeringen, à l'abbaye de Gembloux, de Grammont, Haelen, Lessines, Lobbes, Loo, Louvain, Merchtem, Nivelles, Renaix, Thielt, Tronchiennes, Turnhout, Waremme, que saint Pierre est ou était honoré, comme patron, tandis que l'abbaye d'Alne, Anvers, Bouillon, Châtelet, Chimay, Leuze, Middelbourg, Ostende, Saint-Gérard-de-Brogne, Waesmunster, Warneton vénèrent ou vénéraient ensemble saints Pierre et Paul comme patrons [96], et presque partout le jour de ces saints est très-solennel.
A Namur, où la collégiale de saint Pierre possédait de très-précieuses reliques, le chapitre de cette église faisait, avant l'érection de l'évêché de Namur en 1560, chaque année à la Saint-Pierre, une grande procession en l'honneur du saint patron, mais cette procession cessa d'avoir lieu à la suppression du chapitre qui fut uni à celui de la cathédrale.
A Florennes, où Saint-Pierre est invoqué contre les fièvres intermittentes, la fête du saint donne lieu à une procession très-remarquable qui se fait chaque année le dimanche après le 29 juin, la châsse de Saint-Gengou, patron du lieu, y est portée. Suivant l'usage, la jeunesse de l'endroit se met ce jour-là sous les armes et forme un corps d'infanterie et un de cavalerie. Plusieurs villages voisins font de même et viennent parader à Florennes pour donner plus d'éclat à cette procession on ne peut plus suivie.
A Jette, près de Bruxelles, l'église dédiée à saint Pierre attirait ce jour tant de monde que jadis, comme dit Sanderus, la porte de Flandre à Bruxelles restait constamment ouverte, la nuit avant la fête patronale, afin de permettre à la foule d'y aller prier saint Pierre [97].
Ostende joignit en 1768, à la fête de son patron celle du jubilé de cinq cents ans de son existence comme ville, faveur qu'elle doit à Marguerite de Constantinople, qui lui accorda les privilèges de ville. Ces fêtes duraient huit jours et attiraient une foule innombrable d'étrangers de tout le pays [98].
A Rumpst, commune située à deux lieues de Lierre, la fête des saints Pierre et Paul, fête patronale de ce village, donnait autrefois lieu à une cérémonie assez singulière.
Une procession avec la statue de Saint-Pierre allait sur le Ruppel, accompagnée des nacelles splendidement ornées de tous les pêcheurs, qui, avec les bateliers, forment les deux tiers de la population de Rumpst. Après avoir vogué quelque temps, on avait chaque fois soin de laisser tomber, comme par accident, la statue du saint patron dans l'eau, mais aussitôt tous les pêcheurs jetaient leurs rets et leurs filets dans la rivière, et celui d'entre eux, qui eut l'avantage de pêcher et de retirer de l'eau la statue du saint patron, fut proclamé pour l'année suivante doyen ou chef de la confraternité de saint Pierre. En même temps tous les filets, qu'on retirait du Ruppel, étaient pleins des plus beaux poissons, qu'on avait eu soin de se procurer d'avance pour cette pêche simulée, et que l'on offrait, après avoir rapporté solennellement la statue de Saint-Pierre à l'église, au curé et à toutes les notabilités du village, pour recevoir d'eux en retour quelques pourboires destinés à fournir aux dépenses de la soirée, qu'on passait à boire, à chanter et à danser dans les cabarets du lieu.
L'édit de l'empereur Joseph II, en date du 8 avril 1786, supprimant toutes les confréries et confraternités religieuses mit fin à la confraternité de Saint-Pierre à Rumpst, mais la pêche simulée s'y faisait encore, il y a quinze ans, à chaque fête des saints Pierre et Paul, en commémoration du saint qui fut lui-même pêcheur avant de devenir apôtre, et que les pêcheurs de Rumpst considèrent comme protecteur de leur pêche; car Rumpst excelle par l'abondance de poissons, surtout de « spieringen » ou éperlans. La Nèthe inférieure et la Dyle qui se réunissent près et en aval du village de Rumpst, pour constituer le Ruppel, ont charié de tout temps une masse de sable fin et mouvant, provenant de la surface des bruyères de la Campine, ainsi que du gravier des fortes marées. Ces sables font naître de grands bas-fonds, dont le gisement varie parfois par l'impulsion des vents dominants, du flux et du reflux,et c'est sur ces ensablements que l'éperlan, petit mais délicieux poisson de mer, vient déposer vers le printemps son frai, de sorte que les pêcheurs de Rumpst en pêchent une telle quantité, qu'ils en approvisionnent les marchés aux poissons des villes d'Anvers, de Lierre, de Louvain et de Malines [99].
Une procession analogue se fait encore à présent chaque année le jour des saints Pierre et Paul dans tous les villages et villes maritimes de la Flandre occidentale. Une longue file de nacelles bien décorées accompagnent la barque dans laquelle le curé de l'endroit va sur la mer, pour la bénir en l'aspergeant d'eau bénite et en récitant les prières usuelles.
A la campagne et dans beaucoup de villes du Brabant, de la Flandre et du Hainaut la veille de la Saint-Pierre n'offre qu'une répétition de celle de la Saint-Jean. Les mêmes feux, les mêmes couronnes, les mêmes rondes, les mêmes pratiques. En plusieurs localités, où les feux de saint Jean sont tombés en désuétude, ce sont ceux de saint Pierre qui se sont conservés.
Dans plusieurs villages de la Flandre orientale la famille se range autour du feu qu'on allume à quelque distance des habitations. On fait de copieuses libations de genièvre, et les jeunes gens se noircissent les uns les autres avec des bâtons à moitié brûlés, en criant de temps en temps : « Vive le feu de saint Pierre! »
A Bruges les enfants ont l'habitude de faire dans les rues de petits parterres de morceaux de pierres ou de terre de différentes couleurs et de demander aux passants quelques liards.
A Ypres les garçons travestissent l'un d'entr'eux en apôtre, lui mettent une mitre de papier sur la tête et une chape de papier sur le dos, le placent sur des bâtons, qu'ils portent sur les épaules, et vont de maison en maison faire une quête en chantant une chanson analogue à la circonstance.
La coutume des feux n'existe plus dans ces deux ville.
En Brabant, le feu de saint Pierre était en beaucoup d'endroit plus colossal que celui de saint Jean. Ce feu éteint, l'antique jeu de la boule, « bollenspeel » ou « bollenwerpen » commençait; les deux sexes y prenaient part. Le vainqueur roi de l'été ou de la boule, devait régaler et choisissait la plus belle pour reine; quelquefois c'était une femme qui gagnait la partie, en ce cas c'était à elle à choisir son royal époux [100].
Cette coutume très-connue surtout à Louvain et dans les environs, subsiste encore à Grammont et à Mespelaer.
A Mespelaer, village près de Termonde, on apporte, la veille de Saint-Pierre, au Dampbrug, situé dans les prairies marécageuses au-delà du Parcxbrug, une énorme quantité d'églantiers, de roseaux et de paille pour en faire un grand feu, et à neuf heures du soir on allume ce bûcher en criant « djou, djou, djou! »
Le lendemain, après les vêpres, les jeunes gens, qui ont allumé le feu, se rassemblent à l'auberge « Het goed leven » pour jouer à la boule. Le prix est un chapeau ou une couronne de roses, que l'on met sur la tête du vainqueur en chantant en chœur :
Van waer komt gy getreden, magochelke?
Ik kom van onder d'aerde magochelke.
Wat hebt gy daer gedregen? magochelke.
E' kaneke met asschen. magochelke.
Aen wie zult gy dat geven? magochelke.
Aen myne naeste vrienden. magochelke.
Wie zyn die naeste vrienden? magochelke.
Ik zal het u gaen zeggen? magochelke.
et en dansant à la ronde, main en main. Le magochel, qui est au milieu de la ronde, choisit un de ceux qui dansent autour de lui [101].
A Grammont on allume, la veille de Saint-Pierre, un grand bûcher, autour duquel on danse en chantant « Vivat sinte Pieter! vivat sinte Peternelle, djou, djou, djou, djou, djou! » (vive Saint-Pierre, vive Sainte-Pétronille, djou, djou, djou, djou, djou!)
Le dimanche suivant a lieu la fête de la « couronne de roses. » On s'accorde en secret sur les personnes qui doivent être roi et reine des roses; puis on danse au-dessous des couronnes suspendues au milieu de la rue et pendant la ronde, les couronnes tombent sur les têtes des élus, qui, de leur côté, doivent donner un festin [102].
A Hekelghem, village à quatre lieues de Bruxelles s'est conservée une fête toute analogue du chapeau de roses.
Tous les ans, le dimanche après la fête des saints Pierre et Paul, les jeunes filles tirent à la paille pour choisir une reine. Celle à qui échoit la plus longue paille est proclamée en cette qualité et reçoit le « chapeau de roses. » Celle qui après elle tire la plus longue paille est deuxième reine et la couronne de roses lui appartient. Toutes deux ont le droit de choisir un époux momentané, qui partage la royauté ou vice-royauté [103].
A Bruxelles, comme à Gand, il ne reste plus que quelques faibles traces de ces anciennes coutumes populaires. Les enfants dansent autour d'une chandelle qui remplace le feu d'autrefois.
A Mons des chandelles placées sur des tables autour desquelles on danse en rond, représentent maintenant les feux qui s'allumaient, avant les fortifications de cette ville, la veille de Saint-Pierre et qui donnaient lieu à un concours de chant d'un genre tout particulier. Celui qui chantait le plus grand nombre de chansons recevait en prix un coq ou un lapin, mais la même chanson ne devait jamais être chantée deux fois.
Ces feux de Saint-Pierre, qui d'après quelques-uns brûlaient pour chasser les dragons, d'après d'autres pour imiter la célèbre girandole allumée à Rome en l'honneur du saint, n'ont d'autre origine que ceux de Saint-Jean. Car la Saint-Pierre rentrait jadis dans le cercle de la fête du « midzomervuer, » qui ne se terminait que dans la nuit du 2 juillet [104]. Voilà pourquoi nous trouvons encore beaucoup d'idées populaires se rattachant à la fête des saints Pierre et Paul. Le jour de ces saints, il est bon de mettre des œufs sous la poule, mais il faut le regarder comme critique pour la température; s'il fait beau et que le vent est doux, l'année se passera aussi agréablement que ce jour. S'il y a grand vent, l'équinoxe amènera des vents destructeurs. Lorsque le coq chante ce jour, il amène le mauvais temps [105], et « saint Pierre et saint Paul pluvieux, pour trente jours dangereux « dit un proverbe. »
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30 juin.
(Cistus Helianthemum.) Comm., saint Paul; sainte Adèle.
Ce jour, mourut l'an 1228, le B. Arnould de Cornibout, religieux de Villers, qui avait une dévotion spéciale pour les sept joies de Marie. D'après la légende, la sainte Vierge daigna lui en révéler sept autres, dont elle jouit dans les cieux et qui ont trait à sa conception sans tache [106].
A Anvers se faisait autrefois, le dimanche après la Saint-Jean, la procession dite « Loykensomgang » en l'honneur de Saint-Éloi, premier apôtre de la ville d'Anvers.
La veille de ce jour le bourgmestre (schoutet) le bailli (amptman) et le magistrat (wet) s'assemblaient, après dîner, à l'hôtel de ville, où les marguilliers de l'église du château (kerkmeesters van de Borchtkerke) se rendaient à leur rencontre, pour les conduire, musique en tête, à l'église.
Les six gildes et tous les métiers avec leurs chapelains devaient accompagner le magistrat.
Le dimanche à neuf heures du matin, le magistrat s'assemblait dans la grande salle de l'hôtel de ville et y attendait les « kerkmeesters » pour suivre la procession. Arrivés à l'église, les membres du magistrat portaient la statue de Saint-Éloi jusque hors de l'église, suivis du clergé, mais précédés des six gildes, qui marchaient derrière les métiers.
Le jour de l'octave de la fête de Saint-Jean-Baptiste se célèbre à « Sint-Jans-Hemelveerdegem » une messe solennelle pour les défunts de la confrérie de Saint-Jean.
Cette pieuse association érigée en l'honneur du saint patron et protecteur de l'endroit, est renommée par les indulgences, que le pape Clément X lui a accordées le 12 mars 1676. Le nombre de ses membres est d'autant plus grand, que le village de « Sint-Jans-Hemelveerdegem » attire un nombre infini de pèlerins qui de tous côtés y affluent pour invoquer le saint contre les spasmes (stuipen) (seskens) et l'épilepsie. On compte plus de vingt mille personnes qui, le jour et durant l'octave de la fête de Saint-Jean-Baptiste, y viennent honorer les reliques de ce saint, qui s'y conservent et que l'on expose alors à l'église paroissiale de cette commune [108].
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[1] Coremans, p. 24. - Schayes, L.P.B., t. II, 84.
[2] Cornet, pp. 138-139.
[3] Cornet, pp. 141-142.
[4] H.d.E.d.B,t. I, 517.
[5] Mertens, t. II, 157-158; t. III, 28-31.
[6] Beweeg-Redenen tot de devotie van het Artsbroederschap der alderheyligste Dryvuldigheyt ingestelt in de parochiale kerke van Sint Gillis binnen Brugge. Brugge, 1770.
[7] A.d.l.S.d.E.d.B., 2e série, t. I, 379.
[8] Schayes, p. 155.
[9] Voisin, p. 222-223.
[10] « Lumeçon » s'appelait jadis chaque parade ou évolution militaire qu'une troupe exécutait devant un souverain, un seigneur ou une autorité, pour leur rendre hommage.
[11] Le voici tel que M. L. Devillers l'a publié :
Nos irons vir l'car d'or
A l'pourcession de Mon;
Ce s'ra l'poupée saint Georg',
Qui no' suivra de long;
C'est l'doudou, c'est l'mama,
C'est l'poupée, poupée, poupée,
C'est l'doudou, c'est l'mama,
C'est l'poupée saint Georg' qui va
Ce n'est que plus tard que l'on termina ce chant par le refrain suivant :
Les gins du rempart
Riront comm' des riards
Dé vir tant dé carottes,
Les gins du culot
Riront comm' dés sots.
Dé vir tant des carott' à leu' pots.
[12] Notice historique sur la procession de Mons, par L. Devillers. Mons , 1855.
[13] K.e.L., 1843, p. 83.]
[14] Het leven, enz., van den H. Gerulphus. Gent, 1813, pp. 44-58
[15] Saint Materne y bâtit une église qu'il consacra à la sainte Vierge; en 1304 cette église fut brûlée et l'image de la vierge transportée miraculeusement dans un jardin,où en 132?, Thierry de Walcourt fit bâtir un monastère qu'on appela le « Jardinet. »
Depuis ce temps les comtes de Rochefort, qui étaient de la maison de Walcourt (a) assistaient à la procession le jour de la Trinité à Walcourt, et l'usage s'en est conservé; car encore aujourd'hui un personnage à cheval et armé en chevalier représente le comte de Rochefort.
(a) Vers 1206 Berthe, comtesse de Looz et de Duras, épousa Wéry de Walcourt, et lui apporta les terres de Rochefort, de Montaigu, d'Herbeumont, d'Orjo (*).
(*) Vasse, p. 41.
[16] Bovy, t. II, 241.
[17] De Smet, p. 103.
[18] F. Payottenland. Bruxelles, p. 42.
[19] B.M. p. 120.
[20] Henri de Maupas du Tour, 2e part., p. 1.
[21] Cornet, pp. 152-166; De Smet, M.d.M., pp. 153-155.
[22] Dierickx, D., t. II, 632-634.
[23] Schayes, p. 152.
[24] Journal de Malines, 24 avril 1842.
[25] H.d.E.d.B., t. II, pp. 80-81.
[26] Bovy, II, 187.
[27] Coremans, p 82; Liebrecht., O. J., p. 233.
[28] Tuinman, II, 6.
[29] Clément II, 165.
[30] Cornet, pp. 180-183.
[31] Schayes, p. 153.
[32] Belgisch Museum , t. III, 41.
[33] Ce chapeau était un cerceau garni de roses ou autres fleurs formant couronne. D'après M. Schayes il se trouve consigné dans le cartulaire de Sainte-Gudule à Bruxelles une redevance pareille d'un « chaperon de roses » (a).
(a) Clément, II, 160-161 ; Coremans. p. 82.
[34] Gazet, p. 463; Van Alkemade, II, 490-492.
[35] H.d.E.d.B., III, 54.
[36] J. Lipsius, D. Virg. Aspricot., c.4. B.M., p. 123.
[37] Liebrecht, O. J., p.249; Salgues, t. II, 118.
[38] Gazet, p. 67. - A.d.L.A. de Mons, t. I, 10.
[39] Coremans, p. 25.
[40] G.d.V.e A., t. II, p. 9.
[41] B.M., p. 125.
[42] Coremans, p. 82.
[43] H.d.E.d.B., t. I, 316-317.
[44] H.d.E.d.B., t. I, 108-182; III, 564-5. - Gazet, pp. 329-330.
[45] H.d.E.d.B., t. III, 249-252.
[46] Het Leven en de Miraekelen van de Heylige en glorieuse Martelaeren Basinus en de Gerulphus en de heylige Maget Aldegundis, patroonen van de wyd vermaerde Prochie van Dronghen. Gend, 1813.
[47] B.M., p. 129.
[48] Siderius, p. 19.
[49] Gazet, pp. 304-305.
[50] Gorrissen, p. 356.
[51] E. van Even, p.8.
[52] Wichmann, Brabantia mariana», p. 422 ; Wolf, 198-199.
[53] Coremans, p. 25; Liebrecht. O.J., pp. 167-191.
[54] Wolf, II, 392-395.
[55] Le mot « nodvuer » est dérivé par les uns de « nôt, » calamité, nécessité, par d'autres du verbe gothique « huindan, » secouer, frotter.
[56] Schayes, II, 70-77; Coremans, 133-134; Grimm, D. M , 341 sq. XXX-XXXII.
[57] Croon, p. 212-215; Hone, I, 845-847.
[58] Coremans, pp. 25-28.
[59] Coremans, pp. 26, 84, 143; Van de Velde Mss.
[60] De Coussemaker, p. XIII, 328-329.
[61] H.d.l.V.d.B ,t. II, 650-4 ; Coremans, pp. 25-26.
[62] Azevedo.
[63] «Le mercredi avant la Nativité de saint Jean-Baptiste, où l'on suspend des couronnes. »
[64] N. L., 1834, N. 3, p. 278.
[65] Grimm, D.M., pp. 330-332.
[66] « Natali Johannis de solemnitate superstitiosa pagana Christiani ad mare veniebant et se baptizabant » (Opp. Par., 1683, t. V. 903), et « ne ullus in festivitate S. Johannis in fontibus aut paludibus aut in fluminibus, nocturnis aut matutinis horis se lavare præsumat, quia hæc infelix consuetudo adhuc de Paganorum observatione remansit » (Opp., t. V, append., 462). Gr.D.M, p. 332.
[67] Coremans, pp. 25-82.
[68] Verhulst, mss.
[69] Coremans, pp. 82-84; 139-143.
[70] Montanus, pp. 140-143.
[71] De vlaemsche Rederyker, Antwerpen 1848. 8 deel, 6 aflev., pp. 238-239.
[72] Coremans.
[73] Avontroodt, p. 31.
[74] En France on dit :
Du jour Saint-Jean la pluie
Fait la noisette pourrie
et « eau à la Saint-Jean ôte le vin et ne donne point de pain.
[75] Coremans, pp. 83-84.
[76] Tuinman, t. II, 25.
[77] Leyssens, p. 3.
[78] Chartes, Statuts et Ordonnances de Politie de la ville d'Ath. Mons, 1760, p. 402.
[79] H.d.l.V.d.B., t. II, 572; H.d.E.d.B., t. I, 326.
[80] H.d.E.d.B., t. I, 323.
[81] Ibid., p. 39.
[82] Avontroodt, p. 31; Lom., p. 421.
[83] Piot, p. 150.
[84] De Boussu, p. 90.
[85] Maestertius, p. 9.
[86] H.d.E.d.B., t. II, 450-451.
[87] Ibid., p. 530.
[88] Gaillard, pp. 165-172.
[89] Kort begryp van de kapelle opgerecht ter eere van het Alderheyligste Sacrament te Maelte-Brugge by Gend. Gend.
[90] Nieuport a été bâti par Philippe d'Alsace en 1160 sur l'amas de sable dit Sandhoofd, qui accumulé par la mer dans la bouche de l'Isère, devint une masse solide en 1142 et gagna beaucoup par la tempête qui ruina en 1145 Lombartsyde et par l'ensablement rapide du chenal de l'ancienne colonie des Lombards.
[91] A.d.l.S. d'Emulation, 2e série, III, 223.
[92] Nieuport kermisse in 1788. Mss.
[93] Avontroodt, p. 31-32; Willems, p.37 sq.: H.v.P.N.V., pp. 209-211.
[94] Van Lokeren, pp. 115-116.
[95] Saint-Pierre-sur-la-Digue, près de Bruges ,Saint-Pierre-Cappelle dans la Flandre occidentale et Saint-Pierre-Cappelle près d'Enghien au diocèse de Tournai; Saint-Pierre près de Neufchâteau dans le diocèse de Namur et Louette-Saint-Pierre dans le même diocèse.
[96] Piot, T.A., p. 11.
[97] H.d.E.d.B., t. II, 8.
[98] Bowens, II, 140 sq.
[99] Avontroodt, pp. 32-33.
[100] Coremans, p. 26.
[101] Mss. de M. Sleeckx à Anvers.
[102] Coremans, pp. 26-27.
[103] H.d.E.d.B., t. I, 518; Coremans. p 27.
[104] Coremans, p. 26.
[105] Ibid., p. 84.
[106] B.M., pp. 133-134.
[107] Martens, t. I, 66-67.
[108] Korte uytlegging van het leven van den heyligen Johannes-Baptista, patroon der parochie van Sint-Jans-Hemelveerdegem. Geeraerdsbergen, 1765.