LEGENDES La capote du pendu






LA CAPOTE DU PENDU

"Les légendes du Val d'Amblève"

Par Marcellin La Garde
(1818 - 1889)


Au milieu de la presqu'île vaste et escarpée que forme l'Amblève sinueuse - entre le charmant village de Nonceveux et celui de Remouchamps - s'élève un tilleul, véritable nain de sa race, car il est vieux de plusieurs siècles, et son tronc est rabougri, son branchage est maigre et chétif. On l'appelle aujourd'hui simplement le tilleul de Nonceveux; mais, dans le temps où l'on aimait à évoquer le souvenir des choses passées, il portait le nom de Tilleul des pendus. L'histoire suivante expliquera cette dénomination.

Il y avait un jour - c'était un dimanche de printemps après les vêpres - réunion de tous les moutonniers de Sougnez et de Remouchamps, dans une friche située entre les deux villages : il s'agissait de procéder à l'élection d'un berger, car, dans nos Ardennes, les possesseurs de bétail nomment entre eux, et à la pluralité des voix, le gardien du troupeau commun, et quoique ceci se soit passé il y a bien longtemps - sous l'ancien régime - les usages, en beaucoup d'endroits, sont restés les mêmes.

Deux candidats étaient sur les rangs pour la place vacante : Léonard Wixhou et Noël Burnot. L'assemblée était présidée, comme toujours, par le plus âgé de ses membres, lequel, après avoir énuméré les titres invoqués de part et d'autre, fit connaître les charges et les avantages de l'emploi : ces derniers consistaient à recevoir un gage de dix couronnes, à être hébergé toute l'année par les moutonniers à tour de rôle et pendant un nombre de jours proportionné à celui de leurs brebis; enfin, à pouvoir élever, aux dépens de la communauté, une bête sur vingt-cinq. Tout cela bien établi, pour qu'aucune contestation ne pût jamais s'élever, le vieillard fit placer les deux postulants, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche, en invitant les moutonniers à se ranger du côté de celui qui avait leur préférence.

Ce fut Léonard Wixhou qui eut pour lui le groupe le plus nombreux et qui fut, par conséquent, proclamé. Après avoir juré d'être bon et fidèle berger, l'élu dut se rendre dans chaque étable pour faire, suivant la naïve expression employée, connaissance avec les brebis confiées désormais à ses soins, y dire à haute voix un Pater et un Ave et y faire une aspersion d'eau bénite afin de prouver qu'il était pur de toute accointance avec l'esprit malin.

Ce Léonard Wixhou était cependant étranger au pays, puisqu'il provenait du banc de Jalhay, et jamais de sa vie il n'avait gardé les moutons, tandis que Noël Burton était du hameau de Sedoz et avait appris tout jeune le métier en accompagnant son oncle, l'ancien berger. Mais Wixhou était un compère très cauteleux et très insinuant, qui avait su se rendre depuis longtemps les moutonniers favorables par d'habiles flatteries et des contes joyeux; de plus, il avait la réputation de connaître une foule de secrets pour guérir gens et bêtes, ce qui entraîna son élection.

Pendant la première saison, les choses allèrent fort bien, et les partisans de Noël eux-mêmes durent avouer que le choix avait été excellent; mais à l'époque des neiges, Léonard s'absenta à plusieurs reprises, sous prétexte d'aller voir ses parents. Un jour, il ramena avec lui une jeune femme qu'il déclara être sa sœur, se fit bâtir une maisonnette, fréquenta les cabarets et se montra le dimanche à l'église, mieux habillé que les paysans les plus huppés de la paroisse, ce qui fit beaucoup jaser. Le scandale fut grand surtout lorsque, à Pâques, on le vif porter une ample capote de drap, comme en avaient seuls les seigneurs et les gens de loi. On l'entoura de toutes parts, on l'accabla de quolibets, on alla même jusqu'à lui demander s'il n'avait, pas dépouillé quelqu'Anglais. Bref, il se hâta de rentrer chez lui pour reprendre sa blouse, et ne s'avisa plus d'exhiber sa malencontreuse capote.

Tout cela avait donné lieu à bien des réflexions, quand une maladie jusqu'alors inconnue vint ravager le troupeau : les bêtes moururent en quelques heures, et aucun remède ne parvint à en sauver une seule de celles qui furent attaquées. Le berger se chargeait lui-même de les écorcher et de les enfouir, car il avait tant parlé du danger de cette opération, que personne n'eût voulu la tenter.

Cependant, son ancien concurrent avait, au sujet de cette épidémie inexplicable, hasardé certains propos qui avaient été attribués à la jalousie. Piqué au vif, il se promit de tirer la chose au clair, et il acquit la preuve que Wixhou donnait aux brebis un breuvage qui les faisait mourir, et que sa sœur allait nuitamment en vendre la chair dans les villes voisines.

Il existait, et il existe aujourd'hui encore parmi les moutonniers, une juridiction chargée d'aplanir les différends qui pourraient s'élever, soit entre eux, soit avec le berger, et au besoin de punir et de révoquer celui-ci. Le tribunal des moutonniers s'assembla donc secrètement et déféra l'affaire à la cour de justice de Remouchamps.

Léonard et sa complice furent immédiatement arrêtés. Mais la soi-disant sœur se hâta de renier toute parenté avec le coupable et, pour obtenir sa liberté, fit des révélations qui aggravèrent tellement la position de celui-ci, qu'il fut condamné à être pendu comme l'auteur d'une longue série de méfaits. La haute cour d'Aywaille confirma la sentence.

Le jour de l'exécution, une foule immense couvrait tout le plateau qui couronne le bois de Mont jardin; dans un rond-point qui se voit encore, s'élevait la potence.

Léonard Wixhou, pour mourir, avait revêtu la capote qu'il avait renoncé à porter à cause des plaisanteries qu'elle lui avait attirées. Arrivé sur le lieu du supplice et voyant tout près de lui Noël Burnot, son dénonciateur, il lui dit, à voix haute, qu'il lui pardonnait de grand cœur et que, pour preuve, il le priait de vouloir accepter sa capote, qui valait bien vingt patagons. Noël reçut le cadeau avec joie; mais on remarqua que le patient, au moment de se dépouiller de son vêtement, avait sur les lèvres un sourire fort peu naturel dans un pareil moment et qui dénotait certainement une mauvaise pensée... Après l'exécution, plusieurs le dirent à Noël, qui ne fit qu'en rire et se promit bien de profiter de ce chaud vêtement quand viendrait l'hiver. Toutefois, lorsqu'il sollicita la place de berger, plusieurs moutonniers superstitieux ayant subordonné l'octroi de leur suffrage à la condition qu'il se défasse de la défroque du pendu, il dut se résigner à la tenir dans son armoire.

Noël, devenu berger, songea à se marier. Il y avait à Lorcé une jeune fille qui lui convenait et il se rendit à la fête de ce village vêtu de sa capote, parce qu'il s'était dit qu'ainsi habillé, il produirait plus d'effet. Mais celle qu'il recherchait affecta de ne pas vouloir l'entendre.

II se mit alors à boire outre mesure et, dans une dernière explication qu'il eut avec la cruelle, exalté par l'ivresse et la jalousie, il dit qu'il mourrait si elle persistait à ne pas l'accepter.

Là-dessus, il sortit de la salle de bal.

Quelques heures après, des jeunes gens des environs, qui traversaient les bois pour retourner chez eux, le trouvèrent pendu à un chêne.

La jeune fille, qui se rappelait ses dernières paroles, qu'elle n'avait pas prises au sérieux, vit dans ce malheur un effet de sa coquetterie et fut longtemps inconsolable. Mais, à part elle, tout le monde l'attribua à une maligne influence renfermée dans la capote de Léonard Wixhou, que le misérable, qui était réputé comme s'occupant de magie, avait évidemment ensorcelée pour infliger à son ennemi une mort semblable à la sienne.

Noël avait, pour unique héritier, un neveu orphelin âgé de cinq ou six ans, qui se nommait comme lui, car il l'avait tenu sur les fonts baptismaux. C'est à ce neveu qu'échurent tous ses biens, y compris les vêtements qu'il portait le jour de sa mort.

II

De longues années s'étaient écoulées; le petit Noël Burnot était devenu un homme d'âge mûr et, grâce à son travail et à ses économies, il avait établi au Sedoz une métairie qui lui permettait de tenir un cheval et cinq belles vaches. C'était ce que nous appelons dans nos campagnes un bon moyen propriétaire.

Il avait toujours vécu très simplement et, comme il avait renoncé à toute idée de mariage, il se montrait négligé dans sa mise, jusqu'à porter, même aux jours de grandes fêtes, des blouses déteintes et rapiécées, des chausses ravaudées et des souliers sans boucles. Qu'on juge donc de la surprise générale lorsqu'un dimanche ' on le vit paraître à l'église vêtu d'une capote qui allait à merveille à sa taille élevée.

L'office terminé, il se rendit au cabaret où il fut naturellement l'objet de nombreuses questions et d'une foule de plaisanteries. Il alla s'asseoir silencieusement à l'écart; les uns remarquèrent que sa mine avait quelque chose de sombre et d'inusité, d'autres prétendirent que c'était un air grave qu'il se donnait à cause de son nouveau costume.

Noël sortit accompagné de quelques habitants de Nonceveux et, arrivé au tilleul, il s'assit au pied de l'arbre, sur un tertre, disant qu'il était fatigué et qu'il éprouvait le besoin de se reposer quelques instants. Ses compagnons continuèrent leur route. Mais après avoir fait quelques centaines de pas, l'un d'eux se retourna et vit avec stupéfaction que Burnot était grimpé sur le tilleul, en train de se passer le cou dans un nœud coulant qu'il avait fait à l'aide de sa cravate. Ils coururent vers lui et arrivèrent au moment où le corps allait tomber dans le vide. Noël se trouva très contrarié de ce qu'on l'eût empêché de se pendre, déclarant qu'il en avait la plus grande envie et s'en promettait une jouissance infinie. Les braves gens qui l'avaient arraché à la mort le reconduisirent chez lui; ils ne le quittèrent que quand le curé, qu'on avait fait appelé, fut arrivé.

Le pauvre Noël, qui s'était mis au lit avec la fièvre, se montra alors très repentant de sa coupable tentative, dit qu'il n'y comprenait rien et jura de ne plus recommencer.

La capote qu'il avait revêtue ce jour-là était celle de son oncle...

Il l'avait conservée pendant plus de quarante ans et ne s'était enfin hasardé à la porter que parce qu'un maquignon verviétois, qui était venu chez lui la veille et à qui il l'avait montrée, lui avait dit qu'un homme comme lui, ayant un aussi beau vêtement, était bien sot de ne pas s'en servir.

Il y aurait eu certainement un rapprochement à faire entre ce qui venait de se passer et ce qui avait eu lieu jadis; mais les anciens événements étaient entièrement oubliés et Noël lui-même les avait toujours ignorés.

A quelque temps de là, Burnot s'étant rendu à la foire de Theux, pour laquelle il s'était habillé de son mieux, éprouva encore l'envie de se pendre et il l'eût satisfaite, si son garçon de charrue, qui l'accompagnait, et à qui il avait fait des confidences, ne fût resté tout le temps auprès de lui.

Il alla s'en confesser au curé. Celui-ci lui conseilla d'assister à tous les offices, certain dimanche où tombait précisément la fête de je ne sais quel saint, protecteur spécial contre les envies de suicide.

Le dimanche en question, Noël qui, vu la circonstance, avait encore endossé sa capote, se rendit à la messe accompagné de plusieurs de ses voisins, ce dont il se félicita fort, car sa fatale envie lui reprit quand il passa près du même tilleul auquel il avait voulu se prendre peu auparavant. Il en fut de même à son retour; heureusement il avait encore du monde avec lui.

Après son dîner, il fit sa sieste comme il en avait l'habitude le dimanche. Il s'éveilla que les vêpres étaient près de sonner et de Sedoz à Sougnez, par les hauteurs, il y a plus d'une demi-lieue !

Il se mit à courir, espérant assister encore à une partie de l'office divin. Mais comme il allait arriver à Remouchamps, il rencontra un paysan de Nonceveux, nommé Lambert Ménil, qui l'arrêta en lui annonçant que les vêpres venaient précisément de finir.

Grand fut le désespoir de Noël, qui se trouvait ainsi ne pas avoir accompli son vœu.

Son interlocuteur cependant mentait ; mais voulant pousser la goguenarderie jusqu'au bout, il lui dit :
— II ne faut pas tant vous désoler, Noël... Je sais tout... L'affaire est facile à arranger : achetez-moi le mérite que j'ai acquis aux vêpres; je vous le céderai volontiers.

Il faut savoir que de pareilles transactions ont quelquefois lieu chez nous avec une entière bonne foi. Rien de plus commun que de voir, entre autres, des gens qui font des pèlerinages pour le compte d'autrui.

Noël, dont le moral était extrêmement abattu, puisqu'il y allait non seulement de sa vie en ce monde, mais surtout du salut de son âme, saisit avec empressement cette idée et demanda à Lambert de faire son prix.

— Le marché sera vite conclu, dit celui-ci, qui était marchand de fruits et voyageait souvent : donnez-moi votre habit, et je vous donnerai mon sarrau, qui est de fine toile toute neuve.

Le malheureux accepta avec joie et les vêtements furent échangés sur le champ.
Quand les deux hommes se séparèrent, il était nuit close, car on était en février.

Noël, arrivé à Sougnez, apprit, à sa grande indignation et à sa grande inquiétude, que Lambert n'avait pas assisté aux vêpres. Cependant, depuis le marché, il se sentait tout autre, il but et fit sa partie de cartes en homme parfaitement disposé à vivre. Il était sept heures quand il se mit en route, seul, pour retourner chez lui.

Chaque fois qu'il passait auprès du fatal tilleul, il n'osait lever les yeux, même quand il n'avait aucune envie de se pendre, tant le souvenir de sa folie l'accablait.

Ce soir-là, il résolut de regarder l'arbre en face comme pour le défier; mais à peine y eut-il porté le regard, qu'il poussa un grand cri et recula d'horreur.

Le corps d'un homme pendait à la branche principale, un corps couvert d'un long vêtement noir et dans lequel il reconnut Lambert Ménil.

Toutefois, une réflexion vint tempérer la vive émotion qu'il ressentait.

« C'est Dieu qui l'a puni, se dit-il; il s'est joué d'une chose sainte, le coquin... Respect à la volonté de Dieu ! »

Le calme et l'assurance lui revinrent peu à peu, et il finit par se dire qu'il serait bien fou de ne pas profiter de l'occasion pour rentrer secrètement en possession de sa capote, qui lui avait été extorquée à l'aide d'un si odieux moyen.

Après d'assez longues hésitations, et non sans frissonner, il opéra, avec le cadavre de Lambert, la contrepartie de l'échange qui avait eu lieu dans l'après-dîner, et il se hâta de regagner Sedoz.

Mais lorsqu'il arriva à la première maison du hameau, il entendit une femme pousser un grand cri et la vit rentrer chez elle en fermant la porte avec bruit; plus loin, deux jeunes filles s'enfuirent comme à l'approche d'un fantôme; plus loin encore, des enfants tombèrent la face contre terre.

Devant cette terreur inexplicable dont il était l'objet, il se sentit tellement troublé qu'il ne songea à interroger personne, et se dirigea vers sa maison. Sa servante se sauva en le voyant, mais son domestique, qui avait été soldat, osa le regarder en face.

— Ma foi, maître, dit-il, je vois que c'est bien vous en chair et en os; mais que vous en soyez revenu, c'est plus difficile à comprendre.
— Que me débites-tu là ?
— Voilà plus d'une heure que les fils à Bléret ont annoncé que vous étiez pendu au tilleul de là-haut. Nous sommes allé voir à plusieurs : c'était effectivement vous, et il a fallu, pour m'empêcher de couper la corde, les prières de mes compagnons et la peur que j'ai de la justice, qui ne veut pas qu'on touche aux pendus avant son arrivée. Enfin, vous revenez bien portant, c'est le principal. Mais que va dire le mayeur, qu'on est allé quérir ?

Noël, à cette nouvelle qui compliquait sa situation, tomba accablé sur sa chaise... Puis il sentit que ses idées se troublaient et, en proie à une sorte de délire, il s'échappa de sa maison et se mit à courir avec une telle rapidité que son domestique ne put le suivre.

Il erra quelque temps dans les bois, ensuite il remonta la côte dans la direction de Remouchamps. Il était à quelques pas du tilleul lorsqu'il vit une lumière qui précédait un groupe d'hommes. Il se coucha à terre et reconnut le mayeur et ses échevins, suivis de leurs assesseurs et d'autres personnes. Il entendit pousser des cris de surprise et prononcer ces mots :

— Ce n'est pas lui!... C'est Lambert Ménil!... Qu'est-ce que cela signifie ?
— Le voilà ! le voilà ! dit quelqu'un qui avait aperçu sa forme noire, étendue sur la terre grisâtre.

— Où donc ? où donc ? demandèrent plusieurs voix. Le pauvre Noël se leva, tandis que les justiciers, effrayés, s'enfuyaient de toutes parts. Il se mit à courir dans la bruyère, les yeux fermés, à travers les ronces et les genêts. Après un quart d'heure de cette course désordonnée, il se heurta contre un obstacle : c'était le fatal tilleul, vers lequel il était revenu sans le savoir. Il sentit alors que des mains s'abattaient sur lui et entendit des voix qui s'écriaient :
— Nous le tenons enfin !

Noël comparut devant la cour de justice de Remouchamps, qui se trouva dans la position du juge de l'Avocat Patelin, placé entre les moutons et le drap du bonhomme Guillaume. Il avoua tout ce qui s'était passé entre lui et Lambert et la cour fut avec lui d'avis que le Ciel, en donnant à Ménil l'envie de se pendre, avait voulu le punir de son action malhonnête et sacrilège.

La séance finie, Noël, loin d'être heureux de cette issue, se montra sombre et abattu. Ses amis le firent boire pour l'égayer un peu et le retinrent jusqu'assez avant dans la soirée. Le lendemain, on le; trouva pendu au tilleul de Nonceveux, et bien mort cette fois.

Inutile de dire qu'il était vêtu de la capote de Léonard Wixhou, laquelle échut, on ne sait comment, au greffier de la cour de Remouchamps, François Bonhomme, qui, à l'aide de ses archives, en reconstitua l'histoire telle que nous l'avons racontée d'après son manuscrit.

Ce vêtement de malheur resta, comme une curiosité, dans la famille Bonhomme jusqu'en 1819, où un Anglais, lord S..., qui était venu de Spa passer quelques jours sur les bords de l'Amblève, désira le voir et en fit l'acquisition à la suite d'une visite au Tilleul des Pendus.

Le lord avait une jeune et belle femme, dont il était fort jaloux, et qu'un de ses compatriotes recherchait particulièrement. Que se passa-t-il entre les deux gentlemen, qui semblaient être très liés ? On l'ignore. Mais un jour on trouva l'amant supposé pendu à un arbre dans le bois de Géronstère, et le Journal de Liège, en rapportant ce fait sous la date du 27 août de l'année précitée, ajoute ceci : « Outre que rien ne faisait prévoir chez M. B.... une aussi fatale détermination, on a été très surpris de le trouver, lui, qui était un type d'élégance, affublé d'une vieille capote de forme gothique, au sujet de laquelle il court, du reste, à Spa, des bruits que leur absurdité nous empêche de reproduire. Toujours est-il qu'à la suite de ces bruits, un autre Anglais, lord S..., s'est empressé de quitter la ville. »


AFFICHES "ART NOUVEAU" DE HENRI PRIVAT-LIVEMONT

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.