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Uccle - Avenue des Pâquerettes vers 1925 |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg, coin rue De Broyer (1922) |
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Uccle - Avenue du Maréchal au Vivier d'Oie |
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Uccle - Le château Van Cutsem à l'avenue Hamoir |
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Uccle - Entrée de l'avenue de Longchamp (1913) |
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Uccle - Avenue Molière |
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Uccle - Avenue Montjoie |
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Uccle - Avenue Vanderaye |
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Uccle - Café du Fort Jaco |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg et chapelle de Notre-Dame Consolatrice |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - Rue du Château d'Or |
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Uccle - Estaminet "Au Congo" à la chaussée de Drogenbos |
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Uccle - La gare de Calevoet |
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Uccle - Passage à niveau chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - Passerelle du chemin de fer à la gare de Calevoet |
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Uccle - Le quai et intérieur de la gare de Calevoet |
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Uccle - Carrefour du Globe vers 1900 |
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Uccle - Carrefour du Globe |
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Uccle - Les carrières de sable du Kauwberg |
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Uccle - Le "Spijtigen Duivel" à la chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - La chapelle d'Uccle-Stalle |
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Uccle - La chapelle d'Uccle-Stalle |
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Uccle - Le château Allard à la rue Gatti de Gamond (détruit en 1958) |
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Uccle - Château Brugmann |
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Uccle - Château de Zeecrabbe |
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Uccle - Château de Charles Woeste au Kinsendael |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - Quartier du "Spijtigen Duivel" (Chaussée d'Alsemberg) |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg |
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Uccle - Avenue Albert vers 1895 |
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Uccle - Paysage de l'avenue De Fré en 1905 |
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Uccle - Vieille ferme à l'avenue des Sept Bonniers |
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Uccle - Le château Paridaens à la rue du Groeselenberg |
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Uccle - Chemin du Repos (actuelle rue du Repos) vers 1900 |
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Uccle - "De Hoef" à la rue Edith Cavell |
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Uccle - Fort Jaco, coin avenue Van Bever et la chaussée de Waterloo, en 1928 |
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Uccle - Le Pont du Crabbegat |
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Uccle - Rue de l'Eglise (actuelle rue Xavier de Bue) en 1897 |
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Uccle - Hôtel des Postes et Télégraphe à la rue du Postillon |
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Uccle - La rue Rouge |
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Uccle -Un coin pittoresque de la Montagne à Saint-Job |
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Uccle - Café du Vieux Saint-Job |
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Uccle - Tennis du Globe à la chaussée d'Alsemberg, vers 1910 |
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Uccle - Chaussée de Waterloo et le Beau Séjour (1913) |
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Uccle - Chemin du Crabbegat |
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Uccle - Le Moulin Blanc ou Clipmolen |
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Uccle - Coin à Calevoet (vers 1895) |
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Uccle - Entrée du Collège Saint-Pierre (vers 1925) |
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Uccle - Le Vieux Cornet, ou Manoir de la Trompe, ou Hof ten Horen |
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Uccle - Le Vieux Cornet, ou Manoir de la Trompe, ou Hof ten Horen |
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Uccle - "De Hoef" à la rue Edith Cavell (vers 1900) |
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Uccle - Chaussée d'Alsemberg et le Dieweg (vers 1900) |
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Uccle - Le Dieweg |
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Uccle - Ecole Communale des Filles |
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Uccle - Ecole Ouvrière Supérieure au n° 1329 de la chaussée de Waterloo |
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Uccle - L'école de Saint-Job |
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Uccle - L'église Saint-Pierre (1898) |
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Uccle - L'ancienne église romane Saint-Pierre (démolie en 1778) |
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Uccle - L'ancienne église romane Saint-Pierre (démolie en 1778) |
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Uccle - L'église Saint-Pierre au parvis Saint-Pierre |
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Uccle - L'ancienne église de Saint-Job |
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Uccle - Ferme Saint-Hubert à la Petite Espinette |
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Uccle - La ferme Saint-Hubert |
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Uccle - Ferme pittoresque au Fort Jaco |
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Uccle - Asile Saint-Vincent de Paul au Fort Jaco |
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Uccle - Chaussée de Waterloo au Fort Jaco |
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Uccle - Le Globe vers 1935 |
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Uccle - Homborch III |
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Uccle - Laiterie du Cornet |
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Uccle - Maison Communale (1902) |
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Uccle - Maison Communale |
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Uccle - Estaminet "Au Balai" à Verrewinckel |
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Uccle - Montagne de Saint-Job |
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Uccle - Le Moulin d'Uccle-Calevoet |
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Uccle - Le Moulin de Calevoet |
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Uccle - Moulin de Calevoet |
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Uccle - Moulin du Neckersgat à la rue Keyembempt |
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Uccle - Le moulin Herinckx |
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Uccle - Laiterie du Nouveau Cornet |
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Uccle - Panorama et église de Saint-Job |
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Uccle - Panorama |
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Uccle - Le Papen Kasteel |
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Uccle - Paysage |
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Uccle - Les Pêcheries Saint-Pierre à Uccle-Stalle |
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Uccle - Ferme Saint-Hubert à la Petite Espinette |
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Uccle - Place Saint-Job et l'école |
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Uccle - Place saint-Job et l'église |
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Uccle - Place Vanderkindere et avenue Brugmann |
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Uccle - Place Vanderkindere et avenue Albert |
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Uccle - Le Puits du Chat à l'avenue de Messidor (1900) |
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Uccle - Institution des Dames de Marie |
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Uccle - Rue de Keyembempt |
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Uccle - Rue de l'Eglise (actuelle rue Xavier De Bue) |
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Uccle - Rue de la Montagne vers 1890 |
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Uccle - Le grand viaduc à la rue de Stalle |
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Uccle - Rue du 22 Novembre en 1919 (ex rues du Conseil et de l'Eglise, devenue Rue Xavier de Bue) |
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Uccle - Rue du Ham à Saint-Job |
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Uccle - Rue du Postillon |
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Uccle - Rue Edith Cavell vers 1930 |
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Uccle - Rue Paepen Kasteel |
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Uccle - Rue Stanley vers 1925 |
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Uccle - Rue Henri Van Zuylen vers 1925 |
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Uccle - La ferme du Balai |
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Uccle - Sanatorium du Fort Jaco |
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Uccle - Estaminet "Au Vieux Saint-Job" |
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Uccle - L'Etang de Saint-Job |
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Uccle - Rue de l'Etang à Saint-Job |
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Uccle - Cité Jardin et fabrique de Stalle |
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Uccle - La gare de Calevoet |
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Uccle - Le tram à vapeur de la ligne "Place Stéphanie-Uccle" |
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Uccle - Vert Chasseur |
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Uccle - Vieille ferme disparue à la Petite-Espinette (1890) |
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Uccle - La Villa Lorraine |
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Uccle - Le Vivier d'Oie |
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Uccle - Chaussée de Waterloo et Vivier d'Oie |
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Uccle - La villa Madona au Vivier d'Oie |
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Uccle - Pavillon Louis XV au Parc du Wolvendael |
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Uccle - Ravin et pont rustique dans le Parc du Wolvendael |
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* *
HISTOIRE DES ENVIRONS DE BRUXELLES
(Tome III)
U C C L E
Alphonse Wauters
1855
Titres des chapitres :
Uccle, territoire, généralités
L’église d’Uccle
Le vallon en amont de l’église
d’Uccle
Bootendael (Boetendael)
Le hameau et l'ancienne seigneurie
de Stalle
L'Hof ten Hane
Glatbeke
La baronnie de Carloo
La chapelle de Saint-Job
La chaussée de Charleroi (actuelle
chaussée de Waterloo)
Groelst
Caelevoet
Uccle, territoire, généralités
La commune d'Uccle dessine un
immense parallélogramme, dont la forêt de Soigne forme un des grands côtés, et
qui s'étend jusqu'aux prairies de Droogenbosch, en s'arrêtant, d'un côté, à la Linkenbeek (sic), qui la sépare du
village de ce nom, et, de l'autre côté, au plateau de la Heeghde, qui se confond avec les champs d'Ixelles et de
Saint-Gilles. Dans ces limites se développent des collines peu escarpées et
sablonneuses; en quelques endroits on y trouve des couches de grès calcaires,
d'un brun foncé, entre autres au Langeveld,
où il y a eu longtemps un four à chaux ; ailleurs, on extrait du sable pur ou
de la marne. Les fossiles abondent à Uccle, principalement les huîtres striées,
les nummulines, etc., que l'on rencontre surtout vers Saint-Gilles, et les
dents de squales, les scies, les diodons, etc., qui se présentent, en grande
abondance, dans les gîtes fossilifères de Caelevoet (Calevoet).
Trois riants vallons traversent le
territoire d'Uccle, de l'est à l'ouest. Le premier est arrosé par le ruisseau d'Uccle ou Fabriekbeek (den Bach,
dans quelques cartes de M. Vandermaelen); le deuxième, par la Glatbeke ou Glatzbeke (aujourd'hui, Geleysbeke),
et le troisième, dont une partie se trouve sous Linkenbeek, se déploie aux deux
côtés du ruisseau que l'on a nommé ainsi, parce qu'il était à gauche (ter
lincker zyde) de la Glatbeke ; et que l'on appelait aussi de Santbeke, de Vleurbeke, de Floertbeke ou de Floernt. Grossie par les deux autres
cours d'eau que nous venons de nommer, la Geleysbeke pénètre dans le territoire
de Forêt, et, en cet endroit, envoie vers Droogenbosch une dérivation, la Zwartebeek. Cette dérivation, grossie
par une deuxième, la Bleykersbeek ou ruisseau des Blanchisseurs, et par le ruisseau de Dwerbosch, qui sépare Uccle
de Droogenbosch, et qu'une troisième dérivation va également rejoindre, se
jette dans la Senne, non loin du pont de Mastelle. Il y eut jadis un différend,
au sujet de la Geleysbeke, entre l'abbaye de Forêt et Florent de Stalle, qui
prétendait en retenir ou en diminuer les eaux, à son gré. Le chevalier Louis
Vanderborch de Woluwe, receveur du duc, décida que chaque partie choisirait
trois alleutiers, et qu'elle s'engagerait à respecter la décision prise par ces
arbitres, sous peine de payer 100 livres de tournois noirs. On convint alors
que, toutes les trois semaines, on pourrait laisser écouler les eaux du
ruisseau, depuis le samedi à midi (te
noene), jusqu'au dimanche, à prime (te
prime), au moyen de l'arcade située à Stalle, entre les deux moulins à
grains. Pour l'écoulement des « eaux sauvages « et de celles provenant
des inondations, il fut résolu d'agir en bons voisins (mardi avant le jour des
Apôtres, en 1339).
Toute la lisière orientale de la
commune, ainsi que les deux plateaux situés, l'un, au sud de la Geleysbeke, et
l'autre, au nord du ruisseau d'Uccle, a longtemps été ombragée par des bois qui
faisaient corps avec la forêt de Soigne et dont le plus septentrional allait
rejoindre les hauteurs arborées de Forêt. Ce n'est qu'au siècle dernier que ce
bois septentrional, la Heeghde, a été
abattu, et quant aux autres, les défrichements qui en ont reculé considérablement
les limites ne datent, pour ainsi dire, que de l'époque actuelle. Plus
anciennement, les empiétements sur la forêt, le long de la chaussée de
Charleroi, n'avançaient qu'avec une espèce de timidité, et les donations faites
par nos ducs à leurs vassaux ou à des abbayes, au douzième et au treizième
siècle, n'avaient pas eu pour résultat la mise en culture de tous les bois
séparés de la sorte du domaine. De temps immémorial, Uccle apparaît comme un
lieu important, où un grand nombre de lignées nobles habitent des manoirs
disséminés, les uns, le long du ruisseau d'Uccle (‘t hof ten Hove, 't hof ten Horen, 't hof t' Overhem, le château de
Stalle) ; d'autres, près de la Geleysbeke (Carloo, 't hof te Glatbeke ou 't hof te Kinsendael, 't hof te
Neckersgate) ; les dernières, enfin, sur les bords de la Linkenbeek ('t hof t'Homborgh, 't hof te Steen).
Entre les deux premières des vallées dont il est ici question circule le Diewech, auquel on attache aussi la
banale dénomination de Chemin de Poste.
Il quitte le ruisseau d'Uccle, vis-à-vis de la grande fabrique de Stalle et,
après avoir traversé un plateau dont le défrichement doit dater de temps
très-reculés, il entre dans la forêt de Soigne, à l'endroit dit de Meylstein (la Pierre milliaire), ancienne
place vague que la chambre des comptes ordonna de planter, le 2 septembre 1611.
A Stalle, le Diewech coupé un champ appelé l’enclos
aux Briques, 't Careelblock ; plus près du hameau de Glatbeke, après avoir
dépassé les Santbergen ou Montagnes de sable, il coupe le Rowech.
En l'année 1213, il est déjà fait
mention des libertés des hommes ou habitants d'Uccle, lesquelles furent alors
données aux habitants de Forêt; le cens que ces hommes devaient au duc était
dès lors fixé, et on ne pouvait leur imposer des corvées. Le village
reconnaissait pour seigneur le duc de Brabant, dont l'autorité, il est vrai,
était limitée par les prérogatives dont jouissaient : à Boondael, les
châtelains de Bruxelles, et à Stalle, les seigneurs du lieu; ces derniers,
ainsi que les seigneurs du manoir de Carloo, devinrent, dans la suite,
acquéreurs de la haute justice, de manière que la partie orientale d'Uccle
obéissait à ceux-ci, et la partie occidentale à ceux-là. La chef-chambre ou échevinage d'Uccle conserva, dans le village,
une espèce de juridiction supérieure, de tutelle, pour ainsi dire; mais
l'administration proprement dite était confiée aux répartiteurs des impôts.
Ceux-ci administraient anciennement toute la paroisse, sauf Droogenbosch ; vers
l'année 1571, Boondael eut une cote distincte dans les cahiers des aides. Par
une résolution des États du Brabant, du 6 juillet 1686, Carloo obtint aussi des
répartiteurs particuliers. Aujourd'hui Uccle et Carloo sont de nouveau réunis,
mais Droogenbosch forme une commune distincte, et Boondael a été annexé à Ixelles.
Uccle se ressentit fortement des
événements des années 1488 et 1489. La chef-chambre d'Uccle continuant à siéger
à Bruxelles, Maximilien chargea maître Arnoul Van Lathem, Guillaume de Schadewyck,
Jean Van Lathem et Pierre Van Boendale de nommer sept nouveaux échevins et un
nouveau greffier d'Uccle (18 septembre 1488). En 1537, Uccle, de même que
Linkenbeek, Rhode-Saint-Genèse, Alsemberg, Tourneppe, Huyssinghen , etc.,
durent loger pendant quatre jours les soldats de M. de Mecklembourg et d'autres
troupes, qui y commirent toutes sortes d'excès; c'est pourquoi on leur accorda,
le 10 octobre de cette année, la remise du quart de leur cote dans l'aide.
Pendant les troubles de religion, nombre d'habitations furent incendiées et
détruites, ainsi que pendant les longues guerres de Louis XIV contre l'Espagne.
A la fin du seizième siècle, on y comptait seulement 96 maisons, dont 80
habitées. En 1684, un différend s'éleva entre les religieuses de Forêt et les
répartiteurs de l'impôt; les premières, trouvant exagérée la quote-part
qu'elles devaient payer pour leurs biens, recoururent au conseil de Brabant,
qui réduisit cette quote-part de 550 à 350 florins.
Cependant, au milieu des malheurs
que les invasions de l'étranger amenaient à leur suite, on se préoccupait des
moyens d'améliorer les voies de communication qui existaient dans le pays. La
chaussée de Vleurgat vers Charleroi et Namur date de cette époque, et celle
d'Alsemberg fut projetée, puis exécutée, à quelque temps de là. Au moyen âge,
on mentionne déjà une chaussée de Stalle, pour l'entretien de laquelle le
domaine levait deux petits péages, l'un à la porte de Hal, l'autre à Stalle. Le
16 février 1442-1443, Philippe le Bon donna les revenus de cette chaussée,
ainsi que ceux de la chaussée d'Obbrussel ou Saint-Gilles, à son valet de
chambre Corneille Vanderkelen et à Jean Van Audenaeken. On levait aussi, à
Caelevoet, un péage, contre lequel les Bruxellois réclamèrent, et dont la
duchesse Marie décréta l'abolition, lors de sa Joyeuse-Entrée en Brabant. En
l'année 1570, une enquête fut ouverte au sujet du péage de Stalle, dont le
produit ne suffisait plus à couvrir les frais d'entretien. Suivant une déclaration
faite par Benoit Van Ysenberch, adjudicataire du péage, ce dernier consistait
en 4 1/2 mites pour chaque cheval chargé, 9 mites par charrette, 18 mites par
chariot. Les conducteurs ne payaient que quand ils allaient à Bruxelles; à leur
retour, ou si leurs attelages marchaient à vide, ils ne payaient rien et ne
voulaient rien payer. Seulement, les chariots et charrettes chargés, venant de
Bruxelles sans avoir passé antérieurement par le chemin de Stalle, donnaient un
blanc. Van Ysenberch déclara aux commissaires nommés par le conseil de Brabant,
le conseiller Charles Quarré, Jean de Pennant, de la chambre des comptes, et
Arnoul Arnoults, qu'il était tout prêt à renoncer à son entreprise (22 novembre
1570). Quelque temps après, Charles Quarré et un autre fonctionnaire, Henri
Sterck, convoquèrent dans le cloître de Forêt les principaux fermiers du
voisinage : Jean Collyns dit Schuerber, de ‘t hof ten Steen; Antoine Jacobs, de
l’hof t’ Homborch; Nicolas Van Lathem,
de l’hof te Kinsendael; Pierre Beerselman, de la ferme de Henri Vanderstraeten,
à Forêt, et Josse de Leeuwe, de l’hof 't
Flossenberch , etc. La plupart consentirent à ce que le péage fût porté à
un liard pour chaque cheval, sauf que pour les bêtes de somme chargées de
grains, de foin, de paille, de bois, on ne donnerait qu'un negenmanneken. Dans la suite, les membres du métier des meuniers de
Bruxelles qui habitaient la paroisse d'Uccle se plaignirent qu'on exigeait sur
le chemin de Stalle un blanc par cheval attelé aux chariots de grains, tandis
qu'auparavant et, depuis cent ans et plus, on ne demandait qu'un negenmanneken (1688).
La chambre des comptes ayant fait
réparer le chemin de Rhode-Saint-Genèse, depuis la justice ou potence de Stalle
jusqu'à celle de Linkenbeek, ordonna d'y percevoir un petit péage (30 septembre
1616). Le grand commerce de grains, de bois, de papier, de farine, qui se
faisait de ce côté, détermina les habitants de la mairie de Rhode et les
marchands de bois habitant cette mairie à solliciter un octroi pour la
construction d'une chaussée entre la porte de Hal à Bruxelles et Caelevoet; des
lettres patentes, datées du 9 septembre 1712, les autorisèrent à lever des
capitaux pour entreprendre ce travail et à établir deux barrières sur la route,
lorsqu'elle serait achevée. Peu de temps après, les concessionnaires
s'adressèrent au magistrat de Bruxelles, pour qu'il se chargeât de construire
la chaussée, « aussi loin que s'étendait la juridiction de la ville, depuis la
porte de Hal jusqu'à la maison de Princesse, à Stalle;» en indemnité des
dépenses qu'aurait entraînées ce travail, et qui étaient évaluées à 14.000 ou
15.000 florins, la faculté d'établir une des deux barrières citées plus haut
aurait été laissée à la ville. Ce mode ne fut pas suivi. Le 22 mai 1720, la
construction de la chaussée, depuis le fort Monterey jusqu'à Caelevoet, fut
adjugée à Antoine Olivet, moyennant 49 florins la verge. Un embranchement fut
construit vers Droogenbosch, malgré l'opposition de la dame de Stalle, qui
obtint d'abord un décret prohibitif, le 19 juillet 1727. Pour ce qui est de la
partie de la chaussée qui se trouve entre la chapelle de Caelevoet et l'église
d'Alsemberg, elle date de 1740; quelques « zéleux » avaient depuis longtemps
proposé l'établissement d'une chaussée jusqu'à Alsemberg, et, à leur demande,
le magistrat de Bruxelles avait nommé une commission pour en examiner le plan
(5 décembre 1715).
Les habitants d'Uccle pouvaient
faire pâturer leurs bestiaux dans le Roosendael
et dans la Gemeynte heyde, au sud du château de Carloo. En outre,
ils possédaient en toute propriété la Stalle
heyde, qui contenait dix-sept
bonniers, et la Uccle heyde, qui comprenait deux bonniers deux
journaux, l'une et l'autre situées entre Uccle, Stalle et Forêt. Une partie de
la première fut vendue, le 21 mai 1773, au marquis de Deynze, moyennant 3.426
florins; ce gentilhomme y fit élever des constructions qu'il n'acheva pas, et
la revendit, en 1774, à maître Jérôme Mosselman, avocat au conseil de Brabant.
Jadis, le soin de garder les bestiaux des habitants d'Uccle et de Stalle était
adjugé au plus offrant. Le 9 juillet 1662, Nicolas De Greef se chargea de ces
fonctions, moyennant un salaire s'élevant pour chaque vache, à 2 sous et un
demi-blanc; pour chaque veau, à 1 sou et un quart de blanc; pour chaque brebis,
à 2 blancs.
Le serment des archers, à Uccle,
était placé sous la juridiction du serment de l'arc, de Bruxelles, sans le
consentement duquel il ne pouvait tirer l'oiseau. Au concours de Bruxelles, en 1565, il disputa
aux serments de Crainhem et de Hoeylaert le prix de la plus belle entrée des
villages, prix qui fut accordé aux archers d'Hoeylaert. La perche du tir se
trouvait à peu près à l'endroit où la chaussée d'Alsemberg traverse le vallon
d'Uccle, entre le Clipvyver (l'étang
en amont de la chapelle de Stalle) et la ferme Ten-Hecke.
Depuis l'an III, Uccle est le
chef-lieu d'un canton administratif; en l'an VIII, on y plaça le chef-lieu
d'une justice de paix, à laquelle un arrêté royal annexa, le 5 juillet 1832,
les communes de Watermael- Boitsfort, d'Overyssche-Notre-Dame-au-Bois et de
Hoeylaert. En 1849, la résidence du juge de paix a été transférée à Ixelles,
dont la population est presque aussi nombreuse que celle de toutes les autres
communes de la circonscription. Par arrêté royal du 25 mars 1847, un
commissariat de police a été installé à Uccle; un marché aux légumes, au beurre
et au laitage, qui se tient le mardi et le samedi, y a été établi (9 août
1848); et, l'année suivante, les 21, 22 et 25 septembre, on y a ouvert une
exposition des produits agricoles et horticoles du canton. Sous le rapport
religieux, Uccle est devenu un doyenné, duquel dépendent une cure de premier
ordre, Uccle, et 22 succursales, entre autres Saint-Job ou Carloo. Peu de temps
avant la révolution de 1830, on bâtit près de l'église d'Uccle, sur un terrain
qui appartenait jadis à la cure, le grand bâtiment qui sert d'école et de
maison communale. Aux environs est élevée une institution rivale, une école
dirigée par une congrégation religieuse; le terrain en a été donné par la
famille d'Huysman d'Annecroix.
Uccle est actuellement le centre
d'un grand mouvement industriel. En 1846, on y trouvait : 13 moulins à eau,
dont 3 servent à la fabrication du papier; 1 moulin à vent, à Vleurgat; 4
brasseries, dont 2 sont aussi des distilleries; 1 fabrique d'impressions
d'étoffes de coton, à Stalle; 2 blanchisseries de linge, à Caelevoet; 3
fabriques de boîtes de bois, 1 au Vert-Chasseur et 2 au Langeveld; 1 débit de
briques, 1 fabrique de machines. Dans le principe on n'y connaissait que la
mouture du grain et la préparation de la bière. Les brasseries y sont encore
actives, et la boisson qu'elles fabriquent, et qui a un goût approchant de
celui du faro de Bruxelles, se vend beaucoup au dehors. Vers l'an 1400, on
commença à établir à Uccle des papeteries et des moulins à aiguiser; un moulin à
plâtre y a aussi existé. L'époque de la domination française a vu s'établir la
fabrique de Stalle et, depuis lors, Uccle n'a cessé de s'accroître
considérablement. N'oublions pas de mentionner le grand établissement pour
aliénés que le docteur Kalcker a fait construire, en 1835, dans une situation
excessivement salubre, à front de la chaussée d'Alsemberg, et qui vient d'être
notablement agrandi, sous la direction de M. l'architecte Vanderrit.
L’église d’Uccle
On ne s'étonnera pas, sans doute,
de ce qu'il se soit rattaché au siège d'un tribunal aussi important que la cour
d'Uccle des traditions d'origine et de nature diverses. Si l'on en croit une
opinion qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours, Charlemagne a habité les lieux
qui prirent d'après lui les noms de Kaerloe,
le bois de Charles, et de Kaerlevoert, le ruisseau de Charles; la
première de ces localités, ajoute-t- on, s'appelait auparavant de Rusch spelonke. Charlemagne, à ce que
l'on prétend, vint à Uccle avec le pape Léon III, qui y consacra l'église et
lui donna les mêmes indulgences dont était dotée l'église de Rome; puis tous
deux marchèrent ensemble contre les infidèles. Ces récits, auxquels l'historien
du Brabant, A.-Thymo, ajoutait foi, sont consignés, comme véritables et comme
reposant sur de vieilles traditions, dans une déclaration faite par-devant
notaire, le 20 juin 1548, par les nobles et bien-nés hommes d'armes « Jean
Vandenhove, Gilles Vandensteene, Gérard Van Neckersgate et Gilles Coenraets. »
Ils renferment cependant quelques circonstances d'une fausseté évidente; de ce
nombre est la concession d'indulgences faite à l'église d'Uccle, à une époque
où l'on ne distribuait pas encore de faveurs de cette nature, et l'expédition
du pape et de l'empereur contre les infidèles.
Quelques écrivains ont refusé
d'admettre le fond même de ces traditions, la venue du pape Léon à Uccle,
laquelle, cependant, pourrait avoir eu lieu pendant l'hiver de 804-805, lorsque
l'empereur et le pape se rendirent de Chersy-sur-Oise à Aix-la-Chapelle ? Quant
aux noms de Kaerlevoert et de Kariloe, l'origine qu'on leur prête est
très-problématique. Kaerlevoert s'est toujours écrit sans « r » à la
première syllabe (Calenvort, 1220, 1231 ; in parrochia de Linkenbeke,... locum
dictum Calevort, acte du 8 février 1359), et, pour ce qui est de Kariloe, je
ferais plutôt dériver ce mot de loo,
hauteur boisée, et de Kari, nom de l'Air, l'un des dieux principaux de la
mythologie scandinave. Uccle, qui s'écrivait primitivement Uclos, a, selon
toute apparence, une origine analogue. Chez les Finnois, Ukko était regardé
comme le dieu du Tonnerre ; il occupait, dans leur Olympe, le premier rang
après Jumala, le plus puissant des êtres. Il n'est pas impossible qu'un essaim
sorti de la Finlande ait pénétré jusqu'en Belgique, à la suite des Francs ou
des Normands. Uclos ou Uk-loo serait la
hauteur ou le bois d'Ukko.
Note de la « Belgique des 4 Vents » : la vénération des dieux germano-scandinaves
en Belgique – depuis le IIème siècle avant notre ère jusqu’au moyen âge - est
une réalité que démontrent, entre autres, les articles de la section
« Dieux du Nord » dans le présent blog. Quant aux éléments des mythes finlandais
évoqués par l’auteur, on peut tenir pour probable que des « vikings
finnois » aient participé aux expéditions des « vikings
scandinaves », à partir de l’an 800 en nos contrées. Notons encore que
Ukko est un équivalent du dieu Thor (ou Donar) des Germano-Scandinaves, mais
possédant également quelques caractéristiques du dieu Odin (ou Woden, ou Wotan)
des mêmes Germano-Scandinaves.
L'église d'UccIe date de l'année
1779. C'est un édifice très-simple, dont la tour se termine en forme de dôme.
L'ancien temple remontait à une époque très-reculée et ne recevait le jour que
par de petites fenêtres qui allaient se rétrécissant de l'intérieur vers
l'extérieur; sur la tour, on voyait une triple tiare, en mémoire de ce qu'il
avait été consacré par un pape. Il souffrit beaucoup des guerres de religion et
la tour fut incendiée; quand la tranquillité se rétablit, les habitants durent
s'imposer de grands sacrifices pour la reconstruire. Le domaine les aida en
leur accordant six chênes, le 17 août 1598, et le gouvernement les autorisa
ensuite à se procurer de l'argent, en vendant quelques pâtures (6 mai 1606).
Les mausolées qui décoraient jadis l'église d'UccIe n'existent plus ; par
contre, on en voit plusieurs nouveaux. Celui de l'industriel Jean-François
Schavye, qui naquit en Brabant, en 1770, et mourut le 5 juin 1812, est placé
dans le choeur; sur le socle, un ange, qui est représenté sous les traits du
fils aîné de Schavye, porte le portrait de celui-ci, en médaillon ; au-dessus
du socle, on voit un autre ange, dont les traits sont ceux du second fils de
Schavye, qui semble déplorer la perte de ce dernier. On a placé, dans le
cimetière, une petite pierre qui provient sans doute de la chapelle de
Caelevoet, et sur laquelle on lit : HIER LEEGHT ANNA, OUDT IX DAGHEN — DIERSTE
PERSOONE IN DESE CAPELLE BEGRAVEN, DOCHTERE PEETERS — DAMANT, BEWAERDER VAN DEN
— JUWEELEN DER K. MA CAROLUS — DE Vde ENDE VAN JOUFVROUWE — ANNA BAUR, SYNDER
HUYSVROUWE, — DYE GEBOREN WAS OP TEN IERSTEN — DACH VAN AUGUSTI XVeXXXVIIII, —
ENDE STERFT OP TEN IXe DACH — VAN DER VOORSCREVEN MAENT — VAN AUGUSTI IN T'
JAER ONS HEE — REN XVeXXXVIIII. BEATA QUE NON PECCAVIT.
Le patronat de la paroisse de
Saint-Pierre à Uccle et de ses dépendances fut donné à l'abbaye d'Afflighem par
l'évêque Odon, en 1105; puis, plus particulièrement, aux religieuses de Forêt,
en 1117, par l'archidiacre Walter. L'écolâtrerie et la fabrique de l'église de
Sainte-Gudule, à Bruxelles, prélevaient, chacune pour une moitié, les grandes
dîmes d'UccIe, de Boondael et de Saint-Gilles; quant aux petites dîmes et aux
novales, elles appartenaient à l'abbaye de Forêt. Un débat s'étant élevé, à ce
sujet, entre l'abbaye et le chapitre de Sainte-Gudule, une enquête fut ouverte
par les soins de l’amman du dehors de
Bruxelles, qui prit l'avis des anciens du village et du maire. Un accord
s'ensuivit, et fut sanctionné par le duc Jean II (décembre 1299). Dans la
suite, le curé obtint le droit de lever les dîmes novales, la moitié des
petites dîmes et la moitié des dîmes des chairs, dont l'autre moitié resta aux
religieuses de Forêt. Les chapelles de Boondael, de Carloo ou Saint-Job, de
Caelevoet, de Stalle et de Droogenbosch formaient autrefois autant d'annexes de
l'église d'Uccle; trois d'entre elles sont devenues des églises, celle de
Caelevoet a été démolie, celle de Stalle est restée un simple oratoire. Les
curés d'Uccle se qualifiaient quelquefois de pléban; l'un d'eux, Pierre,
prenait ce titre en l'année 1251. Il existait, à Uccle, une chapellenie de
Notre-Dame, qui était chargée de 104 messes par an et qui fut annexée à la
cure; Jean de Carloo avait institué une messe hebdomadaire, et la commune une
fondation de 62 messes par an. Au quatorzième siècle, on trouvait à Uccle un
ermite qui, de même que ceux de Bootendael, recevait par semaine de l'abbesse
de Forêt deux pots et demi de liqueur de houblon (hoppe).
Le vallon en amont de l’église d’Uccle
Une belle avenue, qui passe
derrière la cure d'Uccle, conduit de la chaussée d'AIsemberg à la villa de M.
le comte Jacques-André Coghen, membre du sénat, ancien ministre des finances,
l'une des notabilités commerciales de la ville de Bruxelles. Cette propriété
fut vendue en 1715, par maître Jean-François Slypen, à Eugène-Henri Fricx,
libraire de la cour, et à sa femme, Marie-Catherine Rosseels; les héritiers de
ces deux époux la cédèrent, le 1er octobre 1753, et moyennant 4.800 florins, au
comte Thomas de Fraula, dont la famille la posséda jusqu'en 1750. Il y avait
alors, derrière l'habitation et son jardin, un bois de grande futaie, planté en
étoile.
Un chemin sépare le château de M.
le comte Coghen d'un ancien manoir dit 't
hof ten Horen ou le manoir à la
Trompe, et vulgairement le Posthooren
(le Cornet de Postillon). Il se compose d'un corps de logis qui date de l'année
1748 et d'une vieille tour, peu élevée et qui, jusqu'à ces derniers temps,
n'était percée que de meurtrières. A l'étage de cette tour, vers l'ouest, on
voit une pierre carrée dans laquelle on a taillé une trompe ou cor de chasse,
avec la date 570; au haut, ces mots : Aensiet
den tydt, Remarquez le temps, et, au bas, le millésime 1700. On doit
considérer cette pierre comme le dernier débris d'un bâtiment que l'on aura
démoli ou restauré en 1700; la date de 570, qu'il est impossible de prendre au
sérieux, est ici, sans doute, pour celle de 1570, car, comme personne ne
l'ignore, l'usage des chiffres arabes n'est pas antérieur au treizième siècle,
et, à Bruxelles, les plus anciennes maisons avec millésime ne remontent qu'à
l'année 1574. La tradition, ennoblissant les commencements de l'hof ten Horen,
a prétendu qu'elle était autrefois le lieu de réunion des échevins d'Uccle .
Peut-être y a-t-il ici confusion ; peut-être a-t-on voulu parler des échevins
des Chiens de Boitsfort, c'est-à-dire de l'ancien Consistoire de la Trompe? Ce
qu'il y a de certain, c'est ce que le manoir, outre un cens de 41 deniers de
Louvain, 2 poules et 1 chapon, qu'il payait au seigneur de Duyst, donnait, tous
les ans, à la vénerie ou aux Chiens de Boitsfort, 19 1/2 deniers de Louvain. Ce
cor de chasse rappelle donc, sinon le séjour du tribunal de la vénerie, du
moins la sujétion du bien envers le tribunal. L'hof ten Horen était autrefois
une belle maison de campagne, qui appartenait au conseiller Winand Clerin et à
sa femme, Gertrude Van Veen; les enfants de Marie-Catherine Van Veen et de
Jean-François De Fraye la vendirent en vingt-cinq lots, le 1er juillet 1768; la
maison de campagne, avec deux petits étangs et quelques autres dépendances, le
tout d'une contenance de quatre bonniers, fut achetée, moyennant 6.350 florins
de change, par Pierre Goens, dont la famille la possède encore.
Note de la « Belgique des 4 Vents » : Le manoir de la Trompe, dit « Le Cornet », est situé au
croisement de l’avenue De Fré et du chemin du Crabbegat.
Le manoir de la Trompe occupe
l'entrée d'un charmant et paisible vallon, qui se termine au chemin de
Bruxelles vers Saint-Job; là, dans un endroit solitaire, la Fabriekbeek sort,
pure et abondante, d'un pilier élevé en 1829 au pied de la Grosselberg ou Roeselberg.
En parcourant ces belles promenades, pleines d'ombre et de fraîcheur, on ne se
douterait jamais que les prés à l'est du manoir de la Trompe, le bois qui
l'avoisine, du côté du midi, et un enclos voisin portent les noms lugubres de Marais des Morts, de Bois des Morts, d'Enclos des Morts, het
Dootbroeck, het Doodtbosch , het Doodtblock. Y a-t-on enterré des cadavres,
à la suite d'une peste ou d'un combat? Y a-t-on retrouvé les vestiges
d'anciennes sépultures? C'est ce qu'il nous a été impossible de vérifier. La
première habitation que l'on rencontre, sur la rive septentrionale du ruisseau,
est une belle ferme, l‘hoff ten Hove,
dont on ne peut expliquer le nom qu'en supposant qu'elle a été originairement
une villa des ducs de Brabant; c'est pourquoi on l'aura appelée la villa ou le
manoir par excellence, l‘Hove, puis l’hoff ten Hove. Au quatorzième siècle,
elle formait un fief relevant du duché de Brabant, avec 15 bonniers de bois et
de terres. Les premiers possesseurs en portèrent le nom : en 1312 vivait Jean
d'Uccle dit de Curia, qui fut échevin du village, et, en 1 347, Jean
Vandenhove. Ce dernier, ayant forfait sur fief, en fit abandon à Louis Merte ou
Meerte de Bruxelles, qui paya, pour droit de relief, 20 pelers, valant 30
moutons (1375-1376). (…)
Sur les hauteurs qui environnent l’hof
ten Hove, on voit la villa de Bootendael, l’hof
te Zeecrabbe ('t hof van den Zeecrabben, 1533), et le hameau de Coevoet,
où, il y a cent ans, on ne trouvait que des bois. La hauteur même s'appelait
d'abord de Crabbenberghe, la montagne
aux Crabes. L’hof te Zeecrabbe, après avoir appartenu aux Iturieta, est devenue
la propriété des barons de Thysebaert.
Bootendael (Boetendael)
Au mois de juillet 1266, un
échevin d'Uccle, nommé Henri Grols, donna à l'abbaye de La Cambre un
demi-journal de terre situé entre la forêt dite Hege et Botendale. Ce
dernier nom, qui signifie Vallée de
Pénitence, était donc déjà connu; en effet, suivant la charte de fondation
du couvent de Bootendael, « de si longtemps qu'il n'y avait mémoire du
contraire, on y trouvait, près d'une chapelle et d'un cimetière consacrés à
Dieu, un couvent de religieux de l'ordre de Saint-François. » Ce fait est exact; seulement, ce n'étaient pas
des religieux, mais de simples ermites qui habitaient Bootendael. Le 8 octobre
1467, Philippe Hinckaert donna ces lieux à Isabelle de Portugal, veuve de
Philippe le Bon, et celle-ci en fit abandon au frère Henri de Lille, du couvent
des Cordeliers de l'Observance, de Malines, pour y établir une communauté de
son ordre, en l'honneur de saint Antoine de Padoue. Le duc Charles approuva ces
dispositions, le 20 octobre 1467 et le 8 septembre 1476.
La munificence de nos souverains
s'étendit maintes fois sur ce nouvel établissement, duquel presque tous les
couvents de Franciscains du Brabant reçurent la réforme. Philippe le Beau le
gratifia de 300 charges d'ânes, de bois (5 mai 1497). Les eaux qui alimentaient
le couvent s'étant perdues par suite d'un tremblement de terre, le même prince
y fit conduire un filet d'eau venant d'une distance de quatre milles. Philippe
II lava, dans ce monastère, les pieds de douze vieillards. Le couvent ayant été
dévasté, en 1579, après l'expulsion des religieux de leur asile, les archiducs
Albert et Isabelle en ordonnèrent la restauration, en 1604. La nouvelle église
fut consacrée, en 1605, par l'archevêque Van Hove, et un bâtiment servant
d'infirmerie et de logis des hôtes fut élevé en 1610 par le père Neyen, à
l'habileté de qui la Belgique dut la conclusion de la trêve de dix ans, dont
elle avait un si pressant besoin. L'infante Isabelle, qui visitait fréquemment
Bootendael, en fit niveler et emmurailler le jardin, et y fît bâtir le cloître
et la bibliothèque.
Le couvent était un des quatre
noviciats de la province; en 1787, il était habité par dix-sept prêtres, sept
frères et trois tertiaristes. Les dépenses s'élevaient à 8.300 florins; les
revenus certains, à 347 florins; le déficit était couvert par les aumônes des
fidèles. Le sceau de la commune offrait deux mains croisées et une croix; la
légende portait : SIG. CONV. BOETENDAEL FF. MIN. RECOLLI. Une congrégation
aussi pauvre ne pouvait avoir que des bâtiments fort simples; ceux de
Bootendael ne présentaient rien de remarquable. Dans l'église, on voyait une
chapelle élevée, en 1626, au saint espagnol Didace, et deux mausolées de
marbre. Le premier de ces mausolées fut érigé, en 1705, par le baron de Carloo,
à ses ancêtres, à lui-même, à sa femme et à leur postérité ; il n'existe plus,
et du second on n'a conservé que la pierre tumulaire, qui décore actuellement
l'église du hameau de Saint-Job. Après sa suppression par les Français, le
couvent a été remplacé par une charmante villa; de la hauteur qui le domine du
côté du nord, on jouit d'une vue magnifique sur la vallée de la Senne, Hal et
les environs. C'est M. le baron Vanderduyn de Béthorne qui est aujourd'hui
propriétaire de Bootendael.
Ce qui donnait à ce couvent un
aspect mélancolique, bien en rapport avec la vie ascétique de ses habitants,
c'étaient les bois épais qui l'entouraient, pour ainsi dire, de toutes parts.
Ces bois formaient ce que l'on appelait la Heeghde
ou het Coninxlant, fraction de la
forêt de Soigne, ayant une superficie de 245 bonniers et qui séparait
entièrement Uccle d'Ixelles. Un placard en date du 12 octobre 1545 ayant
ordonné d'y convertir 120 bonniers en un bois de raspe, qui serait entouré de
fossés et où le pacage des bestiaux serait interdit, afin d'en faire une
réserve de gibier. Ce fut surtout en cet endroit que se tinrent, pendant les
premières années du règne de Philippe II, les conventicules ou assemblées des
protestants, ainsi que nous l'apprennent les ordonnances que l'amman Jean de
Locquenghien porta contre ces réunions, à plusieurs reprises et, en dernier
lieu, le 13 janvier 1562-1563. La Heeghde diminua considérablement vers l'an
1700, lorsqu'on perça, en son milieu, la chaussée de Saint-Gilles à Vleurgat;
le restant de la forêt eut le même sort, puis fut arrenté, c'est-à-dire donné
en emphytéose par le gouvernement autrichien, pour trente-cinq ans, le 3
décembre 1778. Il s'y est formé un hameau appelé le Chat (de Catte), d'après une auberge du même nom, laquelle est
déjà citée dans un acte du 20 février 1626.
Le hameau et l'ancienne seigneurie de Stalle
En aval de l'église d'Uccle et de
la chaussée d'Alsemberg, le village prend le nom de Stalle (l'Écurie), ou quelquefois de Neerstalle (Stalle inférieur)
et d'Eeckhout (la Chênaie).
Une grande partie des campagnes qui dominent le vallon de Stalle sont
excessivement sablonneuses, d'où le nom de Zavelboeren,
Paysans des sables, que l'on donne à ses habitants.
Depuis le siècle dernier, de
nombreuses habitations se sont agglomérées le long de la chaussée d'Alsemberg.
Elles forment aujourd'hui une rue, généralement bien bâtie, depuis
l'établissement de M. Kalcker jusqu'au-delà du ruisseau d'Uccle; une autre rue,
large et droite, conduit à l'église paroissiale. En cet endroit se trouve une
auberge très-renommée, dont la bizarre enseigne est consacrée au Diable en dépit, den Spytigen Duyvel. Plus loin existe une ferme que Madeleine,
fille de messire Guillaume Vandenhecke, et son mari, sire Jean Van Wasservas,
seigneur de Marche, cédèrent à leur soeur Madeleine Vandenhecke, veuve de
messire Charles Fogelweyder, seigneur de La Thour, et que Jean Vanderborcht,
brasseur de Bruxelles, racheta ensuite (acte du 11 janvier 1618). L'hof ten
Hecke passa depuis aux Fariseau, de qui les Huysman d'Annecroix l'ont héritée.
Lorsqu'on construisit la chaussée
d'Alsemberg, on la dirigea au travers des dépendances de l'ancienne seigneurie d'Overhem [l'Habitation supérieure),
dont le manoir avait été démoli, en 1708. Cette seigneurie relevait du duché de
Brabant, avec le moulin voisin de la chapelle de Stalle, den Clipmolen; le grand étang adjacent dit de Clipvyver, des bois,
des pâtures, le Clipvelt, un livre censal se prélevant à Droogenbosch et aux
environs, et d'autres dépendances. (…)
On disait et l'on dit encore la
messe dans la chapelle de la Vierge de Notre-Dame
au Besoin (Onse Lieve Vrouwe van Noot ou ten Noodt), à Stalle, lorsqu'on
célèbre une des fêtes de la patronne. Il y existait une chapellenie dont
l'abbesse de Forêt avait la collation, et qui avait été fondée, le 21 septembre
1369, par le chevalier Florent de Stalle dit de Rivieren, dans son château, et
la chapelle qui s'y trouvait de temps immémorial. Un beau portrait, qui se voit
dans la nef, rappelle les dons faits à l'oratoire de Stalle par maître Pierre
Beaufort. L'édifice n'a rien de remarquable, quoiqu'il soit en partie construit
dans le style ogival ; il a été restauré en 1838.
Les chevaliers de Stalle figurent
fréquemment dans les chartes brabançonnes du douzième siècle. Par une
singularité dont la cause nous échappe, ils rentrent ensuite dans l'obscurité
pour en sortir de nouveau, avec un nouvel éclat, au quatorzième siècle. (…)
Le centre de la seigneurie de
Stalle se composait d'un terrain de quatorze ou quinze bonniers, situé entre
les biens de l'abbaye de Forêt et le chemin de Bruxelles. Là se trouvaient le
château, un bois de chênes et une aunaie, et, plus loin, le Daneels vyver, d'autres étangs, une
vigne, d'une étendue d'un bonnier environ; des terres, des pâtures et un moulin
à eau dit le Nederste molen. Toutes
ces dépendances furent morcelées au dix-septième siècle. Le moulin fut vendu
par la comtesse de Willerval à sire Melchior-François Vandencruyce (r. du 18
avril 1653) et appartient aujourd'hui aux Poederlé; il s'appelait aussi den Tervenmolen, le moulin à Froment, et est sans doute identique au Slachmolen, que Aleyde de Stalle et
Henri de La Leck cédèrent à Guillaume, fils de Guillaume Cole, en 1387. Quant
au château, on l'appelait d'ordinaire ‘t
hoff van Kersbeke, peut-être parce qu'il avait été rebâti par la famille de
ce nom ; il fut séparé du fief de Stalle (r. du 11 avril 1642), puis abandonné
et, vers l'an 1700, on n'en voyait plus que des ruines, cachées au milieu des
arbres et des broussailles. Le bois environnant, qui a été tout récemment
défriché, avait conservé le nom de bois
de Kersbeke; vendu par Catherine de La Douve, comtesse de Hers, à Juste de
Hornes (r. du 25 octobre 1642), il fut revendiqué par l'avocat Bouton, au nom
de la comtesse de Willerval (r. du 7 décembre 1643), puis cédé à l'abbaye de
Forêt, en 1648.
Bouton s'était fait construire une
nouvelle habitation féodale, ornée d'un beau jardin, de viviers, d'une grande
fontaine jaillissante; elle existe encore près du ruisseau d'Uccle et on a
conservé la petite promenade ou terrasse qui y conduisait. (…)
En aval du château des Bouton, en
suivant le ruisseau, on arrive à la grande imprimerie de cotons de M. Verhulst
et Cie, qui comptait, en 1846, 123 ouvriers et 3 machines à vapeur, chiffres
qui n'ont pas cessé de s'accroître. Il y avait là, jadis, un petit manoir
(l'ancienne ferme den Roetaert?)
portant la date de 1618. M. Bosdevex y établit une manufacture d'indiennes, que
H. Wilson convertit ensuite en une blanchisserie à la Bertholienne, où une
machine à vapeur fut établie dès l'année 1826. Jusqu'à cette époque, les
Anglais avaient conservé le monopole de l'exportation à Java. M. Wilson alla
étudier leur manière d'apprêter les étoffes qu'ils envoyaient dans cette grande
île, et bientôt il arriva à une imitation si complète de leurs produits qu'il
parvint à les supplanter.
La Geleysbeke active successivement d'aval en amont le Terwenmolen, dont nous avons parlé et
près duquel se trouve l'auberge de Mierlo;
le Creyt ou Creet molen, à proximité duquel la vicomtesse de Saint-Albert
possédait, en 1742, un terrain où il y avait eu un manoir et qui s'appelait de Hotte; le moulin de Neckersgat, et enfla, le moulin de
Steen. Près du Neckersgat molen, il y
avait jadis, antérieurement aux guerres de religion, des maisons entourées
d'eau, et appelées de hoffstede te
Neckersgate. Ces biens relevaient de la cour féodale de l'abbaye d'Afflighem,
ainsi que des vergers, et le bois voisin, de sept bonniers, qui était entouré
de fossés. Celui-ci est appelé dans un
acle du 4 octobre 1618 le bois de Gérard,
près du ruisseau de la Hache, à la
Potence (Geerts bosch, te Haekebeke, aen 't Gerecht). (…)
Une maison de campagne, pittoresquement
assise, a été bâtie il y a quelques années sur une hauteur qui domine le moulin
de Neckersgat. Plus près de la chaussée d'Alsemberg, on remarque d'autres
villas également construites dans le style moderne, entre autres celle de M.
T'Sas, avec ses grandes terrasses et ses beaux parterres de fleurs, et celle de
M. Baudry, bourgmestre d'Uccle.
L'Hof ten Hane
Les Reynbouts et les Dupuis, qui
furent seigneurs hauts justiciers de Stalle au dix-septième et au dix-huitième
siècle, habitèrent une maison de campagne située près de la chaussée
d'Alsemberg, vers l'ouest, au-delà de l'étang et de la chapelle de Stalle. Dans
le principe, ou connaissait ce bien sous les noms de 't hof te Coekelberg, de ferme
à la Chaussée ou de ferme au Coq,
hove ten Steenwege geheeten't hoff ten Hane; dans la suite, on prétendit
que primitivement elle s'appelait l’hoff
ten Steene. Là fut le berceau de la famille Uyttenhane, à laquelle
appartenait sire Jean Uyttenhane, que Louis de Male fit sommer, le 27 août
1356, de se rendre à Cortenberg. Le manoir relevait, au quinzième siècle, avec
24 bonniers, de la cour féodale de Thierri Vandenhoricke, dont les tenures
furent confisquées par ordre de Philippe le Bon, pour défaut de payement des
droits de relief; depuis, il fut considéré comme un fief du Brabant (…)
Glatbeke
Outre le bien de Neckersgat, les
Oudaert possédèrent aussi, sur les bords de la Glatbeke, het hoff te Kintsendalle ou van
Kintsdaet, anciennement, l'hoff te
Glatbeke. La Glatbeke ou Geleysbeke a donné son nom au groupe d'habitations
qui borde la partie moyenne de son cours. (…)
Selon Wautier, le château de
Kinsendael s'appelait aussi de Geuse
Casteel ou le château des Gueux;
sur son emplacement on a bâti, en 1836, une nouvelle maison de campagne, dont
l'entrée s'annonce par une belle grille de fer. A proximité de cette villa, à
l'est de la chaussée d'AIsemberg, se trouve un hameau où il y a une grande
brasserie et distillerie dite de Gulde
casteel {le château d'Or), un moulin à eau, et une fabrique d'ouate. La
petite maison de campagne voisine du Gulde Casteel a été élevée, vers l'an
1720, par Charles-Eugène Cobrisse; le conseiller Fraula l'acheta en 1724,
moyennant 3.550 florins, et, cinq ans après, son fils Thomas la vendit à
messire François-Hyacinthe Schockaert, major de la ville de Bruxelles.
Plus loin, les Van Hamme élevèrent
le château baronnial de Stalle, qui était remarquable par sa fontaine
jaillissante, ses pépinières, sa chapelle, ses murs ornés de balustrades. On
l'aperçoit sur la lisière d'un petit parc, non loin du ruisseau. Son
emplacement ne faisait pas partie de la baronnie de Stalle, mais de celle de
Carloo. La douairière Dupuis et son fils l'ayant aliéné, il devint une tenure
particulière du duché (…)
Le 22 juin 1830, le château fut
vendu par les héritiers de M. De Paepe à M. Mord; il passa ensuite à M. Léandre
Desmaisières, qui a été successivement membre de la chambre des représentants,
gouverneur de la province de la Flandre orientale et ministre des travaux
publics. On le nomme quelquefois de Paepe
casteel. Le moulin qui en dépendait a été cédé, en 1850, à M. Dansaert; en
1686, il servait déjà à fabriquer du papier.
La baronnie de Carloo
Après avoir dépassé le château des
Desmaisières, on arrive au hameau de Carloo (Cariloe, 1257; Careloo, 1386;
Caerloe, 1500, etc.), qui forme une paroisse distincte de celle d'Uccle. Nous
avons déjà eu l'occasion de parler de l'origine traditionnelle de cette
localité, dont presque tout le territoire était autrefois boisé. Dans l'origine
il ne s'y trouvait qu'un manoir, le château de Carloo, que l'on appelait alors
la maison de Karl, bâti non loin de la source de la Glatbeke. (…)
Il n'existe plus que de faibles
restes du château de Carloo, qui fut brûlé pendant la révolution brabançonne.
On en remarquait autrefois « la vieille et forte tour, de pierres
blanches» ; aujourd'hui le manoir ne se compose plus que de deux pavillons
et d'un jardin, le tout entouré d'eau et précédé d'une avenue, conduisant à la
chaussée de Namur et qui fut percée, vers l'an 1740, au travers d'un champ dit den Ham. Sa situation dans un vallon
resserré et entouré de hauteurs boisées était d'ailleurs peu heureuse. Dans le
principe, les chevaliers de Carloo ne tenaient en fief des ducs de Brabant que
50 bonniers de terres à Carloo, deux habitations à Uccle et des censives. En
1463, Marguerite Meerte annexa à son fief de Carloo les alleux suivants : le moulin d'Oudrengem, avec des terres
situées en amont de Glatbeke, près des biens des Alexiens de Bruxelles; un
étang de 3 bonniers, qui était contigu au Slypmolen et à la pâture commune (de getneyne broecke), des pâtures, et
une seigneurie censale de 19 tenanciers. Thierri de Heetvelde obtint
l'autorisation d'établir à Carloo un Slypmolen, entre son château et le moulin
de Glatbeke (5 juillet 1486), et celle de faire pâturer dix-huit têtes de
bétail dans la forêt de Soigne (20 novembre 1505). Soixante-trois ans plus
tard, quand on confisqua la seigneurie, elle comprenait une maison de
plaisance, entourée d'eau, avec un grand jardin, un petit verger situé en face
de la maison de plaisance, une petite grange adjacente, une cense ou ferme, de
laquelle dépendaient 66 bonniers de terres, divisés en quatre parcelles : het Wilgen velt, den Hum, het Nysvelt et het
Raepblock, labourées, c'est-à-dire exploitées, par le seigneur lui-même; 6
bonniers de prés, 9 bonniers de bois, trois étangs, une brasserie, à la
Diesdelle; 3 moulins à papier sur la Glatbeke, une quatrième usine de cette
espèce, entre le grand étang et le Couwenborre
bosch. Le tout, avec un petit cens qui se percevait à Meerbeek près d'Eversberg,
rapportait par an 379 livres 14 sous 3 deniers, 27 muids 2 quartauts de seigle. (...)
La chapelle de Saint-Job
Le dimanche du mois de mai, on grand nombre
d'habitants de Bruxelles et de campagnards des alentours se rendent à Carloo
pour y célébrer la fête du patron de la chapelle du hameau, qui est invoqué
contre la mélancolie, les blessures, et généralement contre toutes les maladies
des hommes et des bestiaux, mais surtout contre les ulcères. Cette chapelle a
été érigée en paroisse, en 1837, et rebâtie. Elle ne contient rien de
remarquable, si ce n'est un tableau de Crayer, la Tentation de Job, et la pierre sépulcrale du baron Philippe-François
Vandernoot, laquelle se trouvait autrefois à Bootendael. Jadis on n'y disait la
messe que les dimanches et les jours de fête; Guillaume-Louis Vandernoot et
Anne-Louise Vandergracht y fondèrent, le premier, une, et la seconde, deux
messes de requiem par semaine, et Anne de Leefdale, une messe tous les quinze
jours. En vertu d'un jugement du conseil de Brabant, du 31 mars 1778, l'abbaye
de Forêt était tenue de payer tous les ans à la chapelle 5 florins 5 sous, pour
ses ornements, le vin et le luminaire.
Dans le livre censal de la
chapelle, qui rapportait par an 8 florins, figurait un florin du Rhin payé par
la gilde des escrimeurs ou de Saint-Michel, de Bruxelles, pour une maison, avec
jardin, située près de la chapelle et qui était convertie en brasserie, au
siècle dernier. Ce fut, parait-il, un archevêque de Malines qui donna à la
gilde l'emplacement de cette demeure, emplacement qui dépendait de la chapelle.
Les escrimeurs y bâtirent une maison où ils donnaient un assaut tous les ans,
le 10 mai ou pendant les fêtes de la Pentecôte. Cette fête attirait un grand
nombre de spectateurs et augmenta considérablement la dévotion au patron de la
chapelle; mais, en 1629, elle occasionna à la fabrique quelques frais, dont les
receveurs de la ville l'indemnisèrent, en lui accordant, le 4 juillet, une
gratification consistant en un quartaut de vin. Le 22 mai 1632, les magistrats
de Bruxelles étant allés voir le jeu, après avoir assisté à la messe dans la
chapelle, et ayant été régalés d'une collation par les escrimeurs, ils leur
accordèrent, en remerciement, une demi-aime de vin. Dix ans auparavant, la
chapelle elle-même avait été réparée ou plutôt reconstruite, ce qui coûta à ses
prévôts, Jean Vandenperre et Pierre de Champaigne, plus de 700 florins. Pour les
aidera payer cette somme, la ville les autorisa, le 15 mai 1627, à exempter
deux hommes de la garde, et, le 21 juin 1630, elle leur accorda encore la même
faveur, mais pour un homme seulement. La maison que le serment avait bâtie fut
considérablement endommagée par un ouragan, en 1662, et le toit et les murs
furent presque entièrement détruits; comme la gilde n'avait pas de fonds
disponibles, mais plutôt des dettes, et que le locataire demandait de promptes
réparations ou la résiliation de son bail, les escrimeurs implorèrent de
nouveau la générosité de la commune, qui leur accorda 240 florins (17 mai
1662).
Comme on le voit, les escrimeurs
de Bruxelles ont longtemps considéré la chapelle comme leur propriété; il
semble que le seigneur de Carloo et le curé d'Uccle leur en avaient abandonné
l'administration : du moins, vers l'année 1650, ils leur remirent un coffre
contenant des papiers relatifs à la chapelle. Vingt ans plus tard, un différend
s'étant élevé au sujet de celle-ci, la gilde décida qu'avant de prendre une
résolution on examinerait les papiers mentionnés plus haut (11 décembre 1670).
Depuis cette époque, on ne trouve plus de trace de la fête de Carloo; les
invasions continuelles des Français la contrarièrent sans doute et la firent
tomber en désuétude. Il s'est formé à Saint-Job une confrérie de ce saint, que
le pape Grégoire XVI a dotée d'indulgences, par rescrits en date du 4 décembre
1838 et du 3 avril 1840.
On trouve à Carloo plusieurs
moulins à eau : le premier, que l'on rencontre en amont du Paepe Kasteel,
s'appelle den Cortenbosch molen, et a
appartenu au couvent des Alexiens de Bruxelles ; il sert aujourd'hui à la
mouture du grain, après avoir été longtemps une papeterie. Viennent ensuite
trois moulins qui ont été la propriété des seigneurs de Carloo, et qui, pendant
un certain temps, en 1568, entre autres, furent tous trois employés à la
fabrication du papier : nous inclinons à voir, dans le premier, l'ancien moulin
à grain d'Oudrengem ou Oudergem; dans le deuxième, que nous avons toujours
connu ruiné et abandonné, le Slypmolen
qui existait déjà en 1463, et, dans le troisième ou Broekmolen, le Slypmolen bâti en 1486. Près du dernier, qui, il y a
quelques années, dépendait d'une blanchisserie de coton, on remarque une maison
de campagne ayant appartenu aux Kerrenbroeck et aux De Vich de Cumptich. Le
moulin de Saint-Job a aussi été la propriété des seigneurs de Carloo et a
également servi à fabriquer du papier; les Courcol et les Moncheaux l'ont
possédé, en même temps que la villa contiguë, qu'un plan du dix-septième siècle
appelle 't huys van Wansyn. Les
Moncheaux le vendirent en 1792; on l'emploie aujourd'hui à la mouture du grain.
En 1686, il y avait dans le domaine de Carloo une prairie convertie en
blanchisserie. Les pâtures dites het Roosendael
et de Gemeynte heyde, cette dernière
d'une étendue de 9 bonniers, appartenaient aussi aux barons, quoiqu'elles
fussent des terrains communaux; les habitants du hameau n'y avaient des droits,
selon toute apparence, que par tolérance.
La chaussée de Charleroi (actuelle chaussée
de Waterloo)
Au seizième siècle, le chemin de
terre qui continuait la chaussée d'Ixelles à Vleurgat était déjà fréquenté,
comme le prouve un octroi de l'an 1573, qui accorde à Guillaume Van Cutsem le
droit de bâtir, au lieu-dit Saint-Hubert, sous Uccle, une écurie « pour
les passants, tant avec chevaux qu'avec chariots. » Quelques ermites se
fixèrent de ce côté, près du Waelschen
wegh, mais la chambre des comptes résolut de les faire partir du bois de
Soigne (14 octobre 1599). En 1662, il existait deux bouts de chaussée, l'un
partant de Vleurgat, l'autre de Waterloo; le pavage de l'espace intermédiaire,
qui avait en longueur 1.087 verges, fut adjugé le 15 juillet de cette année et
dut être terminé dans les trois ans. Ce fut vers l'année 1680 que l'on poussa
la chaussée jusqu'à Charleroi et jusqu'à Namur.
Cette voie de communication eut
longtemps une grande importance ; elle servait surtout au transport des
charbons de la Sambre vers Bruxelles et la Hollande. On ne doit donc pas
s'étonner si ses abords se couvrirent rapidement d'habitations. Le nombre de
celles-ci se serait accru avec beaucoup plus de célérité, si tout le territoire
que la chaussée traverse, de Vleurgat à Waterloo, n'avait fait partie d'un bien
domanial. Ce ne fut qu'avec une sorte de parcimonie que l'ancienne
administration se résolut à aliéner des parcelles de la forêt pour y bâtir des
auberges. Les bords de la route n'ont réellement commencé à se peupler que
pendant le siècle actuel, et ils étaient à peine entrés dans une période de
grande prospérité, quand l'établissement du canal de Charleroi et celui du
chemin de fer de l'État sont venus porter à la chaussée un coup dont elle ne se
relèvera plus ; on n'y rencontre aujourd'hui que quelques messageries et les
voitures qui conduisent des touristes au champ de bataille de Waterloo. Encore
cette dernière ressource a-t-elle diminué depuis l'ouverture du chemin de fer
du Luxembourg.
Vers l'an 1699, le domaine fit
bâtir à Vleurgat, « pour la plus grande commodité de chacun, » un moulin à vent
servant à scier le bois; outre cette usine, où actuellement on triture le
grain, il y a à Vleurgat un moulin à céruse, plusieurs auberges et des fermes.
Plus loin, le hameau de Langevelt
doit son nom à une longue pointe de terres cultivées qui s'avançait des
environs de Bootendael jusque-là. Aujourd'hui il n'y a presque plus
d'intervalle entre le hameau de Langevelt et celui du Vert Chasseur, qui, en
1742, n'était encore qu'une clairière dite den
Hudt.
Là, on descend dans la Diesdelle ou le Vivier d'Oye, vallon où la Glatbeke prend sa source et où l'on
voyait déjà, en 1678, un grand nombre d'habitations. Au-delà, tout resta
longtemps boisé et inhabité jusqu'à Waterloo, sauf en deux endroits, la grande
et la petite Epinette, que l'on appelait jadis, celle-ci, Saint-Hubert ;
celle-là, de Cauters hutte (1687). A
cause de son extrême isolement, la première n'était qu'un asile de voleurs. En
l'an 1700, trois des fils de Josse Van Calemberg, l'hôte de l'auberge
Saint-Hubert, furent arrêtés par ordre du drossard de Brabant, et pendus près
de là; le quatrième fut proscrit. Trois ans après, le 4 janvier, les deux
capitaines Clairembaux, père et fils, du régiment du marquis de Deynze, y
furent accostés par six maraudeurs, mais leur valet, étant parvenu à s'enfuir,
rencontra une escorte de cavalerie dont l'approche mit les voleurs en fuite.
Calemberg fut alors arrêté; les faits à sa charge n'étant pas suffisants pour
justifier une condamnation, on fut obligé de le relâcher. Toutefois, afin de
prévenir le retour des scènes de brigandage qui avaient lieu dans la forêt,
ordre fut donné de démolir l'auberge, qui n'était d'ailleurs qu'une méchante
masure (16 janvier 1705).
Anciennement, le bourreau de
Bruxelles avait le droit de disposer des chevaux morts et les conduisait au Borrendriesch , où ils étaient dépecés.
En 1659, le cardinal-infant, dans le but d'attirer les loups de la forêt de
Soigne et de les prendre au piège, chargea le lieutenant du grand veneur, M.
d'Orville, de faire en sorte que les chevaux morts fussent dorénavant
transportés près de la Diesdelle, en face de la première hutte (tegen over d'ierst hutte). A la demande
de M. d'Orville, les trésoriers et receveurs de la ville de Bruxelles donnèrent
à cet effet les ordres nécessaires.
Au-delà de la Diesdelle, sur la
hauteur et près de la chaussée, s'élevait jadis un fortin formé de
retranchements de terre, et qui a disparu lors des défrichements entrepris en
cet endroit, il y a une vingtaine d'années. On l'appelait le fort Jaco; il a en
effet servi de retraite ordinaire à un aventurier dont le nom vit encore dans
le souvenir du peuple, Jaco ou Jacques Pasteur. Sorti des rangs du peuple,
Pasteur monta rapidement de grade en grade, et, grâce à ses nombreux exploits,
fut enfin nommé général. Ses parents étaient sans doute des gardes forestiers,
car, dès l'année 1654, il y avait dans le bois de Soigne, au nord de Waterloo,
une clairière nommée Pasteurs Plas.
Ce fut vers l'année 1650 que naquit notre héros. On le trouve d'abord placé à
la tête d'un corps de fusiliers chargé de la garde du bois; le capitaine Jacquot
fut bientôt l'objet de la haine des Français, auxquels il fit éprouver des
pertes sensibles. Il fut nommé major en 1692; le 4 juin de l'année suivante, il
assaillit, entre La Hulpe et Waterloo, à la tête de 60 hommes, un détachement
de 120 Suisses, que soutenaient quelques cavaliers; il leur tua cinq ou six
hommes à la première décharge, et les autres se rendirent presque sans
résistance. Dans d'autres escarmouches, il se montra également redoutable : le
6 août 1694, il mit en déroute, dans le bois de Villers, des soldats du
régiment de la Reine; le 20 juin 1695, à la tête de sa compagnie de dragons, il
repoussa un parti de la garnison de Mons, qui avait envahi Ixelles à
l'improviste; le 27 novembre suivant, il rencontra, près de Genappe, le partisan
français Beauregard, qu'il vainquit également. Le cornette Henri, de Charleroi,
ayant fait prisonnier, près de Vos-Capelle, deux officiers supérieurs des
troupes alliées, Pasteur se mit à sa poursuite et l'atteignit près du moulin de
Tombeek, à Overyssche; il eut le bras cassé dans la première décharge, mais son
cornette Thibaud rallia sa troupe, s'empara de Henri, et délivra les deux
officiers (27 avril 1696). Cet exploit valut à Thibaud le grade de capitaine,
et à son chef celui de mestre-de-camp.
Promptement guéri de sa blessure,
le valeureux soldat s'empressa de lever un régiment de dragons, qui fut passé
en revue par l'électeur de Bavière, le 25 octobre 1696, hors de la porte de
Hal. Il était fort de trois escadrons, commandés, le premier par Jacques Pasteur
lui-même, le second par le major de La Torre, et le troisième par Thibaud. Dans
le printemps de 1697, le nouveau mestre-de-camp se remit eu campagne, surprit,
aux portes de Binche, le 18 avril, un détachement de la garnison de cette
petite ville, et tailla en pièces un parti de 150 hommes, qui avaient pénétré
dans la forêt de Soigne. Les exploits de l'aventurier furent malheureusement
ternis, à plus d'une reprise, par les excès auxquels sa troupe se livrait;
presque toujours cantonnée dans les villages, elle traitait d'une manière
indigne les malheureux paysans. Arrêté dans sa carrière par la conclusion de la
paix de Nimègue, Pasteur reprit les armes, quelques années après, pour
combattre les ennemis du roi Philippe V. Il forma un régiment de 800 volontaires,
les uns dragons, les autres fusiliers. Il s'était déjà distingué dans plusieurs
rencontres, lorsque, en marchant avec 100 dragons et 100 grenadiers pour
enlever une brigade d'infanterie qui fourrageait les champs de Gheel et qui
n'était escortée que de 60 maîtres seulement, il rencontra six à sept escadrons
ennemis; une mêlée affreuse s'engagea. Pasteur fut blessé et forcé de fuir;
s'apercevant que la retraite allait lui être coupée, il se cacha et ne regagna
l'armée qu'avec peine (26 juin 1704). L'année suivante, lorsque les ennemis
s'approchèrent de Bruxelles par le sud-est, on lui confia la défense du village
de Waterloo ; attaqué par le général anglais Churchill, qui commandait 12.000
hommes, il se retira en bon ordre, mais le lendemain il reprit sa première
position, avec l'aide du marquis de Grimaldi. Après la bataille de Ramillies,
presque toute la Belgique passa sous la domination des puissances coalisées
contre la France et l'Espagne ; néanmoins , Pasteur resta fidèle à son prince,
qui, en récompense, le comprit dans la première promotion d'officiers généraux;
on le nomma brigadier de cavalerie et de dragons. A six ans de là, il tenta une
des entreprises les plus hardies dont l'histoire de ce temps fasse mention. Au
mois d'août 1712, au moment même où les alliés pénétraient en France, il entra
dans le Brabant hollandais, à la tête de 1.500 cavaliers, passa dans l'île de
Tholen, qu'il mit à contribution ainsi que tout le pays compris entre
Berg-op-Zoom, Heusden et Bois-le-Duc, et, quoique poursuivi par trente
escadrons, il revint à Namur, sans avoir éprouvé la moindre perte, et ramenant
soixante otages, cent chevaux de carrosse et un butin immense.
En 1718, Pasteur était chevalier
de l'ordre de Saint-Lazare et maréchal de camp au service de la France; le
métier des armes ne l'avait pas appauvri, car nous le voyons, en cette année,
prêter sur hypothèque 46.054 florins. Il s'était marié à une femme dont voici
l'inscription funéraire, qui se trouve à Braine l'Alleud : ICI REPOSE LE CORPS
— de DEMOISELLE — ANNE MARIE DE TOMBOIR, — ÉPOUSE DU Sr — JACQUES DE LA PASTUR,
— COLLONEL D'UN RÉGIMENT — DE DRAGONS, LAQUELLE EST — DÉ CÉDÉE le 10 D’AOUST 1702;
il en eut, entre autres, une fille, Marie- Jacqueline, qui s'allia à Nicolas de
Domprez. Jacqueline Délie lui donna ensuite deux fils : Maximilien-Honoré et le
chevalier André; ce dernier habitait le village de Waterloo et épousa Jeanne
d'Halluin, qui, après sa mort, prit pour second mari le chevalier Antoine de
Prina. André de Pasture eut pour héritiers les frères Despesseaux d'Eevelin,
dont un, le second, était, en 1766, capitaine au régiment de Picardie, au
service de France. Le fort Jaco, à Uccle, n'est pas la seule localité qui
rappelle la mémoire de Pasteur. Un autre fort Jaco a existé à Rhode-Saint-Genèse,
au nord-est du hameau de l'Ermite, et un champ d'une dizaine d'hectares, situé
à la Hulpe, vers Ohain, porte encore la dénomination de bois du général Jacot.
Vronerode
Les solitudes au milieu desquelles
Pasteur et ses fusiliers aimaient à se retirer ont existé jusque vers l'année
1855. M. le baron de Stassart acquit alors en cet endroit de grands terrains de
la Société générale, les fit défricher, et y éleva une grande ferme, dont les
dépendances ont depuis été morcelées. De la forêt qui se prolongeait, sans
interruption, de Vivier d'Oye à la Petite Espinette et de ces deux hameaux
jusque dans le voisinage de la chaussée d'Alsemberg, il ne subsiste plus que
quelques débris. Sur le chemin conduisant de Saint-Job à Verrewinckel, on voit
une petite chapelle [Petrus Houwaert
Kapel), qui a été bâtie en 1762.
Ce canton appartenait autrefois,
en partie à l'abbaye de Forêt, en partie au domaine. La part du gouvernement
portait les noms de S’Hertogen elst (l’Aunaie
des Ducs) et de S‘ Gravenhage (la
Haie des Comtes). Quant à l'abbaye, elle possédait à Uccle, en 1787, le Frondroy bosch et la Sint-Peetersheyde, qui comprenaient 57
bonniers de bois, 36 bonniers de terres et 8 bonniers de prairies. Frondroy est
une corruption du mot Vronerode, littéralement, le trieu des juges; vronen,
vronen ou franen, dans les anciennes lois saxonnes et frisonnes, désigne
les juges voisins, les laeten ou tenanciers.
Un bois qui s'étendait entre la
Glatbeke et l'église du moine Herman (l'église de Linkenbeek?) fut abandonné à
l'abbaye de Forêt, en l'année 1110, par le duc Godefroid Ier. Environ quarante
ans plus tard, le monastère s'enrichit de l'alleu d'Oldrengem, qui était, sans
doute, voisin du moulin de ce nom; les religieuses le reçurent d'Ide, fille de
Lutgarde et de Henri, fils du châtelain de Bruxelles, Franco le Vieux; ce
dernier l'avait obtenu, pour le tenir en alleu, du même Godefroid, et l'avait
possédé plus de trente années. Fredesnende, soeur de Henri, fit aussi de grands
dons aux religieuses de Forêt, et les gratifia, entre autres, d'ornements
d'église et d'un pré de sept bonniers, à Bigard (Petit-Bigard). Elle épousa
Geldulphe, chevalier d'Uccle, dont elle eut Guillaume d'Uccle, et qui, après sa
mort, se remaria à une dame nommée Ethelwide, qui lui donna cinq autres fils :
Herman, Daniel, Franco, Ider et Geldulphe. Comme ceux-ci ne pouvaient prétendre
en rien à l'héritage paternel, Geldulphe obtint pour eux, de son fils aîné, la
cession d'un manse auquel Guillaume renonça entièrement, à condition que ses
frères lui abandonneraient leurs droits sur le restant de leur patrimoine
commun. Quelque temps après, Guillaume vendit à l'abbaye des terres au lieu-dit
Froneroth, pour la somme de 15 marcs,
à la condition que s'il voulait se faire moine on le recevrait gratuitement. Il
se maria cependant; mais, plus tard, lui et sa femme Marguerite prirent l'habit
religieux, et ajoutèrent alors, à leur premier don, 20 bonniers de prés et de
terres, un verger et un cens annuel de 18 sous. Cette cession fut confirmée, à
deux reprises différentes, par le duc Godefroid III, une fois, entre autres, en
1173.
Dans la suite, Henri Ier
revendiqua pour sa propriété la forêt de
Fronerode, puis, convaincu de son erreur, il répara son injustice, au
moment où il allait partir pour Jérusalem, « afin de combattre les Sarrasins
visibles et invisibles. » Afin de prévenir le retour de cette contestation, il
chargea le maire (ou amman) Henri de Sterrebeke, les échevins d'Uccle René,
Siger et Henri, et les forestiers René et Henri, de déterminer avec soin les
limites respectives de ses domaines et des biens de l'abbaye. Celle-ci établit
en cet endroit la ferme de Vronrode,
dont le pape Innocent IV lui confirma la possession, en 1245. Au moyen âge, 50
bonniers de bois en dépendaient; la communauté y avait un messier particulier.
Plusieurs parents de Guillaume
d'Uccle enrichirent les religieuses de La Cambre : Daniel d'Uccle donna au
monastère le fief, situé à Stalle, pour lequel il était vassal du châtelain de
Bruxelles; les enfants de Henri Pretel : Fresnendis, Baudouin d'Uccle, Laurette,
mère de Walter et d'Ide, et Ode, en firent autant (1255). Au hameau Engeland ou Angleterre, qui était autrefois comme enclavé dans le Frondroy,
s'était établie une branche de la famille de Stalle. Au mois de décembre 1268,
Henri de Stalle, fils de feu sire Robin de Anglia, céda à l'abbaye de La
Cambre, à la condition de lui payer un cens de 32 deniers de Louvain, 16
bonniers de terres, de prés et de bois, situés à Tourneppe, pour lesquels ses
censitaires lui payaient tous les ans 7 sous de Bruxelles, 4 1/2 setiers
d'avoine et 2 chapons. Le suzerain de ce fief, Léon d'Aa, approuva cette
transaction, en présence de ses vassaux Guillaume de Platea, le clerc Guillaume
de Perck, Walter de Wesembeke, Hugues de Selleke et Jean, fils de Franco Bole.
Plus tard, Helwide de Anglia laissa à son petit-fils, Jean, fils de Godefroid
de Monte, des biens que Jean céda à Henri de Stalle, en 1316, le jour de
Saint-Laurent.
Groelst
Le champ où finissait le Frondroy,
entre la Glatbeke et Linkenbeek, sont aujourd'hui désignés par les noms de Groelst velt et de Sieckhuys (l'Hôpital). Cette dernière dénomination provient sans
doute d'une ancienne léproserie, dont la mémoire s'est perdue. La première date
de plus loin. En 1197, vivait Alstan de Groelst. Henri de Grols était maire
d'Uccle en 1242 et 1244, de plus, maire de Rhode et amman de Bruxelles en 1247,
et, enfin, échevin d'Uccle, en 1266. Il avait épousé une dame nommée Ide et
portait trois fleurs de lis dans son écusson. Son patrimoine se morcela,
parait-il, en plusieurs fractions, dont la plupart furent réunies de nouveau en
une seule main, au quinzième siècle.
L'hof te Groelst, qui se trouvait entre le ruisseau venant de
Linkenbeek et le molenwech ou chemin
conduisant au moulin de Steen, fut successivement relevé de la Trompe, avec 12
bonniers de terres et de prés et des tenanciers, par Arnoul de Groelst, Walter,
père de Marguerite de Groelst, qui épousa un gentilhomme nommé Thierri (vers 1315);
Jean, Jeanne, fille du précédent; Engelbert de Groelst, Malhilde de Perck,
femme de Jean De Vos de Linkenbeke; André de Perck, par cession de Mathilde;
Jean Ofhuys, marchand de Bruxelles, en vertu de lettres échevinales de cette
ville. Plus tard le manoir tomba en ruine et on ne le releva plus; son
emplacement fut converti en un verger, qui comprenait sept journaux. (…)
Caelevoet
Au hameau voisin de Caelevoet, on
a vu longtemps une chapelle de la Vierge dite Notre-Dame de la Consolation.
Elle devait son origine à une image de la Vierge qu'un riche marchand de vin de
Bruxelles fit sculpter, puis attacher à un arbre, en 1314, pour accomplir un
voeu fait au moment où la tempête menaçait d'engloutir son vaisseau. Des
miracles lui attirèrent bientôt la vénération publique, et les habitants des
environs l'abritèrent dans une chapelle en bois, qui fut construite à leurs
frais, à l'endroit appelé depuis l’Ancienne
chapelle, Antiqua capella. En 1425, Ofhuys remplaça cette bâtisse informe
par un élégant oratoire, tout de pierres, de forme ronde et dont l'architecture
était d'un bon style. Il le dota et y fonda une chapellenie, dont il réserva la
collation à ses héritiers (c'était, en 1787, Jean-Baptiste Van Santen, fils
d'Augustin-François et d'Anne-Marie Marien dite Ofhuys, de Molenbeek). Ce
bénéfice jouissait d'un revenu de 449 florins et était grevé de deux messes par
semaine. De plus, on disait dans la chapelle l'office divin, lors de toutes les
fêtes de la Vierge, et l'on y chantait une grand'messe le troisième jour de
Pâques. Le 9 juillet 1625, l'infante Isabelle visita la chapelle de Caelevoet,
qui a été démolie il y a une vingtaine d'années; la statue a été transférée
dans l'église d'Uccle.
En l'année 1476, il se trouvait
déjà à Caelevoet un moulin à papier, lequel payait au domaine un cens de 20
sous d'Artois et de 4 chapons. Un octroi daté du 15 octobre 1563 permit à Froen
ou Véron Huyghe d'en élever un autre, qui fut converti en moulin à grains, par
octroi du 13 août 1718, et qui est devenue l'usine que l'on appelle den Nieuwen Bauwmolen. Caelevoet
possède, outre deux moulins à eau, deux blanchisseries de linge.
L'agglomération d'habitations qui porte ce nom et qui s'est formée à l'endroit
où la chaussée d'Alsemberg traverse le ruisseau de Linkenbeek, dépend de quatre
communes dont les limites s'y confondent l'une dans l'autre : Uccle,
Linkenbeek, Beersel et Droogenbosch.
Plus en amont on rencontre
successivement la ferme de Homborch (‘t hof te Homborch, 1462), celle dite de
Saint-Eloy, qui doit son nom à une ancienne et riche fondation de bienfaisance
de Bruxelles, et le hameau Verrewinkel {Verrewinkele, 1525). Ce dernier lieu,
qui se compose au plus d'une vingtaine de maisons, paraît n'avoir eu que peu de
relations avec Uccle, car la dîme y appartenait à l'abbaye du Saint- Sépulcre à
Cambrai, et les actes de transport des biens qui y étaient situés se passaient
devant les échevins de Rhode et Alsemberg.
Les Kesterbeke, puis les Van
Grymbergen, possédèrent à Uccle des biens, et maître Nicolas de Vucht, maître
de la chambre des comptes de Brabant, y acquit trente-deux bonniers de bois
ayant appartenu à la commanderie de Pilzenbourg, de l'ordre Teutonique, et,
plus anciennement, aux Templiers . Les ducs de Bourgogne comblèrent maître
Nicolas de faveurs. Philippe le Bon lui accorda le droit de nommer un sergent
pour garder ce bois et enjoignit à son receveur général et à son maître des
forêts en Brabant de faire arrêter ceux qui y causeraient quelque tort aux
plantations (15 février 1461-1462). Puis, en considération de ce que la ferme
se trouvait dans un terrain sec et n'avait que peu de prairies dans ses
environs, Philippe le Bon en autorisa le possesseur à envoyer pâturer dans la
forêt de Soigne douze vaches, un taureau, deux génisses, six chevaux, quarante
porcs et quarante brebis. Il ne devait payer aucune rétribution pour cette faveur,
mais la relever en fief de Brabant, en payant pour droit de relief une trompe
de chasse, garnie d'un baudrier auquel pendaient deux courroies (20 octobre
1462). Plus tard, en indemnité des dégâts que causaient dans ce bien les bêtes
sauvages de la forêt de Soigne, Maximilien d'Autriche permit à maître Nicolas
ou à ses ayants-droit de prendre quatre de ces animaux, pourvu qu'ils fussent
trouvés sur ses terres (14 janvier 1482-1483); un animal fuyait-il dans les
bois du souverain, De Vucht pouvait l'y poursuivre (24 mai 1484).
*
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CARTES D'UCCLE (UKKEL)
DRESSEES PAR LE COMTE DE FERRARIS
1777